10 avril 2017

Le pétrodollar vit ses dernières années


Un récent article publié chez Casey Research défend l’idée que le système du pétrodollar vit aujourd’hui ses dernières années – et prendra peut-être fin en 2017 – et que sa mort sera un évènement extrêmement perturbateur pour l’économie des Etats-Unis et le monde financier, qui verra flamber le prix de l’or. En vérité, ce que l’on appelle « pétrodollar » n’est probablement pas sur le point d’expirer, mais même si c’était le cas, les conséquences pour les Etats-Unis et pour le monde n’en seraient pas si dramatiques.

Selon la théorie du « système pétrodollar », un accord a été passé en 1974 entre les gouvernements des Etats-Unis et de l’Arabie Saoudite qui aurait conduit les Saoudiens à effectuer toutes leurs transactions pétrolières en dollars et à influencer les autres pays membres de l’OPEP à en faire de même. En retour, les Etats-Unis auraient promis de soutenir et de protéger le régime saoudien. Selon cette théorie, l’économie des Etats-Unis bénéficierait d’un tel accord, parce qu’un pétrole libellé en dollars accroît la demande globale en dollars et en actifs américains.

Il est possible qu’un tel accord ait été passé, mais il n’y a aujourd’hui aucune raison qu’il soit encore en vigueur. Au vu de la popularité du dollar dans les échanges internationaux et de la taille de l’économie des Etats-Unis, un accord entre l’Arabie Saoudite et les Etats-Unis n’est plus nécessaire aujourd’hui pour convaincre les Saoudiens de libeller leur pétrole en dollars. Il serait très peu pratique pour eux d’en faire autrement.

Quoi qu’il en soit, même si l’accord était encore en vigueur aujourd’hui, son importance ne serait que minime. La raison en est que les échanges pétroliers internationaux ne représentent qu’une minuscule fraction des flux monétaires globaux.

La production de pétrole globale représente environ 96 millions de barils par jour, mais seule une partie est négociée internationalement. Par exemple, la consommation de pétrole des Etats-Unis est d’environ 19 millions de barils par jour, mais les Etats-Unis produisent 10 millions de barils par jour. Ils sont donc un importateur net de seulement 9 millions de barils par jour. Les quantités de pétrole négociées entre les pays et susceptibles d’ajouter à la demande internationale en dollars est estimée à environ 50 millions de barils par jour.

Si ces 50 millions de barils par jour s’échangent tous en dollars, à un prix de 50 dollars le baril, alors la quantité de dollars représentée chaque année par le commerce pétrolier global est d’environ 900 milliards de dollars. En d’autres termes, l’effet positif maximum de l’usage du système pétrodollar est d’environ 900 milliards de dollars par an.

Notez également que selon le plus récent sondage mené par la BRI, au mois d’avril 2016, le turnover quotidien moyen sur les marchés des devises du monde était d’environ 5,1 trillions de dollars. Le dollar étant estimé être utilisé dans le cadre de 88% de tous les échanges de devises, cela signifie que 4,5 trillions de dollars changent de mains chaque jour sur les marchés des changes du monde.

Ainsi, la quantité de dollars échangée par jour sur les marchés des changes, notamment à des fins d’investissement et de spéculation, est cinq fois plus importante que la quantité de dollars utilisée chaque année dans le cadre du commerce pétrolier international. Voilà pourquoi le pétrodollar n’a plus d’importance.

En guise de conclusion, voici une petite suggestion : plutôt que de nous concentrer sur des raisons excentriques de posséder de l’or, pourquoi ne pas mettre l’accent sur les raisons moins excitantes mais plus plausibles pour lesquelles la popularité de l’or est susceptible de grimper ? 

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