26 septembre 2017

Projet Manhattan : Impossible sans la matière fissile volée au Allemands !


Roosevelt autorisa la recherche pour le développement d’une bombe atomique, dès le 9 octobre 1941 et l’utilisation du complexe du « Manhattan Engineering District », le 6 décembre 1941.

Le 17 septembre 1942, le général Leslie Groves sera choisi par le Secrétaire d’Etat à la Guerre pour être nommé à la tête du programme. Groves va se retrouver responsable d’un groupe de techniciens et de savants, parmi lesquels de nombreux émigrés venus d’Europe (dont plusieurs prix Nobel). Le programme pris le nom de code de « Projet Manhattan ».

Le projet sera épaulé par l’Office of Scientific Research and Development (OSRD), qui avait été créé le 28 juin 1941, pour « coordonner, superviser et conduire la recherche scientifique sur les problèmes sous-jacents à la conception, à la production et à l’utilisation des mécanismes et dispositifs militaires ».

La première mesure du programme sera de centraliser les centres de recherches, qui étaient alors situés dans quatre endroits différents: les universités de Columbia, de Princeton, de Chicago et de Berkeley. Les objectifs du programme avaient été définis en trois points:

1- En juillet 1942, avoir l’assurance de la possibilité d’une réaction en chaîne;

2- En janvier 1943, avoir un test d’une première réaction en chaîne;

3- En janvier 1945, pouvoir construire une bombe atomique.

Parallèlement à cette recherche sur la réaction nucléaire elle-même, des savants, sous la direction du professeur Robert Oppenheimer se livraient, à Los Alamos (au Nouveau-Mexique, près de Santa Fé), à l’étude de l’architecture de la bombe proprement dite. Los Alamos était une immense infrastructure construite de toutes pièces par l’armée en plein désert. Là travaillèrent des centaines de physiciens (dont plus de 20 prix Nobel), ainsi que près de 2000 techniciens et chercheurs. Ils travaillèrent dans le plus grand secret.

Les pilotes choisi pour larguer la bombe atomique étaient entraînés à la base de Wendover, dans l’Utah.

Les éléments indispensables pour obtenir une explosion nucléaire

1- Avoir l’assurance d’obtenir une réaction en chaine.

Selon la théorie de la relativité, il fallait trouver un élément qui utiliserait la très puissante énergie libérée par la fission nucléaire, pour pouvoir en faire une bombe. Cet élément devait répondre à deux impératifs, être simple à produire et permettre une production en quantité suffisante. Deux possibilités existaient pour arriver à ce résultat:

– Celle de l’uranium: On savait que le minerai d’uranium contenait les « isotopes » 234, 235 et 238. Seul le 235 pouvait servir à une « fission ». Mais le minerai de base était rare, et il fallait d’abord le séparer de l’uranium 238 (inutilisable pour faire une bombe). Cette intervention paraissait alors extrêmement difficile.

– Celle du plutonium: Sa création avait été récemment découverte (il n’existe à l’état naturel qu’en quantité infinitésimale), il pouvait être obtenu en irradiant de l’uranium 238. Mais le problème était que le procédé en donnait en définitive très peu. Il fallait réussir à en produire en quantité suffisante.

Tous les principes théoriques pour avoir une réaction en chaîne avaient été étudiés. Et en mars 1941, on put lire dans un rapport: « La première vérification de la théorie nous a donné une réponse totalement positive; de ce fait, l’ensemble du projet paraît réalisable, à la condition que les problèmes techniques de séparation isotopique soient résolus d’une façon satisfaisante. » Le dernier obstacle était la production en quantité suffisante d’un matériau fissile.

Après avoir observé, en théorie, qu’une telle réaction était possible, il fallait maintenant la reproduire dans la réalité. L’expérience eu lieu le 2 décembre 1942. A Chicago, Fermi construisit la première pile atomique du monde qui produisit par elle-même, de l’énergie grâce à la réaction en chaîne. C’était la première réaction en chaîne contrôlée. Celle-ci permis la production d’un demi-watt d’énergie, ce qui était très peu. Mais la possibilité, démontrée expérimentalement, montrait que la bombe était à leur portée.

2- Avoir suffisamment de matériaux « fissiles ».

Néanmoins, il y avait toujours le problème de la production de matériaux fissiles. Il fallait construire des usines pour d’une part, faire la séparation de l’uranium 235, du minerai brut d’uranium (qui contient 99,3% d’uranium 238), et d’autre part, réussir une création de plutonium à partir de l’uranium 238 ainsi obtenu.

Il fallait réussir à produire une quantité suffisante de matières fissiles. Il y eu la construction de deux énormes complexes industriels pour cela:

L’un à Oak Ridge, dans le Tennessee, pour la production d’uranium 235. On y construisit des énormes filtres (l’usine « K-25 ») dans lesquels seul le petit uranium 235 pouvait passer, pour le séparer de l’uranium 238 (par diffusion gazeuse d’hexafluorure d’uranium).

L’autre à Hanford, sur les bords de Columbia, dans l’état de Washington. Complètement fermé sur l’extérieur, il se présentait comme un bloc de béton de 250 m de long et 30 m de haut (l’usine « Y-12 »). On y séparait aussi l’uranium 235 du 238 (par séparation électromagnétique).

Une fois obtenu les deux isotopes différents, l’uranium 235 pouvait servir comme combustible pour une bombe, et l’uranium 238, pouvait servir à obtenir du plutonium 239 (après irradiation dans un réacteur et quelques jours de désintégration radioactive).

Les deux ensembles d’extraction fonctionnèrent durant toute la durée du projet Manhattan.

Un cruel manque d’uranium.

Les physiciens et les ingénieurs avançaient relativement bien dans leur recherche, cependant, un problème récurent existait toujours, celui du manque de minerai d’uranium.

L’uranium de base était une nécessité absolue, il en fallait entre 10 et 100 kg, d’après les premières estimations (de 1942), et la masse critique nécessaire d’après des calculs plus précis, était de 50 kg minimum.

Une note interne au Projet Manhattan du 28 décembre 1944, de Eric de Jette, le métallurgiste en chef de Los Alamos, indiquait un grave problème de manque d’uranium. Tout comme d’ailleurs un mémorandum du 3 mars 1945 du sénateur James Byrnes, à l’attention du président Roosevelt (document ci-dessous). Le Projet Manhattan était loin d’avoir la masse critique nécessaire pour fabriquer une bombe à l’uranium.

