13 avril 2019

Je ne suis pas une légende


Chapitre 1 le jour de nuage, la nuit de flamme

A 4 ans, Bergier avait vu un général dans le square et il lui avait expliqué toutes les erreurs militaire en Prusse orientale. Il était venu chez Bergier pour lui parler de nouveau. Sa mère en conclut que Jacques était génial. Les Bergier vivaient à Odessa. Le père avait une épicerie. A 5 ans, Jacques fit pour le première fois l’expérience de l’injustice. Le vieux comptable de son père avait été frappé par des cosaques. Jacques se dit qu’un jour il frapperait sur la force au nom de la vérité. Le nom Bergier est un accident phonétique qui s’est produit au moment de la transcription du russe au polonais. Les Bergier de France étaient des protestants dont aucun n’avait jamais émigré à Odessa. Les Bergier étaient juifs. Le grand-père maternel Jacob était rabbin miraculeux et le cousin de Jacques, Anatole était régicide. I avait participé personnellement à l’exécution de l’empereur Nicolas II en 1919. Son oncle maternel Asraël était surnommé « L’Ange de la mort ». Jacques n’était jmais allé à l’école en Russie ni en Pologne. Il avait des professeurs particuliers et à 4 ans il lisait couramment le russe, le français et l’hébreu. A 5 ans, il lisait des livres en français et à deux ans des journaux. A 5 ans il avait lu « La Débâcle » de Zola et « Les Tronçons du glaive » de Paul et Victor Marguerite. Bergier ne connaissait qu’une seule personne ayant lu « Les Tronçons du glaive », c’était de Gaulle. Mais quand il lui en parla Bergier vit bien que de Gaulle détestait les Juifs. Enfant, Bergier parlait avec des truands, des putains, des militants politiques, des commerçants. Les Bergier quittèrent la Russie en 1920 mais Jacques aimait Trotsky et se sentait fier d’être juif comme lui. Pourtant à 8 ans, Jacques savait que Trotsky serait dévoré par la Révolution. Quand le père de Jacques décida de quitter la Russie, il se voyait suivre Jéhovah qui marchait devant lui le jour de nuage et la nuit de flamme. Jacques ne voulait pas partir et reçut des gifles. Les Bergier prirent le train pour Krzcmieniec en Pologne où habitait toute la famille de la mère de Jacques. Au cours d’une pause dans une ville, Jacques put lire « Les mangeurs de feu » de Jacolliot. Ce livre parlait de gouvernement secret et totalitaire en Russie et d’archipel du goulag, de l’utilisation de la conversion directe de la matière en énergie pour la propulsion d’appareil aériens et la fabrication d’armes. Jacolliot avait été le premier à découvrir les anciennes civilisations de l’Inde, et la plupart des « mystiques » modernes, de Gurdjieff à Ossendovski, l’ont copié cyniquement.

On avait cousu dans le pantalon de Jacques une bonne partie des bijoux de la famille et une épingle lui piquait les fesses. Krzemieniec fut totalement détruite par les nazis. Cette ville avait été volée par les Polonais à la Russie qui l’avait récupérée en 1940. La population était presque totalement juive. Elle manifestait un racisme notoire et lyncha en 1921 une équipe de football polonaise envoyée par le gouvernement. La ville vivait comme au Xvè siècle. Une véritable ceinture de talismans entourait la ville. Des tentatives avaient été faites par le monde extérieur pour faire pénétrer le Xxè siècle dans la ville. Sans succès. Le maréchal Pilsudki avait essayé d’y instituer la démocratie. Mais les minorités russes et ukrainiennes qui essayaient de voter se firent assommer. L’électorat juif se divisa en deux parties : le parti sioniste révisionniste, qui était pour le soulèvement immédiat et la lutte armée en Palestine; le parti sioniste classique, qui voulait attendre et arriver à une solution pacifique. Le parti sioniste révisionniste l’emporta. Jacques vécut à Krzemieniec de 1920 à 1925. Il n’alla pas à l’école mais étudiait dans des livres et un rabbin lui donnait l’instruction religieuse. Il passa ses bar-mitzwa en 1925. Il apprit l’araméen et la kabbale. Il se sentait déjà juif à 8 ans. Il connaissait les 99 noms de dieu. Le 100è était ineffable et ne pouvait venir que de l’intérieur. Il pouvait néanmoins s’écrire à l’intérieur de l’étoile juive ou sur une épée qui circulait dans le monde. Lorsque le Juif errant la rencontrait, il se remettait en marche. Bergier pensait à la fin de sa vie que le massacre de 6 millions de Juifs sans aucune intervention surnaturelle constituait la preuve parfaite de la non-existence de dieu. De 1920 à 1925, Jacques étudia les mathématiques, la physique, l’anglais et l’allemand. Il lut 14 heures par jour. Il avait appris l’assassinat de deux hommes politiques allemands, Erberger et Rathenau. Rathenau, en mourant, aurait dit : « J’en savais trop et ils m’ont tué ». Bergier en lisant les premières pages des journaux, comprit que l’idée de gouvernements invisibles et de forces secrètes conduisant le monde était une idée vraie. Il y avait bien dans le monde, comme l’avait dit Kipling dans Kim, un Grand Jeu derrière les fantoches militaires et politiques il y avait réellement des pouvoirs secrets. Bergier s’était juré de se mêler un jour au Grand Jeu et il réalisa son ambition.

