10 juin 2018

Nous sommes des prostituées intellectuelles


Il n'existe pas une presse indépendante en Amérique, sauf à
l'extérieur dans les villes de campagne. Vous êtes tous esclaves. Vous le savez, et je le sais. Aucun de vous n‘ose exprimer une opinion honnête.
Si vous le faisiez, vous sauriez à l'avance qu'elle n'apparaîtrait jamais dans la presse. Je suis payé 150 $ pour empêcher que des opinions honnêtes n'apparaissent dans le journal avec lequel je travaille.

D'autres parmi vous reçoivent des salaires semblables pour faire des choses similaires. Si je devais permettre que des opinions honnêtes soient imprimées dans une publication de mon journal, je serais comme Othello avant vingt-quatre heures : mon emploi disparaîtrait.

L'homme qui serait assez stupide pour écrire des opinions honnêtes serait dans la rue à la recherche d'un autre emploi. Le travail d'un journaliste new-yorkais est de travestir la vérité, de mentir de façon éhontée, de pervertir, de calomnier, de lécher les bottes de Mammon et de vendre son pays et sa race pour son pain quotidien, ou pour ce qui revient au même : son salaire. Vous le savez, et je le sais ; et la célébration d'une Presse indépendante, quelle blague ! Nous sommes les outils et les vassaux des hommes riches qui se tiennent dans les coulisses. Nous sommes des pantins. Ils tirent les ficelles et nous dansons. Notre temps, nos talents, nos vies, nos possibilités sont la propriété d'autres hommes. Nous sommes des prostituées intellectuelles.
(Discours d'un éminent journaliste de New York, selon E. J. Schellhouse, The New Republic, J.W. Lowell, New York, 1883, pp. 122 sq. ; goo.gl/9auyz1)

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