Alors que j’écris ces lignes, Wall Street et l’Europe chutent, les taux plongent avant que Donald Trump, le président américain, annonce ses mesures de taxation sur certaines importations chinoises, ce qui fait craindre au « big business » une guerre commerciale entre l’empire du Milieu et les États-Unis d’Amériques.
Les grandes multinationales mondialistes ont d’ailleurs raison de craindre le protectionnisme de Trump, car c’est exactement ce qu’il va se passer et entendez-moi bien, dans la logique « trumpienne » qui n’est pas uniquement celle de Trump mais celle d’une grande partie également de l’élite américaine que nous qualifierons de faction patriotique ou nationaliste par opposition à la faction mondialiste ou globaliste, il est grand temps de changer les règles du jeu.
Faire dérailler la Chine avant qu’il ne soit trop tard… pour les USA !
Il n’y a aucune illusion à avoir là-dessus, l’Amérique a toujours rêvé son leadership mondial et a su le construire avec une grande constance depuis la fin de la guerre de Sécession.
Les États-Unis ont toujours conceptualisé leur domination sur le monde comme un objectif, et se maintenir à la première place nécessite régulièrement de changer les règles du jeu en pleine partie.
Cela peut sembler malhonnête, et pourtant ce n’est pas ainsi qu’il faut le voir. La raison d’État.
La raison d’État n’est ni honnête, ni morale, elle vise à assurer l’indépendance de votre nation et sa souveraineté. Sans souveraineté ni indépendance, ce qui est devenu le cas pour notre pays, il ne faut pas se leurrer : c’est la soumission.
La soumission à l’Europe, à Bruxelles, à Berlin, aux forces du marché, aux multinationales mondialistes, peu importe celui qui vous soumet. Quand il n’y a plus indépendance, souveraineté et raison d’État, il y a réduction de votre liberté nationale et donc de votre capacité à décider de votre avenir en toute autonomie.
Les États-Unis ont donc régulièrement changé les règles et ce fut le cas avec les accords de Bretton Woods, puis avec la fin aussi brutale qu’unilatérale de ces mêmes accords.
Nous sommes à un moment de l’histoire politique, économique du monde où les États-Unis ont le choix entre la guerre commerciale avec la Chine et le fait de faire dérailler Pékin ou de laisser la Chine sur sa pente ascensionnelle naturelle, ce qui signifie laisser très rapidement le leadership mondial à la Chine.
Il n’y a que les élites françaises pour croire que le bonheur passe par la soumission de leur pays et de leur peuple à un pouvoir supranational appelée Union européenne. Les Américains n’ont pas du tout l’intention de se laisser soumettre par Pékin qui jure ses grands dieux que non…
Ce constat doit être bien compris par tous.
Nous parlons ici de raison d’État.
Lorsque l’avenir d’une nation peut être compromis, alors ce qui peut sembler absurde, comme créer une crise de toutes pièces, peut prendre tout d’un coup une toute autre logique.
Ne vous laissez pas endormir par l’anti-trumpisme primaire relayé par des médias et des élites profondément mondialistes, et elles ont le droit de rêver ce monde-là… un monde sans nation. Mais d’autres ne pensent pas tout à fait de la même manière, et aujourd’hui, ce sont eux qui sont au pouvoir à Washington et ils ne sont pas si isolés que cela.
Alors que va-t-il se passer ?
Progressivement l’administration américaine va réduire l’accès à son marché aux industries étrangères pour pouvoir se réindustrialiser et cela évidemment va fonctionner et permettra de réduire le chômage mais aussi de remettre les 100 millions d’Américains en dehors de la population active au travail.
Cela permettra aussi de réduire considérablement les déficits américains.
N’oubliez pas un élément important : la Chine n’est pas et ne sera jamais un pays libéral. La Chine ne laissera jamais sa finance tomber aux mains des Anglo-Saxons car il en va là aussi de son indépendance et de sa propre raison d’État bien compréhensible. La Chine a déjà été soumise par le passé. Cela ne lui a pas laissé un souvenir impérissable.
Il n’y a donc pas d’accord possible entre ces deux grandes puissances et nous sommes arrivés aux limites de la globalisation.
N’oubliez pas que dans la nouvelle économie, il faut protéger les GAFA américains qui ne peuvent s’appuyer que sur un petit marché de 400 millions d’Américains contre les BATX chinois (Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi) qui, eux, peuvent compter sur un marché de 1,5 milliard d’habitants, voire 3 ou 4 milliards si l’on prend l’Asie au sens large en incluant l’Inde.
Et pour mes sous ?
Eh bien pour vos sous, cela va être compliqué. Vous pouvez évidemment vous abonner à ma lettre STRATÉGIES pour vous aider à naviguer dans ces eaux troubles, mais ce qu’il se passe sur la séance boursière du jour est un indice des conséquences concrètes.
Baisse des actions, ce qui est logique, baisse du pétrole car s’il y a un arrêt de la mondialisation (qui ne sera que progressif), il y aura une baisse de la demande d’énergie, ne serait-ce que pour le transport et la production de masse de chinoiseries de toutes les sortes.
Puis il y a aussi une baisse des taux, ce qui peut sembler paradoxal, sauf que s’il y a crise, alors la FED ne pourra pas monter ses taux comme elle le voulait, il faudra même qu’elles les réduisent pour contrebalancer la nouvelle crise et la récession qu’elle emmènera avec elle et son cortège de conséquences funestes.
Pour l’or, il faudra attendre les grands désordres monétaires qui surgiront un peu plus tard, sans oublier les tensions géopolitiques et les risques avérés de guerre dont je faisais écho dans l’édition d’hier en relayant les derniers aveux de l’État d’Israël qui a confirmé avoir bombardé et détruit le réacteur nucléaire syrien… tout en avertissant sans frais les Iraniens que les leurs vont vraisemblablement subir le même sort.
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !
Charles SANNAT
Source Challenges ici
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