22 janvier 2017

Le pouvoir occulté des réels décideurs de la planète


Suite à l’investiture de M Trump, nombreux sont ceux qui se lancent dans des tentatives d’évaluation du bilan de l’administration américaine sortante.

Non moins nombreux sont ceux qui s’interrogent sur les conséquences de l’arrivée au pouvoir de celle de M Trump.

Face à l’impuissance généralisée de cerner de manière objective les marasmes dans lesquels s’engluent l’économie et les finances planétaires, on personnalise le débat sur les bienfaits/méfaits de M Obama et les spéculations sur M Trump. Dans ce show lassant, la femme de l’un, la fille de l’autre, les starlettes font appel à nos éventuelles émotions. Un film digne de Hollywood se déroule sous nos yeux captivés avec des rôles sur mesure pour les bons, les méchants, le suspense et les drames….

Sauf que contrairement à un film, de vraies personnes sont en train de perdre leur travail, leur couverture sociale et médicale, leur épargne et selon les contrées leur pays et leur vie. Tout cela dans une absence de la moindre de lumière de projecteur.

Certains articles qui nous divertissent et nous éloignent des vrais enjeux sont de réelles propagandes à la gloire des uns ou des autres. La Pravda bolchévique est décidément de retour. Mais celle du 21ème siècle joue sur le glamour, les émotions et les théories de certains économistes promus – et peut-être enrichis- par un soi-disant marché usurpateur des droits régaliens des Etats publics (1)

Dans cette masse d’informations, E Delbecque publie une analyse qui rend compte de l’échec de la politique extérieure américaine. Il la limite néanmoins à un superleadership américain qui viendrait s’opposer aux autres pays de la planète. Ce faisant, il attribue aux Etats-Unis un pouvoir largement surfait.

Pour nous, la source des malheurs de l’humanité du 21 ème siècle est ailleurs qu’à la Maison-Blanche ou dans les arcanes d’un pouvoir politique public.

Et pour cause. La mondialisation, représentée par les firmes transanationales et le Casino qui les finance, livre une véritable guerre non seulement à la chose publique, mais aussi à TOUT ce que celle-ci représente, démocratie incluse.

Après avoir mis en pièces l’Etat en tant que Nation, nous vivons en direct la mise en lambeaux de l’Etat lui-même.

Or, qui dit État, dit Peuple.

Nous sommes en tant qu’Êtres humains soumis au feu roulant et constant d’un marché pervers, avide, et impitoyable.

Grâce à la complaisance d’élus, le « marché » a mis la main sur chacun de nous, de nos avoirs mais aussi de notre droit à la confidentialité, à la vie privée et à la protection de nos avoirs personnels sous toutes leurs formes….

Une dépossession massive et collective est en cours sans qu’aucun média officiel n’aborde la thématique. Regardez ce graphique qui traduit l’explosion des réserves internationales des banques centrales au moment de la mondialisation.

 

Ces réserves sont composées traditionnellement de bons d’Etats. Mais voilà que depuis la mise en place de politique monétaires « accommodantes »(comprenez de l’argent facilement mis à disposition du Casino), les banques centrales se sont emparées de dettes ET d’actions d’entreprises privées.

Cette manne gigantesque a fabriqué de toutes pièces des mammouths privés dont les représentants sont devenus incroyablement riches! Les superlatifs pour décrire l’enrichissement privé manquent.

Regardez plutôt.

Selon une enquête de Wealth-X, les 50 personnes les plus riches du monde contrôlent 1,46 trillions de dollars. Les Etats-Unis est en tête du classement avec 29.

Et ce n’est pas près de s’arrêter. Voici les prévisions faites par UBS en collaboration avec Wealth-X. Edifiant!

Graphique: Les effets des crises chroniques sur l’enrichissement des privés. En vert, les milliardaires qui s’ajoutent chaque année. En jaune, leur nombre total.

Les banquiers centraux n’ont pas fait que financer des dettes publiques. Ils ont participé activement à enrichir des firmes transnationales – spécialement les américaines de la finance, de la high-tech ou des télécommunications-. Il ne faut donc pas s’étonner de trouver leurs actionnaires en bonne place dans les classements des plus riches.

Alors non, MM Obama, Poutine et les autres ne sont pas les réels détenteurs des solutions aux problèmes existentiels que vit l’humanité….
Les médias de masse font mine de ne pas voir les liens entre l’immense et inexplicable richesse de certains et leur réel pouvoir à redéfinir le monde à leur convenance….

Liliane Held-Khawam
 
(1) Droit régalien, qui signifie, les droits attachés à la souveraineté. Le droit de battre monnaie est un droit régalien. (Dictionnaire de l’Académie française)
L’obsession anti-russe ou le testament d’Obama. Par Eric Delbecque


FIGAROVOX/TRIBUNE – La fin du second mandat de Barack Obama a été marquée par une dégradation des relations américano-russes. Pour Eric Delbecque, l’obsession américaine pour discréditer Moscou traduit la volonté de Washington de continuer de peser sur les affaires du monde.

Le harcèlement anti-Poutine marquera le crépuscule de Barack Obama. Le président démocrate achève son deuxième mandat en amplifiant la perception du désastreux bilan de la politique étrangère des Etats-Unis depuis le début du XXIe siècle. Après 2003, l’Oncle Sam n’a cessé d’apparaître comme une puissance incapable de comprendre le reste de la planète, multipliant les occasions d’instabilité géopolitique plutôt que de tenter de les apaiser. On imputa l’obsession unilatéraliste de la Maison-Blanche à Georges W. Bush et aux néoconservateurs, mais il fallut rapidement s’y faire: les Démocrates n’avaient pas l’intention de rompre avec les mauvaises habitudes du dessein hégémonique. Le style et les mots changèrent, pas les intentions et le fond de la stratégie de sécurité nationale.

