09 mai 2018

Routes inondées, maison foudroyée, villages coupés du monde


Foudroyée, cette maison de Plaisance-du-Touch a été ravagée par les flammes./ Photo DDM Xavier de Fenoyl 

Les violents orages qui se sont abattus lundi sur la région ont fait des dégâts, notamment sur les routes, et provoqué des inondations.

D’après le site météo Keraunos, plus de 45.000 éclairs ont été enregistrés dans le sud de la France, lundi, avec notamment une activité plus marquée sur l’Aveyron et la Haute-Garonne. Dans le département justement, les pompiers, ont effectué une centaine d'interventions.

Plus de 45.000 éclairs relevés dans le sud hier lundi, avec une activité électrique plus marquée sur l'#Aveyron, la #HauteGaronne ou la #HauteLoire notamment. #orages pic.twitter.com/PPNgGTwvSr — Keraunos (@KeraunosObs) 8 mai 2018

Une maison foudroyée part en fumée près de Toulouse

A Plaisance-du-Touch, la foudre est tombée sur une maison, qui a pris feu et qui a été totalement détruite par l'incendie. La dame de 85 ans qui y vivait n'a heureusement pas été blessée.
 
Un camping évacué en urgence près de Muret

Minuit était largement dépassé lorsque les locataires du camping « Le Casties », situé dans les Bas de Labrande (commune de Casties-Labrande), aux confins du Savès, ont soudain été réveillés par le violent orage. « J’allais aux toilettes et je me suis retrouvée les pieds dans l’eau en quelques minutes seulement », raconte Isabelle, une mère de famille logée à l’année dans un bungalow du « Casties », avec sa fille âgée de 8 ans. Elle et les occupants des autres bungalows, au total une vingtaine de personnes, ont eu vraiment peur. « L’eau est montée rapidement, plus rien ne l’arrêtait vu que le ruisseau Gélas débordait. Mais les gens n’ont pas paniqué », indique Christian Nocchi, de la direction du camping. Il y a juste vingt années, « Le Casties » avait connu le même sort, « sauf qu’à cette époque il y avait plus d’obstacles naturels pour retenir l’eau », glisse le fils du gérant.



Les occupants du camping, uniquement des locataires installés ici temporairement, ont tous été évacués vers 0 h 30 car la situation devenait périlleuse au niveau de certains bungalows les plus exposés en contrebas. Cependant tous devaient réintégrer leurs logis dans la nuit, l’eau étant redescendue assez vite. Mais pour Christelle et sa petite famille, absents dans la nuit, le retour « à la maison » a été douloureux mardi dans la matinée : « Il y a de gros dégâts matériels, on a perdu des choses. Mais ça aurait pu être pire ». Toute la journée, les sapeurs-pompiers du Fousseret s’activaient à pomper, nettoyer et sécuriser les lieux inondés. L’électricité était cependant revenue. Pour la direction du camping, la facture risque d’être lourde. « Le Casties », qui ouvre traditionnellement sa saison touristique le 1er mai, devait recevoir ses premiers véritables visiteurs ce week-end. Ce sera un peu court pour tout remettre en ordre, même si l’eau devrait s’évacuer assez vite dans ce petit vallon ô combien paradisiaque lorsque la météo reste clémente.


Saint-Béat inondé

Sur la RN 125, dans la traversée de la commune de St-Béat, dans le sud de la Haute-Garonne, suite à une inondation, l'axe a été coupé à la circulation dans les deux sens de circulation en fin de nuit entre les deux ponts franchissant la Garonne et ce pour une durée indéterminée. Une déviation locale a été mise en place par l'emprunt obligatoire à tous les véhicules du tunnel de St-Béat, qui a été inauguré lundi 30 avril dernier et qui permet de détourner du village le trafic des camions qui transitent tous les jours entre la France et l’Espagne. La route a été réouverte en fin de matinée.

