28 décembre 2017

Une légende de Noël


Voici venir Noël avec son cortège de niaiseries médiatiques, de marchés-pièges-à-gogos, de commerçants débordés mais anxieux, cependant, de l’impitoyable concurrence des géants du Web, lesquels dévorent tout, à belles dents et sans souci aucun des dégâts collatéraux. Bien sûr, les scintillantes étoiles continuent de s’allumer dans les yeux des petits nenfants, estomaqués de voir en personne le Papa Noël leur promettre à chacun une montagne de saloperies fabriquées, dans le meilleur des cas en Chine et, dans le pire, au fin fond des officines à esclaves qui font le beurre de quelques sinistres aigrefins allégrement protégés par les pays les plus pourris du monde. Bien sûr on nous bassine encore avec la « magie de Noël », laquelle permet de nous faire avaler à peu près tout, depuis le foie-gras de Syldavie à douze balles le kilo, jusqu’aux couleuvres politico-journalistiques les mieux gratinées. Bien sûr Noël demeure la fête incontournable qui permet à tout un chacun de buller pépère jusqu’à la Nouvelle Année et ses re-ripailles obligées, avec la paisible assurance qu’il ne se passera rien durant la « trêve des confiseurs »…espérons que le Djihad n’en profite pas pour nous bricoler le coup du père françois… Celui du Pape François restant, quant à lui, cantonné à Rome et à sa mirobolante messe de minuit sur fond de vieux cardinaux écarlates et parterre de gentry catholico-romaine, magnifiée par le joli Petit-Jésus en bois précieux, peinturluré à ravir par un super-artiste en figurines de luxe, que Francesco finira par placer délicatement dans sa mangeoire en or massif garnie d’une paille issue des jardins bénis de Castelgandolfo, le tout au son majestueux des grandes orgues et des chorales vaticanes.
Bien sûr. Cependant, pour ce qui nous concerne, nous les Franchouilles, fils de Garches, enfants de Puteaux, mères d’Eu et d’Euzes, pères de Houilles et de Soustons, ainsi que tous les autres, moins favorisés par la nature, qui grouillonnons au milieu des Valeurs de la République, couillonnades mortifères dont nous payons le prix astronomique depuis bientôt deux-cent-trente ans, il nous appartient d’ignorer superbement tout ce qui pourrait ressembler, de près ou de loin, aux signes visibles de la Religion de nos Ancêtres, laquelle n’est désormais qu’une parmi toutes les autres… et certainement la plus haïssable parce qu’elle pue l’identitarisme blancos à pleins naseaux. En conséquence, cachons nos crèches, mettons sous le boisseau l’Enfant-Dieu descendu par Minou, faisons bien gaffe à ne sonner trop fort les cloches pour ne pas susciter les protestations du Muezzin, privilégions la messe-basse et rasons les parois qui mènent à l’Église, revêtus, cette Sainte-Nuit, de manteaux couleur de muraille. L’heure n’est plus aux bondieuseries de Noël, notre Noël d’aujourd’hui se doit de répondre aux strictes prescriptions du dogme laïc, celui qui ouvre les bras au Ramadan et aux prières de rues, tout en bottant le cul du salaud de maire qui fout discrètement trois ou quatre santons dans un coin sombre du hall de la Maison-Commune, outrageant du même coup la mémoire adorée des Communards et autres héros de la Gauche anticatholique. Notre Noël, désormais, c’est juste un week-end à rallonge, avec bordel pas possible à la SNCF, laquelle ne rate jamais une occasion de démontrer que le principe fondateur du Service-Public consiste à refiler à ses usagers de la merde au prix du caviar. Noël disparaît peu à peu, sous les coups de boutoir de tout ce qui pense convenablement en ce bas monde. Reste le nom du jour férié et son côté racoleur en termes de marketing. Voilà qui semble bien satisfaisant dans la mesure où le concept fonctionne avec tout le monde, Muz compris, vu qu’une occasion d’offrir des joujoux à nos jolies têtes de moins en moins blondes ça relève de l’universel.