Que proposent les Américains au reste des nations du monde ? De contribuer au confort des Etats-Unis…

Que proposent les Américains au reste des nations du monde? De contribuer au confort des Etats-Unis… Au lieu d’exercer un leadership pacificateur, ils exacerbent les fractures planétaires en refusant d’estimer légitimes les aspirations des peuples à conserver une indépendance stratégique et une autonomie idéologique. La même logique de subordination apparaît dans le domaine économique.

Quant à l’Union européenne et aux Etats qui la composent, ils s’enkystent dans le suivisme le plus affligeant et multiplient les erreurs d’analyse géostratégique facilitant l’expansion du salafisme djihadiste (en Lybie et en Syrie) ; parallèlement, ils sacrifient leurs intérêts économiques fondamentaux à ceux des Etats-Unis ou de la Chine, sous le prétexte de se conformer aux dogmes les plus absurdes du droit de la concurrence.

Seule la Russie de Vladimir Poutine offre une résistance entêtée aux prétentions états-uniennes à régenter brutalement une mondialisation dont ils maîtrisent les principaux titans.

Seule la Russie de Vladimir Poutine offre une résistance entêtée aux prétentions états-uniennes à régenter brutalement une mondialisation dont ils maîtrisent les principaux titans (il suffit de regarder les Top 100 des marques les plus influentes en 2015) et les normes financières, technologiques, culturelles et juridiques. A cet égard, la dénonciation de la cyberguerre menée par la Russie et de l’ingérence du Kremlin dans le processus électoral qui a porté Donald Trump au pouvoir, s’inscrit d’abord dans l’objectif de décrédibiliser toute forme d’opposition à la vision américaine des grands enjeux internationaux. On peut sans aucun doute souligner que la Russie déploie sa propre stratégie de puissance de l’Ukraine à la Syrie: mais Vladimir Poutine ne prétend pas travailler à la diffusion des idéaux de la démocratie. Il défend de manière fort transparente et revendiquée les intérêts de la nation russe et dénie à la bannière étoilée le droit de coloniser les cultures étrangère et de se prétendre l’Empire du Bien en toutes circonstances.

Depuis le début de la Guerre Froide, les Etats-Unis n’ont pas cessé de se mêler de la politique intérieure de ses alliés et clients.
 
Car ce qui se révèle finalement insupportable, c’est la position de donneuse de leçons adoptée par l’administration Obama. Comment peut-elle sérieusement faire le procès en manipulation de Poutine après la révélation de l’affaire PRISM ou l’élaboration du TAFTA (qui exporte la vision anglo-saxonne des affaires et participe au développement de la prospérité du big business américain)? Depuis le début de la Guerre Froide, les Etats-Unis n’ont pas cessé de se mêler de la politique intérieure de ses alliés et clients, de l’Amérique du Sud à l’Asie en passant par l’Europe, y compris en poussant leurs pions sur l’échiquier culturel et intellectuel (souvenons-nous du Congrès pour la liberté de la culture dans les années cinquante, une association anticommuniste financée par la CIA).

La coopération internationale et la conquête de la paix ne se construisent pas sur le syndrome de Tartuffe mais sur la réflexion stratégique approfondie et la prise en compte des matrices culturelles.

Il ne s’agit pas de privilégier systématiquement la Russie par rapport aux Etats-Unis, de «préférer» Poutine à Obama ou Trump, mais de cesser de coller à la roue des Américains et d’en finir avec cette permanente posture moralisante alors que la politique internationale exige de la nuance et la prise en compte d’équilibres de long terme (alors que les émotions spontanées nous rendent vulnérables aux manipulations de l’information et aux opérations d’influence). Le rôle de la France et de l’Europe consiste précisément à faire valoir une différence capitale: marier leurs intérêts, et l’atteinte d’objectifs éloignés dans le temps, avec la croyance en des valeurs fondamentales (qu’il faut qualifier d’humanistes, et pas simplement de libérales et démocrates) que la réalité nous force à négocier au cas par cas, puisque le reste de la planète ne croit pas forcément aux principes occidentaux. La coopération internationale et la conquête de la paix ne se construisent pas sur le syndrome de Tartuffe mais sur la réflexion stratégique approfondie et la prise en compte des matrices culturelles. Par conséquent, il conviendrait d’adopter avec Poutine une attitude de vigilance résolue mettant néanmoins l’accent sur la volonté de construire une puissante dynamique de coopération avec Moscou. Humilier ouvertement et verbalement l’Ours russe accentue le chaos du monde, sans aucun bénéfice pour quiconque.

Le harcèlement du personnage Poutine conduit consciencieusement depuis des années par le gouvernement des Etats-Unis ne traduit pas un engagement moral mais l’impuissance des élites américaines à penser l’altérité. Dans la mesure où Washington échoue avec constance sur la scène internationale, les têtes de l’Etat fédéral en reviennent aux bonnes vieilles méthodes: chercher le candidat idéal qui coiffera le chapeau du bouc émissaire et du meilleur ennemi! La sclérose de la pensée diplomatique et sécuritaire de l’Oncle Sam influence négativement la planète entière. Barack Obama fut un symbole magnifique qui suscita une immense espérance: son testament politique consacre une désillusion.

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