Ses autres lectures de l’époque étaient essentiellement de science-fiction. Il apprécia la revue « Le monde des aventures » et découvrit l’auteur polonais Zulavsky. Bergier avait une véritable indigestion d’idées : les extra-terrestres, les robots, l’expérimentation biologique. Mais ce qui l’avait surtout frappé ce fut la grande idée de l’énergie nucléaire. Bergier lu Le Monde libéré de Wells qui décrivait le monde de l’énergie atomique, ses dangers et ses ressources nouvelles. Il s’intéressa à Frédéric Saddy, qui avait écrit « L’interprétation du radium » et avait découvert et nommé les isotopes. Saddy et Jacolliot pensaient que de grandes civilisations avaient précédé le nôtre et que ces civilisations avaient disposé de l’énergie atomique. Bergier se jura de participer à la conquête de l’énergie atomique. Le père de Bergier avait conçu le projet délirant d’aller à Cuba. Puis il pensa à la France. Des membres de la famille s’y trouvaient et les visas étaient faciles à obtenir. Jacques rencontra l’oncle Alexandre avec qui il parla. Alexandre lui dit qu’il était trop bête pour passer le baccalauréat mais qu’il existait un examen plus facile qui s’appelait le bachot et qui serait à sa portée. Alexandre était intervenu énergiquement pour obtenir le visa des Bergier et grâce à lui, la famille Bergier était installée à Paris en 1925.

Chapitre 2 Sacco et Vanzetti ne doivent pas mourir (1928)

Bergier participa à une manifestation pour tenter de sauver les deux anarchistes Sacco et Vanzetti. Ils avaient été condamnés à mort en 1921 et on avait découvert les vrais coupables en 1925. L’exécution eut lieu en 1927. Bergier avait 15 ans et c’était sa première bataille. Il savait qu’en Russie, il y avait l’archipel du goulag sur lequel il était renseigné par la presse des émigrés russes et par les récits de ceux qui s’en étaient échappés. La France venait de donner sa mesure dans la guerre du Maroc, la répression en Algérie et en Indochine. Bergier savait déjà que l’oppression devait être combattue partout par la violence. C’était son réveil politique. Il avait passé 1926 et 1927 à l’école communale de Boulogne sur Seine. Il était très déçu par la Farnce à cause du manque de bibliothèques. Bergier avait passé son brevet et était entré au lycée Saint-Louis, boulevard Saint-Michel. Le lycée préparait à l’enseignement des mathématiques pour les grandes écoles. On n’y faisait ni grec ni latin. Bergier connut Albert Mirlesse qui créa l’escadrille Normandie-Niémen et Jean Couture qui devint un haut personnage du Commissariat à l’Energie Atomique. Il y avait aussi le futur astronome Vladimir Kourganov. Les élèves pratiquaient le bizutage. Bergier s’y était opposé en cassant une bouteille d’encre sur le représentant de ses camarades. Il fut déçu de constater qu’il n’était pas un génie des mathématiques. Il fut enchanté par l’atmosphère constante d’humour et de canulars du lycée. Il contribua aux canulars et son professeur d’allemand à qui il avait joué beaucoup de tours voulut le coller au bac en mettant une mauvaise mention sur le livret scolaire de Jacques. Mais Bergier présenta l’anglais et le russe. Le professeur d’allemand eut une crise cardiaque ce qui rendit Jacques célèbre. En philo, le professeur mit en discussion le paradoxe de Rousseau : « il existe en Chine un mandarin que vous pouvez tuer simplement en appuyant sur un bouton à Paris. Vous ne l’avez jamais vu. Il ne vous est rien. Il a fait un testament en votre faveur, vous laissant son immense fortune. Allez-vous appuyer sur le bouton. Bergier résolut le paradoxe en déclarant qu’il enverrait un télégramme au mandarin pour le menacer d’appuyer sur le bouton s’il ne lui léguait pas sa fortune. Il devait réfléchir à sa carrière future car la pauvreté de sa famille posait un problème. Toute sa vie Jacques fut un mendiant érudit et il le regretta. L’American legion, organisme d’aide aux anciens combattants légua à Joseph Gibert des numéros de Argosy et de All Story ce qui aida Jacques à supporter la pauvreté. Il découvrit dans ces revues Jack London et Edgar Rice Burroughs. Jacques avait trouvé une raison de vivre. Il découvrit Lovecraft à la bibliothèque états-unienne et prétendit qu’il échangeait une correspondance avec l’écrivain pendant dix ans. Jacques fréquenta la bibliothèque Sainte-Geneviève. Ne pouvant se payer la préparation pour les grandes écoles, Bergier s’orienta vers la chimie. Il réussit le concours d’entrée à l’Institut de Chimie (ce qui devint l’Ecole Supérieure de Chimie). En même temps, il s’inscrivit à la Sorbonne pour passer les certificats de mathématiques générales, de chimie générale, de chimie appliquée. Il s’intéressa à la mécanique ondulatoire qui pour lui donnerait la clé de l’énergie atomique mais ses professeurs et ses camarades se moquèrent de lui et lui conseillèrent de lire Proust et Gide. Il les lut mais les trouva stupides. Bergier se fit peu d’amis au lycée Saint-Louis à part l’architecte Eugène Golo. Jacques continua la lutte politique sans adhérer à un parti. Le PC le rebutait par sa discipline et par le fait qu’il était plutôt une religion qu’un mouvement politique. Dès 1928, Jacques fit des traductions d’allemand et d’anglais en français et donna des leçons pour financer ses études et s’acheter des livres. Il devint un client sérieux de la librairie Brentano’s et s’acheta des numéros de la revue états-unienne de SF Amazing Stories. Il alla écouter Jean Perrin à la cour du 11, rue Pierre Curie. Le prix Nobel annonçait : « Cockreft et Walton ont réalisé la première transmutation artificielle qui n’utilise pas la radioactivité. Ils ont bombardé le lithium avec des protons. Ils ont obtenu de l’hélium. » Cockreft et Walton ont construit en 1931 le premier accélérateur linéaire de particules et ils ont obtenu la confirmation de leur théorie.

