22 octobre 2016

Mort d'un patient à l'hôpital de Bourges : l'opération a tourné au carnage


Comment un patient, Henry Latour, 60 ans, admis pour une simple opération de la prostate, a-t-il pu décéder au bloc le 14 janvier dernier à l'hôpital de Bourges (Cher) ? Une expertise, à laquelle nous avons eu accès, décrit une véritable scène de guerre en salle d'opération. Jérémie Marchand, le chirurgien, aurait fait acte de nombreuses imprudences dans la conduite de son opération et « manqué de discernement ».

Ce médecin de 59 ans, naturalisé français, diplômé de la faculté de médecine de Damas (Syrie), a été mis en examen mardi pour homicide involontaire et interdit de pratiquer des interventions chirurgicales. Les tests n'ont pas montré de prise de produits stupéfiants pouvant expliquer ses multiples erreurs. Le procureur de Bourges, Vincent Bonnefoy, précise toutefois que « l'affaire est complexe. D'autres expertises vont avoir lieu ».

Le rapport, qualifié d'« accablant » par l'avocat de la famille de la victime, Philippe Courtois, témoigne d'une ambiance détestable au bloc. Avec, d'un côté, les infirmières et l'anesthésiste et, de l'autre, le chirurgien. « Le docteur Marchand s'est énervé au-delà du raisonnable en raison des problèmes de matériel [...]. »

Le chirurgien «dans un état second»

L'expertise estime d'ailleurs que l'établissement « a manqué à son obligation de moyens ». « Le centre hospitalier de Bourges n'a pas mis à sa disposition ce dont il avait besoin pour assurer l'opération en toute sécurité », abonde l'avocate du chirurgien, Amélie Chiffert.

Mais Jérémie Marchand avait encore la possibilité de dire stop. Or il n'en fait rien. Au contraire. Il s'en prend au personnel paramédical, et semble « dans un état second ». Alors même que le patient n'est pas encore endormi, il tient des propos inquiétants : « Je vais rater cette opération, elle va mal se terminer ! » Une infirmière présente rapporte : « Le chirurgien était hors de lui, il ne se maîtrisait pas. En pleine opération, je l'ai vu tenter de porter un coup de poing fermé au visage d'une infirmière sur sa gauche. » Mais personne n'arrête la machine infernale.

Le chirurgien utilise mal le résecteur, bistouri servant à opérer la prostate. Ses gestes sont « trop brutaux ». L'hémorragie devient massive. Un infirmier raconte : « Il y avait des draps de lit au sol remplis de sang et de liquide de rinçage. Sur un des côtés, il y avait même un gros tas de copeaux de prostate. En vingt-deux ans de carrière, je n'ai jamais vu une salle d'opération dans cet état. »

L'hémorragie est fatale. Malgré les tentatives de réanimation, le patient décède. Les scènes hallucinantes continuent. Selon plusieurs membres de l'équipe, le docteur Marchand « frappe le corps ». Puis se retourne vers une infirmière en lui disant : « C'est de votre faute, si vous avez une conscience professionnelle, vous ne dormirez pas cette nuit. »

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