10 avril 2017

Il s’appelle Macron, mais son nom est Personne


Il s’appelle Macron. Mais son nom importe peu car, il y a quelques années encore, personne ne le connaissait. Cela aurait pu être n’importe qui d’autre : Emmanuel Valls, Manuel Macron, François Juppé ou Alain Bayrou, peu importe. Tous interchangeables. L’oligarchie a choisi Emmanuel Macron car il est jeune, ambitieux et présente bien. Mais Macron n’est en lui-même personne sinon le porte-parole de l’oligarchie.

C’est-à-dire le porte-parole d’un pouvoir impersonnel et hors sol : celui de l’argent, de la finance, des grandes firmes mondialisées, des bureaucraties bruxelloises et des bobos cosmopolites.

Personne, l’élu de l’oligarchie

L’oligarchie a choisi M. Personne pour continuer d’exercer, à travers lui, son emprise sur la France et donc sur l’Europe. Elle l’a choisi pour éviter que l’élection présidentielle de 2017 ne permette de changer une politique qui lui réussit si bien. Elle l’a choisi pour empêcher que le peuple français ne se réveille, à l’issue de la calamiteuse présidence Hollande, de sa mortelle dormition.

Elle a donc mis à la disposition de M. Personne trois moyens d’action essentiels pour gagner une élection en Occident : le pouvoir de l’argent, le pouvoir des médias et celui des juges. Trois pouvoirs qui marchent de concert : l’argent achète les médias et les juges agissent avec les médias. Trois pouvoirs qui ont transformé, en quelques mois, l’ambitieux banquier devenu ministre en candidat à l’élection présidentielle.

Parce qu’en France nous ne vivons plus en démocratie, mais sous un régime de post-démocratie.
Le pouvoir de l’argent au service de M. Personne

La post-démocratie ne repose plus sur le principe « un homme = une voix » comme autrefois, mais sur le principe « un euro = une voix ».

Le pouvoir de l’argent a permis au jeune M. Personne de créer en quelques mois un mouvement de toutes pièces. L’argent lui permet de mobiliser les meilleurs cabinets de communication pour peaufiner sa stratégie, son style, sa com. L’argent lui permet d’être visible partout et de louer les plus belles salles pour tenir ses meetings. L’argent lui permet aussi d’acheter les bons sondages.

Comme l’avouait sans fard Jérôme Fourquet, directeur du Département opinion publique de l’institut de sondage IFOP à l’émission C dans l’air : « On a installé progressivement qu’il [Macron] pouvait être au second tour » de l’élection présidentielle (1).

L’argent a permis la promotion de la marque Personne comme on le ferait de n’importe quel autre produit de marketing. Dommage que l’on s’en aperçoive.

Le pouvoir médiatique au service de M. Personne

En post-démocratie le pouvoir passe aussi par les médias. Les médias mainstream, publics ou privés, ne sont plus des contre-pouvoirs mais des rouages du pouvoir. Car l’onction médiatique sert à préparer dans l’opinion l’élection politique.

Les médias mainstream appartiennent aux puissances d’argent en France et c’est pourquoi, au classement de Reporters Sans Frontières sur la liberté des médias, notre pays se trouve en 2016 en 45e position derrière… le Burkina Faso, le Bostwana et Trinité et Tobago…

Soumis au pouvoir de l’argent, les médias mainstream ont donc fait la promotion permanente du candidat Personne : ils ne parlent que de lui, ne le critiquent jamais et ne lui posent aucune question qui pourrait le mettre en difficulté. Avec M. Personne, on ne risque pas de voir une Christine Angot venir l’invectiver sur un plateau télévisé. Et même la revue L’Histoire trouve une occasion de donner la parole au candidat Personne (2) ! Pas aux autres évidemment.

Les journalistes et les éditorialistes ont tous bien mérité de M. Drahi : la propagande médiatique pro-Personne est totale, omniprésente et manifestement tout sauf spontanée. Dommage qu’on finisse par s’en rendre compte.

Le pouvoir des juges au service de M. Personne

La post-démocratie se caractérise enfin par le gouvernement des juges, c’est-à-dire par la soumission des législateurs amovibles au diktat des juges inamovibles et idéologisés.

Les élections présidentielles de 2017 voient ainsi pour la première fois dans notre pays l’intrusion délibérée du gouvernement des juges dans le processus électoral lui-même, au mépris de la traditionnelle période de « réserve républicaine ».

L’opération avait pour nom de code Pénélopegate. Car ces juges, tous plus « indépendants » les uns que les autres, ont pour mission de mettre des bâtons judiciaires dans les roues de l’obstacle politique principal à l’élection du candidat Personne : François Fillon.

Car les sponsors d’Emmanuel Personne ne veulent qu’une chose : qu’il se retrouve au second tour face à Marine Le Pen, pour ensuite espérer bénéficier, comme le pitoyable Chirac en 2002, du déchaînement de la tempête médiatique contre la candidate issue du Front national. L’extrême gauche, c’est-à-dire le service action de l’oligarchie, s’y prépare déjà avec entrain, comme on l’a vu à Nantes ou à Bordeaux.

Le Monsieur Va-tout de l’oligarchie

L’oligarchie joue en réalité son va-tout sur M. Personne. Après le vote britannique pour le Brexit, l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis ou le rejet du référendum de Matteo Renzi en Italie, l’oligarchie ne cesse en effet d’accumuler les déconvenues en Occident. Il ne faudrait pas que le peuple français sorte au surplus de sa léthargie en 2017 !

C’est pourquoi l’oligarchie fait de très gros efforts pour promouvoir M. Personne et aussi pour tenter de cacher ses lacunes, de plus en plus visibles. Car le marketing ne suffit pas à faire un homme d’Etat crédible. Dommage que l’on commence à s’en apercevoir.
Personne et M. Bulle

Personne pensait ainsi se soustraire à l’obligation de présenter un programme cohérent : des formules bien choisies par Proxem pour séduire les gogos et les banlieues devaient suffire.

Pour l’oligarchie, le programme importait peu, en effet : puisqu’au sein de la zone euro, les présidents ne président pas plus que les gouvernements ne gouvernent. Simples mandataires des lobbies et de l’oligarchie, ils ne font que ce qu’on leur dit de faire ou de ne pas faire.

Grave erreur de perspective, car le peuple veut aujourd’hui des gouvernants qui gouvernent !

Dommage pour l’oligarchie. Dommage surtout pour Emmanuel Personne qui risque de rester ce que l’on a fait de lui : une bulle financière et médiatique.

Michel Geoffroy, via Polemia

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