Bergier pensait que si les vénérables fossiles qui dirigeaient les recherches scientifiques dans le monde entier avaient fait porter les efforts dans le bon sens, la bombe à hydrogène aurait pu être utilisé dès 1935, à temps pour se défendre contre Hitler, et l’énergie thermo-nucléaire utilisable aurait été réalisée dès 1940. Il aimait la Sorbonne mais pas l’Institut de chimie car il était mal géré. Le mépris total de la science y régnait. Bergier n’arriva pas à obtenir de diplôme, mais la réputation de l’école était si mauvaise qu’il n’eut jamais à le regretter. A la Sorbonne, Bergier suivit les cours de Jean Thibaud sur la physique nucléaire. Il continuait ses canulars à la Sorbonne. Il avait lancé un cerf-volant dans l’amphitéâtre Milne-Edwards.

Bergier continua à lire les revues de la bibliothèque de la Sorbonne et du Conservatoire des Arts et Métiers. Il suivit les progrès de la science. En 1932, l’Etats-unien Lawrence inventa le cyclotron. Frédéric Joliot et sa femme découvrirent la radioactivité artificielle. Bergier réussit sa licence de mathématique et de chimie en 1933 et arrêta ses études. Il n’avait pas les moyens d’entreprendre un doctorat. De 1933 à 1937, il fut traducteur à l’Agence économique et financière, analyste d’urines dans une pharmacie, fabricant de colle. A l’Institut de chimie, il s’était lié avec Alfred Eskenazi. Ils montèrent un laboratoire de recherches en 1936 rue Dautancourt. Eskenazi était membre du PCF. Bergier et Eskenazi luttèrent contre le nazisme. Dans leur laboratoire, ils avaient un minimum de matériel de chimie et purent ainsi obtenir quelques contrats auprès d’industriels. Ils travaillèrent sur les produits chimiques auxiliaires nécessaires pour le tissage de la soie et de la rayonne, la fabrication de tissus infroissables, les nouveaux colorants. Avec Vladimir Gavreau, ils conçurent les principes essentiels de l’automation. En 1936, Bergier rencontra le Pr André Helbronner qui fut le premier professeur de chimie physique en France. Hellbronner reçut en 1922 la grande médaille d’or de l’Institut Franklin pour ses travaux sur la liquéfaction des gaz. Bergier prétend que Hellbroner et Eric Edward Duh réalisèrent une synthèse de l’or à partir du bore et du tungstène. Il intégra l’équipe d’Hellbronner tout en continuant de travailler rue Dautencourt.

Chapitre 4 L’énergie atomique naît rue Saint-Georges (1937)

Bergier rêvait de faire fortune avec l’énergie atomique. Avec Hellborner, ils auraient pu créer des appareils à peine plus grand qu’un transistor produisant à partir d’élements chimiques communs du courant électrique à bas voltage et à un prix négligeable mais la guerre les en empêcha. Bergier parle de sa déchéance. Il ne l’attribue pas aux camps de concentration mais à lâge. Il pense qu’il a perdu sa capacité imaginative à 30 ans. Bergier fut en rapport, dès 1936, avec un conseiller scientifique du gouvernement états-unien, le sénateur Roger Sherman Hoare. Celui-ci avait émis l’idée formidable que l’élixir de longue vie dont nous parlent les traditions avait bel et bien existé et qu’il était un composé éliminant l’eau lourde de l’organisme et lui permettant de passer dans les urines et la sueur.

Au début de 1939, Bergier avait accumulé un capital de découvertes qui devaient certainement lui valoir l’appui de l’industrie internationale et il se voyait déjà l’un des maîtres du monde. Sur l’initiative de Georges Mandel, qui comprenait l’importance de ses travaux, Bergier prit contact avec le 5è Bureau de l’armée. Il devint agent secret. Son pseudonyme était sorcier. A Londres il rencontra Lord Rutherford, le grand homme de l’atome. Pourtant Rutherford ne croyait pas à l’énergie atomique. Bergier et Hellbronner avaient fait tout leur possible pour alerter les autorités françaises sur l’importance qu’allaient prendre les armes atomiques mais Daladier ne répondit pas et Reynaud se moqua de Bergier. Bergier pense que la France aurait pu fabriquer une bombe atomique à temps pour éviter le désastre.

Jusqu’en septembre 1939, le problème de la bombe atomique n’avait pas tellement intéressé Bergier. En revanche, plongé dans ses rêves d’ambition et de puissance, il travaillait à fond sur les structures de pouvoir dans la société capitaliste. Il s’imaginait gouvernant la plus grande partie de la planète à la tête d’un trust qui aurait remplacé le charbon et le pétrole par une nouvelle énergie.

