21 mai 2019

«C’était semblable à un film d'horreur»: les Serbes accouchaient sous les bombes de l’Otan


Violant le droit international, l'Otan a bombardé la Yougoslavie du 24 mars au 10 juin 1999, et la frappe du 20 mai contre le centre hospitalier Dragisa Misovic à Belgrade a sans doute été un épisode des plus cruels de cette campagne de l’Alliance. Deux femmes qui ont vécu cette horreur s’en souviennent au micro de Sputnik.

Il y a 20 ans, l'infirmière Ruzica Dimic travaillait à la maternité qui fait partie du centre hospitalier Dragisa Misovic. Elle y travaille toujours. Le 20 mai 1999, elle se remettait après une césarienne au service des soins intensifs, alors que Sandra Trailov, enceinte de deux enfants, était hospitalisée à cette même maternité pour éviter une fausse couche. Au moment de l'explosion, elle était sous perfusion.



«Juste à minuit, nous avons entendu la première explosion. Le bombardement de Belgrade a commencé. Le temps passait, les éclats d'explosions devenaient de plus en plus forts, les bombes tombaient toujours plus près de l'hôpital. Affaiblies, les femmes qui venaient d'accoucher avaient peur. Le plancher, les murs et les vitres tremblaient», raconte à Sputnik Ruzica qui était alors alitée après la césarienne.

Sandra ne se souvient même plus comment elle s'était débarrassée du pied de perfusion quand des éclats des vitres brisées l'avait recouverte.



«Les infirmières ont dit à tout le monde de descendre dans les sous-sols. Je me souviens de ma voisine de chambre, enceinte de plusieurs mois. Elle s'est levée de son lit et criait ne pas savoir que faire. Elle ne pouvait même pas se chausser, ses pantoufles étant pleines de verre brisé. Je l'ai aidée et je lui ai demandé de patienter encore un peu et de ne pas accoucher tout de suite», relate Sandra à Sputnik.

Les souvenirs de Ruzica sont aussi plein d'horreur:

«Instinctivement, je me suis couchée sur le flanc et j'ai tiré la couverture sur moi. Tout été recouvert d'éclats de vitres brisées. J'en avais plein les cheveux, dans mon lit, partout. Une femme sur un lit à côté avait le nez et les lèvres entaillés. J'ai eu le temps de jeter un coup d'œil sur trois lits en face où étaient couchées des patientes après opération. Des éclats de verre, du ciment et de la poussière pleuvaient sur elles. Et tout à coup, la lumière s'est éteinte. On s'est retrouvé dans le noir le plus complet. Avant cela, on entendait une femme gémir de douleur après une césarienne. Mais subitement, le silence absolu s'est instauré. C'était semblable à un film d'horreur».


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.