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19 octobre 2016

La Russie est destinée à sauver une nouvelle fois le monde de la destruction


Guerre des mondes : les masques ont été arrachés en Syrie



Au cours des dernières semaines, la bataille pour Alep a mis clairement en évidence le véritable cœur de la politique mondiale contemporaine. La duplicité de l’attaque du 17 septembre contre les positions de l’armée arabe syrienne près de Deir ez-Zor de l’US Air Force, les hurlements hystériques contre la Russie provenant du Pentagone, les menaces non déguisées du Département d’État américain contre le contingent russe en Syrie, le soutien candide des médias occidentaux au sujet de livraisons d’armes à des militants d’al-Nusra et le drame fantasmagorique qui a eu lieu au sein du Conseil de sécurité des Nations Unies le 8 octobre, tout cela pointe sur une seule chose : il n’y a pas de coalition internationale contre Daesh – il n’y a que l’armée russe et ses alliés qui prennent position contre le terrorisme international utilisé comme un outil par les États-Unis et l’OTAN.



Les contours du plus grand conflit international d’aujourd’hui sont clairs. Encore que ce n’est pas tout le monde qui en comprend le fond et les causes.


Le bons sens conventionnel qui voudrait que l’hégémon mondial en décrépitude ait été incapable d’exporter la «démocratie» dans une nation stable et se trouve maintenant dans une impasse n’explique en fait pas grand-chose. Mais pourquoi le point de cristallisation se fait-il autour de la Syrie, qui ne représente pourtant pas le pays le plus important dans le monde ? Pourquoi n’est-ce pas par exemple l’Égypte qui est attaquée, pays où les «combattants pour la démocratie» des Frères musulmans ont été incapables de consolider leur victoire et ont même dû céder le pouvoir à un gouvernement puissant, loin d’être pro-américain ?

Pourquoi la Russie est-elle désignée comme le pays agresseur ? Après tout, il n’y a pas si longtemps, la Russie était au bord de l’effondrement et n’est en aucun cas un concurrent important pour l’économie de l’Occident. Et pourquoi les États-Unis poussent-ils si fort à faire monter les enchères pour amener la planète au bord d’une troisième guerre mondiale ?

Et oui, bien sûr, de nombreux experts sur le Moyen-Orient peuvent débiter toute une liste de réponses possibles à tous ces «pourquoi». Mais après une analyse minutieuse, il devient clair que ce ne sont que leurs notes de bas de page qui en fait fourniront la principale raison.

Le premier et le plus fréquent argument cité est le facteur du pétrole et du gaz. Apparemment, l’excès de réserves de la Syrie a fait de ce pays un objectif convoité par l’Occident, qui – dans le sillage de l’Irak et de la Libye – pourrait mettre la main sur les hydrocarbures de la Syrie, après avoir éliminé le gouvernement local. Mais en fait, il n’y a que 2,5 milliards de barils de réserves prouvées de ce pétrole syrien, ce qui représente 0,1% du total mondial.

C’est nettement insuffisant pour expliquer le déclenchement d’une intervention terroriste en Syrie : si l’Occident n’était motivé que par le pétrole, il aurait été plus logique d’orchestrer une telle exportation de la démocratie au Venezuela, qui se trouve détenir 17,5% des réserves mondiales.

Certains supposent également que les raisons de l’agression pourrait remonter à 2009, avec le refus de Damas de permettre à un gazoduc, allant du Qatar à l’Europe, de franchir ses frontières . Mais cela aussi serait exagéré. Ce désaccord pourrait avoir été une motivation pour les Qataris, mais difficilement pour l’Occident. Ce projet de gazoduc était en lui-même tellement risqué qu’il peut peut-être avoir servi comme élément de bluff ou de prétexte, mais pas comme un motif sérieux pour lancer une campagne terroriste de plusieurs années contre Assad.

Il y a eu une tendance populaire ces dernières années à examiner tout conflit en fonction des traces de pétrole et de désigner les gisements d’hydrocarbures comme cause pour toutes les tribulations, mais c’est une simplification excessive, similaire à l’approche monétariste de l’économie, selon laquelle toutes les complexités des relations économiques sont évaluées exclusivement en termes de débits et crédits.

