11 octobre 2016

Guerilla à Viry-Châtillon : «Je me suis mis sur lui pour l’éteindre»


L'attaque de policiers au cocktail Molotov samedi dans l'Essonne vire à l'affrontement politique sur les moyens octroyés aux forces de l'ordre. Au-delà de ces polémiques, il y a des actes héroïques comme celui de Sébastien, qui a sauvé d'une mort horrible son collègue. Il se confie à notre journal.

« J’appréhende de retourner sur le terrain. Depuis 12 ans que je suis affecté à Juvisy (Essonne) et je n’avais jamais vu ça… » Sébastien, 38 ans, est l’un des quatre policiers blessés samedi après-midi alors qu’ils surveillaient, au niveau du quartier de la Grande Borne à Viry-Châtillon (Essonne), une caméra qui avait fait l’objet de tentatives de destructions ces dernières semaines. Son collègue de 28 ans, aujourd’hui toujours plongé dans un coma artificiel, doit la vie à Sébastien. « C’est un héros », a réagi ce lundi matin Manuel Valls, le Premier ministre, en visite dans les locaux de la police à Juvisy-sur-Orge.

« Je l'ai sorti de la voiture et Je me suis couché sur lui pour éteindre le feu, raconte le policier. Je le connais un peu, ce collègue, nous avons l'habitude de travailler ensemble dans ce quartier. »

Son geste courageux lui vaut des brûlures au deuxième degré sur les mains et un genou douloureux. « Je dois prendre des calmants et des somnifères. Je n'arrive plus à dormir et j'ai du mal à sortir de chez moi. Dimanche, quand je suis allé à la Direction départementale de la sécurité publique (DDSP) pour être entendu, j'ai demandé à ma femme de prendre une autre sortie sur l'autoroute A 6. Je ne voulais pas passer par la Grande-Borne. »

Samedi après-midi, Sébastien était installé côté passager dans une Peugeot 308 sérigraphiée, pour avoir un oeil sur un carrefour de la D 445 réputé pour ses vols à la portière. « On n'a pas vu les jeunes arriver, explique-t-il. Ils ont été malins, c'était bien préparé. On était stationnés devant la Grande-Borne, mais ils ont fait un grand tour en traversant devant le magasin Leclerc, puis ils ont longé le mur de la caserne de pompiers pour nous surprendre. » Les deux voitures étaient stationnées côte à côte à 5 m d'intervalle.

Des coups de poing pour les empêcher de sortir


Les assaillants sont d'abord arrivés par l'arrière de la Renault Kangoo où se trouvait l'adjoint de sécurité du commissariat de Savigny-sur-Orge le plus grièvement blessé et sa collègue d'Athis-Mons. « Ils ont cassé les vitres, leur ont donné des coups de poing pour les empêcher de sortir et leur ont jeté les cocktails Molotov sur les genoux. Nous sommes sortis et ils sont venus sur nous. Ils ont essayé de mettre KO ma collègue qui était côté conducteur en lui donnant des coups de poing. Ils ont ensuite lancé un cocktail Molotov dans notre voiture. Je suis allé dans le coffre pour chercher des grenades défensives, mais ils étaient déjà partis. Mon expérience des émeutes dans le quartier de la Grande-Borne m'a permis de rester lucide. Les riverains nous ont ensuite aidés, ils ont appelé les secours. Ils ont fait un super travail. »

Sébastien écope de vingt et un jours d'incapacité totale de travail (ITT) et de blessures morales. Il consultera dans les jours qui viennent un psychologue. Hier matin, il a vu en tête à tête Manuel Valls dans un bureau du commissariat de Juvisy. « Quand nous venons à la Grande-Borne, nous savons que nous pouvons être caillassés et que nous allons recevoir des cocktails Molotov. Mais on ne s'attendait pas à ce qu'ils viennent au contact au niveau de nos portières et qu'ils veuillent nous tuer. »

Le fils de Sébastien, âgé de 7 ans, a aussi besoin d'un soutien psychologique. « Samedi, il a vu les images à la télé et quand je suis rentré le soir de l'hôpital, il a vu mes brûlures. Il ne comprenait pas pourquoi les méchants veulent me tuer alors que je suis policier. Je ne savais pas quoi lui répondre. »

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