Chapitre 5 Opération « signe de la croix » (1935)

Le 28 février 1935, l’on jouait au cinéma Olympia, à Berlin, le film de Cecil B. De Mille, Le Signe de la croix. A la sortie eut lieu une distribution de tracts sur lesquels les Berlinois purent lire « Néron a brûlé Rome, puis il a accusé les chrétiens. Il mentait. Hitler a brûlé le Reichstag et il accuse les communistes. Il ment. Allemagne réveille-toi ! ».

Bergier avait rédigé et fait imprimer ces tracts en France et les avait transportés en Allemagne. L’affaire avait été montée par Eskenazi avec le PCF. Le jour correspondait au deuxième anniversaire de l’incendie du Reichstag. Bergier mit les tracts dans des dossiers. On l’avertit que le trajet du retour serait dangereux car les Allemands avaient des agents spéciaux qui reconnaissaient les Juifs à l’odeur. Mais Bergier savait bien qu’il n’y avait pas plus d’odeur de Juif que de races. Après la mission, Bergier resta deux jours à Berlin pour sentir l’atmosphère et se faire une idée de l’importance du danger nazi. Il vit qu’on sous(estimait les nazis. Ce camp de Dachau existait déjà et n’avait rien de secret. En 1935, seuls les communistes étaient conscients de la gravité de la menace et prenaient leurs dispositions. C’est cette année que fut fondé l’orchestre rouge. Bergier en fut le fournisseur principal en électronique. Après deux jours passés à Berlin Bergier conclut que la puissance de la science allemande n’avait pas du tout souffert de l’arrivée au pouvoir de Hitler. Il vit qu’il y avait peu de policiers en civil. Berlin n’était pas si surveillé. Le centre du pouvoir était Munich et non Berlin puis Nuremberg. Bergier prétend que certains hommes qui se sentaient visés par le nazisme préparaient des cachettes et des positions de retraites. Des Juifs en particulier, en 1941, s’étaient engagés dans la Wermacht en combattant sur le front russe. En 1935, l’émigration russe en Allemagne se situait politiquement à droite d’Hitler. Bergier brocarde Soljenistsyne qui revendiquait la nationalité soviétique pour l’émigration soviétique, y compris celle qui s’était rangée aux côtés de Hitler. Il évoque le désastre de 1940. Il avait senti tout ce que cela produirait de malheurs ou d’humiliations. Il avait détruit tous les documents pouvant conduire les Allemands jusqu’à l’énergie atomique. Il songea au suicide, à l’émigration aux Etats-Unis ou la poursuite du combat en Angleterre. Il choisit la lutte sur le terrain en France. Il n’entendit l’appel du 18 juin qu’en 1945. La Résistance métropolitaine s’était formée par ses propres moyens. Il quitta Paris avec Hellbronner et Eskenazi. Ses compagnons allèrent à Lyon mais lui alla jusqu’à Toulouse. En 1940, il n’y avait aucun espoir car les nazis avaient hérité de l’industrie européenne. L’alliance URSS/Allemagne paraissait solide. Il était donc difficile d’espérer vaincre Hitler en décidant de résister en France. Ce fut pourtant le choix de Bergier car il souhaitait faire quelques dégâts à l’ennemi. Bergier demanda à ses amis Eskenazi et Hellbronner de quitter la France mais ils restèrent à Lyon. Bergier reprit contact avec le 5è Bureau qui s’était camouflé en agence immoblière.

Chapitre 6 A la recherche de la vengeance (1940)

En arrivant à Toulouse, Bergier pensa à la prière du Grand Pardon. Il avait été abaissé comme peut être aucun Français ne l’avait été. Sur le point de devenir l’un des maîtres du monde, il était devenu un Juif sans droit et sans travail. Avec pour toute perspective la déportation et les camps allemands. Il éprouvait de la pitié pour les Juifs étrangers et du mépris pour les Juifs français. Ils étaient prêts à se rendre au commissariat pour y faire la queue et recevoir au plus vite l’étoile jaune, de façon à être en règle. Bergier voulut précipiter le mouvement et renvoya sa naturalisation au maréchal Pétain (il la reprit en 1945 des mains de de Gaulle). Il demanda à bénéficier du statut d’étranger. On lui attribua la nationalité polonaise. En 1945, la Pologne lui décerna les plus hautes décorations. Il avait la certitude que sa carrière se terminerait rapidement par la torture et la mort. Dès juin 1940, il fit des exercices proches du yoga pour résister à la torture. Il eut des rapports courtois avec la commission d’armistice allemande de Toulouse. Il avait une couverture, il était conseiller à l’usine d’avions Dewoitine. Il fit preuve de mauvaise foi en réclamant un gazogène géant aux Allemands. Ceux-ci ne s’y trompèrent pas et le considérèrent comme un adversaire honorable. Bergier résistait avec des communistes, des antifascistes italiens et des républicains espagnols. Il fut convaincu de la survie de la Grande-Bretagne dès juin 40. A Toulouse, tout se savait alors Bergier mit en sommeil les diverses cellules qu’il avait créées puis les relia à d’autres mouvements. Il partit à Lyon en septembre 1940. Il y retrouva ses amis Eskenazi et Hellbronner et rencontra un Chinois, t’sian le futur père de la bombe atomique chinoise. Il loua un laboratoire pour mettre en route une fabrication de bombes. De trois par semaine en 1940 il en fabriqua jusqu’à 800 par mois en 1943. Il entreprit un important trafic d’oreilles humaines qui lui étaient fournies par des patriotes de l’actuel hôpital Edouard Herriot. Il les envoyait à des collaborateurs avec un mot signalant que ces oreilles venaient de collabos. Bergier fabriqua des postes émetteurs qu’il camoufla en appareils médicaux. Il équipa ainsi l’orchestre rouge. Il sabota des moteurs avec ces pastilles se dissolvant dans l’huile de graissage et dégageant un gaz corrosif. Il prétend avoir ainsi détruit quatre sous-marins allemands. Un film lui fut consacré par les Soviétiques et les Allemands de l’Est « L’homme qui arrêta la foudre » dont le titre français était « Et l’Angleterre sera détruite ». Le film fut diffusé aux « Dossiers de l’écran ». Bergier voulut débattre avec Vion Braun qui se déroba. Avant d’être arrêté en 1943, Bergier avait voulu créer un réseau téléphonique. Il aurait suffi de composer le mot Liberté sur le cadran téléphonique à Paris pour entrer en contact avec la Résistance sans que celle-ci soit localisée.

