15 décembre 2016

Intégration


La France semble connaître des difficultés à intégrer ses millions d'immigrants et enfants d'immigrants, souvent disséminés autour des banlieues des grandes villes. En réalité, la plupart d'entre eux sont établis en France depuis au moins deux générations. N'oublions pas que près d’un tiers de la population française d'aujourd'hui descend des immigrants du XXe siècle. Si la France a su davantage intégrer ses immigrants au cours des siècles passés, elle éprouve aujourd'hui des difficultés avec les dernières générations arrivées, surtout depuis que les deux tiers des nouveaux arrivants sont de confession musulmane. Évidemment, l’opinion publique pressent que l’islam pose un problème quand il n’est plus vécu comme une religion personnelle, mais comme comme une idéologie politique ou un code de conduite. En ce sens, l'islam peut être plus qu'une religion. Sondage après sondage, les résultats montrent que l'image de l'islam se dégrade fortement depuis une dizaine d'années.

Or, lorsqu'il existe ce type de divergence entre les nouveaux venus et la population autochtone, il peut s'ensuivre une certaine période d'incompréhension en raison des méfiances et des craintes que cette différence suscite. Il n'est pas réaliste de demander que les immigrants renoncent complètement à leur héritage passé pour devenir des Français; il faut du temps. Quoi qu'il en soit, beaucoup d'anciens immigrants ou enfants d'immigrants ne sont plus des immigrants: ce sont maintenant des «Français», mais certains d'entre eux, plus conservateurs, l'ignorent! Il existe encore en France une minorité de citoyens qui demeurent plus craintifs lorsqu'ils voient arriver des immigrants différents d'eux par la couleur de la peau ou la religion, surtout lorsque ces immigrants ont tendance à habiter les mêmes quartiers. 

La France est aujourd'hui, proportionnellement à sa superficie et à sa population (61 millions), le plus important foyer musulman du monde occidental (avec cinq millions de musulmans). Plusieurs siècles de colonisation intensive à travers le monde n'ont pas encore banalisé la présence des «basanés» sur le sol français. La France se semble pas avoir réussi à assainir ses relations avec son passé colonial. Ni Charles de Gaulle, ni François Mitterrand, ni aucun autre président français n'ont essayé d'adoucir la mémoire meurtrie de la guerre d'Algérie, voire de la guerre d'Indochine. La France n'a jamais pris en charge le destin de ceux qui appartiennent à cette deuxième ou troisième génération d'immigrants qui ne sont plus des immigrés, mais des Français. Rien n'a été fait, ni dans les quartiers ni dans les prisons. En ce sens, le «modèle français» n'est pas forcément une réussite, mais il n'est pas non plus un échec considérable. Il faut admettre qu'il est nettement plus facile d'intégrer trois Papous dans une société que des millions de personnes appartenant plus ou moins toutes au même groupe ethnique, habitant plus ou moins dans les mêmes régions.

De plus, l'intégration des immigrants dans la société d'accueil peut devenir un mélange explosif si la situation est mal gérée! Or, selon une étude de 2006 sur les ressortissants de pays tiers (INTI), les immigrants séjournant en France sont ceux qui ont le moins accès au marché du travail parmi les 28 pays étudiés: ils sont exclus de l'emploi, de la création d'entreprise, ou bien leurs qualifications obtenues en dehors de l'Union européenne ne sont pas reconnues dans plusieurs secteurs. La mauvaise gestion est une expérience que les États-Unis connaissent fort bien: il n'est pas aisé d'intégrer des millions de Latinos qui ont la peau basanée, mangent des tacos, parlent l'espagnol et sont catholiques dans un monde de Blancs, mangeant des hamburgers, parlant l'anglais et professant le protestantisme. Au contraire, il paraît plus aisé d'intégrer des milliers de Coréens ou de Japonais répartis dans l'ensemble du territoire américain.

En France, la loi n° 2005-32 de programmation pour la cohésion sociale du 18 janvier 2005 contient des mesures prévoyant la généralisation des contrats d’accueil et d’intégration. En cas de besoin, une formation à la langue française d’une durée comprise entre deux cents et cinq cents heures est proposée. De plus, la loi n° 2006-911 du 24 juillet 2006 relative à l’immigration et à l’intégration, instaure une «immigration choisie», c’est-à-dire la possibilité de sélectionner la main-d’œuvre selon les besoins de l’économie française et d’accueillir des étrangers «porteurs d’un projet économique, scientifique, culturel ou humanitaire»; la loi veut aussi favoriser l’accueil des étudiants étrangers.

Enfin, la loi n° 2007-1631 du 20 novembre 2007 relative à la maîtrise de l’immigration, à l’intégration et à l’asile a pour objets de lutter contre l’immigration irrégulière, de limiter les conditions d’entrée et de séjour en France, de maîtriser l’immigration familiale et d’encourager l’immigration pour des raisons professionnelles. Toutefois, on ne voit pas pourquoi la France ne trouverait pas de solution à long terme. Ce pays demeure une grande démocratie et dispose de moyens financiers et sociaux considérables.

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