05 mai 2019

Salut, “fascisme-GAFA”


Il y a trois jours, quelques-uns des nouveaux “petits-maîtres du monde” – comme on disait “les petits-marquis” in illo tempore, – les GAFA & associés Made In Silicon Valley, effectivement nouveaux maîtres du monde New-Age en t-shirts (“à boutons dorés” comme dit la chanson), et l’air si à-propos des vieux sages de l’Antiquité relooké en postmodernes, ces braves personnages-start-up ont lancé une vague massive de suppression de tweets et messages-Facebook par interdictions prononcées contre diverses personnalités, – dans ce cas, des dissidents et des antiSystème de droite aux USA, dont l’acteur James Wood ; cela pour la santé morale et spirituelle de nos pauvres âmes si vulnérables aux “discours de haine”, modèle Staline en t-shirt (j’y tiens, à mon t-shirt)...

Je suis prudent, je ne nomme pas cela “censure” parce que, tout de même, on ne diffame pas comme cela des Lumières de la postmodernité, avec tant de vertus, – “34 ans/$63,2 milliards/t-shirts permanent-sauf-au-Congrès”, cela vaut bien plus comme carte de visite de la haute culture que les œuvres de Platon, de Plotin et de Pseudo-Denys l’Aréopagite additionnées comme références de sagesse pour inspirer le monde et bloquer les tweets et messages-Facebook.

Ces détestables jeunes gens richement dotés, pipeauteurs et bienpensants-Système, se sont faits une spécialité, en jouant de la censure, de s’instituer donneuses et délateurs universels au nom du Système. (Mais “de gauche”, – on a sa vertu, – c’est-à-dire progressiste, – c’est ça la vertu, – mais qu’importe, le port au bout du voyage c’est toujours le Système.) Leur nouvelle fournée montre bien que le procédé devrait être, dans leur esprit, imposé comme une règle générale de conduite, de bonne conduite, de bon alignement, de pensée bien en ligne, etc.

Cette démarche n’a pas eu l’heur de plaire au président Trump, qui a même repris à son compte certains messages des censurés sur son propre compte, histoire de dire aux censeurs : “Allez-y, censurez-moi, si vous l’osez”. Si absolument détestable et insupportable dans certains domaines, comme il l’est en politique extérieure, avec le Venezuela, Israël, l’Arabie Saoudite, etc., Trump pourrait, devrait devenir un atout lorsqu’on entre dans ce domaine de la communication sur les réseaux sociaux, notamment parce que la censure touche, – notamment dans ce cas, – nombre de ses partisans.

De ce fait, il apparaît possible que Trump lui-même ordonne une réaction au niveau législatif, par rapport à l’action de censure (sur RT.com) :

« On ne sait pas ce que Trump a réellement l'intention de faire au sujet de la “censure des citoyens américains” qu'il a dénoncée sur Twitter. Toutefois, son récent décret protégeant la liberté d'expression sur les campus collégiaux pourrait servir de modèle.
» L'année dernière, un tribunal a interdit à Trump de bloquer les critiques sur Twitter, qualifiant sa ligne de commentaires fil de “forum public désigné”. À l'avenir, Trump pourrait utiliser le même argument contre les plateformes de médias sociaux qui interdisent les conservateurs, bien que cela impliquerait d'élargir la définition de “forum public” pour couvrir la plate-forme dans son ensemble, et pas seulement les flux individuels.
 
» Pour l'instant, la guerre des cultures fait rage sur Twitter. »

“Guerre des cultures”, sans aucun doute,mais encore importe-t-il de bien déterminer qui est l’adversaire de qui. On retrouve ici un des grands problèmes qui se posent à nous depuis que le phénomène du Système est apparu, pulvérisant les habituelles classifications de droite et de gauche : il s’agit de savoir ce qui, dans telle ou telle occurrence, “fait Système” pour déclencher une riposte antiSystème. Les étiquettes “droite” et “gauche” sont évidemment complètement dépassées, ce qui n’est pas toujours aisément accepté, tant s’en faut et de beaucoup. Cette difficulté, cette quasi-impuissance chez certains à se débarrasser des oripeaux de la division des antiSystème sciemment entretenue par le Système est une de ces faiblesses qui doit alerter tous les esprits vigilants, et qui me met personnellement, lorsque j’y suis confronté, dans une humeur absolument détestable.

