13 novembre 2017

Suicide de l'ancien chef de la lutte contre le hooliganisme, Antoine Boutonnet


Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb a annoncé dans la foulée vouloir renforcer les mesures de prévention du suicide chez les forces de l'ordre, au terme d'une semaine où six policiers et un gendarme ont mis fin à leurs jours.

L'ancien chef de la division nationale de lutte contre le hooliganisme, le commissaire de police Antoine Boutonnet, a mis fin à ses jours dans les locaux de la direction générale de la gendarmerie nationale (DGGN), a-t-on appris dimanche de sources concordantes. Le corps du policier a été retrouvé le même jour, dans son bureau de la sous-direction de l'anticipation opérationnelle (SDAO), un service de la gendarmerie nationale, où il avait été affecté en mars, ont affirmé ces sources, confirmant une information du Parisien sur son site Internet. Il était porté disparu depuis la veille et se serait suicidé avec son arme de service, ont ajouté ces mêmes sources. Selon le quotidien, qui cite des proches, le haut gradé supportait mal cette nouvelle affectation.

«Je suis bouleversé par cette nouvelle», a réagi Frédéric Thiriez, président de la Ligue de football professionnel (LFP) entre 2002 et 2016. «C'était quelqu'un avec qui je travaillais dès l'origine de la DNLH (Division nationale de lutte contre le hooliganisme, ndlr), créée à ma demande. C'était non seulement un grand professionnel, mais aussi un humaniste. Il était devenu un ami».

Ce drame intervient au terme d'une semaine au cours de laquelle cinq policiers et un gendarme ont mis fin à leurs jours. C'est ce qu'a rappelé le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, en prélude d'un communiqué dans lequel il annonce vouloir «renforcer» l'efficacité des mesures visant à prévenir le suicide chez les forces de l'ordre. Le texte, publié quelques minutes après l'annonce du décès du commissaire Boutonnet, précise que «44 policiers et 16 gendarmes se sont donné la mort depuis le début de l'année 2017».

Face à ces drames, Gérard Collomb a fait part de «sa vive émotion» et assuré les familles et les proches des victimes de son «total soutien dans l'épreuve», comme de l'ensemble des agents du ministère de l'Intérieur. Dans le communiqué, le ministre demande aux trois directeurs généraux de la Police nationale, de la Gendarmerie nationale et de la Sécurité intérieure «de lui présenter une évaluation des mesures mises en oeuvre pour prévenir les suicides parmi les forces de l'ordre». Gérard Collomb annonce également vouloir réunir «rapidement les représentants des policiers et gendarmes pour évoquer les dispositifs de prévention existants et les moyens d'en renforcer encore l'efficacité».
Le spectre de 2014, année noire

Dimanche après-midi encore, le corps sans vie d'une policière de Montélimar (Drôme) a été retrouvé dans une forêt ardéchoise. La victime, âgée de 49 ans, gisait sur un sentier de la forêt de Teil, une commune située de l'autre côté du Rhône. Si, comme semble l'indiquer une source judiciaire et Le Dauphiné Libéré , l'hypothèse du suicide devait se confirmer, cela porterait à six le nombre de policiers ayant mis fin à leur jour cette semaine. «Une enquête a été confiée à la gendarmerie de Teil et une autopsie sera réalisée», a indiqué le parquet de Privas. Selon les premiers éléments, la policière aurait utilisé un fusil de chasse.

Le suicide parmi les forces de l'ordre avait connu un pic en 2014. Au terme d'une année noire au cours de laquelle 55 policiers - contre 40 en moyenne annuellement - et une trentaine de gendarmes avaient mis fin à leurs jours, Bernard Cazeneuve avait lancé en janvier 2015 un plan ministériel en 23 mesures (recrutement de psychologues, redynamisation des cellules de veille, nouveaux cycles de travail...) pour lutter contre ce fléau. Le nombre de suicides parmi les forces de l'ordre avait ensuite décru en 2015 et 2016.

«Policiers et gendarmes sont très mobilisés sur la défense des autres depuis deux ans. Peut-être que cela les a amenés à moins se soucier d'eux-mêmes mais peut-être que cela a également généré de l'usure», avance prudemment Céline Berthon, secrétaire générale du syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN). «Confrontés au quotidien à la misère humaine, à la violence et au pire que l'on puisse trouver chez l'homme, les policiers ne peuvent plus supporter ce manque de considération, facteur du passage à l'acte dramatique», avance Unité-SGP-Police, qui demande une «réunion immédiate» du comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) de la Police nationale. Management «déplorable», manque de considération, conditions de travail, «usure professionnelle», «désocialisation», politique du chiffre, sont renvoyés par le syndicat de gardiens de la paix sur le banc des accusés.

Les suicides parmi les forces de l'ordre ont des causes multiples et touchent des profils variés, relève toutefois Céline Berthon, «une institution qui est confrontée à ce phénomène doit être en mesure, de manière dépassionnée, de se demander: «Est-ce qu'il y a des choses qui peuvent faciliter le passage à l'acte ou le provoquer? Et le cas échéant, comment puis-je faire un travail de prévention?»

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