Et puis voilà-t-il pas qu’aujourd’hui même, veille de ce fameux Noël qui soulève tant de polémiques dans le landerneau républicouille, éclate l’affaire de Langon! Alors, me direz vous, c’est quoi que c’est-y l’affaire de Langon?
Eh bien voilà: le 13 Décembre dernier, les braves institutrices de l’école communale du bled en question, situé en Gironde, pour ceux qui l’ignoreraient ce qui au demeurant me paraît tout à fait excusable, décidèrent, dûment munies d’un accord formel délivré par Mme. la Directrice, d’emmener les élèves des petites classes voir un joli dessin animé au Cinéma Le Rio, lequel fait la gloire du coin tant il projette toujours des films de qualité, généralement américains, mais rarement du Sud contrairement à ce que le nom de ladite salle pourrait laisser croire. Le titre de l’œuvrette du dessinanimateur Timothy Reckart, « L’Étoile de Noël », ainsi que le synopsis, l’histoire d’un petit âne qui va se balader avec ses copains à la recherche d’une vie meilleure, révélait juste une bluette à base de sympathiques bestiaux et manifestement dépourvue de la moindre nocivité… en dépit d’une affiche quelque peu évocatrice de l’odieuse crèche tant honnie. Une légende de Décembre, comme on dit puis, mais rien de plus pour mettre la puce laïcarde à l’oreille de nos très chères fonctionnaires de l’Éducation Nationale. Alors me direz vous, une histoire de Noël, venue des States, avec un petit air de Nativité sur l’image d’accroche, tout cela aurait sans doute pu laisser planer un doute, certes, mais nos professeures des écoles, fortes de leurs convictions et de leurs certitudes, foncèrent tout droit dans le brouillard. Les grands sourires et les gloussements joyeux des quatre vingt-neuf bambins faisant le reste, tout ce petit monde déboula gaiement au Cinoche Carioca. L’obscurité se fit et la projection put commencer dans le silence attentif des gamins, impatients de prendre leur pied aux aventures du joyeux bourricot.
Manque de pot, au bout d’un petit quart d’heure, Josiane, l’instit. la plus chevronnée, Déléguée du Syndicat et détentrice, parmi les ultimes, d’une carte du Parti Socialiste remontant à plusieurs décennies, commença à sentir des sueurs froides lui dégouliner dans le dos. A vue de nez, comme ça, cette affaire de Noël ressemblerait à s’y méprendre aux tribulations du petit Jésus telles que rapportées dans des Évangiles dont, certes, l’éminente gauchiarde en cause ne lut jamais la moindre ligne, mais par ouï dire elle savait bien, en gros, de quoi il retournait. Merde! Une légende de Noël qui traite de Jésus,vous vous rendez compte? (un peu comme De Funès: « ça alors, Salomon est Juif! », même topo…) Mais qu’est-ce que c’est que ce piège! Au bout de quelques minutes, ses soupçons se confirmant avec une particulière acuité, elle s’en ouvrit tout doucement à la collègue du fauteuil à côté, laquelle, avec son âme préservée de petite fille, dégustait, sans bouder son plaisir, les bucoliques images de la pelloche amerloque.
– Coup de coude dans les côtelettes « hé, Stéphanie, t’as pas l’impression qu’on est en train de mater la vie de Jésus, là, sous des dehors de bourrique en goguette? »
– « Quéquetudéconne, Josiane, y a pas plus de Jésus que de beurre en branche, dans ce truc, y a que des zanimaux! Mince, fais moi pas perdre le fil, putain, Daisy la chamelle elle vient de sortir une réplique que j’ai même pas pu la capter! »
Dégoutée Josiane se tourna de l’autre côté, vers la belle Cathy en train de se taper goulument un sac de popcorn déjà à moitié dézingué.
-« Cathy, chuchota-t-elle, y a maldonne, ce machin-là ressemble à un traquenard de curetons, ça pue Jésus à dix kilomètres, on fait quoi là, on continue où on fout le bordel? »
-« Oups, merde alors, t’as raison, Jo, y me semblait bien pas trop laïc, ce fourbi! Faut arrêter les conneries, on peut tout de même pas leur faire gober de la propagande aux petits… en tout cas pas celle là, pour sûr! Mais bon, t’as quoi comme idée? »
-« Ben écoute, on fonce voir le Dirlo de la salle et on lui ordonne d’arrêter la projection sous peine de poursuites pénales! Allez exécution, amène toi…l’autre gourde on la laisse là, de toute façon le temps qu’elle pige l’arnaque le film est terminé depuis une plombe! »
Dont acte. Ainsi mis en demeure, le Directeur du Rio, tout penaud, se confondit en plates excuses et fit immédiatement cesser le scandale, ce qui ne manqua pas de provoquer les quatre vingt dix protestations véhémentes des écoliers ainsi que de Madame Stéphanie, interrompus en plein milieu de leur naïf émerveillement. Même que Mohamed, Idriss, Bachir et Mamadou, malgré leur fort jeune âge, s’attaquèrent aussitôt aux fauteuils d’orchestre dont ils parvinrent à compisser et conchier une travée complète, sans préjudice de l’appel à leurs géniteurs respectifs supposés venir casser la gueule aux Maîtresses, au cinémateux et à tout ce qui pourrait, en outre, leur tomber sous la main. Dieu merci, l’Imam, appelé illico à la rescousse, calma tout ce petit monde en insistant sur le côté sacrilège de l’œuvre impie et sur le risque d’enfer encouru par les spectateurs inconscients. Force resta donc à la Loi et le combat cessa faute de combattants.

Je ne vous garantis pas la parfaite exactitude de tous les détails, l’incident m’ayant été rapporté, non par l’Homme de Rio soi-même mais par sa femme de ménage, Mme. Abradoko Abékébé, laquelle eût droit, ce jour là, à plein d’heures supplémentaires.
Mais en gros, je vous garantis la véracité des faits exposés…et je trouve que tout cela se passe aisément de commentaire.
Juste que la Conférence de Évêques de France, vient de protester contre le traitement inhumain réservé aux « migrants » par la République Française…tendez la joue gauche…pauvre Jésus, va, si tu voyais ce pastis!

Joyeux Noël à tous et passez, en dépit des envieux, une bonne semaine de trêve confiseuse.
Amitiés pastorales.

Et merde pour qui ne me lira pas.

NOURATIN

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