27 août 2015

Cette année ressemble aux derniers jours de Pompéi...

Photo Inferno par Andrew Vasiliev on 500px
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«...Mais tout ceci est à côté de la question. Que les ennuis aient commencé avec la Chine ou avec les marchés de crédit, n'a probablement pas d'importance. Ce qui importe est que le système sur le point d'être mis à l'épreuve une fois de plus parce que les garanties appropriées n'ont pas été mises en place, parce que les bulles se dégonflent, et parce que les décideurs politiques qui étaient censés surveiller et réglementer le système on décidé qu'ils étaient plus intéressés à l'enrichissement de leurs collègues voraces de Wall Street qu'à la construction d'une base solide pour une économie saine. Voilà pourquoi une simple correction pourrait se transformer en quelque chose de bien pire.»

Mike Withney

«Non seulement le marché des actions est, pour la seconde fois, à son point le plus surévalué de l’histoire américaine, mais en plus, avec un effet de levier sur les flux de trésorerie probables à long terme des entreprises plus important qu’à tout autre point précédent dans l’histoire.» – John P. Hussman, Ph.D. Debt-Financed Buybacks Have Quietly Placed Investors On Margin, Hussman Funds

«Cette année, ressemble aux derniers jours de Pompéi : tout le monde se demande quand le volcan entrera en éruption.» – Senior Banker commentant le Financial Times

Le bain de sang de la bourse de vendredi dernier a été le pire crash sur une journée depuis 2008. Le Dow Jones a chuté de 531 points, tandis que le S & P 500 en a perdu 64, et que le Nasdaq a glissé de 171. Le Dow a perdu plus de 1 000 points sur la semaine retournant dans le rouge sur l’année. Dans le même temps, les matières premières ont continué à être massacrées avec le prix du pétrole tombant brièvement en dessous du seuil critique de $40 le baril. Plus révélateur, la jauge de la peur du marché, l’indice (VIX), a monté en flèche à son plus haut en 2015, annonçant une plus grande volatilité à venir. Le VIX est resté à des niveaux exceptionnellement bas depuis un certain nombre d’années car les investisseurs étaient devenus plus confiants, s’imaginant que la Fed interviendrait chaque fois que les actions chutent trop bas. Mais la débâcle de la semaine dernière fait lever le doute sur les intentions de la Banque centrale. La Fed va-t-elle venir à la rescousse de nouveau ou non? Pour la grande majorité des investisseurs institutionnels, qui fondent maintenant leurs décisions d’achat sur la politique de la Fed, plutôt que sur les fondamentaux du marché, c’est la question cruciale.

Apparemment, la vente massive de la semaine dernière a été déclenchée par la décision inattendue de la Chine de dévaluer sa monnaie, le yuan. L’annonce a confirmé que la deuxième plus grande économie du monde se refroidit rapidement augmentant la probabilité d’un ralentissement mondial. Au cours de la dernière décennie, la Chine a représenté «un tiers de l’expansion de l’économie mondiale, … presque le double de la contribution des États-Unis et plus que le triple que l’impact de l’Europe et du Japon». Les craintes d’un ralentissement ont été grandement intensifiées vendredi lorsque une enquête a montré que le secteur manufacturier en Chine a diminué au rythme le plus rapide depuis la récession en 2009. Voilà tout ce qu’il fallait pour provoquer la débandade des marchés mondiaux. Selon le site de World Socialist Web :

«Le ralentissement de la croissance en Chine, reflété dans les chiffres sur la production, les exportations et les importations, l’investissement des entreprises et les prix à la production, alimente un quasi-effondrement de la soi-disant économie des marché émergents qui dépend du marché chinois pour les exportations de matières premières. La semaine passée a vu une nouvelle chute des prix des actions et du cours des devises en Russie, Turquie, Brésil, Afrique du Sud et d’autres pays. Ces économies sont frappées par un exode massif de capitaux, et par la mise en doute de leur capacité à satisfaire aux obligations de la dette.» (Panic sell-off on world financial markets, World Socialist Web Site)

Alors qu’une correction n’était pas complètement inattendue, après avoir connu un marché haussier durant six ans, la chute brutale des actions entraîne les analystes à reconsidérer l’efficacité des politiques monétaires de la Fed, celles-ci ayant eu peu d’impact sur la consommation individuelle, les salaires, la productivité, le revenu des ménages ou la croissance économique, tous ces indicateurs restant plus faibles que ceux qui avaient suivi toutes les récessions dans l’ère de l’après-guerre. À toutes fins utiles, le plan pour gonfler les prix des actifs par la chute des taux à zéro et l’injection de milliards de liquidités dans le système financier a été un échec lamentable. La croissance du PIB continue à planer à un taux abyssal de 1,5% alors que les signes d’une reprise vigoureuse et autonome ne sont vus nulle part. Dans le même temps, la dette du gouvernement et des entreprises continue de gonfler à un rythme effréné, pompant le capital hors du circuit des investissements productifs qui pourraient jeter les bases d’un niveau d’emploi plus élevé et d’une croissance plus forte.