 

L’absence d’un stock suffisant devait être compensé, par Fermi qui avait réussi en décembre 1942 dans la construction du premier réacteur atomique.

Ce succès a incité le projet à envisager la possibilité d’une bombe au plutonium. Certains des précieux matériaux d’uranium 235 sortant de Oak Ridge, furent donc utilisés comme matières premières pour la transmutation en plutonium 239, dans le réacteur surgénérateur de Handford, construit à cet effet.

Ainsi, une partie des stocks d’uranium fissile avait été volontairement détourné pour la production de plutonium.

La décision était logique et simple. Pour une même quantité, le plutonium engendre plus de bombes que ne le permet l’uranium. Il y eu donc un plan pour convertir de l’uranium en plutonium, pour avoir le plus de bombes possibles, avec la même quantité de matière.

Mais en décembre 1944, après avoir poursuivi les deux options, le général Leslie Groves devait prendre la décision, soit ils poursuivaient vers la bombe à l’uranium, soit celle au plutonium.

D’autant plus que, à la lecture des rapports du renseignement, les Allemands étaient proches d’avoir une bombe, eux-aussi (1).

Malgré tous les succès militaires Alliés, tout cela aurait pu être remis en question, si la course à la bombe pouvait encore être gagnée par les Allemands. Avec son stock d’uranium déjà diminué par la décision de développer plus de plutonium pour une bombe au plutonium (la quantité étant bien inférieure à celle nécessaire pour une bombe atomique à l’uranium), l’entreprise semblait être destinée à échouer.

Alors que le Projet Manhattan peine à trouver une grande quantité d’uranium brut nécessaire, huit mois plus tard, la première bombe (à l’uranium 235) était malgré tout larguée sur Hiroshima.

Comment ont-ils réussi cet exploit, alors qu’après trois ans, ils avaient seulement produit, moitié-moins que l’approvisionnement nécessaire, pour pouvoir disposer d’une masse critique ?

Le projet Manhattan étant incapable de disposer de suffisamment d’uranium 235 (et donc de produire assez de plutonium 239) en quelques mois seulement, ses stock ont certainement été complétés par des sources extérieures, et il n’y avait qu’un seul autre pays, disposant de la technologie et des ressources nécessaires pour entreprendre un programme identique, c’était l’Allemagne nazie.

La bombe atomique Allemande et l’étrange disparition de l’uranium nazi

L’Allemagne avait perdu de grandes quantités d’uranium dans les derniers jours, avant et immédiatement après la fin de la guerre. Mais le problème dans le cas de l’Allemagne, et aussi le plus étrange, c’est qu’il ne manquait pas quelques dizaines de kilos, mais plusieurs tonnes !

De juin 1940 à la fin de la guerre, l’Allemagne disposait de 3500 tonnes composées d’uranium en Belgique (provenant principalement des mines du Congo Belge), qui furent stockées dans les mines de sel de Strassfurt, en Allemagne. Le 17 avril 1945, alors que la guerre allait bientôt prendre fin, les Américains récupérèrent quelques 1100 tonnes de minerai d’uranium à Strassfurt. (Lansdale, un des officiers qui participa à la découverte de l’uranium, le confirmera dans une interview pour le New York Times, quelques années avant sa mort).

Mais sur les 3500 tonnes totales, (avec seulement 1100 tonnes récupérées), cela nous donne 2400 tonnes de minerai d’uranium, qui manque. Une bonne partie a dû servir pour être traité et enrichi.

A l’été 1941, l’Allemagne avait déjà raffiné 600 tonnes d’uranium sous forme d’oxyde, sous la forme requise pour pouvoir ïoniser le matériau dans un gaz, forme sous laquelle les isotopes d’uranium pourraient alors être un support magnétique ou thermique séparé où l’oxyde pourrait être réduit en métal pour une pile pour alimenter un réacteur. En fait, le professeur Dr. Riehl, qui était responsable de l’uranium dans toute l’Allemagne au cours de la guerre, dira que le chiffre était beaucoup plus élevé.

Pour créer soit une bombe à l’uranium, soit au plutonium, l’uranium doit être réduit en métal à un certain point. Dans le cas du plutonium, l’U238 est métallisé (pour pouvoir ensuite l’irradier pour en faire du plutonium 239). Pour une bombe à l’uranium, c’est de l’U235 qui est métallisée. En raison des difficultés dû aux caractéristiques de l’uranium, ce processus métallurgique est une question délicate. Les Etats-Unis, aux prises avec ce problème, n’avaient pas encore réussi à réduire l’uranium sous forme métallique en quantité suffisante à la fin de 1942. Les techniciens Allemands, dès 1940, avaient déjà traité 280,60 kg d’uranium, plus d’un quart de tonne.

Les Allemands possédaient un énorme stock d’uranium métallique. Mais qu’en était-il de l’isotope ? Etait-ce de l’U238, obtenu suite à l’enrichissement et la séparation de l’U235, et était-il destiné a être utilisé comme matière première pour un réacteur, pour être transformé en plutonium 239, ou alors s’agissait-il déjà d’U235, le matériel nécessaire pour une bombe atomique à l’uranium ?

Dans tous les cas, ces chiffres suggèrent que les Allemands étaient nettement en avance sur les Alliés en ce qui concerne l’enrichissement de l’uranium et par conséquent, en avance dans la fabrication d’une bombe atomique proprement-dite. Alors, où est passé cet uranium manquant ?

Le sous-marin U-234, et sa précieuse cargaison.

La réponse de ce qui est advenu de l’uranium, on la trouve en partie lorsque l’on s’intéresse à un sous-marin, le « U-234 », qui se rendra aux Américains le 14 mai 1945 (suite à l’ordre reçu le 10 mai, pour tous les U-Boat de se rendre). L’histoire de l’U-234 est bien connue (les documents déclassifiés ne manque pas). Et bien sûr, selon l’histoire officielle, il n’aurait aucun rapport avec la bombe atomique Américaine. Et bien, rien de tout cela ne pourrait être plus éloigné de la vérité.