Dans le cas de la censure des plateformes issues du monstre GAFA, il est évident que le Système se trouve de leur côté, quelle que soit la qualité du vernis progressiste dont se couvrent les jeunes gens vertueux en t-shirt.L’affaire est fort bien exposée par la journaliste irlandaise Danielle Ryan, pour RT.com le 4 mai, dans un article dont le titre est parfait : « L’interdiction d’Alex Jones et d’autres sur Facebook est l’équivalent postmoderne de l’autodafé. »

Voici un extrait conséquent de l’article :

« Il est indéniable que les grandes plateformes comme Facebook et Twitter sont des organisations libérales, libérales en ce sens qu'elles s'engagent à protéger l'establishment néolibéral et sont beaucoup plus sympathiques aux démocrates qu'aux républicains. Les conservateurs sont (à juste titre) en guerre contre ces allégeances, – mais s'ils se soucient vraiment de la censure d'Internet et veulent faire valoir l'argument le plus fort possible contre elle, ils reconnaîtront également qu'il ne s'agit pas seulement d'une question de gauche ou de droite.
» Facebook a pris des mesures extrêmement inquiétantes contre les gauchistes anti-establishment, les activistes anti-guerre et les socialistes de la plate-forme, [notammentWSWS.org]. Dans un autre prétendu effort pour se débarrasser des FakeNews, il a modifié ses algorithmes d'une manière qui a fait chuter le trafic vers les pages socialistes, de surveillance des activités gouvernementales et autres pages progressistes. Les agitateurs conservateurs comme Jones ne sont pas la seule cible. La dissidence, en général, est la cible – et il y a beaucoup d'autres exemples pour le prouver.

» En 2017, l'ancienne émission de RT de la journaliste Abby Martin, qui couvrait des questions telles que les fractures, les inégalités, les brutalités policières et les crimes de guerre américains, a été condamnée par les services de renseignement américains pour avoir fomenté un “mécontentement radical” dans un rapport qui a été loué infiniment par des personnalités de l'information. Depuis, RT est la cible de la censure sur Facebook.
» Les sites d'information vénézuéliens de gauche qui s'opposent au consensus de Washington et offrent un autre point de vue sur l'engagement des États-Unis en Amérique latine ont également été ciblés. Facebook a suspendu temporairement ‘Telesur’ et ‘Venezuela-Analysis’ sans raison l'an dernier, par exemple. Twitter a également suspendu un certain nombre de compte-rendu officiels du gouvernement vénézuélien et des médias, – un effort direct pour s'immiscer dans la crise politique du pays au nom du gouvernement américain et pour soutenir un leader de l'opposition qui n'a jamais été élu.
» “Dans un système de gouvernement corporatiste, la censure des entreprises est la censure de l'État”, a écrit la journaliste indépendante Caitlin Johnstone sur Twitter. En effet, comme nous l'avons vu, ces entreprises technologiques sont inexorablement liées au gouvernement américain. Elles cèdent à la pression de la censure exercée par les membres du Congrès, elles s'associent à des groupes de réflexion financés par le gouvernement américain pour éliminer les contenus qui vont à l'encontre des récits courants, – et ils le font sous prétexte de protéger la liberté et la démocratie. Il n'est donc pas exagéré d'appeler la censure de Facebook une sorte de censure d'État. »

Il apparaît qu’on puisse apprécier qu’il s’agit ici d’un événement important, d’un tournant dans la bataille pour l’utilisation des réseaux-sociaux, peut-être d’une phase capitale de l’affrontement en cours pour l’instauration de la censure sur internet, au nom de la bienpensance qui est l’arme terroriste favorite du Système contre la psychologie et les postures d’indépendance que telle psychologie peut encore et toujours favoriser chez certains. (Certes, il me semble qu’on pourrait aussi bien instituer l’expression “bienpensanceSystème”, pour encore mieux nous débarrasser des vieilles barbes “gauche-droite” et autres sottises.)

Par exemple, James Delingpole, journaliste britannique indépendant (Daily Express, Times, etc.), se décrivant lui-même comme “conservateur libertarien” ; Delingpole est directeur de la rédaction de BreitbartNews-UK, antenne britannique du site de Steve Bannon qui apporta un soutien essentiel à Trump lors de sa campagne présidentielle USA-2016… Dans cet article du 4 mai 2019, il met en évidence toute l’importance qu’on doit attacher au maintien de la liberté d’expression sur internet, là aussi avec l’idée de faire pression sur Trump pour que le président US prenne des dispositions légales dans ce sens. A nouveau, on lira ce commentaire en laissant de côté ce qu’il peut avoir d’extrêmement partisan, – et c’est diablement le cas avec BreitbartNews.Ce qui doit nous intéresser, c’est la logique qui est développé pour réclamer une action contre toute censure sur internet.

« Le président Trump a retweeté un article de Breitbart News sur la liste noire des conservateurs de Facebook, dont Paul Joseph Watson et Laura Loomer.
» Bien. Espérons que c'est un signe qu'il a l'intention de prendre ce problème au sérieux parce qu'en ce moment, je dirais que la censure de la Silicon Valley représente l'une des plus grandes menaces pour la civilisation occidentale dans le monde aujourd'hui.
» Bien sûr, il y a d'autres menaces au moins aussi dangereuses : l'islam fondamentaliste, la Chine, l'écofascisme, le néomarxisme, etc.

