11 juillet 2017

Puces de Saint-Ouen : deux personnes attaquées à la machette


Des linges tachés de sang sont roulés en boule sur le trottoir. «Regardez, c’est là que ça s’est passé !», lance Antonio, un vieux commerçant de la rue Lecuyer. Ce dimanche, vers 12 h 30, c’est dans cette rue du quartier des Puces, à Saint-Ouen, que deux hommes ont été agressés à l’arme blanche, une machette ou un sabre selon les témoins. Il s’agit d’un jeune homme âgé de 23 ans, habitué des lieux, qui a été blessé d’un coup de lame à la nuque, et d’un commerçant âgé, qui souffre d’une profonde entaille au bras. Les victimes sont désormais hors de danger. Deux agresseurs étaient recherchés par la police.

L’enquête, confiée au commissariat local, débute à peine. Les deux victimes n’avaient pas encore déposé plainte ce dimanche soir. Mais sur place, témoins directs et indirects, commerçants et proches des victimes accusent tous les pickpockets sévissant dans ce secteur, bordant le périphérique parisien. «Ils sont parfaitement identifiés, on sait même où ils se postent pour observer les passants, et où ils se partagent leur butin», assure un commerçant, qui refuse de donner son nom, par peur des représailles.

La municipalité accusée

Une première altercation aurait eu lieu la veille entre le jeune homme, fils d’un vendeur de vêtements du quartier, et le groupe de voleurs à l’arrachée. Ces derniers seraient revenus à la charge dimanche, d’abord sans arme, puis munis d’une machette. «J’ai entendu les cris, je suis sorti et j’ai vu le jeune homme se débattre de loin», décrit un restaurateur. La seconde victime, le gérant d’une petite boutique de la rue Lecuyer, a été blessée en tentant de s’interposer. Les agresseurs ont ensuite pris la fuite.

Cette agression soulève l’émoi et la colère dans ce secteur des Puces, plus populaire que celui des antiquaires, où les biffins disputent l’espace aux étals autorisés. «Les vendeurs à la sauvette, ça a toujours existé ici, explique une ancienne du quartier. Mais ce qui est nouveau, c’est cette violence.» Fin mai, déjà, un homme est mort dans une bagarre, rue des Entrepôts, non loin d’ici. Parmi les commerçants, la colère gronde : «On est complètement livrés à nous-mêmes ici, estime un restaurateur. Quand la police vient, elle interpelle quelques vendeurs à la sauvette, mais elle ne fait rien contre les pickpockets.» L’une de ses voisines renchérit : «On n’ose rien dire, parce qu’on est insultés et menacés en permanence.» Certains accusent la municipalité : «On ne voit jamais la police municipale.» Antonio, lui, se dit prêt «à venir travailler armé».

Bientôt des opérations de police conjointes entre Paris et 93

Les Puces, 4 millions de visiteurs par an, à la lisière entre Paris et Saint-Ouen. Comment assurer la sécurité de ce quartier touristique et en proie à la délinquance ? Mis en cause par les commerçants, le maire (UDI) de Saint-Ouen, William Delannoy, estime qu’il ne peut faire davantage : «Nous avons déjà recours à des vigiles privés, qui coûtent 20 000 € à la ville. Mais je ne peux pas mobiliser la police municipale, qui a déjà d’autres missions.» L’édile en appelle donc à l’Etat : «Pourquoi ne voit-on pas sur ce site touristique la police et l’armée comme dans d’autres lieux à Paris ?»

Du côté de la préfecture, on rappelle qu’une brigade spécialisée, rattachée au commissariat de Saint-Ouen, existe bel et bien. Mais on annonce surtout que le préfet de Seine-Saint-Denis et le préfet de police de Paris s’apprêtent à lancer des opérations conjointes sur ce secteur, «peut-être dès le mois de juillet», après un travail préparatoire de plusieurs mois. Des réunions de concertation doivent permettre d’associer tous les acteurs concernés, parmi lesquels les représentants des commerçants des Puces.

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