Le U-234 était un grand modèle de sous-marin (type « XB »), qui assurait la pose de mines sous-marines et il avait été aussi adopté en tant que « sous-marin cargo », pour transporter des cargaisons en quantités importantes. (Le U-234 sera équipé du « schnorchel » en novembre 1944).

Voyons la cargaison de l’U-234, qui avait quitté la Norvège et été en route vers le Japon:

– Deux officiers Japonais (qui se suicidèrent lorsqu’ils apprirent la reddition du sous-marin): Le colonel de l’armée de l’air Genzo Shosi, et le Capitaine de vaisseau de la marine Hideo Tomonaga;

– Le général de la Luftwaffe Ulrich Kessler, envoyé pour aider les Japonnais à organiser leur défense contre les raids aériens, avec deux autres officiers de la Luftwaffe. Enrich Menzel, un ingénieur spécialiste en communication et en radar et deux mécaniciens de chez Messerschmidt, August Brigewald et Franz Ruff;

– Des éléments du chasseur à réaction ME-262 et de l’avion-fusée ME-163 « Komet »;

– Des fusibles « infra-rouge » et leur inventeur, le Dr Heinz Schilcke;

– 80 cylindres d’or, répartis dans des bonbonnes doublées au plomb et étanches, représentant en tout 560 kg d’oxyde d’uranium.

– Plusieurs caisses en bois, contenant des barriques scellées remplies « d’eau lourde » (que l’on utilise pour refroidir les réacteurs nucléaire). Et des plans de la fusée V-2.

 
Le général Kessler, photographié lors de sa descente à terre, à Portsmouth.

L’utilisation de cylindres en or est explicable par le fait que l’uranium est un métal hautement corrosif, et il est facilement contaminé si il entre en contact avec d’autres éléments instables. Et l’or, a des propriétés d’isolation aussi efficaces que le plomb, contre la radioactivité. Et contrairement au plomb, c’est un élément très pur et stable, c’est donc un élément de choix lors du stockage pendant de longues périodes, pour l’expédition d’uranium pur, hautement enrichi. Ainsi, l’oxyde d’uranium à bord du U-234 (document ci-dessous) était bien de l’uranium enrichi, et le plus probable, hautement enrichi. La dernière étape, peut-être, avant d’être réduit à la métallisation, pour pouvoir ensuite alimenter un réacteur.

 
La cargaison de l’U-234 était si sensible (« tout le contenu de l’U-234 est d’une importance vitale pour la guerre dans le Pacifique », document ci-dessous), que lorsque l’US Navy établit l’inventaire de la cargaison du sous-marin le 16 juin 1945, et bien à son retour à terre, l’oxyde d’uranium avait entièrement disparu de la liste de l’inventaire initial, fait lors de la prise du sous-marin. Et dans le même temps, l’uranium enrichi dans le projet Manhattan, aura lui quasiment doublé. Cela est très suspect, car en mars 1945, le métallurgiste en chef du laboratoire de Los Alamos s’inquiétait de l’échec du projet, dû au manque de matière fissile, qui indiquait que le stock d’uranium 235 était loin de la masse critique nécessaire.
 

On peut penser que l’uranium utilisé pour fabriquer les bombes atomiques dans le projet Manhattan était d’origine Allemande, ce qui signifie aussi que le projet de bombe atomique de l’Allemagne nazie était beaucoup plus en avance, sur celui des Alliés, que ce que l’on prétend habituellement.

Il y avait aussi les fusibles trouvés (servant à la mise à feu d’une bombe atomique), avec leur inventeur, le Dr Heinz Schilcke. A ce sujet, le premier essai à Trinity, de la bombe au Nouveau-Mexique, il y eu une modification de conception, qui avait été introduite dans le dispositif de déclenchement de l’implosion. Le « rayonnement de ventilation, permettant au rayonnement du noyau de plutonium de s’échapper et de se réfléchir aux alentours des réflecteurs entourant le détonateur, a été lancé, à quelques milliardièmes de secondes après le début de la compression ». Il n’existe aucun moyen possible d’expliquer, à un moment aussi cruciale, cette ultime modification, juste avant l’essai, autrement que par l’incorporation de fusibles de Schlicke, dans la conception finale de la bombe Américaine.

A l’appui de cette hypothèse, il y eu un message du 25 mai 1945, arrivé à Portsmouth (New Hampshire) où l’U-234 avait été amené après sa capture, indiquant que le Dr. Schlicke, désormais prisonnier de guerre, serait accompagné par trois officiers de la Navy, pour l’amener à Washington en avion, pour y donner un maximum d’informations au sujet des fusibles (document ci-dessous). Le Dr. Schlicke aurait été appelé à parler des fusibles, à la demande d’un certain M. Alvarez, qui semble être en fait le Dr. Luis Alvarez, un scientifique du projet Manhattan (l’homme qui, selon l’histoire officielle, a résolu le problème de la fusion de la bombe au plutonium).

 

Il semblerait donc que la prise de l’U-234 par les Américains en 1945, permis au Projet Manhattan de résoudre ses deux plus grands problèmes: les réserves insuffisantes d’uranium, et le manque de connaissances suffisantes au sujet de la fusion, pour faire fonctionner une bombe au plutonium (l’arrivée des fusibles aurait donc résolu le problème). L’idée reçue, propagée depuis toujours, comme quoi les Allemands auraient été très en retard sur les Alliés, dans leur course à l’arme atomique, et incapable de fabriquer la bombe, est tout simplement un mensonge délibéré.(2)

D’ailleurs, l’U-234 et son uranium étaient connus dès 1945 et il y eu même un article dans la presse de l’époque (photo ci-dessous), sur la reddition de l’U-234, titrant: « Un navire de guerre capture un général » – « Le destroyer d’escorte USS Sutton a intercepté le sous-marin Allemand U-234 en route pour le Japon avec un général Allemand, de l’uranium pour une utilisation pour expérimenter une bombe atomique ainsi que les membres d’une mission militaire, après le VE Day. »… et aussi « …des plans de la fusée V-2… ». (Le « VE Day », veut dire « Victory in Europe Day », c’est comme ça que les Américains appellent le 8 mai 1945, en fait, ils emploient l’expression « après le VE Day », pour ne pas donner la date exacte de la prise du sous-marin).

