06 août 2017

Le retour de la musique celtique

La musique celtique connaît un second souffle après celui des années 70, incarné par Alan Stivell. Le déclencheur ? La « party on third class » de Titanic, quand Di Caprio demande à son amoureuse si elle veut voir « une vraie fête ». La puissance du film a surmultiplié l’image de cette musique populaire dans le monde entier. La bande originale du film est la plus vendue de tous les temps. Certes, c’est d’abord pour Céline Dion, mais aussi pour l’ensemble des musiques proposées par James Horner que Titanic a obtenu l’Oscar (parmi 10 autres) de la meilleure musique.


Autres succès de cinéma basés cette fois pas seulement sur la musique mais sur la culture celtique, Le Monde de Narnia et Le Seigneur des anneaux. Dans les deux cas, la presse mainstream a soupçonné les réalisateurs ou les producteurs de glisser un message de propagande évangélique au milieu des aventures pour petits et grands. Et l’amalgame entre le culturel – fantasmé ou pas – et le politique a été fait très rapidement. Jusqu’à des accusations de « films pour Blancs » ou « sans Noirs ». De l’essentialisme blanc au fascisme il n’y avait qu’un pas… Les musiques de ces films, malgré leur innocence, ont nourri cette accusation.

La musique celtique a toujours existé, mais ce qui nous intéresse, ce n’est pas seulement son rapport à la Bretagne ou à la Grande-Bretagne – un rapport charnel évident – mais à la nation, c’est-à-dire à sa représentation culturelle globale. Et là, il y a problème : on dirait que la musique bretonne (ou celtique, on fera le distingo un autre jour) ne fait pas partie de la tradition française ou plutôt qu’elle en est écartée. Est-ce à cause de la guerre civile de Vendée (1793) ? Du réveil indépendantiste breton avec sa branche radicale des années 1970) ? De l’amalgame entre musique celtique et civilisation chrétienne et blanche, qui prend un relief nouveau depuis l’augmentation programmée de l’immigration extra-européenne ?

 
La musique celtique est-elle une musique "blanche" ?

Sans doute un peu de tout cela. Mais les amateurs de culture en général et de musique en particulier auront noté ce paradoxe : la musique celtique française est la plus exportable en théorie, puisqu’elle est assimilable à la musique anglo-saxonne (par définition) et pourtant, elle subit ce que les féministes ont appelé le syndrome du plafond de verre : en France, hors de Bretagne, point de salut. La lourde et puissante machine culturelle parigo-centrée ne la promeut pas, et lui préfère les « musiques du monde », alors que les variantes celtiques contemporaines lui tendent les bras. Cependant, en Bretagne même, les choses ne sont pas aussi simples.

Par qui et pourquoi l’expansion de la musique celtique est-elle freinée chez nous alors que le public en redemande ? C’est l’une des racines culturelles traditionnelles les plus profondes et les plus vivaces à la fois de notre pays. La musique celtique existe sans le ministère de la Culture (Lang privilégiait en 1982 les groupes français à message compatible avec le nouveau pouvoir et les musiques du monde sur le modèle de Paul Simon) et sans la presse nationale, qui lui prête un regard aussi méfiant que distant. Une presse culturelle majoritairement à gauche, et la gauche a toujours vu d’un mauvais œil et le réveil régionaliste (breton en l’occurrence) et le lien plus ou moins assumé avec la religion (catholique en l’occurrence).

Bref, la Bretagne (on inclut la Vendée) présente deux défauts pour Paris : son indépendance potentielle, et son catholicisme tenace. Et les Bonnets rouges n’ont rien arrangé (en apparence). Cela fait beaucoup pour que Libé ou Télérama fassent un papier dithyrambique sur le phénomène… un phénomène qui a été il est vrai phagocyté par Alan Stivell ou Tri Yann (idem à Marseille avec Akhenaton et sa bande).
Cependant, pas besoin d’être breton pour jouer de la musique celtique. Ici, un trio de Grenoblois, Irish Kind Of, reprend des airs traditionnels avec talent.

Alors la question est simple : du côté de la Bretagne, les autorités culturelles et les artistes impliqués dans la musique bretonne/celtique ont-ils aussi cette impression de plafond de verre, ou en tous cas de confinement médiatique ?

