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27 avril 2018

Victimes des camps nazis



Mauthausen


Nombre de détenus du camp de Mauthausen et de ses Kommandos au 31 décembre de chaque année :

Année - Effectif
1938 - 99
1939 - 2.666
1940 - 8.200
1941 - 15.900
1942 - 14.000
1943 - 25.607
1944 - 73.392


Répartition des détenus par nationalités au 15 mars 1945 :
  • Polonais : 19.548
  • Soviétiques : 17.365
  • Juifs : 15.118
  • Allemands et Autrichiens : 7.761
  • Prisonniers de guerre soviétiques : 5.144
  • Français : 4.665
  • Italiens 3.860
  • Yougoslaves : 3.399
  • Espagnols : 2.191
  • Tchécoslovaques : 1.361
  • Grecs : 557
  • Lettons 387
  • Belges : 355
  • Néerlandais : 219
  • Hongrois : 119
  • Lithuaniens : 89
  • Apatrides : 72
TOTAL : 82.210

Buchenwald
 
Nombre de détenus de Buchenwald (Stammlager et Kommandos) :

19/07/1937 : 149
01/01/1938 : 2.557
01/01/1939 : 11.028
01/01/1940 : 11.807
01/01/1941 : 7.440
01/01/1942 : 7.920
01/01/1943 : 9.517
01/01/1944 : 37.319
01/01/1945 : 63.048
01/03/1945 : 86.232
31/03/1945 : 77.390
01/04/1945 : 80.436*
* dont 48.000 environ au Stammlager)

Les prisonniers de guerre russes

Fin de l’été 1941, on commence, comme dans tous les grands KZ, à éliminer les prisonniers de guerre Russes. A Buchenwald, on créé le « Kommando 99 écurie » sur le terrain de tir de la DAW, derrière l’atelier de coupe des détenus, à côté du manège en dehors de la zone de barbelés. Au départ on utilise une toise trafiquée avec un percuteur pour exécuter le prisonnier en le « mesurant » : le percuteur, déclenché, lui casse la nuque. Le procédé, considéré comme trop lent, est vite remplacé par un autre système : on exécute dans une petite pièce transformée en salle de douche avec rigoles : par une meurtrière, les détenus sont abattus au revolver automatique, le bruit du coup étant étouffé par de la musique. On ouvre ensuite les douches pour évacuer le sang, et les cadavres sont conduits au crématoire. Certains jours, plus de 500 détenus sont ainsi exécutés. Lorsque les groupes sont trop nombreux, les SS font se déshabiller les prisonniers en plein air et les fauchent à la mitrailleuse. Sur le sang, de la sciure... les bourreaux disposent d’alcool à volonté. Tous seront décorés de la Croix du Mérite Militaire...

A Buchenwald on élimine ainsi au moins 7.000 PG soviétiques (Probablement 9.500). Les Russes ne sont pas internés, mais subissent le « Traitement spécial » dès leur arrivée. Sur ordre du RSHA la section politique liquide avant tout les officiers, les commissaires politiques, les chefs de la jeunesse communiste, les personnalités du Parti communiste soviétique, les faisant venir de tous les Stalag du Reich (Dresde, Altenbourg, Mersebourg, Halle...) et en parfait accord avec la Wehrmacht. D’autres PG soviétiques arrivent directement sans passer par les Stalag. Dès juillet 1941, arrivent les premiers 3.000 PG, à l’état de squelettes, car ils ont traversé le Reich à pied. De mars à juillet 1942, il en arrive 6.000. Fin 1942, il en reste 1.200, le chiffre se stabilisant en 1943 autour de 800.

Les Juifs

Comme tout camp de concentration, Buchenwald réserve aux Juifs qui y sont envoyés le traitement « spécifique » prévu. Un premier convoi arrive le 15 juin 1938 : ils sont 500, de Berlin et Breslau. On les loge dans « la bergerie », sans tables, sans bancs, sans lits. Ils mangent en plein air et n’ont aucun soin. En août plus de 150 sont déjà morts. Le même mois arrivent 2.000 juifs autrichiens de Dachau.

En novembre 1938, suite à la nuit de Cristal, ils sont 9.815 à être internés, vieillards et jeunes garçons. Ils font à pied le trajet Weimar-Buchenwald, les vivants étant forcés de traîner les cadavres de ceux qui se traînent et sont abattus. En moins de trois semaines, il y aura plus de 230 morts. Après quelques semaines, la plus grande partie des Juifs est soudainement libérée pour des raisons que seules connaissent le autorités du Reich.

