25 février 2017

Le «fake World» se rebiffe


C’est la tendance lourde du moment ! La traque aux «fake news», ces «fausses nouvelles» qui inonderaient les réseaux sociaux et tromperaient des citoyens trop crétins pour faire le tri; qui auraient déjà permis l’élection de Trump et menaceraient désormais les bonnes et vertueuses démocraties de la Vieille Europe, la plupart du temps sous l’impulsion coupable de hackeurs ricanant sur des claviers forcément cyrilliques. Toute la volaille médiatique, les géants du web et l’establishment politique ont donc sonné une charge transatlantique de manière parfaitement synchrone (je dis ça je ne dis rien) pour tenter de conserver le monopole de la Vérité. Tout le sel de la chose vient du fait que, globalement, ceux qui jouent ici les vierges outragées sont justement les principaux fournisseurs officiels de fake news planétaires. Le «fake World» se rebiffe.

Du bottom-up au top-down
 
En décembre 2012 nous écrivions : «Face à la montée en puissance prévisible de la contestation, la réaction du Système sera sans surprises: guerres pour les ressources à l’extérieur, criminalisation de la contestation à l’intérieur avec développement de technologies sécuritaires et répressives, contrôle accru des individus ; offensive contre la Toile dissidente par la multiplication de lois restrictives ; bunkerisation des élites prédatrices et, bien sûr, offensive généralisée de la machine à enfumer du Système pour reprendre le contrôle de l’information globale.» (1)

C’est peu dire que de constater aujourd’hui que l’offensive du Système pour reprendre le contrôle de l’information globale bat son plein.

Depuis une bonne décennie, l’accusation de complotisme ou de conspirationnisme de la part de la caste politico-médiatique en place a déjà servi d’anathème ultime pour discréditer tout contradicteur et empêcher toute remise en question des narratives officielles les plus farfelues. De la fable du 11 Septembre (deux avions qui abattent... trois tours) aux fables qui ont justifié l’écrasement de la Lybie ou le soutien aux coupeurs de têtes «modérés» syriens, les fake news sont ainsi devenues une norme absolue dans le paysage audiovisuel atlantiste.

Mais avec l’élection de Trump et le merveilleux conte de l’ingérence russe, cette immense machinerie à écraser toutes les voix discordantes a trouvé un nouveau ressort à même de faire sauter les derniers tabous.

Depuis des mois maintenant, les médias-Système saturent ainsi le paysage de centaines d’articles et d’émissions dédiés aux dangers des fake news, propulsant ce qu’ils estiment être de la «désinformation», du «complotisme» ou du «conspirationnisme» bien au-dessus de Daesh et Kim-Jong-Un sur l’échelle Richter des grands périls menaçant l’humanité. C’est que derrière tout cela, il y a la main de Moscou désormais, qui comme chacun le sait a déjà commencé à envahir l’Europe.

Alors bien sûr, les géants du Net, forcément de bons américains du monde libre, eux, ont répondu présents pour participer à la curée.

Déjà, Google a décrété le blocage de quelque 200 sites accusés de «désinformation» (2) et, de son côté, Facebook planche sur des algorithmes censés trier le bon grain de l’ivraie (3). Quant à Apple, son patron s’est immédiatement joint à la meute en annonçant également des mesures pour réaffirmer le caractère indiscutable de la Vérité venue d’en-haut (4). Une approche top-down assez curieuse pour des entreprises qui font habituellement l’éloge du bottom-up. Mais passons, à la guerre comme à la guerre...

Certains Etats comme la France profitent même de l’hystérie ambiante pour agir au niveau législatif afin de banaliser la criminalisation des opinions «divergentes» (5).

Dans ce néo-maccarthysme ambiant, c’est une fois encore l’im-Monde qui aura battu tous les records d’indécence avec son fumeux «Décodex», un véritable Ministère de la Vérité sensé vous dire désormais qui (et donc quoi) croire.

Le procédé est tellement ahurissant qu’on a, naïfs que nous sommes, encore du mal à y croire. Pensez-donc, un titre-Système connu pour son alignement sans faille aux plus grossières opérations de désinformations atlantistes de ces deux dernières décennies qui ressuscite l’imprimatur ! Il fallait oser. C’est Jacques Sapir qui taille probablement le plus joli costard à cette grossière entreprise dans son billet «Déconnant Décodex» (6).

Certes, on pensait bien que dans cette grande offensive pour empêcher les peuples de penser en dehors des clous, les merdias d’Etat se verraient accorder toutes les licences et tous les budgets nécessaires.

On imaginait pourtant que la campagne d’intoxication serait menée avec un peu plus de subtilité, un peu plus de finesse. Mais encore une fois à la guerre comme à la guerre, car le temps presse. Partout dans un vieux monde occidental laminé par l’hystérie d’un capitalisme terminal aux accents de plus en plus totalitaire, la grogne monte et le fossé s’élargit à vue d’œil entre les peuples et l’internationale globaliste-progressiste qui fait semblant de les représenter.

«Le vieux monde se meurt, le nouveau tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres», disait Antonio Cramsci. (7)

Mis en ligne par entrefilets.com le 23 février 2017

1 2013, l’éveil et la confrontation

2 Google bloque 200 sites diffusant des fausses informations

3 Facebook annonce des mesures pour lutter contre la désinformation

4 Le PDG d’Apple veut lancer des outils pour lutter contre les «Fake News»

5 Le cas le plus récent est celui qui touche à l’IVG si chère aux progressistes-sociétaux de notre contre-civilisation. Les députés français viennent en effet d’accepter un projet de loi qui vise à permettre la fermeture de sites Internet qui porteraient «des allégations ou une présentation faussées» pour en réalité dissuader des femmes enceintes de recourir à une IVG. «Une présentation faussée» donc..., fameux critère s’il en est.

6 Déconnant «Dédodex»

7 Antonio Cramsci

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