10 novembre 2015

Troubles Dissociatif de l'Identité : à l’intérieur de l’esprit peuplé de Karen


Dans son livre "Switching Time" (2007), un psychiatre détaille son cas le plus intriguant, une femme avec 17 personnalités.

Même pour un patient en psychiatrie, Karen Overhill semblait anormalement dépourvue d’espoir le jour de 1989 où elle s’est rendue au bureau de Chicago du Dr. Richard Baer. Au fur et à mesure des semaines et mois de thérapies, les antidépresseurs ne l’aidaient pas, tout du moins pas toujours. Elle était suicidaire – et la façon plate, sans émotion, avec laquelle elle affirmait son désir de mourir faisait craindre à Bear le pire. Finalement, Karen commença à s’engager dans des histoires d’abus pendant l’enfance et elle mentionna d’étranges absences de mémoire. Elle se retrouvait dans des endroits étranges sans se souvenir de la façon dont elle arrivait là. Elle ne pouvait pas même se souvenir avoir eu des rapports sexuels avec son mari, bien qu’elle dût en avoir, puisqu’elle avait deux enfants.

Bear soupçonnait un problème bien plus profond qu’une dépression et les pensées suicidaires que Karen avait avoué. Cependant, il garda pour lui son hypothèse pendant les quatre premières années de thérapie, par crainte d’introduire des idées dans l’esprit de Karen. Il attendait qu’elle lui fournisse volontairement l’information, en un sens, ce qu’elle finit par faire. En novembre 1993, une enveloppe avec l’adresse de retour de Karen advient dans son courrier. Il y avait à l’intérieur un seul morceau de papier quadrillé et une lettre écrite avec le gribouillage d’un crayon d’enfant. « Mon prénom est Claire », commença-t-elle. « J’ai 7 ans. Je vis dans Karen. »

La trajectoire médicale remarquable qui suivit est le sujet du nouveau livre de Baer, « Switching Time ». Il raconte le parcours de 17 ans de la thérapie de Karen en – douloureux – détails et apporte un nouvel éclairage au trouble de personnalité multiple (MPD), la maladie controversée qui l’affectait. (Karen Overhill est un pseudonyme créé par Bear pour protéger son patient et sa famille). Le livre décrit les difficultés auxquelles Bear fut confronté au fur et à mesure que les alter égos de Karen émergeaient – homme, femme et enfant – dont le total fut de 17, chacun ayant ses propres traits de caractère, problèmes mentaux et ordre du jour. Baer eut à les connaître tous, puis les persuader d’effacer leurs identités individuelles en les fusionnant en une seule. Ce fut un cas déterminant de sa carrière – et celui qui a peut-être sauvé la vie de Karen.

Mais est-ce que le trouble de Karen était réel ? Il y eut des accusations que certains prétendus patients MPD étaient juste des gens voulant se faire une publicité. Cependant Baer n’eut pas le moindre doute [sur la réalité du trouble de Karen]. Comme il l’indique, il y a des façons plus simples d’acquérir une notoriété qu’en faisant 17 ans de thérapie. Et comment une menteuse peut-elle faire pour garder chaque mémoire, personnalité, voix et manières de chaque personnalité différente pendant des années, sans les mélanger ? « Meryl Streep n’aurait pu le faire », dit-il. Les alters lui écrivaient même des lettres en différentes écritures.

Cependant, il est aisé de voir pourquoi le MPD reste controversé. Bien que la maladie est observée depuis 200 ans – et est officiellement reconnue par l’Association Psychiatrique Américaine sous le nom formel de « trouble dissociatif d’identité » – suffisamment rare pour que la plupart des thérapeutes ne traitent jamais un seul cas. Certains psychiatres doutent de son existence, affirmant que c’est le produit de la suggestion. Dans certains cas, c’est probablement vrai. Le best-seller de 1973 « Sybil » mena à une vague de diagnostics par des thérapeutes qui ne comprenait pas vraiment la maladie. Un psychiatre hospitalier à Maryland « eut tout un salle d’attentes de patients – certains masculins, certains féminins, certains plus comme des vaches ou aboyant comme des chiens », dit le Dr. Peul McHugh, ancien président de psychiatre à Johns Hopkins et un grand sceptique. La version de film télévisé de « Sybil » avec l’actrice Sally Field, et le film « The Three Faces of Eve » donnant des portraits exagérés des passages radicaux de personnalités n’ont pas aidé, rendant le MPD plus bizarre que crédible – puis ensuite, le trouble a été piégé dans la controverse de « mémoires retrouvées » d’abus sexuels pendant l’enfance. La MDP devint un diagnostic embarrassant dans la communauté psychiatrique.

Mais il ne disparût pas. Le Dr. Frank Putnam – qui a étudié la maladie de façon étendue, d’abord au National Institute de Mental Health et maintenant au Cincinnati Children’s Hospital – continue à recevoir des appels de psychiatres dans le pays qui sont frappés lorsqu’un de leurs patients se révèle avoir ce trouble. « Il n’y a rien de tel de voir un patient qui l’a pour vous le faire croire, » dit-il. Aujourd’hui il y a des critères de diagnostic plus clairs et une meilleure compréhension des causes. La maladie, dit le Dr. Herbert Speigel, qui a parfois traité des Sybil durant s carrière de thérapeute, est « réelle, mais rare ».