En ce qui concerne la politique mondiale cependant, le pétrole n’a de sens que comme un outil (bien qu’important) pour la sauvegarde des intérêts et pour atteindre des objectifs géopolitiques : Hitler avait désespérément tenté d’atteindre les champs de pétrole de Bakou, pas pour eux-mêmes, mais pour en couper l’accès à Moscou et donc porter un coup mortel à l’URSS.

Il est inacceptable de confondre les outils et les objectifs, car cela crée une distorsion de la vérité.

Beaucoup moins significatifs comme explication de la guerre en Syrie – qui est sur le point d’être engloutie dans un conflit mondial – sont les arguments citant, par exemple, les animosités légitimes internes au sein de la Syrie et dans la région, ou la propagation de l’islamisme et l’effondrement de l’État en Irak, un pays qui est maintenant un terrain fertile pour le développement de l’extrémisme, ou la confrontation entre sunnites et chiites, ou l’Arabie saoudite et l’Iran, ou la surpopulation dans la région, ou les pénuries d’eau, etc.

Tout cela, à des degrés variables, contribue bien sûr à la gravité du conflit, mais cela n’explique pas pourquoi les troupes de dizaines de pays – dont deux des plus puissants, les États-Unis et la Russie – sont actuellement actifs en Syrie.




Il y a une explication beaucoup plus convaincante de la lutte actuelle en Syrie, bien qu’elle ne soit pas considérée comme suffisamment académique.

La destruction totale de ce pays est d’une urgence vitale pour les élites supranationales afin d’entretenir un chaos permanent au Moyen-Orient, ce qui leur permettra de redéployer les forces de déstabilisation dans l’ensemble de l’Eurasie et de contribuer à renverser les autres centres de pouvoir économique – en particulier la Chine et la Russie.

Il est supposé que la Réserve fédérale ne peut pas survivre à une inondation de la dette, et la guerre en Syrie serait utilisée comme outil pour déstabiliser tous les concurrents dans cette épreuve de force économique.

En effet, l’économie chinoise a dépassé le PIB de l’Amérique en 2014, et il semblerait qu’entre ces deux mastodontes économiques – l’un en train de chuter et l’autre en train de monter –, une lutte militaire et politique devait en résulter. Les analystes politiques aussi bien américains que chinois ont eu beaucoup de choses à dire à ce sujet au cours des dernières années.

Cependant, pendant le conflit syrien – et ceci est un fait incontestable – la Chine s’est tenue loin de la mêlée. Pendant cinq années entières – et même pendant la crise actuelle – Pékin a maintenu sa neutralité habituelle, déplorant simplement la souffrance des Syriens et émettant des condamnations contre le terrorisme.

En termes économiques, la Russie ne constitue pas une véritable menace pour les États-Unis, mais en Syrie, c’est en effet l’armée russe qui est le plus grand ennemi des Américains – les Chinois n’y apparaissent pas du tout.

En regardant la situation géographique, le conflit en Syrie pourrait propager la contagion de Daech dans le Caucase russe (par un couloir direct qui passe par la Turquie) beaucoup plus rapidement que ce fléau ne pourrait entrer, par exemple, au lointain Xinjiang, la région ouïgoure autonome de la Chine. Selon cette logique, il serait plus judicieux de promouvoir Daech en Afghanistan ou au Pakistan, un meilleur point de départ pour canaliser le chaos terroriste en Chine.

De plus, il est logique de supposer que si la Russie n’était pas un acteur géopolitique aussi important aujourd’hui, Pékin ne serait pas entré dans une confrontation avec les États-Unis sur la Syrie, mais serait plutôt arrivé à un accord avec l’Occident, même sur la base d’un compromis qui n’aurait pas été très avantageux pour la Chine, se basant sur une vision à long terme de l’Histoire pour parier sur le déclin inévitable de la civilisation occidentale.