La situation change avec la guerre : en septembre 1939, 500 juifs arrivent du Protektorat ; en octobre, ce sont 200 Juifs du foyer de vieillards de Vienne et 2.000 juifs autrichiens et allemands d’origine polonaise. En février 1941 arrivent 389 juifs Hollandais, suite à la grève générale de protestation de la Hollande. En quelques jours 48 vont mourir. Les autres sont dirigés vers Mauthausen. Ils y vivront une tragédie dans la carrière. A partir de 1942 commencent les « transports » vers les camps d’extermination. Ils vont durer jusqu’en été 1943. En été 1944 arrive de Hongrie un contingent de « Juifs du travail » : en effet la SS ayant besoin de main d’œuvre, elle retire d’Auschwitz et d’autres camps les juifs aptes au travail pour les diriger vers ses « camps-usines » et les éliminer, mais par le travail. Ainsi arrivent jusqu’en octobre 1944 12.000 juifs et 1.800 Tziganes. Beaucoup sont affectés dans les kommandos extérieurs, les plus durs et les plus mortifères. Enfin en janvier 1945 arrivent 5.745 Juifs polonais, juifs du travail. Beaucoup auront la vie sauve grâce à la détermination des mouvements de résistance du Grand Camp.

Les Français

C’est à Buchenwald que le plus grand nombre de Français a été déporté. Ils sont 26.000 à passer par le camp sur l’ensemble des 85.000 déportés de France entre 1940 et 1944. Les premiers arrivent de Sachsenhausen. Ils furent arrêtés lors des grandes grèves de mai et juin 1941 dans le nord de la France. Le plus grand nombre arrive à partir du 25 juin 1943 : 15 convois vont se suivre jusqu’au 3 octobre 1944.

Les premiers Français de ces convois sont affectés au camp de Dora, qui est encore à cette date un commando de Buchenwald. En juillet 1944, 2.000 Français arrivent de Compiègne. Les SS improvisent pour eux un « camp provisoire » de tentes sans lits, sans couvertures, sans écoulement d’eau, sans latrines… Heureusement que la direction interne du camp veille et rend les conditions d’existences plus supportables en y installant une conduite d’eau et des latrines et en procurant des couvertures.

Assez mal perçus au départ en raison de la défaite et de la politique de collaboration du régime Pétain, les Français parviennent peu à peu, surtout à partir de fin 1943, à s’imposer en raison de leur nombre grandissant et de l’action des communistes qui arrivent à établir de bonnes relations avec leurs « camarades » allemands. Rien n’est cependant facile car il y a des courants, des obédiences, des chapelles, des attentistes, des opportunistes… Mais rapidement deux grands courants se dessinent : celui des gaullistes de diverses sensibilités avec Frédéric Manhès et celui des communistes sous l’autorité de Marcel Paul. Les deux mouvements vont finalement constituer le « Comité clandestin des intérêts Français ». Ce comité devra se battre pour se faire reconnaître et éviter les « dénonciateurs » infiltrés, mais saura insuffler à beaucoup de détenus ce qui les sauvera : l’espoir. 

« Le sentiment d’abandon et de détresse guettait chacun à un moment ou à un autre. Y succomber, c’était la mort certaine. (…) A ceux qui désespéraient il fallait transmettre la confiance. A ceux qui s’abandonnaient, il fallait redonner courage. A ceux qui capitulaient, il fallait insuffler l’énergie. Ce fut l’esprit de la résistance (…) qui permit le miracle (…). Plusieurs activités clandestines participaient, à des titres divers, au maintien du moral. Parmi celles-ci, l’information »
(Pierre Durand : « Les Français à Buchenwald et à Dora »).

Les prisonniers de marque

A Buchenwald ont été internés de nombreux « Prisonniers de marque », personnalités politiques, industriels, artistes… Ils sont internés dans la « baraque d’isolement » (baraque E), hors des camps de barbelés, cachée au milieu des bois, entourée d’une palissade et gardée par 12 SS.

A l’évacuation du camp cette baraque contenait 54 personnes : Rudolf Breitscheid, ex-chef du Parti social démocrate allemand et son épouse, la princesse Mafalda de Hesse, la Fondamentaliste Maria Ruhnau, l’industriel Fritz Thyssen, un des plus importants financier du Nazisme naissant, l’industriel Röchling, 6 membres de la famille von Stauffenberg, 5 ministres du « gouvernement de trois jours » hongrois, Mme Goerdeler et ses enfants. Le président Léon Blum y passa aussi quelques mois...

