25 mars 2017

La transversale des fureurs ultimes


D’une façon très caractéristique, notamment après les accusations de Fillon contre le président-poire et son “cabinet noir” qui sont comme une réplique tectonique-mais-ironique des accusations de Trump contre Obama sur les écoutes téléphoniques, de plus en plus de remarques de nos commentateurs (Système ou pas), souvent venues naturellement et sans élaborer, rapprochent l’élection présidentielle française France-2017 de USA-2016. Sans nous attacher une seconde aux noms cités parce que l’analogie n’est en rien à ce niveau, on peut constater qu’il y a évidemment nombre de facteurs de rapprochement dans la perception des deux événements : l’agitation populiste et la mise en cause de l’establishment, la difficulté voire l’impossibilité d’écarter la polémique des “affaires“ au profit du “débat de fond“ sur les programmes, puisque paraît-il les “programmes” sont importants jusqu'à constituer le fond des choses; d’une façon générale et plus décisivement, la sensation de se trouver dans le cours furieux et inarrêtable d’un événement à la fois sensationnel et exceptionnel, sans précédent pour chacun de ces pays.

Peut-être y a-t-il à cause de la chronologie quelque chose de plus du côté français, qui assimilerait ainsi les leçons du “modèle américain” : la sensation de plus en plus forte que, quel que soit l’élu, le climat général de pessimisme et la situation catastrophique persisteraient, sinon sous différentes formes selon l’élu, mais de toutes les façons dans le sens d’une aggravation dramatique vers une situation correspondante à celle de la “guerre civile” aux USA, qui s’énoncerait plutôt comme une “crise de régime” en France. C’est certainement ce que nous a montré l’élection de Trump, vu par ses électeurs comme une sorte de Grand Transformateur, – ou, vu différemment, le Grand Détonateur, – et cela qui pouvait d’ailleurs être appréhendé lors de la campagne USA-2016, dès le début des primaires US en janvier 2016 ; l’impression que, dans tous les cas, l’élection du 8 novembre 2016 ne réglerait rien, que ce ne serait qu’un début :

« Ainsi s’ouvre une partie formidable, dès la semaine prochaine où, avec les premières élections primaires (Iowa et New Hampshire), on va pouvoir mesurer dans les vérités-de-situation la position exacte des uns et des autres, et particulièrement, bien entendu, de Sanders et de Trump. Il ne faut pas voir “cette partie formidable” selon l'hypothèse de la seule perspective du pouvoir suprême aux USA mais, d’une façon complètement différente, dans l'hypothèse de la prospective obligée de la situation générale de la Grande Crise du Système. Si un Trump ou un Sanders est élu, il nous paraît impossible, selon notre appréciation, que les contrecoups de cet événement formidable, – l’élection d’un président chargé de l’image d’un antiSystème au cœur du Système, – en restent au seul changement de président et aux spéculations qui l’accompagneraient, c’est-à-dire à des discussions de programme, à des changements même spectaculaires des politiques. L’événement une fois accompli si c’est le cas secouera aussitôt tout le système de la communication comme un formidable bouleversement sismique ; avec les USA eux-mêmes et dans une mesure et selon des modalités inconnues, c’est tout le Système lui-même, c’est-à-dire le bloc-BAO, c’est-à-dire toute la modernité elle-même et par conséquent notre civilisation, et cela quoi qu’en veuille au départ le président élu, qui seront touchés de plein fouet. Les conséquences seront imprévisibles, inattendues et nécessairement considérables. » (Voir dedefensa.org le 30 janvier 2016. [Voir aussi le 11 août 2016.)

Pour autant, cette ère nouvelle n’empêche absolument pas des péripéties parfois singulières, parfois contradictoires, qui nous montrent que la tactique est une chose qui doit être interprétée, au contraire de la stratégie qui ne peut se dissimuler pour ce qu’elle est… On s’attardera d’abord à ce que nous pouvons identifier comme deux circonstances à la fois extraordinaires et significatives de ces derniers jours à Washington D.C. 

Défaite de Trump ?

Il y a d’abord l’épisode de la nouvelle loi de sécurité sociale destinée à remplacer le catastrophique Obamacare, ce qui fut une des principales promesses de campagne de Trump. La loi élaborée en remplacement, ironiquement baptisée par certains Obamacare-2.0, et qu’on retiendra finalement sous le surnom de Ryancare, du nom du Speaker de la Chambre (Paul Ryan) qui mena la bataille (perdue) pour la faire voter, – ce surnom montrant l’intention de certains de faire porter toute la responsabilité de la défaite par Ryan et nullement par Trump. Pourtant, Trump a complètement approuvé l’effort de Ryan, par ailleurs créature complète de l’establishment qui s’opposa à Trump plus qu’à son tour lors de USA-2016.