En 1941, Bergier établit sa première liaison radio avec Londres. Il avait également mis au point la technique adaptée par la BBC qui consistait à faire dire au speaker une phrase convenue.

Début 1942, Bergier écrivit un « Manuel du parfait saboteur » édité à Londres. Il espérait voir ce livre réédité dans les années 70 en y ajoutant un procédé contre les ordinateurs car pour lui les ordinateurs étaient devenus l’instrument n° 1 de la tyrannie et de l’oppression. En 1943, Bergier avait commencé un livre parlant de la vie sous l’oppression mais il fut arrêté avant de pouvoir l’achever. Pendant la guerre, Bergier maria des gens et en exécuta. Il regrette de n’avoir pu achever son livre de 1943 car il voulait y décrire une société parallèle comme l’a fait Van Vogt dans « Les Fabricants d’armes ».

Chapitre 7, Vengeance (1943)

Roger Vailland a écrit sur Bergier : « Rien ne peut plus l’étonner. Le ciel lui est déjà tombé sur la tête dans un bordel à Tombouctou en 1794 » (dans Drôle de jeu où Bergier figure sous le personnage de Marat). Bergier organisa un maquis Franco-Serbe. C’était en 1943 et c’était son premier acte officiel depuis sa nomination comme capitaine des forces françaises combattantes. Avec sa radio il notait des codes envoyés par Londres. Cela lui donna l’idée d’un futur livre « A l’écoute des planètes ».

A Paris, Bergier avait tenu à voir l’explosion d’une de ses bombes. Il vit mourir des SS. Mais la foule ne courut pas, elle resta hébétée. Une femme lui dit que c’étaient les Juifs qui avaient lancé cette bombe et Bergier le lui confirma. Un résistant nommé Ploermer se suicida. Il avait dit à sa femme qu’il avait laissé mille noms de résistants en clair dans son bureau alors Bergier brûla l’immeuble pour que la Gestapo ne trouve pas les noms.

Bergier rédigeait un journal en allemand pour démoraliser l’ennemi. Il l’avait appelé « Le soldat allemand en Méditerranée ». Il y annonça que Hambourg allait être détruite. Il y eut effectivement un bombardement sur Hambourg. Bergier eut simplement une intuition car Londres ne l’avait pas averti de ce bombardement.

Début 1943, Bergier organisa une « fabrique de Canadiens » au bar du Rex. Il avait fabriqué de faux passeports canadiens et avait donné aux résistants des rudiments de connaissances sur le Canada au cas où ils seraient arrêtés en Espagne car les Espagnols remettaient aux autorités alliées les résistants anglophones. Les Allemands avaient recouvert la France et ses villes de poteaux indicateurs : « Nach Paris », « Nach Strasbourg », etc... Après la victoire de Stalingrad Bergier décida de donner une leçon à l’ennemi. En une nuit Bergier et ses agents remplacèrent tous les poteaux de Lyon pour y inscrire « Nach Stalingrad, 100 000 cadavres ». Hitler n’avait aucunement apprécié la plaisanterie.

Bergier a connu sous l’occupation deux sortes de solitude. L’une heureuse, couché dans une importante galerie d’art place Vendôme à écouter les sons de Paris en échafaudant des plans de lutte. Et l’autre malheureuse, se faisant passer pour un agent de change dans l’Isère et voyant que les gens ne s’intéressaient à lui que pour leurs capitaux ce qui dégouta Bergier du capitalisme.

Bergier évoque un incendie qu’il avait provoqué dans une annexe de la mairie de Lyon où se trouvaient des noms de jeunes à envoyer au STO. Il regrette que Georges Marchais n’était pas de Lyon car il aurait voulu lui éviter le STO. A Paris, Sauckel, chargé de la main-d’oeuvre protesta énergiquement et annonça des mesures sévères alors Bergier le fit exécuter. Son successeur réclama moins de main-d’oeuvre.