A côté, ses trouvait le « Fichtenhain » (bois de pin) où étaient internés environ 200 Roumains de l’ancienne garde de Fer. Après le bombardement meurtrier du 25 août 1944, les rescapés Roumains sont envoyés dans la maison de repos SS de Hohenlychen (Dont le directeur faisait des expériences de brûlures par gaz sur les détenues de Ravensbrück).

Mauthausen

Effectifs du camp de Mauthausen et de ses Kommandos au 31 décembre de chaque année :

1938 : 99
1939 : 2.666
1940 : 8.200
1941 : 15.900
1942 : 14.000
1943 : 25.607
1944 : 73.392

Répartition des détenus par nationalités au 15 mars 1945 :

Polonais : 19.548
Soviétiques : 17.365
Juifs : 15.118
Allemands et Autrichiens : 7.761
Prisonniers de guerre soviétiques : 5.144
Français : 4.665
Italiens : 3.860
Yougoslaves : 3.399
Espagnols : 2.191
Tchécoslovaques 1.361
Grecs : 557
Lettons:  387
Belges : 355
Néerlandais : 219
Hongrois : 119
Lithuaniens : 89
Apatrides : 72
TOTAL : 82.210

Auschwitz

Il faut retenir les chiffres donnés par Piper comme des chiffres minima, sachant que ces chiffres peuvent atteindre 1.500.000. On obtient donc :

  • Nombre de personnes déportées dans le complexe d’Auschwitz : 1.300.000
  • Nombre de personnes enregistrées dans le complexe d’Auschwitz : 400.000
  • Nombre de personnes mortes dans le complexe d’Auschwitz : 1.100.000
  • Nombre de personnes tuées immédiatement à leur arrivée : 900.000
  • Nombre de personnes mortes durant leur détention : 200.000
  • Nombre de Juifs assassinés : 960.000
  • Nombre de Polonais non juifs assassinés : 75.000
  • Nombre de Tziganes assassinés : 21.000
  • Nombre de prisonniers soviétiques assassinés : 15.000
  • Nombre de personnes d’autres origines : 29.000
Ravensbrück

Environ 123.000 femmes sont passées par Ravensbrück, originaires de 23 nations. Avec les déportées venant de toute l’Europe, les « triangles rouges » politiques représentent plus de 80% du total.

Les groupes nationaux les plus importants sont :
  • les Polonaises (1/4 à 1/3 de l’effectif), 
  • les Soviétiques (1/5ème), 
  • les Allemandes (1/5ème), 
  • les Françaises (6 à 7%). 
  • les Juives (1/6ème), 
  • les Tziganes (1/12ème).
On estime le nombre de mortes à environ 70.000 (certains avancent le chiffre de 92.000). Près de 800 enfants sont nés à Ravensbrück. Presque tous sont morts. Seuls ont survécu trois petits Français et quelques bébés d'autres nationalités.

Le camp des hommes a compté au maximum 5.000 hommes. Le 30 avril 1945 les Soviétiques y découvrent 400 cadavres et 400 détenus mourants et assoiffés.

Parmi les déportées françaises qui sont revenues de cet enfer : Geneviève Anthonioz de Gaulle, Marie-José Chombart de Lauwe, Germaine Tillion, Marie-Claude Vaillant-Couturier, Denise Vernay...

Dachau

A la date du 26 avril 1945, Dachau rassemble 37.223 détenus dans 200 Kommandos extérieurs, 1.754 détenus en transport, et 28.628 détenus dans le camp lui-même, soit un total de 67.605 détenus :

  • Les Polonais (15 000) ;
  • les Soviétiques (13 500) ;
  • les Hongrois (12 000) ;
  • les Allemands (6 000) ;
  • les Français (5 700) ;
  • les Italiens (3 300) ;
  • les Tchèques (2 000) ;
  • les Slovènes (1 750) ;
  • les Belges (1 000) ;
  • les Hollandais (850).
Parmi les groupes ethniques et sociaux, 39% des déportés de Dachau sont Juifs. Le camp rassemble également 250 Tziganes, 5.000 femmes non juives (dans les kommandos), 5.080 prisonniers de guerre russes, 1.255 religieux…

Le camp connaît une évolution de ses effectifs semblable à celle d’autres KL comme Buchenwald : il commence avec l’internement des asociaux et des criminels, des Tziganes, des homosexuels, des Témoins de Jéhovah… dans un second temps arrivent des Juifs de Bavière en novembre 1938, et enfin le camp connaît sa phase d’internationalisation avec la création d’une section Polonaise en 1939, l’internement des prisonniers de guerre soviétiques (6 à 9000 y sont morts) et des déportés de toute l’Europe occupée, puis en phase ultime l’afflux des évacués des camps de l’Est.

