27 août 2016

"Le monde crée un mur entre soi-même et les autres, entre moi et vous. Détruisez ce mur !"

 
Un jour de l'année 1854, un jeune fakir errant apparut mystérieusement, dans les rues de Shirdi, un village du Maharastra.

Personne ne savait qui il était, ni d'où il venait.

A partir de l'année 1900, il deviendra extrêmement célèbre en Inde.

Encore maintenant on trouve son portrait un peu partout, et il n'y a sans doute pas de saints dont le culte est aussi répandu dans toute la péninsule indienne.

Ce sont vraisemblablement ses très nombreuses guérisons miraculeuses qui sont à l'origne de sa renommée et non son enseignement spirituel qui est pourtant remarquable de clarté.

Saï Baba de Shirdi demeure une énigme. Il ne lisait jamais de livres et mettait ses disciples en garde contre une connaissance simplement mentale, contre les dangers d'une érudition qui peut se substituer au chemin spirituel.

A quelqu'un qui voulait une photo de lui, il répondit :

"Non, il ne faut pas de photos, il suffit de détruire le mur."

Car une photo est une image illusoire. Le mur est l'ego qui nous sépare des autres. En le détruisant, on connaîtra le vrai visage de Saï Baba, sa nature réelle, au-delà du masque.

La nécessité de détruire de mur de l'ego qui nous isole et nous empêche de voir la réalité revient sans cesse dans son enseignement. Il disait à son disciple Dabholkar :

"Le monde crée un mur entre soi-même et les autres, entre moi et vous.

Détruisez ce mur !".

Fondamentalement, Saï Baba était un être unifié avec l'univers, et son comportement étrange s'explique en grande partie par cette "vision du monde" particulière qui était la sienne.

Sa perspective n'était pas celle de l'humanité commune composée d'êtres séparés, isolés, fermés sur eux-mêmes, sur leur égoïsme, mais celle d'un être ouvert de coeur, faisant un avec la vie.

De nombreux témoignages montrent qu'il se sentait en osmose avec les humains, les animaux,, les chiens, les oiseaux, les plantes. Il était lié de façon "magique" à son environnement.

Saï Baba semblait se mouvoir dans le monde comme dans un royaume qui lui appartenait et lui obéissait. Il connaissait les âmes, il savait leurs destinées. Il voyait aussi de multiples fils qui tissent la toile de la réalité derrière les apparences.

L'univers semblait un vaste jeu, pour lui. Un jeu dont il était le maître ou plutôt, le serviteur conscient.


SON ENSEIGNEMENT SPIRITUEL

Dans son ouvrage sur Saï Baba, Narasimha Swami donne de précieuses indications sur l'enseignement spirituel du saint.

Baba utilise des images toujours très parlantes. Il compare l'esprit constamment agité qui se complait dans les objets des sens, à une mouche. L'esprit fuit Brahma, comme la mouche fuit le feu qui l'anéantira.

Saï Baba considérait que l'état de contemplation sans formes était difficile à réaliser. Pour fixer l'esprit, l'unifier, il conseillait d'adorer l'image d'un dieu avec dévotion et de se concentrer sur sa forme en pensant à elle jour et nuit.

"Avec une telle pratique de méditation, l'esprit se dissout dans l'unité et atteint l'état de laya."

Ailleurs, il recommande aussi la pratique de la discrimination et l'interrogation védantique qui consiste à se demander :

"Qui suis-je ? Qui est le je ? Où se trouve-t-il ? "

Il ajoutait parfois :

"Pour me connaître demandez-vous constamment qui vous êtes ;

vous devez voir votre Soi."

Le but est l'état d'unité, car la réponse à l'investigation sur l'origine du moi est :

"Je suis vous, vous êtes moi. Il n'y a aucune différence entre vous et moi. Ce qui vous constitue, me constitue".

Ou encore :

"Les gens font une différence entre eux-mêmes et les autres. Ce qui leur appartient et ce qui appartient aux autres. Cela est faux. Vous êtes en moi et je suis en vous...

Les saints ne font pas de différence.

Lorsque N.G Chandorkar l'interroge sur la nature ultime de Brahma,

qu'il nomme Shuddha Chaïtanya , Baba le définit ainsi :

"C'est l'origine, l'Essence, le fondement de l'univers entier et la fin de toutes choses... Vous ne pouvez décrire Chaïntanya, mais il est présent chaque instant de votre vie. Il est partout présent, mais il n'a ni forme, ni nom. Il est semblable à l'air qui n'a ni couleur, ni forme visible, mais dont l'existence est évidente... Il est Sat, l'être, Chit, la conscience, Ananda, la béatitude et Ekatva, l'unité. Toutes choses sont en lui. Nous ne sommes pas distincts de lui."

"En réalité, le monde n'existe pas. Seul existe le Réel (Sat). Mais les apparences sont prises pour la réalité....

Aussi, abandonnez la Maya pour retrouver Brahma. Comment ?

"En réalisant que vous êtes aussi pur que Chaïtanya. Lorsqu'on enlève les impuretés qui troublent l'eau, elle se révèle pure. De même enlevez les impuretés de la Maya de ce monde d'apparence."

Un jour, il expliqua la même idée à son proche disciple, Nanasaheb Chandorkar qui lui massait les pieds :

"Exactement comme on enlève une épine avec une autre épine, le guru enlève l'ignorance du disciple....la connaissance spirituelle n'est pas créée, mais elle est toujours présente, inaltérable. La parole du guru agit, en fait, comme un chirurgien qui enlève la cataracte qui recouvre les yeux. Alors, ont peut voir et reconnaître la pure connaissance qui a toujours été présente."

Sur la mort, Saï Baba avait une pensée en accord avec la non-dualité telle qu'elle s'exprime chez les grands maîtres du Védanta. Pour lui :

"La mort et la vie sont des manifestations de Dieu.
Vous ne pouvez les séparer...

En fait, ultimement, personne ne naît, personne ne meurt....

Mais combien sont aveugles ceux qui oublient Dieu. Lorsque la mort arrive, ils sont affligés, alors que le sage ne l'est pas." Plus loin, il précise : "Lorsque la mort arrive, le propriétaire réclame ce qui lui appartient. Les cinq pranas retournent à leur source. L'air retourne à l'air, le feu au feu. Chacun des cinq éléments retourne à son origine.

Comme le corps est fait de terre, il est normal qu'il retourne à la terre."

Extraits de VIE ET PAROLES DE SAÏ BABA DE SHIRDI
Par Erik Sablé

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