Profitant du Festival interceltique de Lorient qui débute vendredi 4 août 2017 (avec Marek Halter programmé dans une « table ronde sur la jeunesse entre radicalité et ouverture » !), nous sommes allés poser la question à Pierre Calvez, un Breton très au fait des réseaux culturels en place, et voici ce qu’il nous a répondu...

J’entends le loup, le renard et la belette
(mais pas les Bonnets Rouges)

La Bretagne, si elle se souvient encore de sa langue, peut marmonner la vieille prière : « Mon Dieu, protégez-moi de mes amis... mes ennemis je m’en charge ». Elle lutte, encore et toujours mais contre le rouleau compresseur de la globalisation, comme tout le monde, et non plus, vieille fable, contre l’État jacobin.

Au chevet de la province s’agitent un patronat hyper-libéral constitué en lobby d’intérêts et un clergé laïque de gauche culturelle. Prochaine étape du traitement administré de concert par ces médecins : une régionalisation lourde à la mode bruxelloise. Pour le patronat, il s’agit sous couvert de la marque « Bretagne » de déréguler son marché du travail à des fins de compétitivité accrue. Côté « cultureux », masqués derrière la sempiternelle revendication d’une région à cinq départements, on ne perd surtout pas de vue les subventions permettant rentes, salaires et l’exploitation exclusive de l’âme bretonne – ou du moins ce qu’il en reste – qu’elle s’exprime par la musique, l’édition ou les recherches historiques. Le travail de sape vers plus de soumission du peuple en région est bien avancé. Il s’opère au détriment de la Nation française. En attendant, Kenavo ! Sous une effervescence factice la culture et la langue bretonnes meurent. Mais dans une ambiance festive.

« On a beaucoup souffert, plus jamais ça ! »

En Armorique la mutation soixante-huitarde s’est opérée au son d’une rengaine victimaire bien connue : « On a beaucoup souffert, plus jamais ça ! » Le chœur des pleureuses fut la génération baba-cool bretonne. Celle qui copiait les consommateurs yankees férus de folk. Les belles heures de cette mode s’écoulèrent au son du tube d’Alan Stivell, Tri Martolod, au coude à coude dans les hit-parade de l’époque avec Gérard Lenormand ou C. Jérôme. Ce pic de créativité et de reconnaissance populaire déboucha dès la fin de la décennie sur une forte ringardisation. Heureusement l’État français subventionneur allait prendre le relais.

Les babas-cool du cru avaient une autre spécialité : les lamentations brodées de poncifs mille fois répétés. Les Bretons auraient bénéficié de positions privilégiées en première ligne pour le grand fest-noz de 14-18... Enchaînons rapidement sur les enfants des années 20 et 30 qui au premier mot de breton prononcé auraient été torturés par leurs hussards noirs d’instituteurs. L’implacable mécanique discriminatoire pourrait aussi avoir accroché aux portes des commerces – pas des bistrots – des pancartes infamantes du style « interdit aux chiens et aux Bretons »...

La plus indicible des souffrances est la trahison des siens. À l’évocation des heures les plus sombres, le souffreteux Breton chevelu des seventies – à l’heure actuelle un bon vieux barbon – serre les dents pour évoquer en peu de mots l’indicible : les grandes heures du Parti Nationaliste Breton. Des « extrémistes » qui dans la débâcle de juin 40 cherchèrent à négocier en direct avec les nazis. Himmler, sans doute occupé à d’autres tâches, n’accorda qu’une attention distraite aux offres de ces cousins nationaux-socialistes lointains qui cherchaient à doubler la République à terre. Cette génération-là sera oubliée après la guerre. Mais le gauchiste pop en fera sa hantise bien commode : la Bête immonde peut encore à tout moment souffler dans le ventre fécond d’un bignou. Oh ! Surprise ! Le Front national allait devenir son épouvantail favori, bien pratique pour faire oublier ses propres reniements.

Le peuple breton doit beaucoup à ces combattants nationalistes de la première heure, les derniers véritables en fait : l’ouverture au monde celte dans son ensemble, l’invention du Gwen Ha Du, la fondation de journaux régionalistes, la mise en place de cours de breton, des organisations résistantes efficaces, la création de partis structurés et des services culturels innovants bénéficiant tout particulièrement aux familles pauvres. On doit également à ces virils amoureux de leur patrie et de leur langue la greffe de la cornemuse dans le folklore local ainsi que l’invention des bagadous ! Trugarez (merci) les fachos !

