02 décembre 2015

Chômage : le naufrage de François Hollande

 
Non seulement François Hollande n’a pas su inverser la courbe, mais il a semé à tout vent de la précarité et de l’amertume.

Patatras ! À peine requinqué dans les sondages de popularité, qui le gratifiaient d’un inexplicable 32 % d’opinions favorables au lendemain des attentats qu’il n’a pas su prévenir, François Hollande se prend dans les gencives les chiffres catastrophiques du chômage d’octobre. Soit une hausse de 42.000 inscrits : le plus mauvais score depuis avril 2013, et la preuve supplémentaire que la prétendue baisse en septembre n’était qu’un enfumage dû aux jobs saisonniers (vendanges), à une augmentation des radiations de 25 % et à un mode de calcul revisité depuis juin pour faire glisser sournoisement des chômeurs de la catégorie A vers la D.

« Ces chiffres ne sont pas satisfaisants », commente Myriam El Khomri, qui s’y connaît assurément mieux en litote qu’en droit du travail. Mais elle tempère aussi sec : les chiffres concernant les jeunes sont « encourageants ». Entendez par là : stables. Normal, vu les pelletées d’emplois aidés dont ils bénéficient. Et les séniors (+1,5 %), les chômeurs de longue durée (+0,4 %) voire de très longue durée (+1 %) ? Silence radio. Le ministre préfère noyer le poisson dans un torrent de sophismes, se félicitant du « ralentissement de la hausse » du chômage : seulement 9.000 chômeurs de plus par mois en 2015, contre 15.000 en 2014. Chapeau bas. En outre, les « baisses et hausses successives » sont les « caractéristiques d’une reprise graduelle » avec des « embauches encore majoritairement en CDD et en intérim ». Bref, on ne résorbe pas, on colmate à coups de contrats temporaires. Et on voudrait nous faire gober que la déferlante de migrants sera une chance pour l’économie…

La reprise, parlons-en. La consommation des ménages a essuyé une chute de 0,7 % en octobre, et les exportations de 1,8 % au troisième trimestre, malgré le providentiel alignement des planètes dont on nous chantait les louanges à tue-tête. L’investissement des entreprises peine à redécoller (+0,5 %). Même les secteurs porteurs tournent au ralenti : le numérique n’a progressé que de 2,1 % contre 4,8 % au niveau mondial ; le luxe, qui avait résisté avec panache à la crise de 2008, affiche des résultats en demi-teinte. Le dernier baromètre OpinionWay indique que seuls 28 % des chefs d’entreprise sont « optimistes », contre 45 % en septembre.

Et ce ne sont pas les attentats qui vont arranger leurs petites affaires : à Paris, les restaurants encaissent une dégringolade de 33 % de leur chiffre d’affaires, les hôtels de 26 % (jusqu’à 50 % dans les palaces) et les grands magasins de 30 à 50 %. Un sérieux coup de massue assené à la frêle croissance de 0,3 % du troisième trimestre. Les 150.000 formations prioritaires et 545.000 emplois subventionnés apparaissent comme une microscopique bouteille à la mer, qui dérive dans un océan de résignation. Comme le projet de loi « zéro chômage de longue durée », du député PS Laurent Grandguillaume, qui propose d’« habiliter des entreprises social et solidaire pour qu’elles puissent recruter des CDI à destination des personnes durablement privées d’emploi », avec un fonds de 10 millions d’euros à la clé.

Non seulement François Hollande n’a pas su inverser la courbe, mais il a semé à tout vent de la précarité et de l’amertume. À la veille des régionales, il tente de ragaillardir son image en se positionnant comme le protecteur des foules endeuillées, ainsi qu’il l’avait déjà fait en janvier. Sauf que cette fois, il va jusqu’à piller les mesures sécuritaires préconisées par ses adversaires de droite, il rame comme un galérien pour bricoler en vain une coalition contre Daech avec ceux-là mêmes qu’il honnissait, il se réapproprie un patriotisme qu’il vomissait hier en nous invitant à planter des drapeaux français sur notre balcon et à faire des selfies bleu-blanc-rouge. François Hollande ne nous aura épargné aucun opportunisme, aucune indécence. Qui peut encore se laisser berner ? 
 
Eloïse Gloria
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