08 janvier 2017

Crime de guerre en Syrie : l'eau de Damas empoisonnée au gasoil


La situation devient de plus en plus préoccupante à Damas, la capitale syrienne, où la pénurie d'eau s'aggrave en raison des combats entre l'armée syrienne et les "rebelles". L'ONU dénonce comme un « crime de guerre » la privation d'eau potable infligée aux 5,5 millions d'habitants de Damas. Ces combats en cours depuis deux semaines à Wadi Barada, localité rebelle située à 15 kilomètres de la capitale où se trouvent les principales sources d'eau potable, constituent une violation de la nouvelle trêve en Syrie censée ouvrir la voie à des négociations sous l'égide de la Russie, la Turquie et l'Iran, en vue d'un règlement du conflit. Même si les violences ont cessé sur la plupart des fronts ou baissé d'intensité à la faveur du cessez-le-feu entré en vigueur le 30 décembre, elles continuent de tuer des civils. À Jablé (Ouest) notamment, un fief du régime, l'explosion d'une voiture piégée a fait 15 morts, essentiellement des civils, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

La grave pénurie d'eau touche les habitants de Damas depuis le 22 décembre, alors que la capitale syrienne a été relativement préservée de la guerre ravageant le reste du pays. Le régime accuse les "rebelles" de « contaminer au diesel » les réserves d'eau de Wadi Barada et de couper l'approvisionnement. Mais les insurgés affirment que les bombardements du régime ont détruit les infrastructures. À Genève, Jan Egeland, chef du groupe de travail de l'ONU sur l'aide humanitaire en Syrie, a jugé difficile de savoir quel camp était responsable de cette situation.

Le prix de l'eau minérale flambe


« À Damas seule, 5,5 millions de personnes ont vu leur approvisionnement en eau coupé ou bien réduit parce que les sources de Wadi Barada sont inutilisables en raison des combats ou d'actes de sabotage ou des deux », a-t-il dit. « Nous voulons enquêter sur ce qui s'est passé, mais, avant tout, nous voulons rétablir l'eau, a-t-il poursuivi. Le sabotage et la privation d'eau sont évidemment un crime de guerre, car ce sont les civils qui la boivent et ce sont des civils qui seront touchés par des maladies si elle n'est pas rétablie. » Conséquence de la pénurie dans la ville, le prix de l'eau minérale a flambé : un pack de six bouteilles de 1,5 l est passé de 650 livres syriennes (1,3 dollar) à 1 000 livres (2 dollars). « Je n'ai pas pu prendre de douche et faire de lessive depuis une semaine. Je préfère garder le peu d'eau dans mon réservoir pour la cuisine et la vaisselle », explique Riham, employée de 49 ans habitant un quartier nord de Damas.

Depuis le 20 décembre, l'armée syrienne, aidées par le Hezbollah libanais, cherchent à reprendre aux "rebelles" Wadi Barada, soumise à un déluge de feu, selon l'OSDH. Le régime affirme que le groupe djihadiste Fateh al-Cham, exclu de l'accord de trêve, y combat avec les "rebelles", ce que ces derniers nient. L'opposition syrienne en exil a, elle, appelé le Conseil de sécurité de l'ONU à faire cesser « immédiatement » les « violations du régime ». Le groupe Fateh al-Cham est l'ancienne branche syrienne d'Al-Qaïda, qui avait officiellement rompu avec sa branche mère en juillet. L'armée américaine a affirmé jeudi qu'elle avait tué une vingtaine de combattants d'Al-Qaïda dans deux bombardements, dimanche et mardi près de Sarmada, dans la province d'Idlib (Nord), contre un bâtiment d'où des djihadistes « ont commandé des opérations terroristes », selon le Pentagone. D'après des sources locales, ces bombardements ont visé des terroristes de Fateh al-Cham.
 

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