09 décembre 2016

Insolvabilité systémique de l'Italie et de la zone euro


Alors que le système bancaire italien menace de s'effondrer, le «non» au référendum italien ajoute à l'incertitude. Avec le départ de Matteo Renzi, garant des réformes exigées par l'UE en échange de son soutien, la BCE resserre la vis.

La Banque centrale européenne (BCE) et son président, l'Italien Mario Draghi, ne sont pas tendres avec les pays du Sud de l'Europe. La troisième banque d'Italie avait demandé à la banque des banques un sursis de trois semaines afin de réunir les quelque 4 milliards d'euros sur les 5 milliards qu'il lui reste encore à trouver pour se recapitaliser, après avoir perdu plus de 80 % de sa valeur en Bourse depuis début 2016.

Le temps de se retourner pour la plus ancienne banque du monde, fondée en 1472 et inventeur du système bancaire moderne. A savoir prêter plus d'or, à l'époque, qu'il n'y en avait dans les coffres grâce à l'utilisation de la lettre de change et la monnaie scripturaire.

La Banque centrale européenne, laquelle crée aussi, quelque siècles plus tard, de l'«argent» adossé à très peu de collatéraux réels – mais se trouve posséder le monopole de l'émission de l'euro – a rejeté la requête de la «Monte Paschi». La BCE s'était pourtant engagée à racheter les créances douteuses des banques européennes et en particulier des banques italiennes confrontées à une situation d'insolvabilité systémique.

Seulement voilà, Matteo Renzi s'était porté garant du marché passé avec l'Union européenne, à savoir : soutien des banques italiennes contre réformes du marché du travail. Et son échec au référendum du 4 décembre dernier remet tout en cause.

Insolvabilité systémique de l'Italie et de la zone euro

«Systémique» parce que tous les agents économiques sont touchés, notamment les emprunteurs privés – ceux qui achètent une voiture ou de l'immobilier à crédit sont trop souvent dans l'incapacité de rembourser leur prêt, en raison, notamment – mais pas seulement – d'une croissance italienne atone qui se traduit par plus de 11 % de taux de chômage et une stagnation du pouvoir d'achat. Mais systémique aussi, car l'Etat italien lui-même est en situation de faillite virtuelle avec une dette qui représente plus de 130 % du produit intérieur brut (PIB). Or la BCE contient – pour l'instant – à grand renfort de planche à billet (de l'«argent» électronique) les tensions sur le marché des dettes souveraines des pays européens.

Des banques sous perfusion de la BCE

La banque centrale rachète donc les actifs pourris des banques, parmi lesquels les titres de dette souveraine émis par des Etats surendettés, et détenus en grandes partie par les banques. Et ce sont les banques italiennes qui sont le plus exposées à ce risque – elles détiennent les deux tiers de ces créances douteuses. Ce sont donc elles qui ont le plus besoin du programme de rachat de la BCE.

Les actifs pourris du secteur bancaire italien, appelés aussi plus sobrement «prêts non-performants» représente presque 20 % du PIB italien, soit 356 milliards d'euros. Sur ce montant 198,9 milliards sont considérés comme absolument irrécouvrables.

La partie de bluff entre l'Italie et la BCE pourrait toutefois très mal se terminer. En cas d'effondrement des banques de l'Italie – troisième économie de la zone euro – c'est l'ensemble du système bancaire européen qui pourrait être menacé.

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