11 août 2016

La monnaie stable, c’est l’or


Une monnaie stable est une monnaie dont la valeur ne change pas. En termes pratiques, une monnaie stable, ou aussi stable que possible, a toujours pu être obtenue au travers de l’arrimage de la valeur d’une devise à l'or et l'argent puis, à la fin du XIXe siècle, à l’or. C’est ainsi qu’ont fonctionné les devises pendant plus de 5.000 ans, à compter de 3200 avant JC et jusqu’en 1971. Il n’a jamais existé de monnaie stable sans étalon or.

Et il y a toujours eu des défenseurs des devises fiduciaires. Le philosophe Platon, dans ses Lois (360 avant JC), a suggéré la mise en place d’une devise fiduciaire contrôlée par le gouvernement, et composée de fer. La propriété d’or et d’argent aurait ainsi pu être rendue illégale, et les taux de change avec les pièces d’or et d’argent des autres Etats grecs déterminés par décret.

« Instabilité des monnaies » et « chaos monétaire » ont toujours été des termes tabous. Depuis plus de cent ans, les promoteurs de la monnaie fiduciaire nous vendent leurs idées en les présentant comme des sources de stabilité. C’est encore le cas aujourd’hui. Mais ne vous laissez pas tromper.

L’une des premières versions a été le dollar compensé d'Irving Fischer (1913), dont les précurseurs remontent au moins jusqu’à William Stanley Jevons (années 1870).

Fischer voulait rendre le dollar plus « stable » en modifiant de temps à autres sa valeur contre l’or en fonction des prix des matières premières. En pratique, ces modifications n’auraient pu se faire qu’à la baisse, au travers de dévaluations. Personne n’aurait jamais voulu réévaluer la devise à la hausse, peu importe les prix des matières premières. Cet argument était l’idée centrale derrière la dévaluation de 1933, date à laquelle la valeur du dollar est passée de 20,67 à 35 dollars par once d’or. Lorsque les prix des matières premières ont flambé dans les années 1940 et 50, personne n’a suggéré de faire repasser la valeur du dollar de 35 à 20,67 dollars l’once. Parce que les prix des matières premières ont tendance à être sensibles à l’économie, tout n’était question que de dévaluer en période de récession, ou en période de faiblesse des prix des matières premières même en l’absence de récession. Les producteurs de matières premières représentaient à l’époque un énorme soutien politique.

Le terme « stabilité domestique » est devenu très populaire parmi les Keynésiens à compter des années 1930. Il signifiait en fait manipulation de la devise et des taux d’intérêt en tant que gestion macroéconomique. « Nous ne sacrifierons pas la stabilité domestique pour l’étalon or » signifiait en fait « Nous ferons disparaître l’étalon or et mettrons en place des devises flottantes afin de pouvoir continuer notre manipulation monétaire ». Les arguments tels que celui-ci ont mené à la dissolution de l’étalon or en 1971.

Il y avait aussi la stabilité monétaire des monétaristes, adeptes de Milton Friedman, qui a écrit un livre intitulé A Program for Monetary Stability en 1960. La stabilité de Friedman prend la forme d’un taux de croissance monétaire stable, qu’il s’agisse de la base monétaire ou encore du crédit, comme M2. Tenter de stabiliser l’un de ces facteurs implique une devise flottante, ce qui est la raison pour laquelle Friedman a toujours défendu cette forme de devise.

En d’autres termes, stabilité monétaire signifie pour Friedman devises fiduciaires flottantes. En 1965, il a écrit ceci :

De la manière dont je vois les choses, il n’existe que trois critères de contrôle de la masse monétaire.

Le premier est un critère automatique qui nous est fourni par un étalon lié aux matières premières, un étalon or au sein duquel nous ne pouvons pas gérer le système, et dans lequel la quantité de monnaie au sein du système est déterminée entièrement par les affaires externes. Je suis d’avis qu’un tel système n’est ni désirable ni faisable pour les Etats-Unis d’aujourd’hui. Nous ne tentons pas aujourd’hui de répondre à cette discipline, nous ne souhaitons pas subordonner la stabilité domestique aux nécessités de l’équilibre externe des paiements.

Laissez-moi clarifier ce dernier point. Personne ne souhaiterait jamais sacrifier la stabilité domestique en le nom de la balance des paiements. Et pourtant, c’est ce que font nos politiques actuelles.

Ce qu’il voulait dire par là, c’était simplement qu’il était indésirable de préserver l’étalon or. A ses yeux, bien entendu.

Il mentionne aussi la stabilité des prix, qui signifie donc une devise flottante avec un vague objectif en termes d’indice des prix à la consommation.

Nous avons aussi aujourd’hui la très populaire stabilité macroéconomique, un terme qu’utilisent beaucoup les monétaristes de troisième génération, les fans des objectifs de PIB nominaux. Une croissance stable du PIB nominal peut sembler intéressante, mais elle ne pourrait être obtenue qu’au travers de modifications de la valeur de la devise. Certains ont même récemment tenté d’adapter cette notion aux idées de l'étalon or et d'un système bancaire libre.

Qu’est-ce que toutes ces idées ont en commun ? Elles sont toutes des excuses pour des dévaluations périodiques et des régimes fiduciaires flottants. Aucune d’elle ne tente même de faire ce que fait un étalon or – assurer la stabilité de la valeur d’une devise. Au final, tout n’est question que d’astuces rhétoriques ou, pour reprendre un terme un peu plus honnête, de propagande.

Toutes n’ont que pour objectif de vous faire croire que la folie monétaire actuelle est normale et nécessaire. L’étalon or – le système monétaire qui était la norme pendant plus de 500 dans le monde occidental avant 1971, la fondation de la révolution industrielle et du règne des empires européens sur le monde jusqu’en 1914 – est soi-disant une absurde superstition.

Et si nous entendons encore ces arguments de stabilité aujourd’hui, c’est parce que tout le monde sait qu’il n’y a qu’une monnaie stable qui puisse fonctionner. Ne vous laissez pas distraire. La monnaie stable, c’est l’or.

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