Pour la Russie, cependant, le conflit avec l’Occident n’a absolument rien à voir avec l’économie. Il est inepte de suggérer que l’économie russe, en dépit de tous ses véritables progrès au cours des 15 dernières années, constitue une menace pour l’économie des États-Unis au niveau mondial, où la Chine joue toujours une part prépondérante.

Oui, les associations géopolitiques comme les BRICS pourraient renverser le système monétaire établi à la conférence de la Jamaïque, ainsi que le consensus de Washington, mais encore une fois ce n’est pas de la concurrence économique, mais la projection financière d’une épreuve de force militaire et politique.


Quel est vraiment le fond de tout ceci ? Pourquoi la Russie se retrouve-t-elle une fois de plus à l’épicentre d’un conflit mondial qui menace de déborder ? Pourquoi l’État russe – qui a subi une transformation douloureuse à la fin du XXe siècle, à partir de laquelle il n’a pas encore pleinement récupéré – a-t-il été forcé de résister à l’attaque d’un hégémon qui dirige les développements internationaux et possède des outils de confrontation bien plus avancés ?

Pour comprendre l’essence de ce qui se passe, il faut finalement reconnaître que les actions de ceux qui sont dans le peloton de tête de la civilisation occidentale – et non les commis travaillant au Département d’État et au Pentagone, mais les véritables gestionnaires du projet mondial de la Pax Americana, qui sont considérés comme des gens très pragmatiques – sont en fait conduits par des idéaux très spécifiques et des objectifs ultimes.

Leurs mots sur l’exceptionnalisme américain comme société libre idéale, le phare de la démocratie, et le dernier espoir de la Terre sont plus que des belles accroches et des slogans publicitaires – ils représentent la perception qu’ils ont d’eux-mêmes en tant que force spéciale sur cette planète. Au XVIIe siècle, Jonathan Edwards avait déclaré que les Américains avaient pris la place des Juifs en tant que peuple élu de Dieu. Et même les pères fondateurs de l’Amérique ont vu dans leur travail le point culminant de l’Histoire du monde.

Au XXe siècle, Ronald Reagan, qui accusait l’Union Soviétique d’être un «empire du mal», revendiquait clairement le rôle du «bon empire» pour les États-Unis. En ce sens, les Bush, Clinton et Obama ne sont pas en train d’inventer quelque chose de nouveau, ils utilisent simplement des mots différents pour exprimer ce messianisme très américain.

Une expression naturelle de cette idéologie peut être vue à travers la politique étrangère des États-Unis modernes en tant qu’«exportateur de la démocratie» et arbitre et gendarme du monde. La saisie des ressources, du pétrole et du gaz – ainsi que les récompenses financières – ne sont que des bonus et un outil pour aider à atteindre ces idéaux.

Le concept clé est «liberté», autour duquel le reste de la construction d‘«exclusivité» est construit. Ceci est exprimé par liberté humaine (comme une bénédiction), mais en fait les «maîtres du monde» le comprennent comme liberté du capital, à savoir, une politique du «tout est permis» pour l’homo economicus. Selon eux, le monde idéal devrait être un marché pour les biens et services, dans lequel un être humain est lui-même les deux. L’argent devient l’équivalent de toutes les manifestations de l’univers ainsi que son essence première.

Tout ce que nous appelons pragmatisme est en fait dérivé de cette compréhension «monétaire» de la vie.

Cependant, l’expansion de l’argent – dans une dimension spatiale et spirituelle – ne se limite pas aux profits immédiats, mais poursuit son objectif principal, à tout prix, qui est d’engloutir tout à fait le monde et reformater l’humanité dans un mécanisme financier (ce processus lui-même est connu comme un progrès, qui est analogue au développement de la technologie).

Est-il seulement utile d’expliquer que «la liberté» et «le progrès», compris ainsi, sont tout à fait en désaccord avec l’ensemble du déroulement des 2000 ans du christianisme et sont mortels pour l’humanité ?

En fait, au cours des dernières décennies, la civilisation occidentale a évolué vers un rejet total du christianisme sous le couvert de la «tolérance» et vers la promotion de la dépravation sous le couvert des «droits des homosexuels», alors que la Russie devenait le premier champion des valeurs traditionnelles et des croyances.