C’est une bonne chose, étant donné la façon dont tout cela commença. Selon les psychiatres, le MPD survenu en premier chez les enfants sujets à des abus physiques, sexuels, et émotionnels. N’ayant pas d’autre échappatoire, ils créent des personnalités différentes pour porter différentes parties de leurs vies troubles – ensuite ils murent leurs différentes personnalités les unes des autres avec des barrières mentales, de sorte qu’aucune seule personalité n’ait à trop supporter. « En tant qu’enfant, si Papa va vous faire de mauvaises choses, vous diriez, « Je vais dans mon jardin secret où ça ne m’arrive pas, donc ça n’arrive qu’à une autre petite fille, » dit Putnam.

Dans une moindre mesure, la même chose arrive régulièrement aux victimes de trauma lorsqu’elles font expérience d’un engourdissement, détachement et même des expériences de sorties hors-du-corps. « Les victimes de viol disent souvent que durant le viol, elles se sont vues elles-mêmes flotter au-dessus de la la personne, se sentant désolé pour elle. » dit le Dr. David Spiegel, vice-président de psychiatrie à Stanford et co-éditeur d’un nouveau livre sur la dissociation traumatique. La différence est que les adultes se détachent eux-même de cette façon et se réintègrent d’habitude plus tard. Les enfants chroniquement victimes d’abus ne le ferait pas, parce que leur sens de l’identité est encore malléable – et parce que le trauma est très persistant.

L’abus que Karen Overhill a enduré, comme le décrit le livre de Baer, fut quasiment inhumain. Alors qu’elle était encore à l’école primaire, son père et grand-père l’on soumis à des rituels tard le soir, quasi-religieux, dans lesquels ils la ligotaient sur une table et lui disaient qu’elle était le mal. Disant que « Dieu voulait qu’elle souffre », ils l’ont torturé avec des aiguilles et violé son corps prépubère avec des appareils pour donner des chocs électriques aux bovins, tournevis, couteaux et même crucifix. Ils l’enfermaient dans des cercueils. Ils la plongaient dans de l’eau froide. Sa mère, qui semblait incapable de témoigner des atrocités, a maintenu le déni en prenant un job de nuit. Il est impossible de vérifier ces récits, mais en 1993, le père de Karen fut condamné pour 19 actes de violences sexuelles sur sa belle-fille, la nièce de Karen.

La création d’alters séparés pourrait sembler une façon bizarre de gérer (les situations), mais ce n’est pas comme si les patients s’imaginent comme Cléopâtre ou Napoléon. Chaque personalité porte un aspect différent de la vie de souffrance. Comme Baer l’explique dans son livre, un alter nommé Claire émergeait quand Karen était tirée hors de son lit la nuit, de sorte que Karen ne garde que peu de mémoire de l’abus le jour suivant. Lorsque la torture commençait, Miles prendrait la relève. En tant que garçon, il ne pouvait pas être violé de la même façon et de ce fait ne pouvait pas pleinement l’absorber mentalement. Elise fut créée pour que Karen puisse aller à l’école le jour d’après et agir normalement, en ayant de longs pantalons et manches pour couvrir les meurtrissures. Sidney était l’enfant joueuse qui se liait à son père comme si rien ne manquait, permettant à Karen de survivre dans son foyer où, en tant que jeune fille, elle était dépendante de son père. Puisqu’il lui manquait des parents décents, Karen a même créé Katherine et Holdon pour être des adultes responsables dans sa vie, Karen modelant ces figures sur ce qu’elle vit dans des sitcoms telles que « Father Knows Best » ou « The Dick Van Dyke Show ». Les alters émergeaient selon les besoins, prenant le pouvoir des pensées conscientes de Karen. Lorsqu’elle reprenait le contrôle de la conscience, tout ce qu’elle savait est qu’elle avait « du temps manquant ».

Ce système protégea Karen durant toute son enfance, mais à la fin des années 20, elle s’enfonça dans une profonde dépression qui la conduisit au Dr. Baer. La clef du traitement fut de réintégrer les alters dans une seule personnalité que Karen a aujourd’hui. Ce fut un processus douloureux, pour convaincre chaque alter de fusionner, mais ça a fonctionné. Avec chaque réintégration, dit Baer, Karen récupéra les mémoires de traits de caractère de l’alter – force, humour, compassion, colère. Avec chacun d’entre eux, elle devenait une version plus complète, plus colorée d’elle-même. Cependant, elle était fragile. Ce qui demanda huit ans de plus de thérapie pour construire son estime de soi. Aujourd’hui, lors d’une rencontre avec un reporter dans son appartement du midwestern, elle émane de la chaleur, de l’ouverture, et un manque remarquable de rancune. Ses alters en seraient fiers.

Sources : Newsweek, Trad. jsf - newsoftomorow.org
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