L’un des plus beaux souvenirs de résistant de Bergier fut le jour où Londres lui annonça le bombardement de Pennemünd où l’Allemagne construisait les V2. Churchill estima que ce bombardement permit le débarquement du 6 juin 1944. Bergier n’arrivait pas à se faire comprendre par ses amis résistants quand il parlait des gouvernements invisibles de l’avenir. Il fut arrêté le 23 novembre 1943 à Lyon. Il crut sa vie finie. Mais il devait sacrifier au rite de passage, mourir et renaître.

Chapitre 4 : les mondes à venir

Le 19 mai 1945, Bergier fut abordé par des Parisiens curieux qui voyaient bien qu’il revenait des camps. Il acheta des journaux et des revues scientifiques à la librairie états-unienne de Brentano’s. Les libraires ne voulurent pas le faire payer tant ils étaient émus. Il apprit la mort des tyrans nazis, la découverte de la pénicilline par Fleming, l’invention de l’hélicoptère par les Allemands sur le front de l’est, le droit de vote des femmes et l’entrée des communistes au gouvernement. Il rentra chez ses parents rue d’Assas. La nouvelle armée l’avait nommé capitaine et des gouvernements étrangers lui avaient accordé de très hautes distinctions. Une amie du réseau Marco Polo, Françoise Toledano voulut le revoir. Elle le soigna et le remit sur pied. Il la laissa tomber pour une petite catholique qui ne lui rappelait ni la Résistance ni sa religion. Sur proposition de de Gaulle, Bergier réorganisa les services de la DGER, les services d’espionnages extérieurs. Bergier proposa à de Gaulle de créer un Commissariat à l’Energie Atomique et de nommer un communiste à sa tête, Joliot-Curie. Cela permit à la France d’obtenir l’aide des Russes et la France put construire ensuite la pile atomique Zoé. Après Hiroshima et Nagazaki, Bergier se distingua en disant qu’il regrettait de n’avoir pas été désigné pour lancer les bombes car pour lui les Japonais méritaient ce châtiment car chez eux nul n’avait résisté et que le comportement des Japonais dans les camps avaient été pire que celui des Allemands. Il aurait voulu que les Etats-uniens fassent la même chose sur Berlin mais le général Spaatz lui répondit : Voyons, on ne pouvait utiliser ça sur des blancs !

Depuis le 1er août 1945, Bergier se déplaçait avec une bouteille d’uranium enrichi qu’il avait récupérée au bord du lac de Constance dans le coffre-fort d’une société allemande, la Degussa et déclarait que si un seul neutron entrait dans la bouteille, Paris serait rayé de la carte. Après Hiroshima, de Gaulle appela Bergier pour qu’il donne la bouteille aux autorités scientifiques. Elle fut placée dans la pile Zoé. Le 8 août 1945, les médecins lui donnaient quelques jours à vivre mais en mars 1946, il était toujours vivant. Bergier se vit confier plusieurs missions au procès de Nuremberg. Il devait rassembler les documents réunis par les résistants sur le camp de Mauthausen et présenter les films réalisés par les SS. Enfin, il devait recueillir des renseignements et des témoignages pouvant permettre la rédaction des actes d’accusation. La discrétion de Bergier provoqua son absence dans l’énorme index sur la relation du procès de Nuremberg. Pour Bergier, « l’hitlérisme n’avait pas seulement été un mouvement politique, mais d’abord et surtout une religion (...) un nouveau type de gouvernement, la cryptocratie, destinée dans l’avenir à remplacer aussi bien le capitalisme que le communisme ». Fin 1946, Bergier retrouva des dépôts d’armes allemandes convoités par les communistes et les gaullistes. Un coup d’Etat communiste aurait amené les Etats-uniens à intervenir directement. Bergier remit les armes trouvées ou gouvernement et évita une guerre civile. Il travailla sur les agglomérés pour la société Carbonne-Lorraine puis, en 1947, il fonda une société Recherche et Industrie pour la fabrication d’essence synthétique à partir des méthodes allemandes. Il partit aux Etats-Unis pour retrouver des savants allemands qui avaient travaillé sur le sujet. C’est là que lui vint l’idée de lancer la science-fiction états-unienne en France. Il avait déposé un projet de collection chez Gallimard. Inquiété par le FBI car né à Odessa, on l’accusa d’être rouge mais il fit usage de ses prérogatives d’agent OSS. La SF progressait aux Etats-Unis grâce à John W Campbell, rédacteur de la revue Astounding. Mais si de nouveaux écrivains comme Sturgeon ou van Vogt étaient apparus, Abraham Merritt était mort et il était le favori de Bergier, il fit traduire et publier ses romans. Bergier rencontra Campbell et visita les Etats-Unis. Il en garda un excellent souvenir. En 1948, il se remit à l’alchimie et voulut retrouver Fulcanelli mai sans succès. Il affirma avoir pu fabriquer de l’or à partir du Thallium. Selon lui, ce n’est qu’en 1975 qu’il a été possible de décrire toute l’alchimie en termes scientifiques modernes. Après avoir rompu avec Françoise Toledano, Bergier se maria le 19 mars 1949 avec Jacqueline Bernardeau, native de Bordeaux et âgée de 28 ans avec qui il resta marié jusqu’à sa mort. Dans l’intervalle, il vécut séparé d’elle car elle le trompait avec un jeune écrivain. En 1950, il quitta la DGER.

