07 février 2017

I lictor, adliga ad palum!



L’air de rien, tranquillement, sans à-coup, dans les brumes indistinctes d’un crépuscule blafard, la « Droite Républicaine », comme ils disent, se fait éjecter du jeu démocratique. L’ami Culbuto, sur un coup de génie passé un peu inaperçu, l’avait bien annoncé: « le changement c’est maintenant »! Un visionnaire, le mec: après avoir détruit son Parti Socialiste, ce dont la postérité lui saura gré un jour ou l’autre, il assiste, plus ou moins goguenard et sarcastique, au naufrage des vieux frères ennemis, « Les Républicains » ou « Les Ripoublicons » si vous préférez.
Un vrai désastre! Les pauvres, ils s’y voyaient déjà! Et ceux, genre Ciotti, qui s’étaient gourés de canasson, s’empressaient de récupérer le bon ticket afin de transférer leur mise sur l’outsider arrivé premier au poteau. En fait de poteau, il s’agissait de celui d’exécution… « I lictor, adliga ad palum! » (1) comme on disait dans les grammaires latines de mon enfance, en cinquième, voilà près de soixante piges… Mince alors! Plus personne, sans doute, n’a conservé pareille réminiscence au fond de sa cervelle torturée, la culture du Rap et du Slam ayant définitivement supplanté les « Humanités »… Cicéron n’emmerde plus les petits potaches trop occupés à surfer sur ces putains de smartphones et autres tablettes magiques. Dommage…quoique, foutus pour foutus, autant qu’ils prennent leur plaisir là où ils le trouvent, nos petits jeunes, au regard de ce que l’avenir, hélas, leur réserve ce sera toujours ça que les Imams n’auront pas.

Je vous disais donc « le changement c’est maintenant »; hé oui: plus de socialos, plus d’UMP (enfin l’autre machin, quoi), finis, foutus, fourbus, dézingués tous les deux les vieux mastodontes traditionnels qui nous trustaient les élections depuis un paquet de décennies. Ça y est, voilà que ça se recompose sans crier gare, tout à trac, juste avec un petit coup de Fillon et une dose massive de Pénélope. Un candidat écrabouillé comme merde de chien sous un soulier de Black-Bloc, à droite et une espèce de ludion ahuri, complètement hors-sol, à gauche…et les nominés sont: Macron et Le Pen! Les nouveaux mammouths de la politicaillerie hexagonale! La seconde on la voyait venir depuis un sacré bail, bien aidée par Mousident qui rêva longtemps de l’affronter au second tour, ce fada! Mais le premier c’est vraiment le perdreau de l’année qui a évité par miracle la gerbe de plomb. Du coup il poursuit son envol comme un grand le canaillou, et apparemment ça arrange plein de monde si l’on en juge par le battage médiatique qu’il suscite, cet oiseau-là. La coqueluche des media et l’enfant chéri des baisés de la Gauche centripète ainsi que des paumés de la Droite mollassonne: Micron, Macroncron, Macronmagnon, Macronmignon, Potimacron, enfin comme vous voudrez, voilà le personnage qu’on veut à tout prix nous coller comme big boss! Une espèce de Général Boulanger de notre époque miteuse, jeune, beau et réputé super-intelligent, démerdez vous avec ça!
A tel point qu’on nous fait passer tous les jours les clichés les plus repoussants possibles de ses adversaires: Marine, son air revêche et ses rides incrustées, Méluche avec son dentier trop grand et ses yeux injectés de gros rouge qui tache, Hamon arborant niaisement sa coupe de crétin alpestre par dessus ses yeux hallucinés…Et à côté de ça le joli petit candidat rotschildisé avec sa silhouette racée, ses beaux yeux, sa peau de pêche, ses costards sur mesure, impeccables! Comme on dit vulgairement: « y a pas photo »…enfin si justement, il y a mais c’est fait pour. Tout cela semble tellement cousu de fil blanc qu’on pourrait dores et déjà lui filer le poste au jeune premier, ça gagnerait du temps et un paquet de pognon.

Il faut donc se faire une raison, mes amis, une page se trouve bel et bien tournée, Gauche et Droite traditionnelles ont sombré dans l’opprobre et le ridicule, alors même que, de toute façon, ce qui les rapprochait finissait par apparaître bien plus important que leurs divergences quelque peu artificielles. L’électeur, désormais, conscient ou non, s’intéresse au clivage beaucoup plus actuel qui distingue les mondialistes à tendance bobo, aux franchouillistes à base populo-prolo. En gros les rupins des beaux quartiers sans immigrés et les pauvres des hachloums infestés. Alors me direz vous, les premiers succomberont forcément sous le nombre des seconds et la cause semble donc entendue…voire…