Dans ce cas, Trump a joué double jeu, extrêmement visible, un peu brouillon et pêchant par une trop grande assurance. Il a soutenu Ryancare et il a ainsi essuyé une défaite sévère, Ryan ayant été obligé de repousser le vote de la Chambre à deux reprises parce que la majorité républicaine n’est pas prête à la suivre et stagnant aujourd’hui dans cette impasse. Le Freedom Caucus, qui rassemble dans le parti républicain les populistes proches de Tea Party, ne veulent rien entendre parce que cette loi massacre une fois de plus ce qu’il reste de la classe moyenne. Si l’on ajoute leur opposition à celle des démocrates, opposés à Ryancare parce que viscéralement anti-Trump sur quelque matière que ce soit, la loi ne passe pas.

Ce qui est intéressant dans cet épisode, aussitôt labellisé “une défaite de Trump” par tous les porte-voix européens de la presseSystème, c’est que le Trump dont il est question trahit le Trump de la campagne USA-2016, justement celui que hait l’establishment (et la susdite presseSystème européenne). Trump soutient Ryancare parce que la loi fait, encore plus qu’Obamacare, la part si belle aux industries pharmaceutiques, aux assurances et à quelques donateurs importants des républicains, notamment les frères Koch. Dans ce cas, Trump est main dans la main avec le Système.

… Victoire pour Bannon

... Ce qui fait que certains voient dans la défaite de Ryan et de Trump, une victoire de Bannon qui a une solide conception populiste et une assise de jugement, sinon idéologique parce que le terme n’a guère notre faveur mais sans aucun doute intellectuelle, sinon principielle avec ses tendances guénoniennes. C’est ce que nous explique le New York Magazine qui, entre les manœuvres cousues de fil blanc de Trump et l’aveuglement affreusement stupide des démocrates, distingue les conditions de la victoire de Bannon, l’homme qui, plus qu’aucun autre, plus que Trump lui-même, détient la clef interprétative de la victoire de Trump. (On comprendra que ce n’est pas un hasard si Breitbart.News, l’ancien site de Bannon, reprend l’article du New York Magazine.)

« With hours to go before the House is set to (finally) vote on Paul Ryan’s health-care bill, the Trump administration is putting a full-court press on recalcitrant Republicans to rally votes. Last night, the White House sent senior officials including Chief of Staff Reince Priebus, Budget Director Mick Mulvaney, and Chief Strategist Steve Bannon to Capitol Hill to deliver an ultimatum to wavering House members: Pass the bill or Trump is moving on to other priorities. The message was intended to put blame for a failed vote on Congress.

» The failure to repeal and replace Obamacare would be a stinging defeat for Trump. But it would be an even bigger defeat for Paul Ryan, who has all but staked his Speakership on passing this bill. And in the hall of mirrors that is Washington, the big winner to emerge out of the health-care debacle could be Steve Bannon. That’s because Bannon has been waging war against Ryan for years. For Bannon, Ryan is the embodiment of the “globalist-corporatist” Republican elite. A failed bill would be Bannon’s best chance yet to topple Ryan and advance his nationalist-populist economic agenda.


» Publicly, Bannon has been working to help the bill pass. But privately he’s talked it down in recent days. According to a source close to the White House, Bannon said that he’s unhappy with the Ryan bill because it “doesn’t drive down costs” and was “written by the insurance industry.” While the bill strips away many of Obamacare’s provisions, it does not go as far as Bannon would wish to “deconstruct the administrative state” in the realm of health care. Furthermore, Bannon has been distancing himself from the bill to insulate himself from political fallout of it failing. He’s told people that Trump economic adviser Gary Cohn — a West Wing rival — has run point on it. (Bannon did not respond to a request for comment.)

» Whether or not the bill passes, Ryan has been weakened, the pro-Breitbart Freedom Caucus has been emboldened. It’s hard to see how the Republican health-care civil war hasn’t been a boon for Bannon. »
Watergate-2.0 ?


