12 février 2017

Histoire du Nouvel An


Babylone Antique

Lorsqu'on visite la partie mésopotamienne du musée du Louvre, on peut observer derrière une vitre deux rouleaux d'argile de l'antique Babylone. La traduction française explique que le Nouvel An était la fête principale des babyloniens durant laquelle les prêtres de chaque cité entraient dans leur temple et emmenaient en procession leur Dieu tribal vers le temple principal de Tammouz à Babylone. Ce jour était marqué par des rites orgiaques et sexuels qui n'étaient pas suivis par les hébreux dont l'année commençait en mars avec l'arrivée du printemps et des semences.
Égypte antique

En Égypte antique, le Jour de l’an est le premier jour du calendrier, soit le premier jour du premier mois de la saison de l’inondation des cultures par le Nil : le I Akhet. Le I Akhet correspond symboliquement à la crue du Nil, même si ce n'est pas toujours le cas car le calendrier de l'Égypte antique se décale chaque année. Ainsi, cette date porte en elle une forte connotation de renouveau bénéfique, la crue du Nil étant vitale pour les Égyptiens car elle dépose sur les cultures le limon qui laisse présager de bonnes récoltes.

C’est symboliquement à la date du Jour de l’an (an VII du règne de Thoutmôsis III) qu’Hatchepsout proclame son « couronnement » sur les parois du temple de Deir el-Bahari). En fait, il a réellement eu lieu entre le II Peret 1 et le IV Chemou 30, soit bien plus tard dans l’année, selon les inscriptions de son seul obélisque encore érigé à Karnak. En proclamant donc idéalement son couronnement au Jour de l’an la nouvelle souveraine entend profiter de la portée symbolique de cette date.

Le Jour de l’an est également l’occasion de faire des offrandes aux défunts et aux dieux, surtout à Rê, dont le jour de naissance est censé correspondre au Jour de l’an. De même, une procession de vases remplis de « l’eau nouvelle » du Nil se déroule depuis le fleuve jusqu’aux temples. Dans les temples, on procède à des rites d’illuminations, et au renouvellement de leur consécration aux dieux. 

Rome antique

En 46 avant notre ère, Jules César décide que le Jour de l’An, auparavant célébré en mars, serait fixé au 1er janvier. Les Romains dédient ce jour à Janus, qui se trouve être le Dieu des portes et des commencements : celui-ci avait deux faces, l’une tournée vers l’avant, l’autre vers l’arrière, le mois de janvier doit également son nom à Janus.
Les calendes de mars

Comme l'indique l'étymologie des mois de septembre (september, septième mois), octobre (october, huitième mois), novembre (november, neuvième mois) et décembre (december, dixième mois), l'antique calendrier romain tient le mois de mars (martius) pour premier mois.
Les ides de mars

Cependant, avec l'avènement de la République, les Romains prennent l'habitude de distinguer les années en indiquant le nom d'un consul, le consulat étant une magistrature dont le mandat dure un an. On parle alors d'« année consulaire ». En -153, le jour de l'investiture des consuls, jusqu'alors fixé au 15 mars, passe au 1er janvier.
Les calendes de janvier

Ainsi il semble assez naturel que ce soit un 1er janvier, celui de l'année -45, que Jules César, qui entame alors son quatrième mandat de consul, fait commencer le calendrier julien qui modifie certaines modalités du calcul des dates.

Le calendrier julien est encore utilisé aujourd'hui par les églises orthodoxes serbe et russe.

Grâce à Ovide (né en -43, mort en 17), qui décrit chaque mois de l'année dans Les Fastes, on connaît certaines des coutumes romaines observées le 1er janvier : un culte est rendu à Janus, dieu des portes et des commencements, avec des sacrifices d'animaux et des offrandes de fruits et de miel. On ouvre les portes des temples. Ce jour est considéré comme le premier de l'année et l'on échange des vœux. Cependant le jour n'est pas férié : on travaille, au moins symboliquement, en signe de prospérité économique. Comme c'est un jour faste, les tribunaux sont en activité. Vêtus de vêtements blancs, les Romains accompagnent en procession les nouveaux consuls de leur domicile au temple de Jupiter Capitolin. 

France

En France, le Jour de l’an n’a pas toujours été le 1er janvier : la nouvelle année commence à cette date en vertu de l'Édit de Roussillon du 9 août 1564, promulgué par le roi Charles IX.

Auparavant le Jour de l’an a beaucoup changé au fil des siècles pour les peuples usant du calendrier solaire et ce, au gré des Églises, des époques et des pays. Le début de l'ère chrétienne (l'Anno Domini), qui ne s'est imposé progressivement en Europe qu'à partir du Ier millénaire, a été fixé d'après les travaux du moine Denys le Petit réalisés au VIe siècle. Ce dernier a placé la naissance de Jésus le 25 décembre de l’an 753 + 1 = 754 ab Urbe condita, ou « 754 depuis la fondation de Rome ». Il en a déduit le début de l'ère chrétienne huit jours plus tard, jour supposé de la circoncision de Jésus.

Aux VIe et VIIe siècles, dans de nombreuses provinces, le Jour de l’an est célébré le 1er mars (style vénitien).
Sous Charlemagne, l’année commence à Noël (style de la Nativité de Jésus).
Du temps des rois capétiens, l’année débute le jour de Pâques (style de Pâques). En conséquence, les années sont de longueur très variable.
Cet usage est quasi-général aux XIIe et XIIIe siècles et même jusqu’au XVe dans certaines provinces. Les généalogistes des rois de France doivent donc jongler avec les dates en fonction des lieux pour raconter l’Histoire puisque le début de l’année varie selon les provinces : à Lyon, c’est le 25 décembre, à Vienne, le 25 mars (style florentin ou style de l'Annonciation, d'où la tradition du poisson d'avril commémorant l'usage de s'échanger des cadeaux en début d'année de ce style)…

Finalement, l’édit de Charles IX harmonisa les pratiques.

L'empereur d'Allemagne Charles Quint avait déjà fixé le début de l'année au premier janvier pour ses terres quelques décennies plus tôt mais c'est le pape Grégoire XIII qui, en instituant le calendrier grégorien en 1582, généralise cette mesure à l'ensemble du monde chrétien, notamment pour simplifier le calendrier des fêtes religieuses.

Derniers avatars : De 1792 à 1806, l'éphémère calendrier républicain abolit le 1er janvier et fait débuter l'année le 1er vendémiaire.La commune de Paris restaure en 1871 pendant une très courte durée le calendrier républicain.

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