Les rues inondées de Saint-Béat ce mardi matin./ Capture Facebook "mordus des Pyrénées"


Alerte jaune aux crues sur la Garonne

La préfecture de la Haute-Garonne a appelé ce mardi midi à la vigilance et a mis en place son dispositif d’urgence. Le service de prévision des crues a en effet émis un avis de vigilance de niveau jaune sur les tronçons suivants de la Garonne: la Garonne toulousaine et le secteur Arrats/Gimone/Save/Touch et celui de Garonne amont/ Nestes.

• GARONNE AMONT – NESTES

Le niveau de la Garonne à l'amont reste haut. Les pluies annoncées dans les prochaines heures, même si les quantités restent modestes, peuvent réactiver les niveaux à la hausse.

• GARONNE TOULOUSAINE

Les précipitations en cours sur les bassins amont soutiennent les niveaux de la Garonne et de ses affluents. La propagation est en cours et le pic de crue est envisagé à Toulouse en milieu de soirée : hauteur prévue à Toulouse vers 18 h : 2,60 m +/- 10 cm

• ARRATS - GIMONE - SAVE – TOUCH

Sur le Touch, le pic de crue a été atteint en milieu de matinée et une décrue très lente s'est amorcée. Une crue modérée se propage vers l'aval de la Save, sans toutefois atteindre les niveaux des premiers débordements. On constate une propagation pour la Save et une décrue lente pour le Touch.
Eboulements dans les Hautes-Pyrénées

Dans les Hautes-Pyrénées, vers Cauterets et le Val d'Azun, des routes ont été également été coupées par des éboulements de roches et de terre, dont un qui a emporté une voiture vers Gaillagos, mais sans dommage humain.

Plusieurs routes ont été coupées dans les Hautes-Pyrénées comme ici vers Cauterets./ Capture Twitter Meteo_65


Les pompiers sont intervenus à de multiples reprises tandis que les gendarmes ont sécurisé les voies concernées par ces éboulements.

Intenses ruissellements sous le violent #orage en fin d'après-midi dans le Val d'Azun #Pyrénées.
Localement 110mm estimés en 2h. Photos Stéphane Semper https://t.co/WHN7LCBTfX pic.twitter.com/6LiJuyG8fN — Gaétan Heymes (@GaetanHeymes) 7 mai 2018

De nouvelles images de #Cauterets Mathieu Pachet pic.twitter.com/XaCwgSf1BQ — Meteo65 (@meteo_65) 7 mai 2018

Villages coupés du monde en Ariège par une coulée de boue de 7 mètres de haut

Les violents orages qui se sont abattus la nuit dernière sur l'Ariège ont causé plusieurs dégâts sur le réseau routier du département, particulèrement dans le Haut-Couserans, où une coulée de boue de 100 mètres de large et 7 mètres de haut a coupé la D4, à la sortie du village de Bonac-Irazein. Les villages de Sentein et Antras et les centaines d'habitants y résidant, étaient encore coupés du reste du département ce mardi après-midi. Des spécialistes du RTM (restauration terrain de montagne) vont se déplacer sur les lieux car les pompiers ne peuvent pas agir pour le moment. "La situation n'est pas stabilisée, ça coule encore, indique un officier. On va avoir une météo favorable sur les douze prochaines heures, c'est tout ce que je peux dire.". Un véhicule des pompiers du centre de Sentein, parti en intervention avant la coulée de boue, ne peut plus regagner la base. Il est bloqué du côté de Bonac-Irazein.



