15 novembre 2016

Le Samu social vous propose d’accueillir un réfugié chez vous


Alors que la crise des migrants a mis en lumière la difficile question de l’accueil des réfugiés en France, le Samu social de Paris expérimente depuis quelques semaines une solution originale. Via un dispositif expérimental baptisé Elan, il recherche 200 familles franciliennes désireuses d’accueillir chez elles un réfugié. L’idée n’est pas totalement nouvelle. L’an dernier l’association Singa a créé une plate-forme pour mettre en relation particuliers et migrants et s’est vite retrouvée submergée. « On s’est dit qu’il fallait accompagner cet élan de générosité avant qu’il ne s’essouffle, souligne Nadège Letellier, responsable du projet Elan. Mais aussi offrir un cadre structurant et éthique ».

Le foyer « accueillant » doit ainsi proposer une chambre personnelle sur une période de 3 mois à un an et s’engager à partager des temps conviviaux dans un environnement sécurisant. Quant à la personne « accueillie », elle doit être seule ou en couple, avoir le statut de réfugié en France, parler le français, l’arabe ou l’anglais, être engagée dans une démarche d’insertion et accepter les règles de son foyer d’accueil. « Apprendre la France à l’intérieur d’une famille c’est un facteur stimulant, positif, dynamisant en termes de maîtrise de la langue, de recherche d’un travail et d’un logement » fait valoir Nadège Letellier.

C’est le Samu social qui décide des cohabitations au mieux des attentes de chacun. « De par leur histoire, certains réfugiés ne veulent surtout pas se retrouver avec des enfants en bas âge ; d’autres en revanche veulent des familles cocon où il y a des enfants, du bruit, poursuit la responsable. Quant aux accueillants, certains veulent énormément s’investir auprès des réfugiés quand d’autres travaillent beaucoup ». Ensuite, l’équipe d’Elan, composée de conseillers en insertion, de psychologues, de référents sociaux, va suivre et accompagner au plus près les bénéficiaires. Mais aussi épauler les accueillants lorsque des incompréhensions nées du décalage culturel apparaissent.

Pour l’heure, 18 familles ont intégré le dispositif Elan, soutenu par la Fondation BNP Paribas, et une dizaine de réfugiés ont été effectivement accueillis. « On sent du désir chez les candidats mais aussi des inquiétudes, souligne Nadge Letellier. Il faut donc rassurer, expliquer que c’est une expérience extrêmement enrichissante ». Son équipe s’est fixé l’horizon mi-2019 pour parvenir à 200 réfugiés accueillis, ce qui implique de trouver 300 familles accueillantes, avec l’espoir de pérenniser le système. « L’objectif, c’est de modéliser une nouvelle forme d’accueil, et pourquoi pas de l’adapter aux sans domicile. On a besoin des bénévoles pour ouvrir le champ des possibles ».

Bruno Quint, 58 ans, héberge un réfugié tibétain : « si on a de la place chez soi, pourquoi s’en priver ? »

C’est le pionnier du dispositif Elan mis en place par le Samu social. En juin 2015, en pleine crise des migrants, Bruno, avocat parisien de 58 ans, répond sur Internet à un appel lancé par l’association Singa pour héberger un réfugié. « Je l’ai fait sous le coup de l’émotion, parce que je me rendais compte que je menais une existence un peu égoïste et parce que j’ai beaucoup de place chez moi » confie-t-il. Ce n’est finalement qu’au printemps dernier qu’il est recontacté par le Samu Social. « Je n’y pensais plus trop mais ils ont été très bons et m’ont complètement remotivé ». En juin, Tenzin, réfugié tibétain de 23 ans, en France depuis bientôt deux ans, prend donc place dans son grand loft de Romainville (Seine-Saint-Denis). « Si je suis honnête je m’attendais plutôt à accueillir un Soudanais, un Afghan ou un Erythréen, sourit Bruno. Mais depuis cinq mois cela se passe très bien ». Du parcours de son hôte, Bruno ne connaît pas grand-chose. « Je sais que ses parents sont toujours là-bas mais c’est difficile de lui faire parler de sa vie et je n’insiste jamais. Par contre, il était ravi de me parler du Dalaï Lama lors de son passage en France. Il porte le même prénom que lui et en est très fier ». Tenzin, qui maîtrise bien le français, a vite trouvé un job de serveur dans un restaurant et ses marques dans son nouveau chez lui. « Il a sa chambre, sa salle de bains privative et on vit un peu en horaires décalés, explique Bruno. On mange parfois ensemble le soir mais pas les mêmes plats car il est gravement addict au piment… » Dernièrement, Bruno a participé à une réunion d’information du Samu Social à destination de candidats à l’accueil. « Je leur ai dit qu’il fallait foncer, explique-t-il. Il n’y a pas eu l’ombre d’une difficulté et je n’ai pas eu à changer mon mode de vie. Alors si on a de la place chez soi, pourquoi s’en priver ? »

J.D.

Source 
 
Apparemment, les migrants sont plus "tendance" que les SDF Parisiens, pour les bobos...

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