 
La mission de l’U-234 et de sa cargaison soulève des questions sur les échanges de personnels et de technologies (l’échange de technologies se faisant dans les deux sens) auquels se livrèrent durant toute la guerre, l’Allemagne et le Japon.

L’aboutissement de ces recherches pour une bombe atomique, sera bien sûr le larguage de la première bombe (à l’uranium 235), surnommée « Little Boy », sur Hiroshima le 16 août 1945, causant 70.000 morts.

 
Longueur: 3 mètres;
Diamètre: 71 centimètres;
Poids: 4,4 tonnes;
Charge nucléaire: 15 Kilos-tonnes.


 
La ville d’Hiroshima avant le bombardement (maquette au musée d’Hiroshima):

 
La ville d’Hiroshima après le bombardement (seuls les bâtiment en béton sont restés debouts) :

Et deux jours plus tard, la seconde bombe (au plutonium 239), surnommée « Fat Man », sur Nagazaki le 18 août 1945, causant 40.000 morts.

 
Longueur: 3,25 mètres;
Diamètre: 1,52 mètres;
Poids: 4,6 tonnes;
Charge nucléaire: 22 Kilos-tonnes.(3)

Les Américains étaient-ils vraiment obligés d’utiliser l’arme nucléaire contre le Japon?

Les bombardements atomiques sur le Japon étaient inutiles au sens « militaire » du terme (vu qu’ils bombardèrent des populations civiles et non des positions purement militaires), et la décision, à plus un rapport avec le besoin d’une « projection de la puissance et de l’influence Américaine » sur le reste du monde, qu’autre chose.

Le président Franklin Roosevelt avait reçu le chercheur Albert Einstein, qui était le représentant d’un groupe de physiciens. Ces hommes demandèrent à Roosevelt de ne pas utiliser la bombe.

La guerre pris fin en Europe avant que la bombe ne fût opérationnelle, donc son utilisation contre l’Allemagne n’avait plus lieu d’être. Cela laissa les combats dans le Pacifique comme étant la seule zone de guerre et le seul endroit possible pour tester la bombe en conditions réelles.

L’histoire officielle disant que les Japonais refusaient obstinément de se rendre, que leur nation était dominée par une clique militaire qui voulait pousser le pays à se battre jusqu’au dernier homme, et qu’en conséquence l’invasion des îles Japonaises serait nécessaire pour mettre fin à la guerre.

Une telle invasion aurait coûtée, au moins un million de vies et aurait pris plusieurs mois de durs combats. Mais nous savons aujourd’hui, que le Japon était effectivement prêt à se rendre et avait déjà approché différentes représentations diplomatiques étrangères, en vu d’une reddition par ses diplomates présents au Vatican, au Portugal, en Suède et à Moscou (depuis Pearl Harbor, du fait de l’entrée en guerre, il faut savoir qu’il n’y a plus aucune ambassade du Japon aux Etats-Unis).

Un geste avait été pris par l’empereur du Japon lui-même, avec l’ordre de transmettre à l’URSS, la demande personnelle de l’empereur, d’accepter son représentant le prince Konoye pour étudier une reddition.

L’empereur demandait en fait l’appui de l’URSS, pour obtenir une reddition honorable (à cette époque, l’URSS n’a pas encore déclarée la guerre au Japon). Grâce à « Enigma », les Etats-Unis pouvaient déchiffrer systématiquement les communications nippones et lire les messages diplomatiques et militaires et étaient au courant des initiatives de paix et de la situation désastreuse du Japon en 1945. L’étude du renseignement stratégique de l’armée Américaine, a démontrée que le Japon se rendrait vraisemblablement dans quelques mois, et que l’invasion n’était pas nécessaire. Le Japon était coupé de ses autres forces sur le continent asiatique et ne pouvait donc compter sur des renforts. Le pays avait été réduit à un niveaux de famine désastreux par le blocus. Sa marine avait été détruite et sa capacité industrielle était alors à peu près inexistante, après avoir été bombardé régulièrement.

Les conditions que voulaient les Américains, consistaient en une reddition « inconditionnelle » (ou « sans conditions »). L’expression elle-même n’avait jamais été définie clairement et était née avec un discours prononcé par Roosevelt, après Pearl Harbor en 1941. Bien qu’apprécié par le public, parmi les dirigeants militaires cette expression vint rapidement à être considéré comme une chose qui pousserait à la résistance et prolongerait la guerre inutilement.

Fin 1944, il y avait déjà eu des réunions pour définir les termes exactes de la reddition du Japon, y compris une clause pour le maintien de l’empereur. Les débuts de tentatives de pourparlers, interceptés et décodés, et des rapports de renseignements (à partir du 13 juillet 1945) indiquaient que les Japonais accepteraient toutes les conditions, à la seule exception du rang de l’Empereur, qui pour le Japon n’était pas négociable. Il était clairement entendu que le Japon ne se rendrait pas sans l’assurance que l’empereur resterait à son poste, et ils avaient besoin de lui et de sa coopération après-guerre, pour une occupation sans heurts. Byrnes ne voulait pas que la guerre se termine toute de suite, son objectif était de continuer la guerre assez longtemps pour utiliser la bombe, de manière aussi sanglante et impressionnante que possible, pour avoir un effet psychologique sur l’ensemble du monde.

Les avis transmis à Truman par les généraux de l’US Army Marshall, Eisenhower et MacArthur; de l’US Air Force par les généraux Le May, Spaatz, et Arnold; pour l’US Navy, par les amiraux Nimitz, Leahy, et le secrétaire de la Marine James Forrestal, le secrétaire à la Guerre Stimson, le secrétaire d’Etat Grew, conseillaient à Truman de ne pas utiliser la bombe, de ne pas envahir le Japon, et d’adoucir la « reddition inconditionnelle », en quelque chose de plus acceptable. Ces voix avaient largement convaincu le président. Mais Jimmy F. Byrnes eu le dernier mot et une influence décisive sur Truman, qui changea d’avis et autorisera l’usage de la bombe.

