07 juin 2017

Leo Varadkar, Premier ministre indo-irlandais gay imposé à l’Irlande


« Jeune, homosexuel et metis », « un leader à l’image de la nouvelle Irlande » : depuis l’annonce de la nomination du conservateur Leo Varadkar en tant que Premier ministre de l’Irlande, on assiste dans la presse traditionnelle française à une séance de masturbation collective (et de copier coller) dont elle seule a le secret, séance orchestrée par l’AFP.

Retour sur la personnalité d’un homme qui n’est pas « à l’image de l’Irlande » comme le souhaiteraient tellement des journalistes décidément obsédés par les thématiques sexuelles et raciales.

Qui est Leo Varadkar ?

Le 2 juin, Leo Varadkar a été nommé chef du parti Fine Gael (centre-droit) et donc, de fait, Premier ministre. Il succède à Enda Kenny qui, à la tête d’un gouvernement fragile et plombé par des mesures impopulaires, a annoncé sa démission le 17 mai 2017.

Varadkar est le fils unique d’un père indien et d’une mère irlandaise qui se sont rencontrés en Angleterre, lui étant médecin et elle infirmière. Leur famille est passée de Leicester à l’Inde avant de s’installer à Dublin. Il est né en 1979 et âgé aujourd’hui de 38 ans.

Médecin, il est élu député en 2007, puis réélu deux fois, avant de devenir ministre des Transports, du Tourisme et des Sports en 2011, puis ministre de la Santé en 2014, puis ministre de la protection sociale. Loin d’être « sorti de nulle part » comme Trudeau, Donald Trump ou Emmanuel Macron, ce dernier baigne dans la politique depuis 1999. Il était alors âgé de vingt ans.

La comparaison avec les deux hommes phares des États-Unis et de la France s’arrête donc là.

La presse est par ailleurs fascinée par la révélation, en 2015, de son homosexualité, un fait qui, là encore, est loin d’être singulier en Europe . Ce dernier a toutefois largement précisé, lorsqu’il a fait son « coming out » (bien aidé par une presse avide de révélations relevant de la vie privée) , qu’il n’était pas un homme politique « demi-indien » « gay » ou un médecin politique. Mais bien un membre du Fine Gael et un militant politique avant tout.

Expulser les immigrés au chômage

En 2008, il s’était attiré les foudres d’une partie de la classe politique en estimant qu’il fallait expulser les immigrés au chômage : « est-ce qu’on ne pourrait pas permettre à ces personnes de toucher quelques mois l’aide sociale si ils s’engagent à retourner dans leur pays d’origine par la suite et à renoncer par la suite à ces avantages ? » avait-t-il alors déclaré.

La presse irlandaise aime à le comparer à Franck Underwood, le personnage phare, machiavélique, dangereux, d’House of Cards (Kevin Spacey). Loin d’être un compliment donc, puisque beaucoup le considèrent comme arriviste, impitoyable avec ceux qui se mettent en travers de sa route, et opportuniste. Pas vraiment « à l’image de l’Irlande » donc.

D’autant plus que le nouveau Premier ministre irlandais déclarait récemment encore que le Sinn Féin, parti politique républicain irlandais qui a contribué à l’indépendance de l’Irlande était «la plus grande menace» pour la démocratie irlandaise. De là où ils se trouvent, Michael Collins et Martin Mac Guiness apprécieront de voir le Premier ministre du pays pour lequel ils se sont battus en première ligne, les insulter de la sorte.

Rappelons par ailleurs que le Fine Gael a recueilli 25,5% des voix lors des élections générales de 2016 (contre 36% en 2011) et que ce parti est en chute libre en Irlande. Leo Varadkar – qui souhaite par ailleurs rebaptiser son parti « United Ireland » – n’est donc pas en position de force à l’entame de son mandat, vis à vis du peuple irlandais, tout en étant peu pressé sur le sujet de la réunification irlandaise. Le Fianna Fail (centre droit) et le Sinn Féin (gauche) ainsi que le parti travailliste (allié du Fine Gael) constituent les trois autres forces politiques significatives en termes électoraux.

Parmi les réformes qu’il envisage, et que l’on ne trouve pas dans la presse française subventionnée, figurent une réforme des retraites, la baisse des impôts ou encore le développement des entreprises (voir la vidéo ci-dessous)
Leo Varadkar, un ministre à l’image de l’Irlande, vraiment ?

Il suffit de lire les statistiques ethniques et religieuses du pays pour se rendre compte que bien évidemment, non, le nouveau Premier ministre n’est pas « à l’image de l’Irlande », hormis à vouloir remplacer sa population actuelle.

Car la population irlandaise, forte de 4,7 millions d’habitants, est encore composée, n’en déplaise à ceux que cela ennuie fortement, à 91,7% de blancs (dont 82,2% de « white irish »). La population restante est partagée entre les métis, les asiatiques, les africains (voir ci-dessous) selon le recensement de 2016.

Alors que 78,3% des Irlandais se déclarent Catholiques romains, là encore, Leo Varadkar ne revendique pas l’être, lui qui est de mère catholique et de père Hindou.

Impossible de savoir enfin quel pourcentage de la population irlandaise se revendique homosexuelle. Le journal Irish Times l’estime à entre 4% et 8% environ, même si rien ne permet de confirmer ces chiffres.

Une chose est certaine en tout cas : un premier ministre homosexuel non pratiquant et métis n’est absolument pas le reflet de l’Irlande ethnique, sexuelle et religieuse d’aujourd’hui. Léo Varadkar est donc une exception en République d’Irlande. Il pourrait d’ailleurs être un frein à la réunification irlandaise, le Nord étant largement plus conservateur que le Sud sur certaines questions sociétales comme l’avortement ou le mariage homosexuel.

L’Irlande de Léo Varadkar – dont par ailleurs aucun journaliste français n’a pris la peine de citer la moindre idée politique ou mesure concrète – est bien, par contre, un fantasme de journalistes et de politiciens à la recherche permanente d’icônes censées incarner la doxa libérale-libertaire. Comme le rappelle Patrick Buisson, pour ces derniers, en effet, « l’idée d’une identité collective et culturelle de la nation plongeant ses racines dans une continuité historique, une tradition, un héritage commun se doit d’être répudiée au profit de la logique contractualiste d’inspiration libérale » (La cause du peuple, Perrin éd.).

Grâce à un martelage en règle (et quasi quotidien à la télévision comme dans la presse papier), ils y parviennent tout de même petit à petit, avec le génie de faire en sorte que le peuple ne s’en rende même plus compte …

Yann Vallerie

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