18 août 2016

La Chine doit jouer «un rôle plus important» en Syrie, les Etats-Unis sont presque «sortis du jeu»


Sommes-nous en train de voir la naissance d'une nouvelle coalition anti-Daesh impliquant la Russie, l'Iran et la Chine ? Les analystes Michael Maloof, Andrew Leung et Qinduo Xu nous livrent leurs opinions.

La Chine va renforcer sa présence au Moyen-Orient offrant formation militaire et aide humanitaire en Syrie.

C’est ce qui a été déclaré peu de temps après l’annonce par la Russie de l’autorisation qui lui a été faite d’utiliser la base aérienne iranienne d’Hamadan pour effectuer des frappes aériennes contre des cibles terroristes en Syrie.

RT a pu rencontrer de spécialistes en stratégie pour évoquer l'importance de la décision de la Chine d’accorder une aide militaire au gouvernement syrien. Etant donné que la Turquie a également affirmé qu'elle allait reprendre ses attaques aériennes contre Daesh et demandé à la Russie de mener des opérations conjointes contre l'«ennemi commun», est-ce la naissance d'une nouvelle coalition ?

Michael Maloof, ancien fonctionnaire du Pentagone, note que la Chine est effectivement présente en Syrie «depuis un certain temps» déjà.

L'OCS est devenue une entité de lutte contre le terrorisme

«La Chine a toujours été présente dans tout le Moyen-Orient. Vous pouvez le constater en grande partie au Liban. Mais ils sont très discrets à ce sujet, très subtiles. Ils ont fourni une assistance militaire et une formation à l'armée syrienne. Ils vont renforcer [cette aide] maintenant», estime l’expert.

D’après Maloof, «[la tactique chinoise] est quelque chose d'un peu plus subtil - vous n'entendez pas beaucoup [parler] à ce sujet».

«La Chine et la Russie sont des membres éminents de ce qu'on appelle l'Organisation de coopération de Shanghai [OCS], [dont] l'Iran veut devenir membre. Il y a en tout 17 pays qui sont soit membres soit partenaires, ce qui inclut également la Turquie, l'Iran, l'Inde, le Pakistan et les pays d'Asie centrale. C’est une grande organisation», explique-t-il. «L'OCS - alors qu'elle est de nature économique - est devenue une entité de lutte contre le terrorisme. Et là, les Chinois sentent qu'ils doivent en être. Mais cela reflète aussi le fait que l'OCS leur accorde une plus grande présence et influence au Moyen-Orient, aux côtés de la Russie et de l'Iran.»

Désormais, la Chine suit essentiellement sa propre politique diplomatique

La récente évolution montre que les États-Unis «sont pratiquement sortis du jeu» quant au rôle qu’ils jouent dans le conflit syrien, explique l’ancien du Pentagone.

Il note également que le président syrien Bachar el-Assad avait déclaré en mars dernier que, quand le temps de reconstruire la Syrie sera venu, à la fin de la guerre, l'Iran, la Russie et la Chine auront la priorité dans ce processus.

Andrew K. P. Leung, spécialiste indépendant de la Chine, dit qu’«il y a certainement plus de coordination entre la Chine, la Russie et la Turquie» au niveau de la crise syrienne, mais il ne pense pas que ce soit là la naissance d'une nouvelle coalition. Chacun de ces pays poursuit des intérêts nationaux spécifiques en s’engageant en Syrie, mais la stabilisation de la région serait profitable à chacun d’entre eux, selon lui.

La Chine a ses propres problèmes avec les attaques terroristes. Au moins 100 citoyens chinois se battent aux côtés de Daesh

«Dans un sens, on va les voir résoudre un grand nombre des problèmes qui, en plus d’affliger le Moyen-Orient, intensifient le problème des réfugiés, et cela joue aussi en faveur de leur prestige national. Mais je ne pense pas qu'il y ait une sorte de bloc militaire contre l'Occident», a-t-il ajouté.

Xu Qinduo, un expert politique de China Radio International, a qualifié la décision chinoise de «significative», car elle pourrait devenir la première étape de l’engagement du pays en Syrie. La Chine se met aux côtés du gouvernement syrien et soutient la participation de la Russie dans la lutte anti-terroriste dans la région, explique-t-il.

«La Chine a ses propres problèmes avec les attaques terroristes. Au moins 100 citoyens chinois se battent aux côtés de Daesh», explique l'expert. Il poursuit en expliquant que la paix et la stabilité dans la région sont cruciales pour la Chine, «car 50% des importations chinoises de pétrole proviennent de cette région».

«La Chine a essayé d'inviter des groupes représentatifs du gouvernement syrien et aussi des groupes rebelles pour tenter de négocier la paix. Ces efforts n’ont rien donné parce qu'il est difficile pour eux de parvenir à un accord. Mais désormais, la Chine suit essentiellement sa propre politique diplomatique, en soutenant le gouvernement internationalement reconnu et légitime de Syrie, le gouvernement de Bachar el-Assad», conclut Xu.

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