Pour expliquer ce renversement de politique, il faut s’intéresser aux rapports entre les deux hommes. Truman avait nommé Byrnes comme secrétaire d’Etat à la mi-1945. Byrnes avait été un ami proche et un mentor de Truman à partir l’entrée en politique de ce dernier depuis de nombreuses années et avait été aussi un associé de Roosevelt. Il avait pris Truman sous son aile personnelle et avait influencé son succès politique. La sélection en 1944 du colistier de Roosevelt tomba sur Truman presque par hasard, et qu’il aurait dû aller plutôt à Byrnes. L’accession à la présidence de Roosevelt avait laissé Truman avec des sentiments de doute, de confusion et un besoin de se tourner vers Byrnes, pour l’aider à formuler des politiques. Truman estimait qu’il devait beaucoup à Byrnes et qu’il avait besoin de ses conseils. Ainsi, l’influence décisive de Byrnes sur Truman n’est pas si surprenante.

En 1945, il était devenu clair pour les Américains que les Russes allaient être très difficiles à impressionner. Ils étaient déjà en train de façonner l’Europe pour répondre à leurs propres conceptions, et avaient aussi des plans pour l’Asie, surtout après leur déclaration de guerre au Japon et l’imminence de l’invasion de la Mandchourie.

Le développement d’une nouvelle « super-arme » par l’Amérique, offrait une solution possible à ces problèmes.

Ils pensaient que les Soviétiques ne seraient impressionnés par elle, que si la bombe était effectivement utilisée au combat. Elle devraient être utilisée d’une manière vraiment spectaculaire, et l’effet maximum, ne pourrait être atteint que grâce à son utilisation sans préavis et de préférence sur une ville. L’utilisation de la bombe est ainsi devenu plus politique que militaire. En espérant infléchir la politique Soviétique en Europe et en Asie. Et aussi de se démarquer, de l’autre « grande puissance ».

La réunion de Potsdam avec les « trois grands » (USA, URSS et Angleterre) a été reportée jusqu’à ce que l’Amérique puisse tester la bombe atomique.

Les rapports montrant que les résultats étaient supérieurs à ceux espérés, Truman a immédiatement pris une ligne plus ferme avec l’URSS et pris la décision finale d’utiliser la bombe sur le Japon. L’utilisation de la bombe, serviraient à contrer la superpuissance émergente qui pourrait remettre en cause les Etats-Unis dans les affaires mondiales.

L’effet n’aura finalement pas été aussi fort et l’impact psychologique sur les Russes a été limité. Ils ont continué leur politique. Loin de « tenir » les Soviétiques, ces derniers sont devenus plus concurrentiels, une « guerre froide » commença et le monde se divisa en deux principaux camps (les deux blocs « Est-Ouest ») qui seront engagés dans une course à l’armement.
La réunion qui décida peut être, du sort du Japon.

En mai 1945, les « architectes de la stratégie de l’après-guerre », se réunirent à San Francisco à l’Hôtel Palace pour rédiger la Charte des Nations Unies.

Le chef de la délégation Américaine, le secrétaire d’état Edward Stettinius, aurait convoqué pour une réunion ses principaux conseillers, Alger Hiss, représentant le président des Etats-Unis, John Foster Dulles, du cabinet d’avocats de Wall Street, « Sullivan and Cromwell ». Afin de discuter de la question urgente, que les Japonais étaient disposés à demander la paix et que la bombe atomique ne serait pas prête avant plusieurs mois. Et la conversation suivante aurait eu lieu entre les personnes présentes:

« Nous avons déjà perdu l’Allemagne » dit Stettinius, « si le Japon tire sa révérence, nous n’aurons plus une population qui vive pour pouvoir tester la bombe. » « Mais, Monsieur le Secrétaire », a déclaré Alger Hiss, « nul ne peut ignorer la terrible puissance de cette arme. » « Néanmoins », ajouta Stettinius, « notre programme de l’après-guerre dépend de notre capacité à être terrifiant dans le monde avec la bombe atomique. » … » Ensuite, il faut les garder dans la guerre jusqu’à ce que la bombe soit prête ». « Cela ne pose aucun problème. Capitulation sans condition », dira John Foster Dulles. « Ils ne seront pas d’accord avec cela », répondit Stettinius, « ils ont juré de protéger l’empereur. » « Exactement », dira John Foster Dulles, « Gardez le Japon dans la guerre encore trois mois, et nous pourrons utiliser la bombe sur leurs villes, nous allons mettre fin à cette guerre avec la peur de tous les peuples du monde, qui sera ensuite obligé de se plier à notre volonté ».

Le 1er août 1946, le « Atomic Energy Act », transféra l’ensemble des activités du projet Manhattan à la « Atomic Energy Commission », la Commission à l’énergie atomique nouvellement créée. Le « Manhattan Engineer District » sera démantelé le 15 août, et les activités du « Office of Scientific Research and Development » seront transférées au Département de la Défense le 31 décembre 1947.

L’ère du nucléaire venait de commencer

LEPROJET ALSOS espionne l’avancée nucléaire de l’Allemagne Nazi…


Une opération de renseignement pour connaitre l’état et l’avancée des recherches nucléaires Allemande.

Durant toute la guerre, les Etats-Unis eurent l’incertitude constante, que l’Allemagne pourrait être en avance de deux ans dans le développement d’une arme nucléaire. Tant que les Etats-Unis n’avaient pas plus de renseignements, ils devaient supposer que l’Allemagne nazie était en train de travailler sur un programme nucléaire, qui serait en avance sur le leur.

Par conséquent, il était essentiel pour les autorités Américaines d’apprendre tout ce qu’elles pouvaient sur les progrès accomplis par l’Allemagne.

Cependant, le renseignement militaire classique par les voies normales (le G-2, le service de renseignements de l’US Army; l’ONI, Office of Naval Intelligence; et l’OSS, Office of Strategic Service) semblait insuffisamment préparé pour enquêter sur cette question.

D’une part, dû au fait que le secret autour du Projet Manhattan devait être total et si complet, que même les organismes de renseignements militaires, ne devaient pas être au courant de la moindre chose, concernant le projet Américain. Et d’autre part, ils n’auraient pas la compétence scientifique nécessaire pour être en mesure d’analyser et de pouvoir évaluer les éventuels progrès Allemands.

