C'est une véritable apocalypse en jaune fluo qui a déferlé sur la France et qui a résisté, jour après jour, semaine après semaine, au froid, au découragement, à la violence, à la haine et quelque part, aussi, à la tentation du pire et du chaos. C'est une apocalypse au sens premier du terme : la révélation !
Parce que c'est cela qui s'est réellement passé et que plus rien ne pourra effacer : ce qui était invisible est devenu visible, ce qui était nié s'est imposé à tous, ce qui était caché a été exposé de manière irrévocable.
La France invisible
Pendant toutes ces années, je me suis demandé si je ne vivais pas dans une autre dimension. Il y avait la réalité sociale, officielle, incontournable, celle qui se montre dans les journaux, sur les écrans, dans les livres, ce récit collectif de ce que notre monde est et la manière dont nous devons nous résigner à y vivre. Et puis il y avait une autre réalité, brutale, vertigineuse, impossible et impensable, celle de ma vie, de celle de mes voisins, de mes proches, des collègues, des relations, d'un monde à la fois énorme, omniprésent, concret et en même temps indicible, parce que considéré comme marginal, non significatif, déjà passé en perte et profit.
Ça a été ça, la première révélation : celle de notre multitude, la fin de la solitude, de la conviction de son seul échec personnel, de sa seule responsabilité, de notre terrible normalité. Nous n'étions pas seuls, pas l'exception qui confirme la règle, mais bien la règle, la réalité un peu déplaisante que l'on planque sous le tapis, que l'on balaie d'un revers de la main. Les fins de mois qui commencent le 5, le 10 ou le 15, ce n'est pas parce qu'on est juste un mauvais gestionnaire, un type un peu raté, un salarié un peu moyen, un chômeur pas très adaptable, une femme pas assez flexible, mobile ou bosseuse. Non, la pauvreté, c'est-à-dire cet état de manque un peu permanent, c'est massif. Et la menace d'y sombrer un jour par accident est en fait le lot commun.
La guerre des classes
Ce que nous révèle ensuite la révolte des Gilets Jaunes, ce sont les fractures sociales béantes de notre société, c'est l'inconsistance de la fameuse classe moyenne, gros fourre tout à visée électoraliste. Il n'existe en fait aucune communauté de destin entre le couple de cadres dynamiques qui profitent des bienfaits de la ville-monde hyper-connectée par TGV et avions et leur femme de ménage, famille monoparentale en manque chronique de tout et sans aucune perspective de dépasser un jour le seuil de pauvreté et un horizon de privations sans fin.
La guerre des classes ne s'est jamais dissoute dans le concept nébuleux de la classe moyenne, elle s'est même intensifiée sous le couvercle qui cherchait à l'invisibiliser et il est enfin évident que les classes possédantes n'ont plus d'autre objectif que l'accumulation sans limites pour eux et l'austérité perpétuelle pour les autres, selon le bon vieux principe des vases communicants qui, lui aussi, était passé sous le boisseau, remplacé par la théorie non moins fumeuse du ruissèlement. Toutes les politiques de ces 35 dernières années ont toujours servi les intérêts des nantis, détruisant pour ce faire les classes populaires les unes après les autres, les dépouillant consciencieusement, jusqu'à l'os. La politique de Macron n'a rien de nouveau en ce sens, elle est juste encore plus intensive, pressée, avide et il devient de plus en plus évident pour tous que les classes possédantes ne font plus de prisonniers.
L'imposture démocratique
Ce n'est pas une révélation pour la plupart d'entre nous, la part croissante de l'abstention parle d'elle même, mais la vacuité du personnel politique, son impuissance organisée et son total manque de scrupule ont enfin éclaté au grand jour. Que cela a dû être troublant pour les thuriféraires de l'urne sacrée que de voir les responsables politiques mépriser le peuple avec tant de morgue et lui mentir avec tant de désinvolture. Que c'est stupéfiant, quand on y pense, que de voir le discours solennel d'un président ne pas tenir 24 heures à l'épreuve des faits et montrer la profonde duplicité d'un pouvoir tout entier dédié au maintien des privilèges des 10 % les plus riches contre toutes les autres composantes de la nation.
