10 novembre 2016

Paris : Un centre pour migrants ouvre ses portes, coût :16,4 millions d'euros


Un centre, qui orientera les migrants et pourra en héberger 400, a ouvert jeudi matin près de la porte de la Chapelle, à Paris, avec pour défi de mettre fin aux incessantes reconstitutions de campements indignes dans la capitale.

"Le centre humanitaire est officiellement ouvert", a simplement déclaré Aurélie El Hassak-Marzorati, la directrice générale du centre, peu après 09H00, quand trois Erythréens, avec bonnet et sac, ont franchi les portes du centre.

A 10H30, ils étaient une dizaine dans le camp, selon Bruno Morel, le directeur général d'Emmaüs solidarités qui pilote le centre. La structure devrait accueillir chaque jour entre 50 et 80 personnes, soit le nombre de migrants arrivant chaque jour à Paris, selon les estimations.

A l'entrée, un panneau en carton annonçait "Centre humanitaire Paris Nord dispositif de premier accueil", suivi d'un "Bienvenue" décliné en plusieurs langues (français, arabe, espagnol, pachtoune, afghan, grec etc).

Les hommes isolés pourront être hébergés sur le site, où ils resteront de 5 à 10 jours, avant d'être orientés vers d'autres lieux, selon leur situation: centre pour demandeurs d'asile (Cada), centre d'accueil ou d'orientation (CAO)...

Les femmes et les familles seront amenées en navette vers des lieux d'accueil spécifiques, avant l'ouverture d'un centre de 400 places destiné à ces "publics vulnérables" à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne) "début 2017", selon Bruno Morel. Les mineurs isolés seront transférés vers des structures de la ville de Paris.

"On a enfin une réponse alternative aux campements", s'est satisfait M. Morel.

"Ce dispositif a été conçu pour être adapté pour qu'on ne soit pas congestionné, on a fait en sorte que les migrants arrivent au fil de l'eau", a surenchéri Dominique Versini, adjointe à la Mairie de Paris.

C'est un "lieu tout à fait sécurisant, pas un lieu policier, géré par l'association Emmaüs avec les organismes de l'Etat qui se consacrent aux demandes d'asile, a-t-elle ajouté. Les migrants n'ont pas de raison d'avoir peur".

Les migrants passent d'abord par une vaste structure gonflable blanche, jaune et grise, sorte de bulle de 900 m2, où ils reçoivent des informations sur leurs droits et les démarches pour obtenir l'asile.

"On va aussi leur proposer l'aide au retour volontaire", a expliqué Didier Leschi, directeur de l'Office français d'immigration et d'intégration (Ofii) dont 16 agents sont déployés sur place.

- Pas "d'appel d'air" -

Dans une halle de 10.000 m2, ont été créés huit "villages" de 50 places chacun, comprenant des chambres pour quatre installées dans des cabanons en bois recouverts de bâches, des espaces de bureaux, un réfectoire et des sanitaires, avec une douche, une toilette et un lavabo pour 8 personnes.

Des équipes du Samu social et de l'ONG Médecins du monde prodigueront les premiers soins et proposeront des consultations (physiques et psychologiques).

Cent vingt salariés travaillent sur le site. Il faut ajouter 500 bénévoles qui distribuent des kits d'hygiène, des vêtements, ou proposent des activités: des baby-foots, tables de ping-pong et des agrès ont notamment été installés.

Ce projet, d'un coût de 16,4 millions d'euros (investissement et fonctionnement), vise à mettre fin à un cycle de démantèlement et de reconstitution de camps. Au total, plus de 21.000 migrants ont été mis à l'abri au cours d'une trentaine d'opérations depuis plus d'un an dans la capitale. La dernière - et la plus grosse -, avec plus de 3.800 personnes prises en charges, vendredi dans le XIXe arrondissement, était un préalable à l'ouverture du centre.

Composé de structures modulaires démontables, le centre devrait être transposé ailleurs d'ici 18 mois, le site étant destiné à accueillir des bâtiments universitaires.

"Ce centre est une nécessité, nous allons continuer à en ouvrir", affirme la ministre du Logement Emmanuelle Cosse, assurant que les CAO et CADA vers lesquels seront orientés les migrants "ne sont pas saturés".

Sera-t-il suffisant pour absorber les flux de migrants qui convergent chaque jour vers Paris?

"Il n'y a pas de raison que ça crée un appel d'air. La mise à l'abri doit être régulée", a expliqué Patrick Vieillescazes, chef du cabinet du préfet d'Île-de-France, parlant d'un "sas de répit et d'orientation".

L'ouverture du centre parisien intervient après le démantèlement fin octobre de la "Jungle" à Calais où vivaient quelque 7.000 migrants, qui ont été envoyés dans des CAO en régions.

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Et pour les SDF ?

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