10 juillet 2017

Migrants : il faut quadriller toute la France de centres d’accueil

Les migrants du gigantesque campement de la porte de la Chapelle évacués
 
La maire de Paris souhaite la création de «centres de premier accueil» réservés aux migrants «tout au long de (leur) parcours migratoire». C'est aussi ce que demandent les associations d'aide aux réfugiés.

Vendredi matin, Paris a vécu sa 34e évacuation de camp de migrants en moins de deux ans. Face à ce lourd tribut, Anne Hidalgo a demandé, via un projet de loi et par la voix de son adjointe à la Solidarité Dominique Versini, à ce que soient installés des «centres de premier accueil» tout au long des grands «parcours migratoires». Charge à ces centres de transit, ensuite, de répartir les demandeurs d’asile dans des hébergements pérennes sur tout le territoire, tout en lançant les procédures administratives adéquates.

«Aujourd’hui, tous les gens arrivent à Paris, insistait Dominique Versini sur le plateau de CNews vendredi matin. C’est pour ça que nous demandons» une meilleure répartition de l’accueil. Cette mesure, qualifiée de «nécessaire» par tous les responsables d’association que nous avons contactés, met en lumière les lieux de passage les plus empruntés par les migrants. Notamment dans l’est et le sud-est de la France. L’adjointe évoque les cas de Nice et de Lyon, proches de l’Italie.

L'Italie «débordée»

Celle-ci est «totalement débordée», selon Dominique Versini, notamment depuis que «la route des Balkans est fermée». En 2016, la Slovénie, la Serbie et la Macédoine avaient bloqué ce passage emprunté par plus de 850 000 migrants l’année précédente. L’afflux de réfugiés ayant traversé la Méditerranée et l’Italie est pregnant dans la vallée de la Roya (Alpes-Maritimes), une problématique mise en avant par le médiatique agriculteur Cédric Herrou.



La Grande Botte n’est cependant pas le seul lieu de provenance des migrants en France. «Le règlement Dublin a créé de nouvelles routes migratoires», maugrée Yann Manzi, le responsable d’Utopia 56, une association de terrain basée à Calais. Ce règlement européen codifie de manière rigide l’accueil des migrants dans l’UE, obligeant les premiers pays d’accueil à prendre en charge l’instruction des demandes d’asile.

Des besoins dans le Grand Est

Dans les faits, un migrant qui a d’abord posé le pied en Grèce ou en Italie se verra refuser l’asile dans chaque pays où il en fera la demande, avant d’être renvoyé sur ses pas. Dans ce qu’on appelle un «mouvement secondaire», de nombreux «déboutés» d’Allemagne rejoignent ainsi la France au forceps, dans une sorte de course en avant qui a souvent pour destination Calais, avec pour horizon lointain les côtes britanniques. De quoi valider l’idée de centres de transit répartis dans les grandes villes de l’Est.

«Une des raisons pour lesquelles Paris connaît une telle concentration d’accueil, parmi d’autres, c’est que les migrants ne sont pas pris en charge en amont», confirme Jean-François Ploquin, directeur général de l’association Forum réfugiés-Cosi, qui gère l’un des deux seuls centres de transit en France. Et de rappeler que Paris n’est pas la seule ville impactée par le manque d’hébergement disponible, citant les exemples de Nice, Marseille, Toulouse ou encore Lyon.

«Des conditions d'indignité»

Pierre Henry, directeur général de France Terre d’asile, abonde. «Il faut quadriller toute la France de centres d’accueil décents», estime-t-il, appelant à un «système vertueux» qui permettrait d’orienter très tôt les migrants vers les bons dispositifs. «Cela fait plus de 40 ans que Paris représente quasiment la moitié de l’accueil, rappelle-t-il. Les conditions d’indignité qui en découlent alimentent le rejet de nos concitoyens».

Comme les autres responsables associatifs, il souligne également qu’aussi bonne soit l’idée d’une prise en charge en amont des migrants, celle-ci ne pourra fonctionner sans la création de milliers de logement supplémentaires. Sans cela, les centres de transit seront rapidement débordés. Et les campements sauvages, à l’image de celui de porte de la Chapelle évacué vendredi matin, n’auront pas fini de se repeupler.

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