La France invisible
Pendant toutes ces années, je me suis demandé si je ne vivais pas dans une autre dimension. Il y avait la réalité sociale, officielle, incontournable, celle qui se montre dans les journaux, sur les écrans, dans les livres, ce récit collectif de ce que notre monde est et la manière dont nous devons nous résigner à y vivre. Et puis il y avait une autre réalité, brutale, vertigineuse, impossible et impensable, celle de ma vie, de celle de mes voisins, de mes proches, des collègues, des relations, d'un monde à la fois énorme, omniprésent, concret et en même temps indicible, parce que considéré comme marginal, non significatif, déjà passé en perte et profit.
Ça a été ça, la première révélation : celle de notre multitude, la fin de la solitude, de la conviction de son seul échec personnel, de sa seule responsabilité, de notre terrible normalité. Nous n'étions pas seuls, pas l'exception qui confirme la règle, mais bien la règle, la réalité un peu déplaisante que l'on planque sous le tapis, que l'on balaie d'un revers de la main. Les fins de mois qui commencent le 5, le 10 ou le 15, ce n'est pas parce qu'on est juste un mauvais gestionnaire, un type un peu raté, un salarié un peu moyen, un chômeur pas très adaptable, une femme pas assez flexible, mobile ou bosseuse. Non, la pauvreté, c'est-à-dire cet état de manque un peu permanent, c'est massif. Et la menace d'y sombrer un jour par accident est en fait le lot commun.
La guerre des classes
Ce que nous révèle ensuite la révolte des Gilets Jaunes, ce sont les fractures sociales béantes de notre société, c'est l'inconsistance de la fameuse classe moyenne, gros fourre tout à visée électoraliste. Il n'existe en fait aucune communauté de destin entre le couple de cadres dynamiques qui profitent des bienfaits de la ville-monde hyper-connectée par TGV et avions et leur femme de ménage, famille monoparentale en manque chronique de tout et sans aucune perspective de dépasser un jour le seuil de pauvreté et un horizon de privations sans fin.
La guerre des classes ne s'est jamais dissoute dans le concept nébuleux de la classe moyenne, elle s'est même intensifiée sous le couvercle qui cherchait à l'invisibiliser et il est enfin évident que les classes possédantes n'ont plus d'autre objectif que l'accumulation sans limites pour eux et l'austérité perpétuelle pour les autres, selon le bon vieux principe des vases communicants qui, lui aussi, était passé sous le boisseau, remplacé par la théorie non moins fumeuse du ruissèlement. Toutes les politiques de ces 35 dernières années ont toujours servi les intérêts des nantis, détruisant pour ce faire les classes populaires les unes après les autres, les dépouillant consciencieusement, jusqu'à l'os. La politique de Macron n'a rien de nouveau en ce sens, elle est juste encore plus intensive, pressée, avide et il devient de plus en plus évident pour tous que les classes possédantes ne font plus de prisonniers.
L'imposture démocratique
Ce n'est pas une révélation pour la plupart d'entre nous, la part croissante de l'abstention parle d'elle même, mais la vacuité du personnel politique, son impuissance organisée et son total manque de scrupule ont enfin éclaté au grand jour. Que cela a dû être troublant pour les thuriféraires de l'urne sacrée que de voir les responsables politiques mépriser le peuple avec tant de morgue et lui mentir avec tant de désinvolture. Que c'est stupéfiant, quand on y pense, que de voir le discours solennel d'un président ne pas tenir 24 heures à l'épreuve des faits et montrer la profonde duplicité d'un pouvoir tout entier dédié au maintien des privilèges des 10 % les plus riches contre toutes les autres composantes de la nation.
Nous le savions, nous l'avons dit, mais c'est purement apocalyptique que de voir ces gens mentir au plus haut niveau et continuer à espérer que nous allons adhérer au cirque électoral et à ses promesses qui n'engagent que ceux qui y croient. Que reste-t-il d'une démocratie quand la tromperie et le mépris s'y expriment au grand jour ?