La pacification du bled

Mais la mode de la culture en région n’a eu qu’un temps. Qui se souvient de Roger Siffer défendant l’Alsace, de Joan Pau Verdier prônant l’Occitanie ? En Bretagne pendant quelques années encore on a joué à la révolution, vêtu de gilets afghans et de claquettes suédoises. Il était encore question de... les enfants, bouchez-vous les oreilles... de nationalisme breton ! Le bon, le gauchiste, pas le mauvais qui avait tendance à disserter sur la race celte. Qu’on se le dise, en ce temps-là l’Armée Révolutionnaire Bretonne (ARB) – de 1966 jusqu’à l’amnistie de ses « actions » en 1981 – ne plaisantait pas. À Paris, on a même fait semblant de serrer les miches à la perspective d’un quart d’heure armoricain sanglant inspiré par l’IRA irlandaise.

Mais en fait de guerre de libération, après que le 26 juin 1978 une charge de plastic a secoué une galerie du château de Versailles, c’est Giscard qui survient avec en main un traité de paix pour les Indiens. Il annonce le 9 février 1977 à Ploërmel avec son humour pervers que « les traditions et les cultures de la Bretagne ne sont pas seulement du folklore. Elles sont des manières de vivre quelque chose de différent dans un monde qui se banalise et dont l’âme se vide ». Il rajoute dans la bourriche, en 78, la création du Conseil Culturel de Bretagne, la pompe à subventions. Voici déjà 1981, Mitterrand et Lang, le spectacle peut commencer.

Les professionnels de la celtitude

Et du spectacle, la Bretagne en a eu. Des festivals de danses traditionnelles, des grandes parades authentiques, des nuits du biniou, des jeux de lumières océaniques, des furias celtes dans des stades bourrés, des disques de variétés ou de remix de ses chants traditionnels... Pour un Denez Prigeant combien de mauvais disques ? Combien de groupes d’intermittents du spectacle réunis sur des projets mêlant musique bretonne et, au choix, sonorités marocaines, rythmes indiens ou flûtes moyenâgeuses ? Combien de kilomètres de pénible world-music ? Un vide créatif pareil ne pouvait être masqué que par des incantations « sur la diversité culturelle, l’ouverture au monde, les nécessaires adaptations au changement climatique » et autres « participations citoyennes au développement durable ».

Depuis 1981, les professionnels de la celtitude ont fait carrière dans le « développement artistique », se sont spécialisés dans « l’aide au développement des entreprises de production de spectacles », ils « encouragent la collaboration entre acteurs des musiques actuelles ». Le résultat ? Un calendrier chargé en shows chaleureux qui oscillent entre bonne grosse cinéscénie et mégafête au camping. Dans leur jargon cela donne : « coordonner les relations avec les différents acteurs de la chaîne musicale et favoriser l’émergence de territoires créatifs et solidaires ». Au bout du compte, une illusion de convivialité géante, saupoudrée par endroits d’encore un peu de mythologie révolutionnaire, de prétendue résistance au grand méchant État français mais toujours irriguée de subsides hexagonaux.

Quarante ans de fêtes aux frais de la République plus tard, on respire à fond les vents marins : à l’Ouest rien de nouveau. À part quand même le 19 avril 2000 l’ignoble assassinat par bombe de Laurence Turbec, 28 ans, employée du McDonald’s de Quévert. Où comment la mort d’une vraie Bretonne peut surgir de fantasmes réchauffés par de vrais crétins.

Broz goz ma zadou (vieux pays de mes pères)

La fiesta c’est sympa, la langue c’est plus difficile. Surtout confiée à des associations et des réseaux dont le projet politique réel se limite souvent à concocter des programmations « foisonnantes ». La langue, elle, elle ne foisonne plus, elle est en phase finale. Moins de un pour cent de jeunes la parle. Probablement les enfants de la bobocratie culturelle. La langue, elle, disparaît au rythme des disparitions d’anciens, en gros les braves gens de la vraie vie. Voilà le résultat de quarante années d’activisme culturel public.