Plus de 250.000 détenus sont passés par Dachau (non compris les non-immatriculés), provenant de 23 nations. 76.000 y sont morts.

Dans la liste des victimes du KL Dachau, il faut compter aussi les nombreux « transports d’invalides » expédiés au château de Hartheim près de Linz et mis à mort dans la chambre à gaz… Tout comme il est impossible de déterminer le nombre, plusieurs milliers au moins, des prisonniers de guerre soviétiques, qui, en vertu du « Kommissar Erlass », ont été exécutés non loin du camp sur le terrain d’exercice de tir de Hebertshausen…

12493 français ont été emprisonnés à Dachau entre 1940 et 1945. 1602 y trouveront la mort.
 

Struthof

En septembre 1944 on estime à environ 6.000 le nombre de détenus présents au camp principal saturé, sa capacité théorique étant de 3.000 hommes ; parallèlement l’effectif atteint 18.000 détenus dans les Kommandos extérieurs. En tout, 52.000 personnes sont passées par le Camp, sans compter un bon nombre de détenus non immatriculés (Russes, Polonais, NN...) Parmi les détenus, entre 35.000 et 38.000 « Häftlinge » présents dans le complexe Natzwiller ne sont jamais passés par le camp principal.

Le nombre de victimes « identifiées » avoisine les 11.000 pour le camp principal (3.000) et les Kommandos (8.000) :
  • Polonais (4 500),
  • Français (4 471),
  • Hollandais (508), 
  • Luxembourgeois (353), 
  • Belges (307), 
  • Norvégiens, 
  • Danois, 
  • Italiens...
Parmi les victimes, 1.668 femmes. Il faut y ajouter un nombre important de prisonniers Soviétiques assassinés par les SS, mais non immatriculés ainsi qu’un nombre important de victimes non identifiées ou morte pendant les évacuations. Ainsi, le chiffre total des victimes du complexe de Natzwiller se situe entre 19.000 et 20.000…

Dora

Environ 65.000 déportés sont passés par Dora. Au moins 20.000 y ont péri.

L'effectif de Dora et de ses 32 kommandos s'élève à 32.534 déportés en octobre 1944. Les kommandos comptent de quelques dizaines à plusieurs milliers de détenus. Les plus importants étant, outre Dora-Mittelbau, ceux de Ellrich, d'Hartzungen et de la Boelke Kaserne.

Charles Sadron estime que plus de 15.000 personnes sont mortes avant les évacuations. Jean Mialet, de l'Amicale des déportés politiques et de la résistance de Dora, constate qu'aucune statistique définitive n'a pu être établie. Il estime que plus de 60.000 déportés sont passés à Dora et dans ses kommandos, et que plus de 20.000 y sont morts : ces chiffres semblent les plus fiables.

Parmi ces détenus figuraient environ 1.100 italiens, dont la moitié était des soldats, faits prisonniers par les nazis après l'armistice que l'Italie avait signé avec les Alliés. Ces prisonniers, considérés comme des traîtres par les SS, furent traités d'une manière particulièrement cruelle. Quelques 500 d'entre eux ont péri à Dora. 

Maïdanek

Maïdanek a été, comme Auschwitz, mais à un degré moindre, à la fois un camp de concentration et un camp d'extermination. La plupart des documents ayant été détruits, il est impossible d'établir le nombre des personnes qui y ont été assassinées.

La Commission d'enquête, dans une première estimation le 28 septembre 1944, avait avancé celui de 1.300.000. Parmi ces victimes, les Polonais étaient les plus nombreux, puis les juifs, puis les Soviétiques, dont une forte proportion de prisonniers de guerre. Raul Hilberg chiffre à 50.000 le nombre des juifs exterminés à Maïdanek, mais il s'agit seulement des juifs et seulement de la période allant de septembre 1942 à septembre 1943.

Dans un article paru dans le numéro 31 de novembre 1985 de la Presse nouvelle, mensuel de l'UJRE, Roger Maria estime à 360.000 le nombre des victimes entre octobre 1941 et juillet 1944. Le nombre le plus généralement admis est d'au moins 400.000 victimes, appartenant à cinquante nationalités. Parmi elles, au moins 4.000 Français, juifs et non juifs, dont quelques actes de décès ont été enregistrés à la mairie de Lublin. Notamment des hommes, des femmes et

des enfants juifs partis en mars 1943 de Drancy.

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