Est-ce simplement une coïncidence que le point de départ de cette bataille majeure entre la «liberté du capital» et «la liberté de l’âme» atteigne son apogée sur le sol syrien où le monde chrétien a fait ses premiers pas ? Le christianisme est né au milieu de ces rochers de la région Méditerranéenne du Moyen-Orient, et des centaines d’années plus tard nous voyons des tentatives de l’enterrer au même endroit.

Fait intéressant, les idéologues de Daech, qui ont été formés dans les prisons américaines à abuser de manière sélective des versets du Coran, aiment citer le hadith 6924 qui décrit une bataille entre le Bien et le Mal dans la ville syrienne de Dabiq. Savent-ils – comme ceux qu’ils citent à travers leurs vociférations – qu’ils ne sont que des dupes destinés à servir de chair à canon du diable dans la bataille finale ?

Est-ce que la multitude qui, chaque jour gobe et mâche le chewing-gum insipide que l’on appelle CNN, est capable de saisir que l’histoire n’est pas propulsée par des hydrocarbures ou de fugaces intérêts, mais par une bataille entre des principes opposés, deux forces qui tirent l’humanité dans des directions différentes – l’un vers le bas dans la Géhenne et l’autre vers le Land O’ the Leal (paradis) ?

C’est étrange mais vrai : au cours de ces derniers siècles une seule puissance – la Russie – s’est carrément dressée en travers du chemin de ceux qui déclarent être «une grande bénédiction», une «race pure», ou le «pilier de la démocratie», tout en cherchant à subjuguer l’humanité. Les historiens peuvent passer tout le temps qu’ils veulent à essayer de nous convaincre de l’objectivité de l’émergence d’Hitler et de sa campagne orientale, que les États-Unis et la Grande-Bretagne n’avaient pas remarqué les exactions nazies et que, sans trop y prêter attention, ils ont aidé l’économie allemande en lui fournissant des prêts, mais c’est une évidence, Hitler, comme Daesh aujourd’hui, avait été soigneusement préparé pour une offensive contre la Russie. Et après que l’armée soviétique a détruit l’armée d’Hitler, ils étaient prêts à faire l’opération Unthinkable – pour attaquer l’URSS. Ils n’ont jamais plongé dans ce dernier projet. Mais dans les premières années d’après-guerre, ils ont utilisé la perspective de leur bombe atomique pour intimider Moscou.

Il est stupide d’essayer d’expliquer une telle infamie comme simplement la conséquence de la confrontation entre les systèmes communistes et capitalistes, parce que, comme nous l’avons vu après l’effondrement de l’Union soviétique – ce n’était plus le communisme, mais la Russie l’ennemi.

«Pour sauver le monde de la propagation du mal absolu» – telle est la mission mondiale et le sort de la nation russe et de l’État russe en tant que phénomène historique. Ce sort n’a pas été choisi, mais la Russie est destinée à sauver une nouvelle fois le monde de la destruction – sinon elle ne serait plus la Russie.

Cela n’implique en aucun cas l’infaillibilité ou l’exceptionnalisme des Russes eux-mêmes, puisque la bataille se déroule aussi bien en leur sein, mais il confère à cette nation une responsabilité particulière pour le sort du monde entier. Le fait de cette mission explique l’irrationnelle et farouche haine de la Russie et des Russes qui enflamme la «superclasse» mondiale et qui se reflète dans les téraoctets de la propagande militante qu’ils paient chaque jour.

Il est important pour tous les citoyens rationnels du monde de comprendre que, quand ils regardent les informations sur la Syrie, la véritable question n’est pas Assad ou la Syrie en tant que tels, ni même les intérêts nationaux d’un État-nation. La question est à propos de l’impasse métaphysique entre les deux principes de cet univers. C’est au sujet de la guerre des mondes. Dans lequel chaque citoyen devra faire son propre choix existentiel.


Source Oriental Review via Réseau International
Traduction : Avic
Vu ici

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