La deuxième circonstance s’est déroulée en séquences diverses depuis mardi, dans cet assourdissant silence dont a le secret notre presseSystème chargée de nous tenir au jour le jour au courant de notre belle perspective postmoderne. Il s’agit de la révélation venue du président de la commission sur le renseignement de la Chambre, Drevin Nunes, un républicain certes, selon laquelle il semble bien que des membres de l’équipe-Trump de l’élection USA-2016, sinon Trump lui-même, aient été écoutés durant la campagne ; “accidentellement” dit d’abord Dunes, c’est-à-dire dans le cadre de l’enquête sur la “pénétration russe” de l’équipe Trump ; mais que signifie cet “accidentellement” si l’on tient compte du fait, qui devrait être avéré pour qui a suivi la campagne, que cette “pénétration russe” de l’équipe Trump est un simulacre complet, un argument-bidon, un acte de “complotisme“ d'une grossièreté à ne pas croire, pour dissimuler l’extrêmement grossière corruption du comité directeur des démocrates ?

(Les commissions du renseignement de la Chambre et du Sénat sont les plus secrètes du Congrès. Seulement 1% des parlementaires, – les membres des commissions et les dirigeants des chambres et groupes parlementaires, – partagent les informations que les deux commissions recueillent lors d’auditions à huis-clos, essentiellement auprès de représentants de l’IC [Intelligence Community]. Une parole publique d’un président d’une telle commission représente la déclaration la plus informée et la plus “autorisée” qu’on puisse effectivement imaginer.)

Ce qui est remarquable dans le cas de Dunes, c’est qu’il a recueilli ces informations directement, à partir d’une “fuite” d’un membre de l’IC (Intelligence Community), qu’il en a fait état publiquement avant de s’en aller informer le président. Cela lui a valu une attaque hystérique des démocrates, qui lui ont reproché, au point de demander sa démission, de ne pas en avoir informé le reste de la commission avant d’aller voir le président. Les démocrates, toujours en mode hystérique, si souvent attachés à attaquer le message plutôt qu’à étudier la substance du message que porte ce messager… Cette substance, c’est que ce message tend à crédibiliser fortement les affirmations de Trump selon lesquelles il avait été écouté durant USA-2016 (“Watergate-2.0”) pour le bonheur de son scintillant prédécesseur, ce qui avait valu à Trump une avalanche extraordinaire de sarcasmes, de marques de mépris, de dénonciations hystériques et ainsi de suite… 

…Euh oui, “accidentellement”

Ne nous attardons pas à affirmer déjà la substance de cette “affaire” qui ne fait que confirmer le climat de “guerre civile” régnant à Washington D. C. comme dans le reste des USA. En attendant, on voit bien dans quel sens évoluent les choses, à savoir que chaque jour confirme les rumeurs de pression, de “coup silencieux”, d’hystérie de l’“opposition” anti-Trump & Cie, d’incertitude de la conduite des affaires par le président Trump... En attendant (suite), on découvre un “héros” inédit, un antiSystème de fortune mais diablement efficace, Devin Nunes, puisqu’il tient la position d’un relais direct d’un “lanceur d’alerte”, comme si un Snowden-2.0 lui passait directement des informations et qu’il en fasse état, avant de lancer une investigation sur le cas.

Ainsi donc, comme l’écrit Publius Ticitus dans le Sic semper Tyrannis du colonel Lang, ex-DIA, le 25 mars 2017 : « Devin Nunes, the Chairman of the House Intelligence Committee, is either a hero or mentally deranged. The Democrats are opting for the crazy diagnosis. I believe he is a hero. Mr. Nunes received information earlier this week from a whistleblower, but not you typical whistleblower. The “normal” whistleblower takes information, usually classified, to a member of the press in order to bring attention to wrong doing or lies by the government. He or she goes outside of channels. In this regard the Nunes’ whistleblower is different. This person passed classified material to a person cleared for the classified material, i.e. Nunes.

» Nunes was shown information that had been withheld from the House and Senate oversight committees. His reaction upon receiving the material is telling. He clearly was shocked by the proof that intelligence reports containing the names of Trump campaign officials had been produced and disseminated to in violation of normal protocols. You simply do not put the name of a U.S. citizen in an intelligence report. It is supposed to be "minimized." In other words, masked. Our principal foreign intelligence agencies – NSA, CIA, DIA and National Geospatial-Intelligence Agency – are supposed to collect on foreigners.

» What Nunes is reporting is that some of the information that these agencies collected included the names of private American citizens and, instead of masking the names, those names were printed. Then came the leaks. While the collection of the names is described as "incidental," this was far from benign. It was deliberate– get intelligence into the public domain that would discredit Trump and put pressure on him to resign. It did not matter whether the info was true. The objective was to damage the Trump brand and create enough questions about alleged ties to Russia that he would feel pressure to resign.