L’explication est simple : le peuple ne parle plus, ne pense plus, ne rêve plus dans cette langue classée « sérieusement en danger » par l’Unesco. Le peuple survit dans un monde très différent de celui des baronnets de la bretonnitude. Après huit heures passées, charlotte rouge sur la tête à fabriquer des nuggets de poulets, qui aurait encore le courage d’étudier une langue étrange et étrangère ? Surtout à l’heure d’Hanouna et de Touche pas à mon Poste. Pareil pour l’agriculteur atteint d’un cancer après quelques décennies d’épandage de potion magique sur la terre ancestrale. Idem pour la caissière de chez Leclerc chantée par les Nantais d’Elmer Food Beat. Quoi ? Le peuple, ce traître, ne veut pas chanter en gallo ? Il veut du boulot ?

Le portail de la colère

Et côté travail c’est pas la grande parade du Festival interceltique. 2013 marque un tournant dans l’histoire bretonne. Plusieurs groupes licencient à tours de bras. Les salariés menacés de chômage des entreprises Doux, Marine Harvest, Tilly-Sabco attaquent leur premier portail éco-taxe dès le mois d’août et sont déjà devant la préfecture de Quimper. Et là, on n’est pas avec des militants de gauche issus du tertiaire ou de l’Éducation nationale. Là, on parle de découpe de porcs, d’abattage de poulets ou de conditionnement du saumon.

De son côté, la direction des abattoirs GAD licencie 900 employés français de son site à Lampaul-Guimiliau dans le Finistère. Dans le même temps, elle importe 200 travailleurs roumains, payés moins de 600 euros par mois, sur son site morbihanais de Josselin. Et tant pis si les prolétaires de tous pays s’affrontent à l’entrée de l’entreprise. Après tout ce sont « des illettrés » a estimé le ministre de l’Économie d’alors, Emmanuel Macron.

À l’automne 2013 le climat vire à l’orage : l’establishment craint la première révolte populiste de l’histoire. Un éditorialiste du Nouvel Obs s’effraie de la photographie de trois Bonnets Rouges effectuant une quenelle. Pierre Marcelle de Libération dresse le constat d’une situation pouvant dégénérer dans le « brun » et provoquer une montée de racisme et de frontières... Il y a péril dans le dolmen d’autant que les élections municipales puis régionales sont en vue. Christian Troadec, le fondateur du festival Les Vieilles Charrues ou Manuel Valls dénoncent des éléments d’extrème-droite. Il faut stopper la contagion.

Tous unis

Les réseaux patronaux, entre autres l’Institut de Locarn (environ 300 entreprises affiliées), se mobilisent alors d’autant plus volontiers que la mise en place de l’écotaxe validée par le Conseil constitutionnel le 23 mai précédent leur est restée en travers de la gorge.
Au même moment, les partis signataires du récent appel de Pontivy, le Mouvement Bretagne et Progrès de Christian Troadec, l’Union Démocratique Bretonne ou Europe Écologie les Verts n’ont bien sûr pas intérêt à ce qu’explose la colère populaire. L’appel de Pontivy ? Plus de régionalisation, plus de pouvoir pour les pouvoirs économiques et culturels.

En ce début octobre 2013, la jonction historique s’effectue entre patrons qui rêvent d’un tigre économique sur le modèle nord-irlandais et les « forces progressistes ». Pour le fondateur de l’Institut de Locarn, Joseph Le Bihan : « Dans un monde globalisé, les conditions technologiques vont s’égaliser, ce qui fera la différence, c’est la culture ». Et vogue la marque « Bretagne » ! Alain Glon, président de l’Institut et propriétaire d’un géant de l’agro-alimentaire est encore plus clair : « La France c’est notre problème... Comme la France est incapable de se sortir de sa situation en bloc, elle devra utiliser le talent de ses régions, comme la Chine qui a su développer ses zones maritimes ». Et il sait de quoi il parle puisqu’il vient d’inaugurer une nouvelle usine dans la province du Shandong. Quant à Christian Troadec, encore lui, auto-proclamé représentant des Bonnets Rouges, le slogan de son parti est simple : « notre ennemi c’est le jacobinisme ».