La duplicité syndicale
Cela faisait quelques années que les militants les plus convaincus commençaient à se poser des questions sur l'encadrement syndical de toute contestation des politiques régressives en cours. Alors qu'il y a eu une époque où les syndicats poussaient à la roue pour obtenir des avancées significatives dans le traitement de millions de salariés - avec ou sans emploi -, voilà que depuis quelque temps, ils n'avaient plus l'air que de se battre le dos au mur, uniquement sur la défensive, à négocier essentiellement un peu de retenue dans la brutalité des réformes réactionnaires qui dépouillent les prolétaires de leurs fameux avantages acquis en peau de chagrin. Le tout avec un scénario devenu immuable : le gouvernement annonce un nouveau recul social qui vise les premiers déciles de la population, les syndicats organisent une promenade sur un parcours bien balisé tel jour pendant tel créneau horaire, on marche en rang derrière les sonos qui empêchent toute discussion politique, puis ils sonnent la fin de la récré avec option tonfa pour ceux qui n'auraient pas bien compris le message. Ou comme le disait l'ex-princident revenu aux manettes dans les coulisses : maintenant, quand il y a une grève, une manif ou un conflit social, ça ne dérange plus personne, on ne se rend plus compte de rien.
Ensuite, on fait mine d'avoir négocié la quantité de vaseline et voilà un nouveau pan de la loi ou de la solidarité nationale qui s'effondre, effacé d'un trait de plume et entériné par une direction syndicale qui a déjà négocié ses subventions et ses prébendes pour le retour à la vie civile.
Le comportement syndicaliste pendant la révolte des Gilets Jaunes a été tout bonnement exemplaire en exposant radicalement ses élites dans leur rôle à présent quasi officiel de garde-chiourmes des perdants récalcitrants de la guerre des classes. Rarement il nous a été donné d'entendre un silence plus éloquent que celui des centrales syndicales alors même que le soulèvement populaire qu'elles prétendaient appeler de tous leurs vœux fleurissait à tous les rond points comme des gerbes de boutons d'or après l'ondée printanière. De-ci, de-là, certains glosaient sur ces gueux qui se réveillaient maintenant plutôt que sur ordre des encartés, ce qui semblait justifier de les laisser croupir dans leur merde et leur inorganisation. Tantôt, d'autres se déclaraient contre toute participation à un mouvement populaire massif sous prétexte qu'on y aurait vu graviter quelques chemises brunes à la manœuvre, l'évitement et l'abandon créant pourtant ces espaces vides où prospèrent les agitateurs et manipulateurs politiques professionnels.
La duplicité syndicale
Cela faisait quelques années que les militants les plus convaincus commençaient à se poser des questions sur l'encadrement syndical de toute contestation des politiques régressives en cours. Alors qu'il y a eu une époque où les syndicats poussaient à la roue pour obtenir des avancées significatives dans le traitement de millions de salariés - avec ou sans emploi -, voilà que depuis quelque temps, ils n'avaient plus l'air que de se battre le dos au mur, uniquement sur la défensive, à négocier essentiellement un peu de retenue dans la brutalité des réformes réactionnaires qui dépouillent les prolétaires de leurs fameux avantages acquis en peau de chagrin. Le tout avec un scénario devenu immuable : le gouvernement annonce un nouveau recul social qui vise les premiers déciles de la population, les syndicats organisent une promenade sur un parcours bien balisé tel jour pendant tel créneau horaire, on marche en rang derrière les sonos qui empêchent toute discussion politique, puis ils sonnent la fin de la récré avec option tonfa pour ceux qui n'auraient pas bien compris le message. Ou comme le disait l'ex-princident revenu aux manettes dans les coulisses : maintenant, quand il y a une grève, une manif ou un conflit social, ça ne dérange plus personne, on ne se rend plus compte de rien.
Ensuite, on fait mine d'avoir négocié la quantité de vaseline et voilà un nouveau pan de la loi ou de la solidarité nationale qui s'effondre, effacé d'un trait de plume et entériné par une direction syndicale qui a déjà négocié ses subventions et ses prébendes pour le retour à la vie civile.
Le comportement syndicaliste pendant la révolte des Gilets Jaunes a été tout bonnement exemplaire en exposant radicalement ses élites dans leur rôle à présent quasi officiel de garde-chiourmes des perdants récalcitrants de la guerre des classes. Rarement il nous a été donné d'entendre un silence plus éloquent que celui des centrales syndicales alors même que le soulèvement populaire qu'elles prétendaient appeler de tous leurs vœux fleurissait à tous les rond points comme des gerbes de boutons d'or après l'ondée printanière. De-ci, de-là, certains glosaient sur ces gueux qui se réveillaient maintenant plutôt que sur ordre des encartés, ce qui semblait justifier de les laisser croupir dans leur merde et leur inorganisation. Tantôt, d'autres se déclaraient contre toute participation à un mouvement populaire massif sous prétexte qu'on y aurait vu graviter quelques chemises brunes à la manœuvre, l'évitement et l'abandon créant pourtant ces espaces vides où prospèrent les agitateurs et manipulateurs politiques professionnels.
