07 avril 2017

Les événements courent et n’attendent pas...


[...] Si je m’attache au cas Mélenchon pour la première fois d’une façon sérieuse dans le cadre de France-2017, on comprend que c’est par simple constat de l’évolution de la dynamique du susdit événement France-2017, où tout le monde sent bien que la candidature Mélenchon est en plein développement. L’hypothèse “Marine à 34%” qui prévalait il y a 3-4 semaines laisse place à l’hypothèse “Mélenchon-par-surprise”... Voyons cela.

Formidable orateur avec un écho grandissant répercuté par le système de la communication, Mélenchon est désormais le seul parmi les “grands candidats” à faire évoluer significativement sa position, jusqu’à faire envisager la possibilité d’une présence au deuxième tour. (Bien, il est question des sondages dont on sait toute la fragilité et la vulnérabilité aux manipulations, mais il y aussi l’impression laissée par le spectacle des choses et les effets sur la masse d’indécis, si complètement désorientée par l’esprit général des opérations en cours.) Par conséquent, la spéculation est permise, pour envisager ce que signifierait un tel événement (Mélenchon au second tour). La possibilité d’une victoire de Mélenchon, surtout après un affrontement avec Micron (désolé, le “a” de mon clavier ne fonctionne pas avec lui) qui est une forte possibilité dans cette hypothèse, devient fascinante ; pour ce cas, parce qu’un affrontement avec Micron ne porterait pas sur les sujets sociétaux (les “valeurs”) qui ne servent qu’à brouiller les cartes et les pistes mais sur les questions principielles, l’Europe et le reste, – ou, plus généralement dit, et tant pis pour l’imprécision ou l’amalgame des mots, – le souverainisme et ses principes (Mélenchon) contre le globalisme et ses “valeurs” (Micron).


Pour pousser à son terme l’hypothèse, la possibilité d’une victoire (de Mélenchon) est effectivement fascinante. Le nouveau président français, type Vème ou VIème République c’est selon et c’est plus secondaire que ne croient tous ceux qui y croient, serait confronté à des problèmes comme ceux de la situation en Syrie, des relations avec la Russie et du reste, ces événements qu’on croyait devoir s’apaiser avec l’élection de Trump et dont on a vu qu’au contraire ils continuent de plus en plus vite à ne pas changer et donc à s'aggraver. C’est là, on le comprend évidemment, que la parallèle USA-2016-France-2017 est sur le point de sortir de lé géométrie euclidienne pour envisager de susciter des aires de confrontation comportant l’occasion de voir diverses crises, à mesure que les événements en disposent, entrer bruyamment dans la famille du dilemme déjà-vu : se soumettre ou rompre.

Cette fois, il s’agit d’être clair, pour laisser entrevoir ce qu’impliquerait comme conséquences cette sorte de dilemme : il s'agitbien de “se soumettre” au Système ou de “rompre” avec le Système (devenir antiSystème, le vrai-de-vrai, pas celui des estrades électorales)... Et dans cette sorte de perspective où l’on voit bien de quel côté penche mon sentiment, je jurerais qu’un Mélenchon choisirait plus qu’à son tour de rompre plutôt que de se soumettre et je ne jurerais pas qu’un grand et furieux dialogue Mélenchon-Trump rendu nécessaire par les circonstances n’aurait pas certains aspects des plus étonnants et des plus réjouissants ; je ne jurerais pas, notamment, que cette occurrence ne permettrait pas à Mélanchon de s'éloigner plus aisément de l'UE que Trump déteste, et à Trump de trouver quelque intérêt dans les grands événements crisiques, et quelque force pour se révolter contre les gardiens qui le maintiennent actuellement dans sa Maison-Blanche comme dans une vaste et confortable prison, et accélérer en le diversifiant l’affrontement destructeur en cours à Washington D.C.

Dans tout cela, il y sans doute du Sacha Guitry (Faisons un rêve), mais Sacha n’était pas si mauvais dans sa vision implicite, transférées au boulevard et dans les salons du temps où l’on y parlait un beau français, – sa vision policée et élégante des grands affrontements qui se déploient aujourd’hui à visage découvert et dans toute leur extrême brutalité. Les événements courent et n’attendent pas ; ils prennent au vol ce qui leur convient, sans nous demander notre avis...


Note

(*) L’ambiguïté de Mélenchon, je la ressens, je dirais “charnellement”, en tant que pied-noir comme l’on dit. J’en ai appris récemment, en l’entendant réagir avec une réserve prudente mais significative aux propos obscènes et incultes de Micron sur ce qu’on nommait “les événements” (d’Algérie) et qu’on nomme aujourd’hui “guerre d’Algérie“ et même, puisque nous y sommes, “guerre de libération”, etc. Par exemple, j’ai appris que, bien qu’ayant fait sa jeunesse à Tanger (demi-pied-noir, en un mot), sa famille était d’Oran et de Staouéli. Ce dernier nom m’a rappelé bien des choses de ma mémoire : pour aller d’Alger vers les plages de l’Ouest, – Club des Pins, Moretti jusqu’à Sidi Feruch, là où débarquèrent en 1830 les soldats français avec leurs brodequins noirs qui les firent surnommer “pieds-noirs” par les Arabes, – il y avait la route de la côte et celle, plus courte, coupant par l’intérieur des terres, et qui passait par Staouéli. C’est dire combien de fois j’ai traversé le village d’où viennent les Mélenchon ou apparentés. Je prends cela comme un symbole pour exprimer effectivement un sentiment qui a été renforcé par la lecture, suite à des recherches récentes, d’une présentation et de diverses déclarations qu’il fit à Alger début 2013, lors d’un Forum International, et des commentaires qui l’ont accompagné, à propos de ce “sinistre personnage” et “négationniste” de surcroît, – ditto, Mélenchon... Enfin, j’arrête là mais je me promets d’y revenir là-dessus, sur “Mélenchon et l’Algérie”.

Source

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