« La patrie en danger » : par ces mots qui empruntent au registre du salut public, Gilles Kepel conclut son dernier ouvrage. S’il s’agit, pour l’essentiel, des chroniques en forme d’entretiens accordées à France Culture de septembre 2015 à juin 2016, celles-ci se voient augmentées d’un bon tiers par un prologue et un épilogue inédits.
Le professeur à Sciences Po et spécialiste du monde musulman y revient sur « l’année terrible » qui a vu le déferlement d’un terrorisme de plus en plus meurtrier inspiré par l’organisation Etat islamique (EI). Il s’efforce d’identifier les contours du « djihad français » grâce à ses compétences d’arabisant, sa connaissance du contexte géopolitique et un incontestable talent de plume et de polémiste.
Pour lui, loin d’être le fait de « loups solitaires », les massacres commis au nom du djihad dans l’Hexagone, et ce depuis l’équipée sauvage de Mohamed Merah en 2012, obéissent à une stratégie au long cours. Elle a été théorisée et diffusée sur Internet par l’ingénieur syrien Abu Moussab-Al-Suri dans son Appel à la résistance islamique mondiale (traduit par Kepel dans Terreur et martyre, Flammarion, 2008).
La multiplication d’actions atroces et spectaculaires a pour but de provoquer une « fracture » – d’où le titre du livre – censée isoler les musulmans de France, transformés, du coup, en réservoir de djihadistes. Jusqu’à présent, la manœuvre n’a pas abouti. Mais Gilles Kepel s’inquiète de l’aveuglement des politiques ou des experts et journalistes...
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