Mais avouons que toute ambiguïté sur l'état réel du dialogue social à la française a été levée lors de l'appel pour une fois collectif des syndicats à bien tous rentrer dans la niche et à cesser de geindre sur les problèmes de précarité et de fin de mois difficile en dehors du calendrier syndical dûment tamponné par l'exécutif et le patronat. Cette révélation-là a donné envie à bien des militants sincères et engagés de brûler leurs amarres syndicales, leurs cartes et leurs représentants au milieu du feu.
La voix de son maître
Si tout ce qui précède n'avait pas suffi à révéler la décrépitude profonde de notre démocratie, le traitement médiatique honteux et pourtant pratiquement unanime du mouvement des Gilets Jaunes par les nouvelles caisses de résonance du pouvoir a dû faire tomber bien des peaux de saucissons qui scellaient encore les paupières. Jamais il n'a été aussi évident que la presse, les éditocrates, les journalistes de terrain ou de salon, porte-crachoirs de la république en marche arrière étaient totalement dévoués et voués à servir jusqu'à la glotte le discours et la vision du monde des classes dominantes. Voilà que ceux que l'on ne montrait point, dont on ne parlait jamais, voilà que les invisibles de la république avaient l'outrecuidance de vouloir envahir l'espace public, de vouloir occuper le calendrier médiatique des marronniers et des pantoufles fourrées de leurs complaintes, de leur réalité, de leur lutte et de leurs revendications !
Quelle révélation pour ceux qui voyaient le monde à travers les lunettes déformantes du petit bout de la lucarne que de s'y voir ainsi caricaturés, niés, vilipendés, moqués, dénaturés ! Quelle dissonance ils ont pu éprouver dans la confraternité de leurs rond points et de leurs rassemblements joyeux, féroces et désespérés à la fois alors qu'ils voyaient en temps réel sur les écrans connectés de leur téléphone quels mauvais procès d'intention, quels mensonges et autres faux décomptes on leur faisait dans ces médias qu'ils croyaient impartiaux, indépendants et garants de l'équilibre des pouvoirs de la démocratie !
La voix de son maître
Si tout ce qui précède n'avait pas suffi à révéler la décrépitude profonde de notre démocratie, le traitement médiatique honteux et pourtant pratiquement unanime du mouvement des Gilets Jaunes par les nouvelles caisses de résonance du pouvoir a dû faire tomber bien des peaux de saucissons qui scellaient encore les paupières. Jamais il n'a été aussi évident que la presse, les éditocrates, les journalistes de terrain ou de salon, porte-crachoirs de la république en marche arrière étaient totalement dévoués et voués à servir jusqu'à la glotte le discours et la vision du monde des classes dominantes. Voilà que ceux que l'on ne montrait point, dont on ne parlait jamais, voilà que les invisibles de la république avaient l'outrecuidance de vouloir envahir l'espace public, de vouloir occuper le calendrier médiatique des marronniers et des pantoufles fourrées de leurs complaintes, de leur réalité, de leur lutte et de leurs revendications !
Quelle révélation pour ceux qui voyaient le monde à travers les lunettes déformantes du petit bout de la lucarne que de s'y voir ainsi caricaturés, niés, vilipendés, moqués, dénaturés ! Quelle dissonance ils ont pu éprouver dans la confraternité de leurs rond points et de leurs rassemblements joyeux, féroces et désespérés à la fois alors qu'ils voyaient en temps réel sur les écrans connectés de leur téléphone quels mauvais procès d'intention, quels mensonges et autres faux décomptes on leur faisait dans ces médias qu'ils croyaient impartiaux, indépendants et garants de l'équilibre des pouvoirs de la démocratie !
