13 septembre 2017

Irma : moins de dégâts à Saint-Barthélemy


Alors qu'Emmanuel Macron est attendu sur l'île de Saint-Barthélemy mercredi, près d'une semaine après le passage de l'ouragan Irma, la différence avec l'île de Saint-Martin est flagrante. Les Saint-Barths ont effectivement subi moins de dégâts.
  L'île de Saint-Barthélemy a été relativement épargnée par rapport aux dégâts causés à Saint-Barthélemy par l'ouragan Irma. (VALENTINE AUTRUFFE / AFP)

Emmanuel Macron est attendu, mercredi 13 septembre, sur l’île de Saint-Barthélemy, pour faire le point sur les dégâts causés par l'ouragan Irma et rencontrer les sinistrés. Le président de la République devait initialement se rendre à Saint-Barth mardi mais il a préféré prolonger son déplacement à Saint-Martin, parce que l'île est plus touchée et plus désorganisée par l'ouragan. Cette différence s'explique notamment par l'aisance financière plus importante sur l'île de Saint-Barthélemy.

Des constructions plus récentes à Saint-Barth

Racloir à la main, Antoine, un Saint-Barth, nettoie la rue des boues chariées par les fortes pluies de l'ouragan Irma. Sa maison aux murs jaunes et au toit en tôle rouge n'a pas été endommagée par Irma, si ce n'est une gouttière décrochée. "Pas une goutte d'eau" n'est entrée dans sa maison, selon lui. Antoine est équipé pour résister aux cyclones, avec notamment des volets anti-cycloniques, prévu pour résister à des ouragans de force 5. "Quand on construit, on essaie de faire au plus solide", explique-t-il.

Les murs sont toujours en béton armé et les toitures sont souvent bien plus résistantes parce que les tôles sont beaucoup plus rivetées à la charpente donc c'est peut être ça qui fait la différence.

Antoine, habitant de Saint-Barthélemy

À Saint-Barthélemy, malgré des toits arrachés, les dégâts sur le bâti sont bien moindres que sur l'île de Saint-Martin, où dans certains quartiers il ne reste que des squelettes de maison. Cette différence peut s'expliquer par les différences de conception des infrastructure selon Pascal Couchy, dirigeant d'une société de matériaux de toiture qui travaille sur les deux îles. "À Saint-Barth, le développement est récent, alors toutes les infrastructures sont plus récentes que celles des autres îles", assure cet entrepreneur. "Le coût du foncier est aussi plus élevé à Saint-Barth qu'ailleurs, les maisons sont donc faites avec beaucoup plus de moyens et surtout elles sont souvent conçues par des cabinets d'architecture." D'après lui, les constructions de Saint-Martin sont beaucoup plus l'oeuvre d'entraide entre les habitants.

Gérer une collectivité comme une entreprise

Le respect des normes anti-cycloniques est effectivement coûteux lors de la construction d'une maison. Entre Saint-Martin et sa population avoisinant les 30% de chômeurs et Saint-Barthélemy qui ne compte que 4% de personnes sans travail, l'argent est-il le principal déterminant de la résistance au cyclone ? Pas forcément selon Bruno Magras, le président de la collectivité de Saint-Barthélemy. "L'argent pèse là-dedans. Mais qu'est-ce qui a empêché Saint-Martin de faire ce que nous avons fait en matière d'autonomie, de création de recettes, d'organisation des infrastructures publiques ?" Bruno Magras défend surtout une politique publique à long terme. "Le tout, c'est de s'organiser et de faire du management, c'est-à-dire de gérer la collectivité comme on gère une entreprise", assure-t-il.

L'intelligence veut que ça coûte plus cher de mettre les câbles en sous-terrain mais ça rapporte plus quand on est dans une zone cyclonique.

Bruno Magras, président de la collectivité de Saint-Barthélemy

Malgré la qualité des infrastructures à Saint-Barthélemy, seuls quelques quartiers ont pour le moment retrouvé l'électricité et l'eau courante. Même des bâtiments qui n'ont pas manqué de financement ont cédé face à Irma, comme l'un des hôtels les plus luxueux de l'île, l'Eden Rock. "Ici, les portes ont cédé sous la pression de l'eau et du vent", décrit Bernard, l'intendant de l'établissement. "Là, vous avez la villa Rock Star, dont tout le mobilier a été emporté par l'eau. À l'intérieur, c'est du sable et des gravats." D'après lui, il est difficile de se protéger des événements climatiques de l'ampleur de l'ouragan Irma. "Il n'y a pas de défaut de conception dans les bâtiments, n'importe quelle construction excepté un blockhaus aurait souffert." D'autant plus cher que l'Eden Rock est posé sur la plage, à la merci de la montée des eaux bleu turquoise. 

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