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29 septembre 2018

Alstom : General Electric ne tiendra pas ses engagements sur l'emploi !


Le groupe américain General Electric (GE), qui a acquis la branche énergie d'Alstom il y a 4 ans, a annoncé au gouvernement qu'il ne tiendrait pas son engagement de créer 1.000 emplois en France d'ici la fin 2018.

Alstom : Le Maire confirme que General Electric ne tiendra pas ses engagements sur l'emploi

Le géant américain General Electric, qui avait acquis la branche énergie d'Alstom en 2014, a renoncé, comme on pouvait le prévoir vu la conjoncture économique, à son engagement de créer un millier d'emplois d'ici la fin de l'année en France, prétextant un "environnement difficile" et s'exposant à une lourde pénalité de l'Etat. Le PDG de GE, John Flannery, s'est rendu mardi à Bercy pour annoncer au ministre des Finances Bruno Le Maire que l'engagement de créer 1.000 emplois nets d'ici la fin de l'année était "hors d'atteinte", comme il l'avait laissé entendre dès la fin de l'année dernière. Un nouveau rebondissement dans ce dossier qui a alimenté la polémique depuis quatre ans.

Le patron de GE a assuré être "confronté à un environnement difficile du fait de l'évolution défavorable de ses marchés historiques dans le secteur de l'énergie", selon un communiqué du ministère des Finances. M. Flannery a succédé l'an passé à la tête de GE à Jeff Immelt, le PDG qui avait mené à bien l'acquisition de la branche énergie d'Alstom en 2014 pour 13,5 milliards de dollars. Il avait qualifié cette opération de "très décevante" en novembre dernier.

M. Le Maire a "regretté" l'annonce de GE, qui selon Bercy n'avait créé que 323 emplois en France à la fin avril, et a demandé au groupe américain de prendre "désormais toutes les dispositions nécessaires" pour se "conformer au mieux" à ses engagements. Le ministre a rappelé à M. Flannery que "les engagements qui ont été pris par GE (...) sont d'une grande importance pour le gouvernement, et qu'il se doit de veiller à leur concrétisation".

En décembre dernier, M. Le Maire avait encore assuré que GE était "en ligne avec les engagements pris en 2014", à l'issue d'un comité de suivi à Bercy et après l'annonce par le groupe américain de son intention de supprimer 12.000 emplois dans le monde dans sa branche Energie. Le cabinet de conseil indépendant chargé du suivi des engagements de GE, Vigeo Eiris, avait alors estimé les emplois nets créés par le groupe à 358 à fin octobre 2017, soit 35 de plus que ceux évoqués mercredi par Bercy.

Pénalité ?

M. Le Maire a demandé au PDG que des "perspectives claires soient données pour les années à venir à chacun des sites industriels de GE en France, qui permettent d'assurer la pérennité de l'activité et des emplois associés". GE a assuré pour sa part, dans un communiqué séparé, qu'il continuerait 'à travailler en étroite collaboration avec le ministère de l'Economie et des Finances sur une partie seulement des engagements pris lors de l'acquisition des activités réseaux et énergie d'Alstom".

Le groupe assure avoir tenu tous ses autres engagements: "la création de quatre sièges mondiaux en France, celle de trois co-entreprises avec Alstom, la non-fermeture de sites en France et la présence d'un Français au conseil d'administration du groupe", a indiqué à l'AFP une source proche de l'entreprise. Alstom a d'ailleurs annoncé il y a un mois un accord avec GE pour sortir du capital de ces trois co-entreprises pour près de 2,6 milliards d'euros.

Les accords prévoyaient une pénalité de 50.000 euros par emploi net qui ne serait pas créé avant la fin 2018, ce qui pourrait élever l'amende à près de 34 millions d'euros si la situation ne bouge pas d'ici la fin de l'année. "Nous tiendrons nos engagements contractuels", a assuré la source proche de GE, interrogée sur cette amende. "Nous renégocierons  cette amende à la fin de l'année", a ajouté l'entourage de M. Le Maire.

Les conditions de la vente forcée de la branche énergie d'Alstom à GE, suite à un chantage concernant une énorme amende pour corruption aux Etats-Unis, avaient provoqué un bras de fer entre le PDG français de l'époque, Patrick Kron, et le ministre de l'Economie, Arnaud Montebourg, qui défendait plutôt un rapprochement avec l'allemand Siemens. Après ce rachat d'un fleuron industriel français, une commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur la politique industrielle de la France a préconisé en avril une extension du champ d'application du contrôle des investissements étrangers.

La branche transports d'Alstom, qui n'a pas été rachetée par GE, doit être reprise par Siemens. L'opération devrait se réaliser au premier semestre 2019.

PHILIPPE WOJAZER 

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