Il fallait donc créer un nouvel organisme de renseignements (et de centralisation des informations recueillies), exprès pour aider et rassurer le projet Manhattan.(1) 

La création du Projet Alsos.

La solution s’est présentée en septembre 1943, lorsque le général Marshall suggéra qu’une opération de renseignements séparée, directement sous l’égide du « Manhattan Engineer District » serait mise en place. L’extrait suivant d’une note par le général George Marshall en 1943, a officialisé le projet et a établi la priorité des missions de l’opération Alsos:

« Bien que la majeure partie de l’évolution scientifique ennemie secrète est menée en Allemagne, il est très probable que beaucoup d’informations utiles peuvent être obtenues en interrogeant à ce sujet d’éminents scientifiques italiens en Italie… La portée de l’enquête devrait couvrir tous les principaux scientifiques militaires, sur l’évolution de leurs recherches et les enquêtes doivent être menées de manière à acquérir des connaissances de la progression de l’ennemi sans divulguer notre intérêt dans un domaine particulier. Le personnel qui entreprendra ce travail doit être scientifiquement qualifié à tous égards… Il est proposé d’envoyer quand les Alliées occuperont l’Italie un petit groupe de scientifiques civils assisté par le personnel militaire nécessaire pour mener ces enquêtes. Les membres du personnel scientifique seront choisi par le Brigadier-Général R. Leslie Groves, avec l’approbation du Dr. Vannevar Bush et le personnel militaire être approuvé par son adjoint. Le Chef d’état-major et le personnel du G-2 doit être disponible pour lui… Ce groupe formera le noyau d’une activité similaire dans d’autres territoires ennemis occupés et des pays ennemis lorsque les circonstances le permettront. »

Le projet pris le nom de « Opération Alsos » et devint alors bel est bien un sous-projet du Projet Manhattan.
Le projet Alsos se décomposait en trois phases.

Ce futur service de renseignements, au contraire des autres services précédemment cités, devait non seulement trouver des informations en amont, mais également serait obligé de se rendre sur le terrain, dès que cela serait possible. C’est pourquoi dès le départ, il avait été décidé que l’opération Alsos se déroulerait en trois phases (en fait, trois « missions militaires » distinctes, au fur et à mesure de l’avance Alliée):

Phase I – l’Italie;
Phase II – La France;
Phase III – l’Allemagne.

Le détachement d’origine était composée au départ d’un petit groupe de treize personnes, y compris des interprètes et six scientifiques. Les membres de l’équipe étaient généralement familiers avec les programmes de recherche des Etats-Unis et de l’Angleterre et étaient capables d’obtenir par le biais d’interrogatoires, d’un recoupement et d’une analyse des informations, des renseignements scientifiques détaillés, sur l’avancée de la recherche atomique en Allemagne. Les membres étaient dirigés par le lieutenant-colonel Boris T. Pash, commandant l’opération. Le Dr. Samuel Goudsmit sera ajouté à l’équipe, en tant que responsable de toute la partie scientifique. Par la suite, l’unité grandira tout au long de la guerre.

Le Bureau de Londres

En décembre 1943, un bureau fût ouvert à Londres pour faire la liaison entre le « Manhattan Engineer District » et les diverses agences de renseignements opérant en Europe occupée. Le bureau était commandé par le Major R. Furman et sera plus tard sous le commandement du capitaine K. Calvert (le major Furman retournera à Washington pour travailler avec le général Groves). Le bureau était composé du capitaine George C. Davis, de trois WAC, « Women Auxilliary Corps » (le « corps des auxiliaires féminines » de l’US Army) et de deux agents du CIC, « Counter Intelligence Corps » (le contre-espionnage Américain). L’objectif principal de ce bureau de liaison a été de centraliser le maximum de renseignements pour les trois « Missions Militaires Alsos » (France, Italie, Allemagne), en réussissant la localisation de près de cinquante scientifiques Allemands ainsi que de laboratoires et d’installations qui étaient soupçonnés d’être utilisés pour la recherche nucléaire.

La mission Alsos I – Italie

Les objectifs en Italie étaient d’obtenir des informations préalables sur les développements scientifiques de la recherche ennemie et d’être en possession de toutes les personnes importantes, les laboratoires et les informations scientifiques, dès que cela serait rendu possible, par les opérations sur le terrain.

La mission Italienne a d’abord été constituée à Alger le 14 décembre 1943. En plus du lieutenant-colonel Boris Pash, il y avait un autre officier, quatre interprètes, quatre agents du CIC et quatre scientifiques: le major William Allis, le lieutenant-Cdr. Bruce S. Vieille, le Dr James B. Fisk de l’OSRD, « Office of Scientific Research and Development » et le Dr John R. Johnson (aussi de l’OSRD).

En Italie, la mission n’a pu obtenir aucune information concluante sur les expérimentations en Allemagne des recherches sur l’énergie atomique, mais d’autres types de découvertes scientifiques qui y seront faite, seront d’une grande utilité pour les Alliés.

La mission Alsos II – France

Au cours de l’été 1944, le week-end qui suivi le débarquement en Normandie, le contingent augmenta avec l’arrivée de trente scientifiques, dont la plupart étaient officiers. En France, Alsos fera sept opérations sur le terrain. Le 9 août 1944, des éléments avancés de la mission Alsos atterriront en France occupée et entreront dans la ville de Rennes. Plus tard dans le même mois, le lieutenant-colonel Pash, le capitaine Calvert et deux autres agents du contre-espionnage rejoindront les unités d’assaut de la XIIème armée, qui s’avança vers Paris (il parait que la Jeep de Pash sera le deuxième véhicule Américain à entrer dans Paris).

Un des principaux objectifs de la mission Alsos II était le Collège de France à Paris, où Frédéric Joliot-Curie avait son laboratoire. Joliot-Curie a volontiers répondu aux questions et a confirmé que c’était sa conviction que l’Allemagne « avait fait peu de progrès », dans la maîtrise de l’énergie atomique. L’importance des informations ressortant des entretiens avec Joliot-Curie seront de connaitre les noms de plusieurs grands scientifiques Allemands qui avaient, soit visité ou avaient temporairement travaillé au laboratoire de Paris. Ceux-ci étaient: le professeur Erich Schumann, qui avait déjà dirigé la recherche Allemande sur l’uranium; le Dr Kurt Diebner, un physicien nucléaire; le professeur Walter Bothe, un excellent expérimentateur dans le nucléaire; le Dr Abraham Essau, le Dr. Wolfgang Gertner, le Dr Erich Bagge, et le Dr. Werner Maurer.