Le problème réside dans la passivité et dans la veulerie du corps électoral, toujours prêt, quoi qu’on en dise, à voter pour celui qu’on lui désigne et, par ailleurs, pétochard comme un lapin de garenne. En outre, si les partis dits « de gouvernement » s’en vont en quenouille, ce n’est pas pour autant que les blocs de « sensibilité politique » ont disparu. Ainsi le bloc de gauche, avec ses quarante pour cent incompressibles et le ventre-mou des centres gauche et droit, grosso-modo vingt pour cent, existent-ils toujours assez pour se regrouper au second tour sur l’adversaire de Le Pen. Je vous donne rendez- vous le 1er Mai 2017 au matin, vous pourrez constater, face à l’exceptionnelle ampleur des défilés, l’effet des pesanteurs socio-économico-syndicalo-politiques. Compte tenu du bourrage constant que subiront nos pauvres crânes au cours des trois prochains mois, je ne vois pas comment l’ex-petit-conseiller de Culbuto pourrait nous faire moins de cinquante-cinq à soixante pour cent au second tour de la présidentielle.
A l’heure où je mets sous presse nous pouvons donc estimer pour le moins à neuf chances sur dix la probabilité que nous nous farcissions cette espèce de Rastignac à la sauce Bercy comme prochain chef de l’État. A force de dire qu’on est foutu, je vous prie de croire, pour le coup, que nous laisserons ainsi passer notre dernière chance de nous tirer un tant soit peu du bourbier où nous ont enfoncés les salopards à qui nous confions depuis plus de quarante ans le soin de gouverner le pays. Pour nous y engloutir définitivement vous pouvez faire confiance à Macronou, on ne sait pas encore très bien comment il s’y prendra vu qu’il se montre plutôt avare de précisions sur ses véritables intentions, mais je puis vous garantir qu’il y parviendra sans problème, il est doué le garçonnet!

Alors, et c’est là que l’affaire tourne au comique, le seul qui pourrait peut être arrêter le morveux dans sa « En Marche » triomphale, reste ce grand couillon de Bayrou. Même avec une capacité de mobilisation un peu riquiqui, il serait bien capable, le bégayeur, de lui piquer quatre ou cinq pour cent de vieux centristes pas très regardants sur la qualité du produit. Du coup ça lui couperait les ailes au perdreau et, pour peu que le comique issu de la « Belle Alliance Populaire » en reprenne encore un chouïa à ce guignol de Méluche, on se retrouverait avec un second tour Hamon/Le Pen…auquel cas ça changerait drôlement de musique: quarante pour cent d’abstentions au bas mot et une chance très sérieuse de voir débarquer la mère Tapedur à l’Elysée! Seulement, voulez vous que je vous dise? Le retour du Béarnais prodigue je n’y crois guère. Vu les sommes et l’énergie dépensées par… va savoir qui… pour assurer l’élection du bel Emmanuel, il ne pèsera pas lourd le vieux schnock, à croire qu’il tente le coup juste pour faire un peu monter les enchères!
Et, d’ailleurs, sans vouloir sombrer dans le complotisme, je vois tout de même sous l’affaire Pénélope, la marque d’un plan savamment préparé par des professionnels de l’arnaque politique. On nous a drôlement couillonnés, faut reconnaître, en nous laissant choisir, comme des cons, le chevalier blanc aux gros sourcils broussailleux! Il fallait le faire, ça, de le laisser s’installer dans sa position de monarque quasi-intronisé et puis de lui cisailler les jarrets au moment ou personne ne s’y attendait, trop tard pour trouver une position de repli, avec pour toute perspective la candidature par raccroc d’un vieux repris de justice dont personne ne voudrait plus désormais, même à usage de pissotière. Pour faire le lit du jeune mari de dame Brigitte on ne pouvait s’y prendre de manière plus habile…alors ce pauvre Bayrou, dans tout ça, il me paraît compter autant que roupie de sansonnet!

Bon, que voulez vous que je vous dise moi? Bien sûr, me sachant pessimiste invétéré vous pourriez penser, par exemple, « voilà encore cet emmerdeur de Nouratin qui vient nous casser le moral en collant une grosse couche bien épaisse de goudron sur le tableau noir ». Ou bien encore « ne croyez pas cet animal, depuis le temps qu’il prétend que nous serions foutus, comme vous pouvez le constater nous sommes toujours là, l’œil vif et le pied ferme ». Bon, et vous auriez peut être raison, après tout, je le souhaiterais même vivement, n’était le principe avéré qu’afin de s’épargner de cruelles désillusions mieux vaut éviter de croire au Père Noël. Pensez donc à ce pauvre bougre injustement condamné à Messine (sans pêcher la sardine) par ce salaud de Verrès, un magistrat corrompu, pire qu’un Social-Démocrate de Bucarest, un spécialiste du détournement de fonds publics à côté duquel l’époux de Pénélope passerait pour un parangon de vertu. Le malheureux innocent croyait échapper au supplice en excipant de sa qualité de citoyen romain, c’était mal connaître le Verrès en question qui, pour toute réponse, vociféra le fameux « I lictor, adliga ad palum! » Et le type se morfla une flagellation gratinée avant de se retrouver agonisant sur la croix…ça se faisait beaucoup à l’époque de Cicéron…
Ben nous c’est pareil! Nous pourrons toujours gueuler comme quoi nous sommes des Citoyens Français, et même voter, pour aller jusqu’au bout du raisonnement, eh bien nous aurons quand même Macron, faut pas se faire d’illusion: I lictor…Désolé…

Tenez le coup René, nous sommes avec vous!

Bonne semaine à tous.

Et merde pour qui ne me lira pas.

NOURATIN

(1) Va licteur, attache le au poteau (Cicéron- Verrès)

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