Une mise en scène complète

L’image des manifestants arrachant un portail de la préfecture de Quimper lors du rassemblement du 2 novembre, qui mobilise 15 000 manifestants, sonne le branle-bas de combat de toutes les forces de l’establishment, droite et gauche confondues. Les deux réseaux jouent habilement dans les manifestations des intérêts de classe divergents. Ils parasitent les revendications sociales urgentes par des revendications identitaires. Ils annihilent une véritable souffrance populaire par une scénarisation complète : création d’un prétendu drapeau des Bonnets Rouges, chansons à la gloire des révoltés, distributions massives de couvre-chefs en laine qui remplacent les peu seyantes charlottes rouges des gars de l’agro-alimentaire, invention d’une filiation avec une révolte d’Ancien Régime, d’ailleurs vite dénoncée par trois historiens, Alain Croix, André Lespagnol, Fañch Roudaut, mise en ligne de nombreux sites pour recueillir des cahiers de doléances numériques, comités hétéroclites proposant tout et n’importe quoi, de la création d’un syndicat à l’invention d’une monnaie complémentaire et surtout... de la musique !

Le point d’orgue de cette fabrication spectaculaire sera la manifestation de Carhaix, le 30 novembre, sous la houlette du seigneur local, Christian Troadec, encore et toujours. Sur le site du Festival des Vieilles Charrues on célébrera sans vergogne la défaite du peuple. Le chanteur Gilles Servat grognera contre l’extrême-droite, fera entonner par ses vieux militants La Blanche Hermine et une kyrielle de bateleurs fera la fête jusqu’à tard.

« Pour ma grand-mère »

Lors des élections présidentielles de 2017, l’ensemble des protagonistes de cette manipulation de masse appellera soit à voter contre le Front national soit pour Emmanuel Macron.

Le mot de la fin revient à Loran, ex-Bérurier Noir et membre des Ramoneurs de Menhirs :

« Il faut voter Macron ! Et alors ? Il est où le problème ? Il est comme les autres... Sauf que le FN ce sont des fascistes, ça n’a rien à voir. Pour ma grand-mère, pour nos grands-mères faisons barrage à la pensée unique ! »

On estime que sur le millier d’employés du groupe GAD mis au chômage, moins de 200 ont retrouvé un emploi. En ce qui concerne Marine Harvest, sur 185 employés, 15 ont retrouvé un CDI.

Sonnez bignous ! Résonnez bombardes ! Show must go on.

Pierre Calvez


Ouf, quelle tempête on n’a pas déchaînée là ! On referme la parenthèse culturelle purement bretonne, avec ses subventions et son indépendance relative, et on repart pour un petit tour dans la musique qui adoucit les mœurs.

Où l’on comprend que le particularisme culturel breton – qui inclut la musique – a été subventionné, contrôlé, formaté, pour en faire une espèce de drapeau régional inoffensif. Opposé à Paris mais ouvert à l’Union européenne, qui distribue ses subsides à tout ce qui s’oppose à la souveraineté nationale. Les vrais partisans de l’identité bretonne ou celtique repasseront, même si le renouveau politique est là, lui aussi, comme l’illustre le succès d’un site comme breizh-info.com.

La culture celtique sera toujours associée aux racines de l’Occident, la civilisation des Celtes ayant été reprise dans l’imaginaire des souverainistes et autres identitaires anglo-saxons. Il y a 40 ans Alan Stivell crevait l’écran avec sa harpe magique, tendant la main aux îles britanniques, et connaissant un succès fulgurant en Europe.

https://youtu.be/qGCjaRX4qe8

Les formations traditionnelles ne l’ont évidemment pas attendu : les Irlandais chantent depuis toujours, ce sont des braillards mais des braillards en vers, et ils chantent pour tout et n’importe quoi. Dans les bars et les pubs, dans les ports et les terres intérieures, ça chante et ça boit plus que de raison. Pas étonnant que le renouveau musical du XXe siècle, la musique populaire mondiale, provienne des faubourgs britanniques. Que ce soit avec le rock ou le punk – descendants probables de la musique celtique –, les Britanniques ont toujours eu un temps d’avance.

https://youtu.be/j51s0OmSp0g

La musique celtique a toujours existé en parallèle de la musique commerciale, que ce soit à un niveau amateur ou professionnel. Et les formations celto-centrées ont su capter l’air du temps, digérer les nouveaux sons et renouveler la tradition. C’est ainsi que les Pogues et leur chanteur édenté (paix à son âme alcoolisée) ont percé dans les années 80, ou que les Dubliners ont tourné pendant… plus de 40 ans. Ils ont fait entrer le violon et la flûte dans le concert populaire.

Arte a diffusé un documentaire sur un groupe français, les musiciens de Saint-Julien, intitulé The Highroad to Kilkenny.

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