Au début de l’automne, Paris était entre les mains des Alliés et l’équipe Alsos II établira un siège pour sa mission. De là, plusieurs petites équipes Alsos travaillèrent avec les forces Alliées, pour commencer la recherche et la localisation des scientifiques Allemands. Investissant toutes installations de recherche et de matériels connexes (comme l’uranium et l’eau lourde), et aussi d’archiver et d’étudier le contenu de tous documents scientifiques. La tâche la plus difficile était de repérer les scientifiques Allemands et le lieu de leurs recherches, même si le travail préalable du bureau de Londres les aida énormément.

Au moment de la seconde mission Alsos dans la France occupée, Horace Calvert avait réussi à obtenir des dossiers officiels Allemands de l’ensemble des scientifiques de haut niveau, et aussi où ils avaient travaillé et où ils avaient vécu.

Pendant les derniers mois de 1944, la mission Alsos s’avança en Allemagne. Les progrès furent temporairement arrêtés par la contre-offensive Allemande (la Bataille des Ardennes). La mission a utilisé ce temps pour analyser les milliers d’éléments d’information qui étaient en leur possession. Des références persistantes à une petite commune Allemande de Hechingen donna lieu à croire que certain type de recherche seraient peut être concentrés à cette endroit. Et il s’avéra à ce moment que le sort de trois des plus éminents physiciens Allemands, Werner Heisenberg, Otto Hahn et Carl von Weizsäcker, était encore inconnu.

La mission Alsos III – Allemagne

La mission militaire Alsos III est entrée en Allemagne le 24 février 1945. Elle eu alors en soutient l’apport du 1269ème Engineer Combat Battalion. C’est à ce moment qu’une urgente préoccupation de leurs supérieurs, occupa une bonne partie de leur temps. Les Américains avaient peur de ne pas apprendre des informations importantes, car des scientifiques et des installations pouvaient être aussi fait prisonniers par les Soviétiques, du fait de leur avance sur le terrain. Cela était la source de beaucoup d’intrigues de la part des Alliés, dans leur maneuvre pour avancer sur Berlin. En fait l’objectif principal des Américains n’était pas de prendre Berlin avant les Soviétiques. Leur priorité était de s’assurer, d’occuper les zones géographiques où ils savaient que se trouvaient des scientifiques et des complexes de recherche, importants pour les Etats-Unis, de par leurs activités de pointe et de haute technologie.

Par exemple, si une installation clé était dans la zone d’occupation prévue pour les Soviétiques. Il n’y avait aucune possibilité pour les Américains d’atteindre les personnels et les installations. Afin de remédier à cela, le général Groves a fait une demande au général Marshall pour que ces positions inaccessibles par les Américains soient détruites (non seulement pour contrer une éventuelle menace Allemande, mais aussi pour éviter qu’elles ne tombent intactes aux mains des Soviétiques). Le 15 mars 1945, 612 forteresses volantes B-17, larguèrent près de 2000 tonnes de bombes sur les usines Auergesellschaft à Oranienburg, au nord de Berlin. L’usine fût totalement détruite. 

L’opération Havre

D’autres maneuvres ont eu lieu, initiées par la mission Alsos. L’une d’elle est l’Opération Havre. Après la libération de la France, il avait été décidé de donner aux Français une « zone d’occupation » en Allemagne, qui leur sera finalement cédée. La zone destinée à être donnée aux forces françaises avait été désignée « American zone A ». Des installations de recherche, y compris la recherche nucléaire réputée, dans le centre de la région de Hechingen se situait dans la future zone Française. Le général Groves déclara: « Comme je l’ai vu, il ne saurait en être question, les troupes Américaines doivent y arriver. Ils nous faut être les premiers à arriver à cette installation vitale, car il est de la plus haute importance pour les Etats-Unis que nous contrôlions toute la zone qui contient les activités de l’énergie atomique Allemande… J’ai été obligé d’engager des mesures draconiennes pour accomplir notre but. »

La stratégie derrière l’Opération Havre, devait être d’une rapidité considérable, pour avancer et tenir la zone assez longtemps pour capturer les chercheurs, saisir les documents et supprimer tous les enregistrements ou copies disponibles, et détruire toutes les installations opérationnelles restantes. L’opération a été lancée en avril 1945 et Hechingen a été prise le 24 avril. Pash pris un laboratoire de physique atomique et plusieurs scientifiques recherchés, dont Otto Hahn, Carl von Weizsäcker, et Max von Laue. On y appris que Heisenberg, Gerlach, et quelques autres avaient quitté Hechingen deux semaines avant et se trouvaient peut-être à Munich ou à Urfeld, dans les Alpes Bavaroises. Le 27 avril, les scientifiques Allemands ont été transférés à Heidelberg pour un nouvel interrogatoire, où l’emplacement des dossiers sur la recherche atomique a été révélé par von Weizsäcker. Ils étaient scellés dans un fût en métal qui avait été caché dans une fosse sceptique derrière la maison de von Weizsäcker.

 
Le colonel Boris Pash, (à droite) en Allemagne en 1945.

Alors que l’opération Havre était en cours, les enquêtes à Heidelberg portèrent leurs fruits. Il était devenu évident qu’il y avait deux groupes de travail en Allemagne sur la pile à uranium. Le premier, d’après les travaux de Kurt Diebner à Francfort et le second, à partir des travaux de Werner Heisenberg. Le 12 avril, le laboratoire Diebner a été occupé à Francfort. Le 1 mai 1945, Gerlach a été capturé et Diebner le 3 mai. Simultanément, une opération conduite par Pash à Urfeld, permits de capturer Heisenberg et de confisquer des dossiers de recherche à Heidelberg.

Il y eu aussi la prise d’autres éléments liés à la recherche nucléaire Allemande, à Haigerloch, à Henchingen, à Bisingen, et à Tailfingen entre le 22 et le 26 avril.
La découverte d’un stock d’uranium en Allemagne, par la mission Alsos III.

