Un motard de la police nationale sérieusement blessé au coutelas, « après avoir été touché jusqu'à l'os, au niveau du bras droit » . Ainsi qu'un suspect qui a, lui aussi, fini à terre, après avoir été atteint à la jambe lors d'un tir de riposte. Cette scène surréaliste à laquelle la Guadeloupe doit désormais s'habituer (lire ci-dessous la réaction d'un syndicat de police), c'est tout simplement celle dont le quartier Boissard, aux Abymes, a été le théâtre vendredi matin, lors d'une interpellation hors norme.
Tout est parti d'une intervention presque banale pour des forces de l'ordre quotidiennement confrontées aux braquages, incivilités, faits de violences et autres vols. Sauf que cette fois, son issue a viré au cauchemar pour plusieurs fonctionnaires.
SUR LE CARREAU
Selon plusieurs fuites qui ont très rapidement filtré, il y a d'abord eu un appel, reçu par le commissariat central. À l'autre bout du fil : des témoins signalant « des tentatives de vol à l'arraché commises dans le centre-ville de Pointe-à-Pitre, par un individu muni d'une arme blanche » . Ils demandaient l'assistance des forces de l'ordre. Il était alors un peu plus de 7 heures.
Plusieurs patrouilles de police, ainsi que deux motards, ont convergé vers les lieux de l'alerte. Et, rapidement, repéré un suspect qui prenait la fuite au guidon d'un vélo. Une course-poursuite se serait alors engagée jusqu'à Boissard, « non loin de la cité Sonis » . « Ne pouvant plus progresser sur son deux-roues, le fuyard a fini pour l'abandonner pour continuer à pied. Les motards qui arrivaient derrière lui ont fait de même, avant d'être rejoints par un troisième fonctionnaire » , a confirmé, plus en détail, une source proche de l'enquête.
Muni de deux sabres, le suspect serait subitement revenu sur ses pas, s'approchant d'un premier motard. Une fois à sa hauteur, il l'aurait alors frappé à l'aide de ses derniers, parvenant à entailler sérieusement le bras du policier.
PAS DE PRONOSTICS VITAUX ENGAGÉS
L'homme semble ensuite avoir tenté « de se jeter sur un second policier » . En vue de venir en aide à ce collègue et le sortir de cette mauvaise passe, un troisième fonctionnaire aurait alors sorti son arme et fait feu. Blessant à la jambe le forcené maîtrisé.
Pris en charge par les secours, le motard blessé au bras ainsi que son agresseur présumé ont tous deux été évacués vers le CHU. « Pour aucun d'eux, il n'y a de pronostics vitaux engagés » , nous a-t-on assuré. Quant à l'enquête, elle ne fait que débuter.
Un suspect en « cours d'identification »
Qui est cet individu qui, pris en chasse pour une banale affaire de tentative de vols, n'a pas hésité à violemment agresser un policier ?
A-t-il des antécédents judiciaires ?
Était-il recherché dans un dossier plus grave ?
Cela pourrait ainsi expliquer, sans le justifier, ce geste désespéré ?
Et dispose-t-il de toutes ses facultés mentales ?
Vendredi soir, l'ensemble de ces questions restaient en suspens.
Et pour cause : « Cet individu est toujours en cours d'identification » , a indiqué le parquet de Pointe-à-Pitre. Non sans préciser que cet homme, qui a finalement pu être maîtrisé après un tir, « n'a toujours pas pu être auditionné, compte tenu de sa prise en charge médicale. »
IL A DIT - Claude Jeanny, secrétaire départemental adjoint au sein d'Alliance Police : « La réponse pénale doit être à la hauteur de la gravité des faits »
« Au sein de notre syndicat Alliance Police, nous considérons qu'il s'agit d'un acte barbare et lâche. Et nous constatons, en le déplorant une fois de plus, qu'une partie de la délinquance n'a plus peur de la police. L'individu qui vient d'agresser sauvagement l'un de nos collègues ne s'est pas simplement rebellé en refusant l'interpellation. Il s'est en fait acharné, à l'aide de coutelas, sur un fonctionnaire de police qui, heureusement, a pu se protéger et parer le coup avec son bras. Ce genre de situation ne peut plus perdurer. Une nouvelle fois, il convient de tirer le signal d'alarme. Et ce, d'autant, que les faits sont survenus en ZSP (zone de sécurité prioritaire, NDLR), suite à une intervention concernant des vols ou tentatives de vol.
Face à ce genre de comportements intolérables, nos attentes sont tellement nombreuses qu'il est impossible de toutes les exposer. Ce que je peux dire, malgré tout, c'est qu'au sein d'Alliance, nous restons déterminer à défendre le département et nos collègues policiers.
Pour cela, il y a des axes incontournables : au-delà de la problématique du manque de moyens ou d'effectifs, nous attendons également de vrais moyens juridiques. Un véritable soutien de l'État.
Et forcément, des réponses pénales à la hauteur de la gravité des faits qui viennent d'être commis. Car trop souvent, ce type d'individus a le sentiment de pouvoir agir en toute impunité. »
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