24 mars 2019

Malgré les menaces et les persécutions, les Gilets jaunes manifestent plus nombreux encore


Si on ne peut nier que le gouvernement a bien repris le contrôle des Champs-Elysées, c’est au prix d’une mobilisation générale des forces de police, moyennant une occupation par une armée de camions et de blindés. Que l’Etat mobilise l’ensemble de ses forces de police, et désormais une partie de l’armée avec les sentinelles pour maintenir une place forte centrale du pouvoir, après l’échec magistral du samedi 16 mars, semble devoir être une évidence. Que Castaner s’en félicite en cœur avec la droite traditionnelle révèle en quelque sorte les contradictions du gouvernement et que son escalade répressive n’est l’expression en somme de ses contradictions plus profondes, de sa base sociale toujours plus étroite, ou encore des tendances à la mobilisation extra-parlementaire contre le gouvernement et sa politique anti-sociale et anti-ouvrière.

Du côté des Gilets jaunes, la stratégie de la guerre psychologique, les annonces de mobilisation de l’armée et ses Famas tournés contre le mouvement social n’auront pas fonctionné. Pour cet acte 19, les Gilets jaunes sont apparus toujours plus déterminés à défendre non seulement leur droit à manifester tandis que les aspirations démocratique et revendications sociales se sont exprimées de manière plus aigüe encore durant l’acte 19. A noter aussi des figures de la gauche telles que Philippe Poutou, Olivier Besancenot, et Jean-Luc Mélenchon étaient présents dans la manifestation parisienne, signe que les Gilets jaunes deviennent incontournables pour les suiveurs.

Ainsi, l’agenda des Gilets jaunes continue. Ils manifestent encore plus nombreux que pour l’acte 18, selon les chiffres même du ministère de l’intérieur qui déclare 40.500 manifestants dans toute la France aujourd’hui contre 32.000 pour l’Acte XVIII. Les Gilets jaunes ont eu compté 127.000 personnes dans les rues, et cela malgré les interpellations préventives, les fouilles et les contrôles policier dans les gares, et aux portes de Paris.

Alors quand bien même il n’y aura pas eu de cortège sur les Champs-Elysées à Paris, on retiendra que les manifestants ont défilé à travers tout Paris pour finir sur la butte Montmartre et accrocher une « banderole – Gilet Jaune » sur le dôme du Sacré Cœur. Un symbole, là où 1871 les communards avait été assassiné par le pouvoir en place. Preuve que la réponse répressive est loin d’être en mesure de calmer la colère des citoyens, et que par conséquent le gouvernement n’est toujours pas en mesure de se sortir de la crise qu’il vît depuis maintenant plus de quatre mois.

Le renfort de l’opération Sentinelle était annoncée comme la solution pour résoudre définitivement la crise ouverte par les Gilets Jaunes, avec les scènes d’affrontement sur les Champs-Elysées encore la semaine dernière et le symbole du Fouquet’s ravagé qui inquiétait la bourgeoisie parisienne au bout de dix-huit semaines de mobilisation.

La manœuvre était simple : faire peur en déclarant ouvertement que tous manifestants seraient considérés comme émeutier, et que l’armée pourrait aller jusqu’à ouvrir le feu sur la foule. Ainsi le gouvernement espérait effrayer les Gilets jaunes et les 64% de la population qui les soutiennent afin de les décourager de descendre cette fois encore dans les rues. Mais il s’avère finalement que les conséquences politiques potentielles de la mise en application d’un tel projet ont dissuadé le gouvernement de le mettre en application. En effet, recourir à l’armée face aux manifestants n’aurait pas été sans risque, dans un contexte où même des fractions internes à l’appareil militaire se révèlent par la voie d’officiers supérieurs, qui déclarent, sous couvert d’anonymat dans les médias, être opposés à une telle opération.

Autant dire que c’est comme un retour au point de départ pour le gouvernement. Et cela alors que les élites dominantes sont désabusées par la séquence, elles qui ont misé sur Macron pour mener à bien l’agenda du libéralisme mondialiste. Or celui-ci à ralenti, sans vraiment s'arrêter, depuis fin novembre et le début de la mobilisation, ce qui n’est pas sans les inquiéter. D’où les annonces de Macron pour tenter de s’imposer comme le chef du parti de l’ordre. La droite traditionnelle a joué le jeu, en essayant de montrer ses méthodes de garantie de l’ordre. Il n’est pas anodin que Christian Estrosi, maire Les Républicains de Nice, se soit chargé personnellement du dispositif sécuritaire dans sa ville. Celui-ci a été particulièrement brutal ce samedi avec 80 interpellations et des charges violentes de CRS contre un rassemblement de Gilets Jaunes, qui a gravement blessé une manifestante pour la paix. De même à Bordeaux, où les manifestants ont été systématiquement fouillé et contrôlé aux abords du rassemblement, qui a d’ailleurs été dispersé avec beaucoup de zèle, les forces de répression allant volontairement au contact contact.

La veille du Grand-débat, l’ensemble de la classe dirigeante affirmait en cœur que le grand débat était un succès. Deux actes plus tard, cette certitude n’en est plus une. Les Gilets jaunes l’ont fait voler en éclat. C’est dans une situation des plus inconfortables que le gouvernement va peut-être devoir ré-ouvrir la séquence du Grand débat. Dans ce contexte, il serait plus que jamais nécessaire que tous les travailleurs entrent dans la bataille des Gilets jaunes de plein pied . Plus que jamais, il serait temps que le mouvement ouvrier rejoigne ce mouvement de lutte profonde qui jalonne tout le pays depuis plus de 4 mois, déjà, pour l'amplifier, par ses méthodes, la grève, à fortiori reconductible pour bloquer l’économie. C’est la seule issue pour défaire les folies du régime totalitaire en place et mettre en place le RIC.

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