Il y a une tendance médiatique à dénigrer ce qu’on appelle le « déterminisme biologique ». Des facteurs tels que notre sexe biologique (et non notre genre, me direz vous), notre reproduction (le résultat des pressions environnementales auxquelles notre ascendance a été soumise) et nos réactions et pulsions organiques instinctives (dont notre esprit conscient essaie de rendre compte en créant des histoires fictives et en concoctant des justifications après coup) sont dénigrés.
La nature humaine est traitée comme infiniment malléable et façonnable sous n’importe quelle forme imaginable grâce à l’endoctrinement et à l’éducation. L’instinct maternel de prendre soin des jeunes en toutes circonstances (ou pour toute espèce) et l’instinct paternel de s’opposer aux menaces extérieures et de repousser les agressions extérieures, même au prix de sa propre vie, sont considérés comme résultant du conditionnement social et de rôles sexués fixes et restrictifs, qui sont considérés obsolètes et nuisibles, et non de l’instinct. Lorsque cela se manifeste chez d’autres espèces de mammifères, c’est bien sûr de l’instinct, mais nous ne sommes pas des animaux (c’est du moins ce que nous nous disons). Selon certaines personnes, les seuls comportements instinctifs qui nous sont accordés sont la respiration, la tétée et, bien sûr, la masturbation. Selon eux, c’est le seul comportement où notre nature instinctive doit régner librement. Et c’est, bien sûr, grotesque.
Mais ça n’a pas vraiment d’importance. Il n’y a aucune raison d’avoir un débat intellectuel sur cette question, pas plus qu’on ne devrait discuter avec les animaux, qu’ils soient sauvages ou domestiques. S’il s’agit d’animaux, ce que nous sommes, il suffit de les observer dans leur habitat naturel (des boites climatisées, pour la plupart) et de voir comment ils se débrouillent. Et il s’avère que ceux qui nient leur nature instinctive et vont à l’encontre de leurs pulsions instinctives vont … disparaître. Instinct ou extinction, c’est à vous de choisir. Chassez la nature par la porte et elle reviendra par la fenêtre; jetez-la par la fenêtre et elle grimpera par la cheminée. La Nature Gagne Toujours. Et, ne vous méprenez pas, selon la Nature, nous ne sommes qu’une bande d’animaux hautains.
La culture compte cependant. Plus important encore, chaque ethnie, à chaque étape de son développement (un processus appelé ethnogenèse), fait évoluer un ensemble spécifique de stéréotypes ethniques positifs. Les comportements stéréotypés sont ceux qui sont exigés des individus pour qu’ils soient considérés comme socialement adéquats. Il peut s’agir de diverses choses agréables, comme tenir la porte et céder sa place aux personnes âgées et aux femmes. Il s’agit notamment des normes de comportement et d’attitude, du choix de la tenue vestimentaire et du langage, d’une myriade d’autres détails et la violation de l’un ou l’autre de ces éléments déclenche une alarme. Au fur et à mesure qu’une ethnie se développe, certains comportements stéréotypés sont éliminés progressivement tandis que d’autres sont introduits progressivement ; ce qui est important, c’est que l’ensemble de ces comportements restent cohérents dans l’ensemble de l’ethnie.
En ce sens, les stéréotypes culturels sont utiles pour maintenir la solidarité ethnique, mais ils sont mutables et artificiels. Il y a un principe beaucoup plus important, masqué par les stéréotypes ethniques et fondé non pas sur la culture mais sur l’instinct biologique, le principe de complémentarité. Tout comme les animaux de sous-espèces différentes choisiront de s’accoupler avec des individus de la même sous-espèce, même s’il nous est difficile de les distinguer, les humains ressentent spontanément de la sympathie ou de l’antipathie pour les individus en raison de certains facteurs de compatibilité déterminés biologiquement qui échappent à leur esprit conscient. Nous ne savons pas comment cela fonctionne, mais cela n’implique en aucun cas que le phénomène n’existe pas. Il existe de nombreux exemples de tels comportements ; par exemple, des expériences ont montré que les femmes peuvent choisir des hommes dont le profil immunologique est complémentaire au leur en fonction de l’odeur de leur sueur. Il est clair qu’aucun processus conscient ne peut être impliqué dans une telle décision ; elle est basée purement sur l’instinct. De même avec le système d’identification inné de l’ami ou de l’ennemi humain ; nous ne savons pas comment il fonctionne, mais nous savons qu’il existe.