» Mais ce qui est particulièrement insidieux dans la censure de la Silicon Valley, c'est qu'elle rend toutes ces autres menaces plus pressantes et plus réelles en rendant impossible de se prononcer contre elles.
» Après tout, comment allons-nous aborder la question des bandes de violeurs, des profanations d'églises, des complots terroristes et des terroristes d'État islamiques qui rentrent chez eux si, chaque fois que quelqu'un essaie d'en parler sur les médias sociaux, la Silicon Valley décide de les fermer pour racisme ou Islamophobie ?
» Comment allons-nous faire face à la menace croissante de groupes d'extrême gauche comme Antifa, Hope Not Hate et Black Lives Matter alors que la Silicon Valley leur donne carte blanche pour cracher leur haine tout en interdisant tous leurs adversaires ?
» Le président Trump doit de toute urgence s'attaquer à ce problème, car les gens qu'il fait taire sont sa base. Et parce que les médias sociaux sont souvent le seul endroit où ils sont libres, – ou plutôt, où ils étaient libres, – d'échanger le genre de pensées conservatrices, de blagues et d'idées dont le monde a tant besoin pour contrer la menace rampante des politiques identitaires, du postmodernisme et du marxisme culturel.

» Appelons ce que Facebook fait pour ce qu'il est : du fascisme ; un abus de son extraordinaire pouvoir mondial en tant que plateforme de publication utilisée par plus de 2 milliards de personnes pour nous imposer à tous son nouvel ordre mondial totalitaire de gauche. »

Sans aucun doute, « la censure de la Silicon Valley [comme] l'une des plus grandes menaces pour la civilisation occidentale dans le monde aujourd'hui », essentiellement parce qu’il s’agit de la communication et que l’essentiel de la puissance de cette civilisation en crise profonde est rassemblé dans la communication ; il s’agit bien du “fascisme-GAFA”, le pire de tous, d’au-delà tout ce qu’on a pu penser et qu’on continue à penser du fascisme, au point où le terme semple bien insuffisant(je l’emploie pour l’opportunité du propos et la facilité de l’expression). Sans aucun doute également, « la censure de la Silicon Valley » estle domaine où les contradictions et les aveuglements dus à l’ancien mode de rangement gauche-droite, par rapport à la seule bataille qui compte (Système-antiSystème), sont les plus remarquables. Il suffit effectivement de lire des textes comme celui de Breitbart.Newset de les comparer, par exemple, avec ceux de WSWS.org qui a été fortement attaqué par la censure d’internet(l’une de ses rubriques les plus récentes, et les plus développées). Dans ce genre d’occurrence, on retrouve des proximités objectives absolument paradoxales et qui peuvent paraître insupportables à certains, sinon à tous les acteurs (les victimes) impliqué(e)s.

(Je me suis bien détendu, par exemple, à rechercher le nombre de fois où WSWS.org a parlé en des termes autres qu’horrifiés et dégoûtés d’Alex Jones, première “victime expérimentale” du “fascisme-GAFA”, avec quelles pincettes, et tenant le nom à bout de plume et se bouchant le nez, parce que Jones est pour WSWS.org un infâme “complotiste-fasciste d’extrême-droite”, – alors que WSWS.org c’est vraiment autre chose… Et vice-versa, dans l’autre sens. Tant pis et désolé : les deux ont le même adversaire, et il s’agit bien de l’adversaire suprême, car le “fascisme-GAFA” n’est rien d’autre, c’est-à-direrien de moins que l’Ennemi Suprême puisque monstre sorti du ventre immonde du Système. Il faudra s’y faire.)

On mesure bien entendu avec calme et sans grandes difficultés l’impératif de tenter d’écarter les lignes traditionnelles de clivage pour pouvoir se rassembler contre le Système. Je sais bien que cela ressemble si souvent à un vœu pieux, quelque chose comme un travail supplémentaire (le plus difficile) qu’Hercule a oublié d’accomplir. Même pour les meilleures bonnes volontés, tenez même pour moi dans certains cas l’exercice est difficile. Tant pis, tout le monde est renvoyé dos à dos. Tout cela est à la mesure de notre Grande Crise Générale, et heureusement que le Système travaille pour son compte sur la pente de son autodestruction, – car je pense bien qu’au bout du compte et comme tant de ses initiatives, une mesure aussi grossière de censure que celle qui vient d’être prise se retournera contre lui, – contre toi le Système, “toi, le venin”. 

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