30 septembre 2016

Accident de train dans le New Jersey : sous-investissements chroniques


L’état des infrastructures ferroviaires aux Etats-Unis est à nouveau questionné, après l’accident qui a fait un mort et une centaine de blessés.

Il est encore trop tôt pour déterminer les causes de l’accident de train survenu jeudi 29 septembre à la gare de Hoboken (New Jersey), dans la banlieue de New York, qui a fait un mort et plus de cent blessés, selon un bilan provisoire établi à la mi-journée.

Les enquêtes qui sont en cours devront déterminer s’il s’agit d’une erreur humaine ou d’une défaillance matérielle. Mais, une nouvelle fois, se pose la question de l’état des infrastructures ferroviaires aux Etats-Unis, qui depuis des années pâtissent d’un manque d’investissements.

La situation dans le New Jersey est particulièrement préoccupante. En mars, un rapport rédigé par l’association indépendante New Jersey for Transit pointait que, depuis 2002, les investissements dans les infrastructures de transport collectif avaient diminué de 19 % (en dollars constants), alors que, dans le même temps, le nombre d’usagers avait augmenté de 20 %. Cette diminution des investissements est principalement due à la baisse de la contribution de l’Etat du New Jersey.

Pour partiellement compenser ce manque à gagner, l’exploitant du réseau, le NJ Transit, a dû augmenter ses tarifs à cinq reprises sur la période pour tenter d’équilibrer son budget.

« Le soutien direct de l’Etat au NJ Transit a chuté brutalement de 90,3 % entre 2005 et 2016, affirme Janna Chernetz, responsable pour le New Jersey au sein du Tri-State Transportation Campaign, une association qui milite pour de meilleurs transports dans les Etats de New York, du New Jersey et du Connecticut. Ces années de sous-investissement ont poussé le NJ Transit à se lancer dans des pratiques financières insoutenables, juste pour faire rouler les trains. En 2015, ce sont les usagers qui ont payé les pots cassés au travers d’une hausse des tarifs, alors que le service se dégradait », dénonce-t-elle.

« Retards, pannes, tarifs inabordables »


Le président de l’Assemblée du New Jersey, le démocrate Vincent Prieto, dénonce lui aussi depuis de nombreux mois la situation : « Nous avons laissé dépérir le réseau au point que désormais le train n’est même plus une option pour de nombreux banlieusards. Le manque d’investissement est à l’origine d’innombrables retards, pannes, services défectueux et de tarifs inabordables », avait-il déclaré le 3 mars lors d’une conférence de presse.

L’entretien des infrastructures est au cœur d’une bataille politique entre le gouverneur de l’Etat, le républicain Chris Christie, et les démocrates. Cet été, tous les travaux en cours concernant la réfection des infrastructures du New Jersey ont été suspendus, faute d’argent.

Depuis plusieurs années, les démocrates réclament une augmentation de la taxe sur les carburants pour financer le programme de rénovation des infrastructures. Le New Jersey est en effet le deuxième Etat américain où l’essence est la moins taxée. Les automobilistes payent 14,5 cents par gallon (3,80 litres), un prélèvement qui n’a pas évolué depuis la fin des années 1980.
Situation critique de l’Amtrak

Ces problèmes de sous-investissements chroniques sur fonds de luttes politiques ne sont pas propres au New Jersey et dépassent le cadre du réseau de banlieue.

En mai 2015, un train Washington-New York avait déraillé près de Philadelphie (Pennsylvanie), faisant huit morts et 200 blessés. L’accident avait été causé par une vitesse trop élevée. Le tronçon où il s’était produit n’était pas équipé de dispositif de contrôle de vitesse.

En décembre 2013, à New York, un train de banlieue roulant trop vite avait raté un virage à son arrivée dans le Bronx, faisant quatre morts et 77 blessés. Là encore, l’enquête avait démontré que l’accident aurait pu être évité si des investissements avaient été consentis dans un système de sécurité approprié.

Mais la situation de l’Amtrak, la compagnie ferroviaire publique qui gère l’essentiel du transport de voyageurs aux Etats-Unis, est critique. Sur les 48 lignes exploitées, seule cinq sont rentables et une est à l’équilibre. La société génère un chiffre d’affaires de 3,2 milliards de dollars (2,8 milliards d’euros), alors que l’exploitation des lignes lui coûte 4,3 milliards de dollars. La différence est trouvée chaque année dans la poche du contribuable.

Mais l’exercice fait l’objet de polémiques récurrentes au Congrès où la majorité républicaine cherche par tous les moyens à diminuer cette subvention. Ainsi, le 13 mai 2015, vingt-quatre heures après l’accident de Philadelphie, la commission des finances votait un budget de 1,14 milliard de dollars en faveur de l’Amtrak, soit une baisse de 252 millions par rapport à ce qui avait été accordé au titre de 2015.

Stéphane Lauer

Source
 
En cours en France...

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