Chapitre 5 : De la Science-Fiction au Matin des magiciens

Bergier était ingénieur conseil mais cette profession battait de l’aile quand en 1951 la science-fiction arriva en France. Mais Gallimard l’évinça au profit de Michel Pilotin alias Stephen Spriel. Gallimard s’associa avec Hachette et engagea Georges H. Gallet. La collection s’appela « Le rayon fantastique ». Fleuve noir publia sa propre collection purement française « Anticipation » et Denoël créa « Présence du futur » en 1954. En 1953, Maurice Renault confia la revue « Fiction » à Jacques Bergier, c’était l’édition française de the Magazine of fantasy and SF. Bergier se servit d’articles de la revue mère et intégra également des articles français. Il s’occupa de Fiction pendant les trois premières années de la revue. Valérie Schmidt ouvrit une librairie, La Balance, spécialisée dans la SF. Bergier en fit partie ainsi que Gérard Klein et Boris Vian. En 1954, Jean Birgé créa la revue « Métal » qui s’appelait ainsi à cause de sa couverture métallisées. Birgé était l’agent de Jeanne Moreau et Frédéric Dard. Bergier proposa la création du Grand Prix du roman d’anticipation scientifique, le prix Rosny aîné, en 1953. Il plaça ses amis dans le jury et y collabora lui-même. Le prix fut attribué à Charles d’Henneberg pour La Naissance des dieux, Jeanne Moreau lui remit son titre. En fait, le livre fut écrit par la femme d’Henneberg car à l’époque les femmes ne représentaient presque rien dans le domaine de l’édition, elle avait dû se servir du nom de son mari. Birgé abandonna Métal en 1956 et créa avec Bergier la revue Satellite. Bergier écrivit Visa pour demain avec Pierre de Latil. Il s’agissait d’un livre en faveur du progrès technique. Bergier travailla ensuite pour la revue constellation qui se voulait concurrente de Selection du Reader’s digest. En 1953, l’éditeur-libraire, Victor Michon avait lancé la « Bibliothèque mondiale » qui se voulait populaire. Il y avait avec chaque livre un appareil critique. En 1954, fut créé un comité de rédaction dont fit partie Louis Pauwels qui avait été rédacteur en chef du journal « Combat ». Pauwels avait rencontré Bergier grâce à son ami alchimiste René Alleau et il décida de confier à Bergier la rubrique « civilisation ». Pauwels et Bergier se découvrirent et se fascinèrent mutuellement. Bergier joua le jeu de la manipulation auquel il était passé maître et Pauwels se laissa faire. Pauwels émergeait à peine de l’influence de Gurdjieff et du guénonisme auquel il croyait. Bergier lui parla alors des sociétés secrètes et Pauwels nota avec soin tout ce qu’ils lui disait. Ces notes serviront à la rédaction du Matin des Magiciens. Cela durera cinq ans. Bergier obtint de Pauwels la réimpression de Démons et merveilles de Lovecraft que Bergier avait déjà préfacé en 1955. En 1955, Bergier publia Agents secrets contre armes secrètes » où il apparaissait sous l’un de ses pseudonymes de guerre : Verne. Il parlait de la Résistance, des V2, de la torture et des camps. Le succès fut immédiat et le livre fut traduit en seize langues. En 1956, il sortit quinze hommes, un secret avec Pierre de Latil. Le livre évoquait les grands noms de la science qui avaient étudié les secrets de la matière. En octobre 1956, Pierre Versins, rescapé d’Auschwitz, créa la revue de SF « Ailleurs » dans laquelle Bergier écrivit ce qui allait être les chapitres du Matin des magiciens.

De 1957 à 1959, Bergier publia quatre livre scientifiques. Les mystères de la vie, L’énergie H, Les dompteurs de force et Les murailles invisibles. En 190, il écrivit Les merveilles de la chimie et en 1961 Le plasma, quatrième état de la matière.

La collaboration avec Pauwels évolua. Il n’était plus question d’une histoire d’ensemble des sociétés secrètes car Bergier avait renoncé à parler de ce qu’il ne pouvait explorer. Bergier écrivit à propos du Matin des magiciens « A mesure que les chapitres s’accumulaient, nous nous sommes aperçus que la structure de notre livre était pour le moins bizarre et certainement unique. Bergier proposa un titre « Les Renseignements généraux » mais y renonça car cela prêtait à confusion. Idem lorsqu’il proposa « Le Graal et la galaxie ». C’est Pauwels qui trouva le titre le Matin des magiciens. Chez Gallimard, diverses personnalités évitaient le sujet comme s’il s’agissait d’une maladie honteuse. Jean Paulhan et Raymond Quenau avouaient que « s’ils avaient eu le manuscrit, il n’aurait été publié que sur leur cadavre. » Bergier avait fait une étude sur le Matin des magiciens qui avait avéré 92% des faits exposés. Le livre parut en 1960 et devint le livre de chevet de toute une génération éprise d’inconnu et d’insolite. Bergier ne parvint pas à s’expliquer le succès du livre mais estima dans son autobiographie qu’il devait être dû à l’absence des escroqueries classiques sur l’astrologie et les soucoupes volantes. De plus son édition chez Gallimard donna bonne conscience aux lecteurs. Ce livre avait pour les lecteurs un côté religieux ou para-religieux. Le sous-titre du Matin des magiciens était « introduction au réalisme fantastique ». Ce terme était dû à un écrivain belge, Franz Hellens. Pour Pauwels et Bergier, ce terme tenait plus d’une attitude que d’une philosophie. Il ne s’agissait pas pour eux de faire des adeptes. Le réalisme fantastique se voulait comme un mouvement de remise en cause de la société de l’époque. Tous les anciens amis scientifiques abandonnèrent Bergier et l’Union Rationaliste publia une dénonciation du Matin des magiciens intitulée Le Crépuscule des magiciens. La soeur de Bergier n’apprécia pas le livre et lui, désapprouva l’engagement d’Isabelle aux côtés des Algériens au point de signer un appel pour l’Algérie française ce qui lui aliéna bon nombre de ses amis de la SF.