» I am certain of one thing – there will be more information coming out today that will buttress the claims Nunes made earlier this week. This could be the start of the worm turning and former member of the Obama intelligence community and White House staff could find themselves facing legal peril. That would shift the narrative. »
 
La parallèle France-2017

Nous en venons, ou revenons, à France-2017... On a vu plus haut, et avec bien des raisons selon nous, combien le sentiment général on dirait “objectif” comme si tout le monde s’entendait sur une vérité-de-situation, c’est le caractère complètement inédit de la présidentielle France-2017, mais en corrélation quasiment directe avec la campagne USA-2016. Il y a des analogies précises qui justifient cette approche, y compris des analogies de jugements très sévères qui s’emploient à mettre en évidence ce qui serait un caractère détestable commun aux deux événements.

On citera comme exemple de ce cas David Desgouilles, interviewé dans Figaro-Vox le 24 mars à propos de L’émission politique de France-2 de la veille :

« Qu[’est-ce que cela dit] de l'évolution de la politique et des médias en France? La comparaison avec la campagne Clinton Trump vous paraît-elle pertinente? »

« Nous vivons la campagne la plus grotesque de toute l'histoire de la Ve République. Les protagonistes, évidemment, y participent activement mais son orchestration par certains médias, comme France 2 hier soir, en rajoutent avec un cynisme destructeur pour le niveau du débat public. Il n'y avait qu'à voir la satisfaction de Messieurs Pujadas et Rissouli lorsqu'ils ont annoncé le record de tweets suscités par leur émission.

» Aux Etats-Unis, le président Trump a fait campagne avec Twitter et il préside aujourd'hui avec ce mode de communication. La campagne s'est jouée en partie en faisant de la mousse sur les réseaux sociaux. Je ne connais pas assez les Etats-Unis pour répondre précisément à votre question mais ce que je peux répondre, c'est que le niveau du débat public français actuel ne nous autorise pas à nous moquer des pratiques en vigueur de l'autre côté de l'Atlantique. Surtout après l'émission d'hier soir. »

Ces jugements sont justifiés pour les faits apparents qui sont effectivement le signe d’une situation épouvantable et, dans un certain sens, extrêmement déplorable et méprisable ; mais ils ne disent rien de la profondeur de l’analogie, notamment sur la similitude des situations psychologiques et sociétales conduisant à de tels effets sur la politique. Selon cette même logique impérative de la similitude, il doit être envisagé que la situation française a de grandes chances (!) de dupliquer la situation américaine après le 8 novembre 2016, c’est-à-dire l’entrée, ou plutôt l’élargissement de la situation à des événements du type d’une quasi-“guerre civile” au niveau de la communication et de l’agitation intérieure qui y correspond.

Le Pen à Moscou


Le voyage de Marine Le Pen à Moscou (il y a deux jours) et sa rencontre avec Vladimir Poutine nous paraissent s’inscrire dans cette problématique. Il y a un commentaire extérieur (non-français) intéressant, parce que sorti du contexte écrasant d’emportement et de médiocrité des batailles internes et franco-françaises ; il est d’Alexander Mercouris, commentateur de haute tenue, expérimenté et favorable conditionnellement à Poutine, et à Le Pen d’une certaine façon, dans les deux cas selon des argumentations extrêmement structurées et sans la moindre concession démagogique. Mercouris juge cette visite de Le Pen comme “très risquée” et comme “extraordinairement courageuse” (d’un point de vue électoral) :

« Marine Le Pen was in Moscow at the invitation of the State Duma. Her decision to travel to Moscow during the election and to meet with Putin there is however an extraordinarily brave one, since it is bound to open her up to more charges that she is Putin’s stooge. As it is Le Pen – like Donald Trump during the US election, but far more trenchantly and far more consistently – has repeatedly made known her support for good relations between France and Russia, has repeatedly spoken of Crimea as part of Russia, and has made crystal clear her opposition to the sanctions the EU has imposed on Russia. »

Mercouris ajoute que la stratégie choisie par Le Pen en allant voir Poutine, vise éventuellement à se concilier les votes des agriculteurs français qui soutiennent une levée des sanctions contre la Russie (cela au détriment de Fillon, juge Mercouris) : « If so then it is a high risk strategy, but with Marine Le Pen battling against heavy electoral odds, it is clearly one she is prepared to risk. »


Nous serions assez proche de cette appréciation de Mercouris mais nous aurions une explication plus précise, quoique n’allant pas nécessairement dans le sens qu’il suggère, d’un point de vue tactique et à condition d’aménager le terme “stratégie” pour un terme plus long que l’élection. Lorsque Mercouris écrit que Le Pen “se bat contre de très fortes résistances électorales”, et que pour les vaincre, elle a choisi une “stratégie à haut risque”, nous pourrions orienter la même logique selon une approche un peu différente, et tactiquement très différente.