Appelés dans un premier temps pour couvrir les actions, les journalistes couchés aux pieds de leurs maîtres sont devenus eux-mêmes gibier d'une population ulcérée de se voir ainsi méprisée et falsifiée à longueur de temps. Voilà que ceux qui appellent sans cesse à la vérification des sources, à l'éradication des fake news en étaient en fait les plus grands dealers, les garants d'une désinformation massive qui n'aurait pas déparé du temps de la Pravda.
Plus de carotte, seulement le bâton !
Les indigènes de la république, les bannis, les racisés, les sans-grades, les classes dangereuses, tous n'avaient de cesse de dénoncer une police de plus en plus violente et un maintien de l'ordre qui n'était plus que répression. Mais voilà, tant que les victimes de la police s'appelaient Mouloud et non Jean-Eudes, il y a toujours eu l'idée un peu méprisante et franchement raciste que même s'il est déplorable que des gens meurent sous les coups de ceux qui sont censés les protéger, c'est quand même un petit peu parce qu'ils ne marchaient pas droit et qu'ils l'avaient bien cherché quand même. Massacrer du gueux de cités, c'est comme cela que l'on maintient dans le temps les nécessités d'un ordre injuste, exploser des étudiants écolos qui protègent des arbres et des grenouilles, c'était déjà un peu plus compliqué à justifier, mais d'un autre côté, vous savez, ces gauchistes, c'est quand même un peu des extrêmes, voire de la graine de terroristes !
Mais quand il s'est agi de Marcel et Ginette gazés et tonfés sur la plus belle avenue du monde, au milieu des vitrines qui dégueulent de luxe et de fric tellement abondant qu'on ne sait plus comment le dilapider, quand c'est monsieur et madame tout le monde et leurs enfants du lycée pro qui se sont fait exploser la gueule pour avoir osé protester contre la vie chère et les fins de mois à perpétuité, on a commencé à avoir des doutes affreux sur les missions réelles de la police. Doute affreux qui s'est confirmé au fur et à mesure des reportages des médias couchés qui ne parlaient que des casseurs en jaune fluo et jamais des gueules cassées à grand coup de flash-ball et autres armes défensives, destinées en réalité à mutiler et à soumettre le droit de manifester à la possibilité de finir handicapé à vie.
Et qu'ils ont été surpris, aussi, les Gilets Jaunes de découvrir que ces flics qu'on ne trouve jamais pour lutter contre les incivilités et l'insécurité quotidiennes vécues par les gueux dans leur milieu ordinaire, loin des yeux et loin du cœur, étaient par contre déployés en abondance pour protéger les vitrines de luxe et les quartiers discrets et somptueux où l'on a pour habitude de péter dans la soie dans le plus parfait entre-soi.
La révélation
Oui, c'est une apocalypse que cette révolte des rond points, des contrées d'outre-périphérique, des zones de relégation, de ceux qu'on avait passés en pertes et profits depuis si longtemps. C'est une apocalypse pour les classes dominantes et leurs laquais qui ont su donner le change si longtemps et noyer tant d'injustices, tant d'iniquités, de mensonges, de pillages que cela avait fini par paraître la marche normale du monde, une civilisation d'autant plus pacifiée que ses perdants et surnuméraires avaient le bon gout de crever à petit feu et dans le silence, toujours plus loin des centres du pouvoir.
C'est une apocalypse parce qu'elle a révélé de manière absolument incontestable la nature profondément corrompue du pouvoir, la déliquescence démocratique, les soumissions médiatiques et syndicales et toute la machinerie sociale immense et avide qui n'a pas d'autres justification ou objectif que de pressurer le plus grand nombre pour ne gaver qu'une toute petite poignée de nantis bien décidés à préserver leurs privilèges honteux par tous les moyens et à tout prix.
Plus de carotte, seulement le bâton !
Les indigènes de la république, les bannis, les racisés, les sans-grades, les classes dangereuses, tous n'avaient de cesse de dénoncer une police de plus en plus violente et un maintien de l'ordre qui n'était plus que répression. Mais voilà, tant que les victimes de la police s'appelaient Mouloud et non Jean-Eudes, il y a toujours eu l'idée un peu méprisante et franchement raciste que même s'il est déplorable que des gens meurent sous les coups de ceux qui sont censés les protéger, c'est quand même un petit peu parce qu'ils ne marchaient pas droit et qu'ils l'avaient bien cherché quand même. Massacrer du gueux de cités, c'est comme cela que l'on maintient dans le temps les nécessités d'un ordre injuste, exploser des étudiants écolos qui protègent des arbres et des grenouilles, c'était déjà un peu plus compliqué à justifier, mais d'un autre côté, vous savez, ces gauchistes, c'est quand même un peu des extrêmes, voire de la graine de terroristes !