Le succès du Matin des magiciens amena Pauwels à créer la Revue Planète en 1961 dont les premiers numéros atteignirent 200.000 exemplaires. Bergier y participa mais avec bien des réticences. Dans son autobiographie il avait consacré le chapitre XV à la revue Planète mais l’avait retiré au dernier moment. Ce chapitre est consultable aux archives Bergier de la bibliothèque de Saint-Germain en Laye. Il y disait : « Je n’ai jamais aimé cette revue. J’ai donné ma démission trois fois, la troisième et la bonne en août 1968. Pour lui les publics du Matin des magiciens et de Planète n’étaient les mêmes. Le public de la revue feuilletait mais ne lisait pas vraiment. Pour perpétuer l’oeuvre entreprise dans le Matin des magiciens, Bergier écrivit des livres dans la collection « L’Aventure mystérieuse dirigée par Jacques Sadoul qui lui rendit hommage dans son livre « Histoire de la science-fiction moderne ». En 1963, Bergier sortit un dernier ouvrage de vulgarisation scientifique, A l’écoute des planètes. En 1964, il publia le désopilant Rire avec les savants. Puis il s’intéressa à l’espionnage avec les livres L’actuel guerre secrète (1967) et La guerre secrète du pétrole (1968). En 1966, Hergé découvrit l’existence de Bergier et le transposa dans la bande dessinée Vol 714 pour Sidney (1967). Il l’appela Mik Ezdanitoff.

Chapitre 6 : L’éternité du magicien

Mai 1968 prit une place très importante dans l’autobiographie de Bergier. Il y voyait un complot international de l’organisation qu’il appelait « Interterror ». L’action aurait été de détruire la France de l’intérieur. Pour lui, c’était la révolte des imbéciles contre les intelligent, des incapables contre les capables. L’argent qui aurait financé cette révolte, soit un milliard de francs par jour, serait venu de Bruxelles, expédié par un comité maoïste. Toutes ses conclusions ne devaient pas être avérées. Durant les années 60, Pauwels et Bergier voulurent rédiger une suite du Matin des magiciens avec un premier volume, le Manuel d’embellissement de la vie : l’Homme éternel. Les autres volumes ne virent pas le jour. L’Homme éternel fut la dernière tentative pour prolonger le succès du Matin des magiciens mais cela échoua. Jacques Bergier intéressait aussi les éditions Albin Michel. En 1969, il créa avec Georges Gallet « Les chemins de l’impossible » qui commença avec un livre sur « l’énigmatique comte de Saint-Germain ». Elle fut en concurrence avec la collection Les Enigmes de l’univers fondée par Francis Mazières chez Robert Laffont. A l’inverse des Enigmes de l’univers, Les Chemins de l’impossible favorisaient les livres sur les sociétés secrètes et évidemment au minimum les ovnis. Dans la foulée, Bergier et Gallet préparèrent « La science parlante » et « Les sciences parallèles » qui ne connurent qu’une brève existence.

Fin 1969, Bergier avait remis à Christian Bourgois un recueil d’essais, Admirations, portant sur neuf écrivains « magiques ». Il dirigea ensuite une collection de douze volumes « Les chefs-d’oeuvre de la science-fiction » qu’il avait préfacés. Il devint membre fondateur du prix Appollo. En juillet 1971, les Editions Opta, sur les conseils de Bergier, lancèrent la Revue Espionnage. Fin 1971, il rédigea une Lettre ouverte aux résistants mais elle ne fut pas publiée. Il répondait à ceux qui recommandaient d’oublier la Résistance. En 1968, Albin-Michel chargea Bergier et Gallet de préparer une collection de science-fiction. Les premiers titres parurent sous couverture métallisée argent. En octobre 1972, chez Albin-Michel, Bergier sortit avec le groupe INFO le Livre de l’inexplicable inspiré de Charles Fort. Avec le Livre du mystère (1975), Bergier retravailla avec Gallet. Le 25 octobre 1975, Bergier qui était myope fit une chute à la porte de Saint-Cloud. Il se cassa le nez, les lunettes et perdit beaucoup de sang ce qui l’empêcha de se lancer dans la rédaction d’un second volume d’Admirations. En 1976, Pauwels, rendit hommage à son ami Bergier en publiant Blumroch l’admirable. C’est un livre constitué d’une conversation entre Pauwels et Bergier au cours d’un repas. Bergier n’était qu’à demi content du résultat. Fin 1977, son autobiographie parut aux Editions Retz, Je ne suis pas une légende. Le 7 août 1978, le prix Europ-Littérature lui fut remis à Cannes. Le 22 novembre 1978, Bergier mourut d’une hémorragie cérébrale ou d’une crise cardiaque. Jacques Bergier fut enterré à Pantin.

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