15 mars 2017

Combien vaudrait le nouveau franc en cas de sortie de l’euro ?


Bon. Voilà une question que vous êtes très nombreux à me poser. De plus en plus nombreux à me poser même. Et plus nous allons avancer vers les élections, plus cette question sera vraisemblablement prégnante.

Combien, donc, un éventuel nouveau franc vaudrait-il ?

Aurions-nous à faire à un cataclysme financier ?

La France s’effondrerait-elle ?

Entrerions-nous dans un indescriptible chaos monétaire ?

Essayons, à défaut d’avoir raison et de certitudes, de réfléchir un peu à tout cela ensemble.

Premièrement… la valeur du nouveau franc par rapport à quoi ?

Oui, par rapport au dollar ? Au franc suisse ? Ou par rapport à l’euro ? Par rapport à l’euro me diriez-vous, car notre dette est libellée en euros.

Comme je l’ai déjà expliqué, 97 % de notre dette est soumise au principe de la « Lex Monetae ». En clair, nous remboursons notre dette dans notre monnaie. Aujourd’hui, l’euro ; demain, le nouveau franc.

Revenons à nos moutons.

Croyez-vous un seul instant que si un pays comme la France sort de l’euro, l’Allemagne va poursuivre une union monétaire avec des pays encore plus pauvres et encore plus endettés comme la Grèce, l’Italie, ou le Portugal ?

La probabilité que l’union monétaire survive à une sortie de la deuxième économie est très faible, pour ne pas dire inexistante !

Dans une telle hypothèse, le nouveau franc ne serait donc plus coté face à un euro qui n’existerait plus, il ne risquerait donc pas de baisser ! Enfin, notre dette ne pourrait plus être exigible dans une monnaie qui elle non plus n’existe plus !

Le nouveau franc trouverait donc un cours d’équilibre par rapport à d’autres devises. D’abord européennes évidemment mais aussi étrangères, comme le dollar américain… ou le yuan chinois !

Est-ce que notre monnaie baisserait beaucoup par rapport à ces deux devises ?

Sans doute pas trop pour la simple et bonne raison que les Américains, comme les Chinois, jouent tous à déprécier leur devise à intervalle régulier.

Plus clairement dit, ni les Américains ni les Chinois ne laisseraient leur devise trop s’apprécier, ce qui viendrait réduire leurs exportations et donc leur croissance. Pour preuve, ils le font déjà tous ! Des Japonais aux Américains, tout le monde joue à baisser la valeur des devises pour tenter de se créer un avantage concurrentiel.

Deuxièmement… imaginons que l’euro survive à la sortie de la France !

L’Allemagne et les Pays-Bas (qui rêvent de sortir de l’euro) tirent la valeur de l’euro vers le haut. Le très haut même.

La Grèce et Chypre vers les abysses !

L’Italie, l’Espagne et le Portugal tirent, eux, l’euro vers le bas.

La France, traditionnellement, a toujours eu la valeur de son franc entre les pays du Sud et ceux du Nord.

Une zone euro sans la France, qui est la deuxième économie tout de même, mais avec tous les pays du Sud pourrait paradoxalement voir la valeur de sa monnaie euro baisser un peu face à un nouveau franc qui, lui, serait :
– d’une part débarrassé du carcan de l’euro et le spectre de la faillite pourrait s’éloigner car nous pourrions à nouveau battre monnaie ;
– d’autre part, la France étant sortie, il y aurait une énorme prime de risque sur l’euro dont personne ne voudrait car finalement il serait en train de se décomposer !

Au bout du compte, dans un tel scénario, les investisseurs risquent de préférer du nouveau franc d’une France déjà sortie de l’euro, ce qui donne de la visibilité, au risque de détenir une monnaie dont on ne sait pas quel sera le prochain déserteur le lendemain et qui risque d’exploser et de ne plus rien valoir d’un instant à l’autre !

Logiquement, le franc devrait donc… contre toute attente et à rebours de toute la propagande… s’apprécier !

Troisièmement… c’est le retour à chaque monnaie nationale !

C’est le dernier grand cas, imaginons que l’Espagne retrouve sa nouvelle « peseta », l’Italie sa nouvelle « lire », le Portugal son nouvel « escudo » etc., etc., que vaudrait le franc ?

Assez simple !

Comme autrefois !

Le franc vaudrait plus que les monnaies espagnoles, italiennes, grecques, chypriotes ou encore portugaises.

Il vaudrait, comme jadis, moins que le franc suisse, que le nouveau mark allemand ou la future monnaie des Pays-Bas.

Nous aurions vraisemblablement la 3e ou 4e plus forte monnaie d’Europe !

Alors ce ne serait pas le chaos ?

Eh bien il se peut même que contre toute attente, le futur franc, au lieu de voir sa valeur s’effondrer, voit sa valeur augmenter.

Ho, rassurez-vous, cette appréciation serait à mon avis de courte durée, car notre « classe » politique, bien peu élégante, risque de se mettre à aimer immodérément sa nouvelle planche à billets de la Banque de France et risque d’en abuser évidemment.

Pourquoi ? Parce qu’il faudra bien payer la dette.

Et pour payer la dette il n’y aucun secret !

Soit vous imprimez de la monnaie autant que nécessaire, soit vous ruinez les épargnants ! Politiquement parlant, ruiner les épargnants a toujours été moins risqué !

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !

Charles SANNAT

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