Mais quand il s'est agi de Marcel et Ginette gazés et tonfés sur la plus belle avenue du monde, au milieu des vitrines qui dégueulent de luxe et de fric tellement abondant qu'on ne sait plus comment le dilapider, quand c'est monsieur et madame tout le monde et leurs enfants du lycée pro qui se sont fait exploser la gueule pour avoir osé protester contre la vie chère et les fins de mois à perpétuité, on a commencé à avoir des doutes affreux sur les missions réelles de la police. Doute affreux qui s'est confirmé au fur et à mesure des reportages des médias couchés qui ne parlaient que des casseurs en jaune fluo et jamais des gueules cassées à grand coup de flash-ball et autres armes défensives, destinées en réalité à mutiler et à soumettre le droit de manifester à la possibilité de finir handicapé à vie.
Et qu'ils ont été surpris, aussi, les Gilets Jaunes de découvrir que ces flics qu'on ne trouve jamais pour lutter contre les incivilités et l'insécurité quotidiennes vécues par les gueux dans leur milieu ordinaire, loin des yeux et loin du cœur, étaient par contre déployés en abondance pour protéger les vitrines de luxe et les quartiers discrets et somptueux où l'on a pour habitude de péter dans la soie dans le plus parfait entre-soi.
La révélation
Oui, c'est une apocalypse que cette révolte des rond points, des contrées d'outre-périphérique, des zones de relégation, de ceux qu'on avait passés en pertes et profits depuis si longtemps. C'est une apocalypse pour les classes dominantes et leurs laquais qui ont su donner le change si longtemps et noyer tant d'injustices, tant d'iniquités, de mensonges, de pillages que cela avait fini par paraître la marche normale du monde, une civilisation d'autant plus pacifiée que ses perdants et surnuméraires avaient le bon gout de crever à petit feu et dans le silence, toujours plus loin des centres du pouvoir.
C'est une apocalypse parce qu'elle a révélé de manière absolument incontestable la nature profondément corrompue du pouvoir, la déliquescence démocratique, les soumissions médiatiques et syndicales et toute la machinerie sociale immense et avide qui n'a pas d'autres justification ou objectif que de pressurer le plus grand nombre pour ne gaver qu'une toute petite poignée de nantis bien décidés à préserver leurs privilèges honteux par tous les moyens et à tout prix.
Ce que les Gilets Jaunes ont appris en sortant de chez eux, de leur isolement et de leurs peines, en osant le rassemblement, l'entraide, la discussion et la solidarité, en confrontant leurs quotidiens, leurs expériences et leurs vécus avec les faux miroirs dans lesquels ils s'éteignaient à petit feu, quoi qu'il arrive à présent, rien de tout cela ne sera ni perdu ni oublié.
Les Gilets Jaunes se sont détournés des ombres de la caverne et ils ont été blessés par l'implacable clarté du monde. Ils ont vu ce qui était caché, ont entendu ce qui était tu, ont appris ce qui n'était pas transmis. De fait, aucun retour en arrière ne sera plus possible, même si les dominants croient sincèrement que les coups de pied au cul suivi d'une poignée de biscuits devraient largement suffire à rétablir leur ordre injuste et à rabrouer la chienlit dans sa niche.
Sauf que le clébard a bien compris qu'il n'a rien à perdre à mordre la main qui le dépouille et le dérouille quand il se rebiffe !
Les Gilets Jaunes se sont détournés des ombres de la caverne et ils ont été blessés par l'implacable clarté du monde. Ils ont vu ce qui était caché, ont entendu ce qui était tu, ont appris ce qui n'était pas transmis. De fait, aucun retour en arrière ne sera plus possible, même si les dominants croient sincèrement que les coups de pied au cul suivi d'une poignée de biscuits devraient largement suffire à rétablir leur ordre injuste et à rabrouer la chienlit dans sa niche.
Sauf que le clébard a bien compris qu'il n'a rien à perdre à mordre la main qui le dépouille et le dérouille quand il se rebiffe !
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