Lorsque ce système fonctionne bien, il fonctionne tout seul et il n’y a pas grand-chose à observer. Les cas intéressants sont ceux où il est ignoré et où cela aboutit à un échec sociétal. Un exemple frappant a été présenté par les Turcs ottomans : leur ancien grand empire s’est désintégré assez rapidement, et ce qui fut particulièrement évident dans cette désintégration instantanée, ce fut l’absence totale de solidarité ethnique. L’explication de ce phénomène est la suivante. Les Ottomans étaient très scrupuleux dans le maintien de lignes strictes de descendance patrilinéaire, mais la descendance matrilinéaire était considérée comme sans importance. Ainsi, les Ottomans ont remplis leurs harems avec des femmes venant du monde entier, de tout leur empire et au-delà, et ils ne se sont pas particulièrement souciés si ces femmes, réunies par le destin, étaient complémentaires les unes aux autres ou non. Elles ont dû s’asseoir là en sifflant les unes contre les autres comme des serpents. Mais les fils qu’elles enfantaient de leurs seigneurs et maîtres ne ressentaient aucune complémentarité les uns avec les autres. De multiples rondes d’intrigues fabuleuses et de coups de poignard dans le dos ont suivi et l’empire s’est fracturé et a disparu. Des cendres de ce méli-mélo multi-ethnique naquit finalement la Turquie moderne, où les non-Turcs, qu’ils soient grecs, arméniens ou kurdes, ou de toutes les autres ethnies qui constituaient l’empire ottoman, se sont rapidement vu désigner leur place.
L’absence de solidarité ethnique n’est qu’un des symptômes d’une violation généralisée du principe de complémentarité. Une autre est l’apparition d’anti-systèmes de pensée, qu’il s’agisse du nihilisme, du culte du diable ou de l’humanitarisme militarisé et de l’éco-fascisme mondialistes modernes. Lorsque les humains naissent et mûrissent dans un environnement où leur système inné d’amis ou d’ennemis est rarement déclenché, ou alors toujours par quelqu’un qui n’est pas accepté au sein du groupe, ils ont tendance à décider spontanément que le monde est un bon endroit, que l’humanité est comme elle devrait être et que les deux sont là pour aimer et nourrir. Et lorsqu’on les pousse dans un environnement où leur système d’amis ou d’ennemis se met en alerte tout le temps, mais où on leur dit que les sentiments d’antagonisme et d’aliénation qui en découlent inévitablement sont des défauts personnels – parce qu’ils sont intolérants ou pire – ils arrivent spontanément à la conclusion contraire : le monde est plein de mal, l’humanité est déplorable et ce qu’il faut faire, plutôt qu’aimer et nourrir, c’est la révolution et des destructions.
Le destin occidental a beaucoup à voir avec ce processus. Après des siècles de confusion et de dégénérescence, deux sous-types humains biologiquement non complémentaires, regroupés en catholiques et protestants, bien que leurs subtiles différences théologiques aient été presque entièrement insignifiantes, ont mené de nombreuses guerres d’usure. Grâce à cela, ils ont réussi à se diviser en nations, qui ont ensuite formé des États-nations, et pendant un certain temps, ces ethnies ont fait preuve d’une solidarité et d’une cohésion sociale exemplaires. Mais ils ont alors commencé à accepter des migrants de leurs anciennes possessions coloniales, y compris celles avec lesquelles ils n’y avait jamais de mariage mixte par manque de complémentarité. Certes, le mécanisme de la peur ou de l’hostilité s’est mis à tirer, d’abord au hasard, puis de plus en plus fréquemment, et les gens qui ont grandi dans cet environnement sont devenus de plus en plus aliénés, découragés, nihilistes et de moins en moins poussés à aimer et à nourrir de manière désintéressée, de plus en plus portés à négliger ou, pire, à détruire un monde qui leur faisait peur et une société complètement pourrie.
Il y a un marqueur pour les personnes dont le manque de complémentarité avec leur entourage les pousse à embrasser les anti-systèmes sociaux : elles ne se reproduisent pas bien. Considérez la génération actuelle de dirigeants européens. Beaucoup d’entre eux n’ont pas d’enfants ; certains ont au plus un enfant. Cela vaut également pour l’ensemble de la société. C’est la solution de la Nature au manque de complémentarité : l’extinction. Les partisans de l’anti-système ne parviennent pas à se reproduire et leur nombre diminue. Pour faciliter ce processus, ils sont souvent remplacés par d’autres tribus – des tribus dont les membres ne tolèrent pas les violations de la complémentarité en leur sein : lorsque leurs systèmes innés d’identification ami ou ennemi sont déclenchés, ils ont tendance à recourir rapidement au meurtre et au chaos pour rétablir l’ordre. Les responsables et les médias européens et américains tentent d’étouffer le fait que cela se produit en fait, mais la question reste ouverte de savoir combien de temps ils pourront continuer à le faire.
Une autre question ouverte est de savoir si les personnes impliquées seront un jour capables d’accepter le jugement de la Nature. Il est fort possible qu’elles persisteront dans le fantasme que leur idéologie est irréprochable et que leur disparition résulte d’autres facteurs. Mais cette question est académique, car le résultat final est toujours le même : l’extinction biologique. Une question plus viscéralement importante est celle de savoir combien de dommages causés à ce « monde qui succombe » elles vont parvenir à causer avant leur départ définitif.
Dmitry Orlov
Traduit par Hervé, vérifié par Wayan, relu par Catherine pour le Saker Francophone
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