L'orage a commencé hier soir vers 18 heures et s'est poursuivi jusqu'à 3 heures du matin. À Sentein, il serait tombé jusqu'à 150 mm d'eau, soit 150 litres au mètre carré, l'équivalent de trois semaines de pluie. L'éboulement qui a coupé la D4 entre Bonac-Irazein et Sentein a charrié entre 300 et 400 m3 de boue, d'arbres et de roches. 14 agents du conseil départemental, 6 employés communaux, 2 gendarmes et plusieurs pompiers sont à pied d'oeuvre pour dégager une voie d'accès, à l'aide de pelles mécaniques. Le sous-préfet de Saint-Girons indique qu'aucune victime n'est à déplorer, et que les opérations de déblaiement devraient permettre d'accéder à Sentein d'ici la fin de journée. Les pompiers de Sentein, qui ne peuvent regagner leur base à cause de la coulée de boue, sont contraints de faire passer à pied le matériel pour aller pomper l'eau qui a inondé les caves des habitations de Sentein, notamment à cause de la crue du Lez.

Le Lez, qui connaît la troisième plus forte crue de son histoire, a emporté un garage à Lascoux, en aval de Sentein, où étaient stationnés un camping-car et un 4x4, qui n'ont toujours pas été retrouvés. Le Lez a été enregistré à une hauteur de 2,57m à 4 heures cette nuit à la station d'Engomer, son plus haut niveau depuis 1992. Son débit de base, déjà important du fait d'un hiver et d'un début de printemps très pluvieux, a été multiplié par cinq, avec une pointe à 225 m3 par seconde.



Du côté de Bonac-Irazein, c'est un torrent qui a dévasté les rues du village. "C'est un véritable fleuve qui coulait dans les rues", raconte Nadine Nény, maire de Bonac-Irazein. Le Lez a également emporté la moitié de la route D704a qui dessert le village d'Orles. Enfin, un autre éboulement, mineur, s'est produit sur la D704 entre Balacet et Uchentein, et un autre du côté de Couflens, qui a été déblayé ce matin.
La vallée du Cougaing durement touchée dans l'Aude

L'orage s'est abattu lundi soir vers 22 heures, sur la vallée du Cougaing, à quelques kilomètres de Limoux, dans l'Aude. Plusieurs communes ont été durement touchées, dont celles de Bouriège et Castelreng, où des voitures ont été emportées par la rivière en crue. Des impacts de foudre ont également été relevés. Présents sur les lieux dans la nuit avec les pompiers et les gendarmes, les maires de la vallée ont été rejoints notamment par Pierre Bardiès, vice-président du conseil départemental et maire de Saint-Martin de Villeréglan. Un point sera fait demain avec le Préfet de l'Aude et les maires de la vallée.




L'analyse de Jean-François Quiniou, météorologue à Météo France, sur cet épisode orageux

Quel bilan tirez-vous de la nuit écoulée de lundi à mardi ?

Les précipitations ont commencé dans la soirée et duré jusqu’au milieu de la nuit. Les plus fortes pluies se sont concentrées au pied des Pyrénées. A Aspet, il est tombé plus de 80 millimètres d’eau. Vers Auterive, aussi. A Luchon, il s’agit de 80 millimètres, soit 80 litres d’eau par mètre carré. A noter un épisode particulièrement fort à Saint-Paul-d’Oueil, où 51 millimètres sont tombés en une heure, sur 80 millimètres au total. A Blagnac, nous avons relevé 43 millimètres d’eau. L’orage était peu mobile mais s’est tout de même déplacé. Il y avait une activité électrique assez importante et le fait qu’il soit stationnaire a entraîné de fortes concentrations d’eau à certains endroits. Autre fait remarquable, l’orage venait de l’Est et s’est formé dans le Massif central. D’habitude, nos orages remontent des Pyrénées.

Y a-t-il des risques de crues ?

Dans la vallée d’Oueil, quelques ruisseaux sont sortis de leurs lits et ont provoqué des coulées de boue. L’Arize est aussi montée d’un mètre. Globalement, oui, il y a eu montée des ruisseaux et fleuves mais cela va se tasser. Le risque n’est jamais nul mais a priori, la Garonne ne va pas déborder.
[...]

CLAIRE RAYNAUD AVEC MATHIEU FONTAINE, GAETANE ROHR, PASCAL CHARRAS ET XAVIER HURTEVENT

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