Il y eu d’autres importantes réalisations de Alsos III, dont une opération dirigée par le lieutenant-colonel John Lansdale (qui s’occupait auparavant de la sécurité à Los Alamos et avait été envoyé par Groves pour faire partie de la mission Alsos) dans une zone près de Stassfurt, en Allemagne. Après la saisie d’une mine de sel connue sous le nom de « l’usine WIFO », le 17 avril 1945, Lansdale et ses hommes découvrirent un inventaire de près de 1100 tonnes de minerai d’uranium. Cette découverte aboutira à la note suivante du général Groves, responsable du Projet Manhattan, pour le général George Marshall, chef d’état-major:

« En 1940, l’armée Allemande en Belgique a confisqué et ramené en Allemagne environ 1200 tonnes de matériau de minerai d’uranium. Tant que cela est resté cachée sous le contrôle de l’ennemi, nous ne pouvions pas être sûr, qu’ils pourraient se préparer à utiliser des armes atomiques. Hier, j’ai été informé par câble que le personnel de mon bureau avait repéré ce matériel à proximité de Stassfurt, en Allemagne, et qu’il était maintenant procédé à son expulsion vers un endroit sûr en dehors de l’Allemagne où il serait sous le contrôle total de l’Amérique et des autorités britanniques. La prise de ce matériau, qui était essentiel pour obtenir des approvisionnements d’uranium disponible en Europe, semble réfuter définitivement toute possibilité d’une fabrication par les Allemands et toute utilisation d’une bombe atomique dans cette guerre. » (2)

Les trois missions Alsos en Europe occupée avaient atteints leurs objectifs. A la fin de la guerre en Europe, les unités Alsos avaient un effectif total de 114 hommes et femmes, comprenant 28 officiers, 43 hommes de troupe, 19 chercheurs, 5 employés civils et 19 agents du CIC. L’opération fût dissoute le 15 octobre 1945.(3)

Tous les scientifiques Allemands capturés et interrogés par les unités Alsos, ont été envoyés à Farm Hall, en Angleterre. Avant d’être récupérés, pour certain, par l’opération Paperclip.(4)

(Pour ce qui est des « missions de renseignements scientifiques et techniques », l’opération Alsos deviendra un véritable modèle. Les inspecteurs de l’ONU pour l’armement nucléaire, appliquèrent scrupuleusement les méthodes de travail des missions Alsos, jusqu’en Irak en 1992).

 
Notes sur le Projet Manhattan

(1) Cela sera confirmé l’année suivante avec la prise de l’U-234 et du stock d’uranium qui sera trouvé en Allemagne. Pour plus d’informations, voir « Les Black Program: Le Projet Alsos ».

(2) Selon une hypothèse, l’U-234 n’aurait pas été pris par hasard, mais se serait en fait « laissé prendre » et remis aux autorités Américaines sur les ordres de Martin Bormann, pour avoir une monnaie d’échange (l’uranium et les fusibles), dans le but d’assurer son immunité et sa liberté, pour lui et d’autres hauts-dignitaires nazis après la guerre. Et il est certain que de finir la guerre en étant prisonniers aux Etats-Unis, l’équipage y trouvait aussi son compte.

(3) En comparaison, la version de la bombe nucléaire tactique Française, le missile « ASMP », qui serait lancé par un mirage 2000-N, (« N » pour « nucléaire »), peut contenir une charge de 100 à 300 kilo-tonnes.
Notes sur le Projet ALSOS

(1) Voir « Les Black Program: Le Projet Manhattan ».

(2) Effectivement, avec l’occupation de l’Allemagne, les nazis ne pouvaient bien-sûr plus « faire de bombe atomique ». Mais voilà, alors que le projet Manhattan peine à trouver de l’uranium, les Américains en trouvèrent plusieurs centaines de tonnes en Allemagne. Malgré les dires de Groves (« toute possibilité d’une fabrication par les Allemands et toute utilisation d’une bombe atomique dans cette guerre »), concernant une « utilisation », évidemment, en avril 1945 ça n’était plus possible. Mais pour ce qui est de la « fabrication » et des recherches, « qui n’auraient jamais abouties », selon l’histoire officielle, et bien là, il faut se rendre à l’évidence, que rien n’est moins sûr (surtout si l’on tient compte des 560 kg d’uranium, visiblement enrichi, trouvés dans l’U-234).
D’ailleurs, dans une interview pour le New York Times en 1995, John Lansdale, interrogé au sujet de l’uranium du U-234 déclara que ce matériau, a finalement atterri dans les bombes de Hiroshima et de Nagazaki (pour voir l’article du New York Times, cliquez sur le lien link et pour voir une autre mention de son témoignage de 1995, repris dans sa nécrologie lors de sa mort, cliquez sur le lien link).

(3) Après la guerre, Pash servira auprès du général MacArthur à Tokyo en 1946-47 et sera ensuite nommé comme représentant militaire auprès de la CIA de 1948 à 1951. Mais son rôle réel y sera en fait, d’être en charge d’un programme de la CIA (voir « Les Black Program: Le Projet Bloodstone »), un projet de recrutement d’anciens nazis, pouvant être utilisés pour des assassinats et des enlèvements. Après il servira comme officier des forces spéciales en Autriche et puis à Washington comme adjoint d’état-major du renseignement de la VIème armée, et prendra sa retraite en 1957. Il est décédé en Californie le 11 mai 1995.

Concernant les archives des missions Alsos, il faut savoir que encore de nombreux documents, sont toujours classifiés, malgré le délais légale des 25 ans, sur la levée du secret.

(4) Voir « Les Black Program: Le Projet Piperclip ».

Sources Manhattan :

« La masse critique: la véritable histoire de la bombe atomique et la naissance de l’ère nucléaire », par Carter Hydrick, manuscrit publié sur Internet, http://saba.fateback.com/criticalmass/begin.html, 1998;
« The last Great Secret of the Third Reich », par Arthur O. Naujoks et Lee Nelson, Editions Council Press;
« When Hiroshima was destroyed », par Eustace Mullins;
www.uboatarchive.net;
www.americanhistory.about.com;
www.u-s-history.com;

Sources Alsos:
www.mphpa.org;
www.nytimes.com;

http://actualitedelhistoire.over-blog.com

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