Nous avons déjà suggéré que Le Pen est extrêmement préoccupée par la situation qu’elle affronterait si elle était élue. D’une certaine façon, cette “stratégie à haut risque” que suggère la rencontre avec Poutine pourrait être appréciée également comme étant une façon de réduire ses chances de l’emporter sans paraître ne rien céder ni laisser croire à un tel dessein, et tout en affirmant une stature internationale pour l’après-7 mai. Cela reviendrait à écarter une victoire dont elle ne saurait que faire en se préparant à d’autres événements.

(D’un point de vue politique rationnel prenant en compte les considérables difficultés qu’elle affronterait si elle était élue, la meilleure issue pour Le Pen serait, selon notre point de vu, d’être battue avec un pourcentage maximal [plus de 40%], ce qui la mettrait dans une position de quasi-non-représentation démocratique selon le système électoral et les coalitions “républicaine” de ses adversaires pour stopper le FN à tout prix, alors qu’elle représenterait près de la moitié des Français, – une situation politique quasiment intenable pour le nouveau président… Cela, en attendant 2022, ou bien avant, et même bien avant…)

Bien entendu, le cas Le Pen n’est ni unique ni exceptionnel. On le cite parce qu’il est, justement, exemplaire d’une situation générale, à cause de sa propre position, de ses conceptions, etc. Ce qui importe, c’est la situation générale que le cas cité illustre, c’est-à-dire les événements eux-mêmes.

La pensée d’une “crise de régime”

Il nous semble que c’est cette évidence de l’inéluctabilité des événements qui pèse sur les psychologies des commentateurs et des acteurs politiques, et par conséquent sur leurs jugements, pour les conduire à des appréciations aussi sombres que celles que nous devinons ou, même, qu’il nous arrive d’entendre. (En France, dans ces émissions où revient l’idée d’une “crise de régime” : « Atmosphère de complète dissolution, d’entonnoirs tournoyant, de sens-dessus-dessous d’où pourrait bien sortir l’inattendu, une Vérité Première comme les flammes de l’enfer, un Asselineau comme une crise de régime. C’est vrai ça, lors de cette émission où l’on entendit la Merluche chuchoter, ils étaient nombreux, les commentateurs-journalistes, à se tailler le bout de gras à propos d’un troisième tour en forme de “crise de régime”... »)

Ainsi se justifie l’analogie, pour les deux pays cités qui occupent une place importante, quels que soient leurs avatars et leurs rapports avec la pression dominante d’inversion qu’exerce le Système, dans l’arrangement politique général, ou du bloc-BAO si l’on veut… Notre appréciation générale revient à ceci que, si la situation post-8 novembre n’était pas si grave aux USA, avec le parcours chaotique de Trump et le chaos régnant à Washington D.C., l’atmosphère à Paris pour l’élection France-2017 ne serait pas aussi morose, sinon terrifiée dans certains cas. Il y a une logique commune de ces très-grands événements qui dépassent toutes les spéculations politiques, tous les actes des acteurs-figurants de la chose ; dans cette logique-là, il est strictement impossible, sinon impensable, et malgré toute la bonne volonté humaniste, d’accorder à ces acteurs-figurants la capacité de peser de quelque façon importante que ce soit sur ces événements… Ainsi, d’ailleurs, peuvent-ils se retrouver du mauvais côté (Système) même quand on a l’habitude de les classer du bon côté (antiSystème); comme Trump qui, dans le cas de Ryancare, a pris le parti de tout ce qu’il avait juré de combattre durant sa campagne USA-2016, – pour être battu d’ailleurs, et sévèrement, avec le paradoxe de voir le parti républicain par le biais de sa minorité ultra-conservatrice jouer à l’antiSystème pour cet épisode !

… Car l’observation la plus remarquable qu’on obtient de ce tour d’horizon, et cela correspondant à la séquence métahistorique où nous nous trouvons depuis 2008, 2014 et 2016, c’est le constat de la puissance et de la résilience du courant antiSystème. Le chaos et la souffrance sont sans aucun doute dans la psychologie des êtres et des sapiens, le sens et la vertu principielle sont dans les événements qui les emportent. La presseSystème essaye de suivre tout cela, prompte à rapporter les événements qui importent…

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