Ce qui est si étrange à propos du comportement des marchés la semaine dernière, c’est que les mauvaises nouvelles sur la Chine ont descendu les actions en vrille au lieu de les propulser dans la stratosphère, ce qui a été le modèle pour les quatre dernières années. La raison pour laquelle la volatilité était restée si basse et les investisseurs si confiants s’explique par le fait que chaque annonce de mauvaises données économiques a été suivie par les promesses joyeuses de la Fed de maintenir ouvertes les vannes de l’argent facile jusqu’à ce que la tempête passe. Cela n’a pas été le cas cette fois-ci, en effet, la présidente de la Fed, Janet Yellen, n’a même pas abandonné l’idée de hausser les taux courant septembre, ce qui est presque impensable étant donné les grabuges du marché la semaine dernière.

Pourquoi? Qu’est-ce qui a changé? Il est sûr que Yellen ne va pas rester les bras croisés et laisser anéantir six années de gains boursiers en quelques séances, ou alors? Ou bien, y a-t-il quelque chose qui nous échappe ici et qu’il n’est pas dans les pouvoirs de la Fed de changer? Est-ce-que c’est ça?


Mon sentiment est que la Chine n’est pas le vrai problème. Oui, il est le catalyseur de la vente massive, mais le vrai problème est dans les marchés du crédit où les écarts sur les obligations à haut rendement continuent de se creuser par rapport aux bons du Trésor américain.

Qu’est-ce que cela veut dire?

Cela signifie que le prix du capital est à la hausse, et quand le prix du capital augmente, cela coûte plus cher aux entreprises d’emprunter. Et quand cela coûte plus cher aux entreprises d’emprunter, elles réduisent leurs emprunts, ce qui diminue la demande de crédit. Et quand la demande de crédit diminue dans un système basé sur le crédit, alors il y a un ralentissement correspondant de l’investissement des entreprises qui impacte le prix des actions et la croissance. Et c’est particulièrement important maintenant, puisque la majeure partie de l’investissement des entreprises est détournée en rachats d’actions. Découvrez cet extrait d’un poste à Wall Street Parade :

«Selon les données de Bloomberg, les sociétés ont émis un superbe $9,3 trillions d’obligations depuis le début de 2009. Le principal bénéficiaire de cette frénésie de la dette a été le marché boursier plutôt que l’investissement dans la modernisation des usines, de l’équipement ou de nouvelles embauches pour rendre l’entreprise plus concurrentielle dans l’avenir. Les capitaux ainsi récoltés finissent fréquemment en rachat d’actions ou en stimulation des dividendes, gonflant ainsi le marché boursier aux dépens d’un niveau d’endettement plus lourd dans les bilans des entreprises.
Maintenant, avec les prix des matières premières qui plongent et la guerre des monnaies qui se propage, les préoccupations de la contagion financière sont de retour dans les marchés et les écarts de rendement entre les obligations d’entreprises et les instruments plus sûrs et plus liquides comme les bons du Trésor américain, s’élargissent d’une manière similaire aux signes avant-coureurs du krach de 2008. Le marché de $2,2 trillions des junk bonds (obligations toxiques à haut rendement), ainsi que le marché des investissement soumis à notation, ont vu les écarts s’élargir lorsque les sorties des fonds indiciels Exchange Traded Funds (ETF) et des fonds obligataires ont fait monter la vapeur.» (Gardez l’œil sur les Junk Bonds : ils commencent à se comporter comme 2008, Wall Street Parade)

Comme vous pouvez le voir, les sociétés n’empruntent pas à taux zéro à la Fed. Elles empruntent à des taux de marché sur le marché obligataire, et ces taux sont progressivement en hausse. Alors que cela n’a pas ralenti la folie de rachat d’actions jusqu’à présent, le temps presse. Nous approchons rapidement du point où le service de la dette, la baisse des revenus, trop d’effet de levier, et des taux plus élevés ne feront plus des rachats d’actions une option raisonnable, arrivé à ce point les actions vont tomber de haut.

En voici plus de Andrew Ross Sorkin du New York Times :

«Depuis 2004, les entreprises ont dépensé près de $7 trillions en rachat de leurs propres actions- souvent à des prix gonflés, selon les données de Mustafa Erdem Sakinc de l’Academic-Industry Research Network. Cela équivaut à environ 54% de tous les bénéfices provenant des actions des entreprises de l’indice S&P 500 entre 2003 et 2012, selon William Lazonick, professeur d’économie à l’Université Lowell du Massachusetts.»

Vous pouvez voir le jeu qui se joue ici. Les investisseurs lambda (maman et papa) sont tondus de nouveau. Ils ont donné des trillions de dollars aux PDG d’entreprises (via des achats d’obligations) qui ont encaissé l’argent, l’ont partagé entre eux et leurs copains actionnaires richissimes, (par le biais de rachats d’actions et de dividendes qui n’ajoutent rien à la capacité de production de l’entreprise ) en se comportant comme des bandits. Voici, en substance, comment fonctionnent les rachats d’actions. Les travailleurs ordinaires collent leurs économies d’une vie dans des obligations (parce qu’on leur a dit que «les actions sont risquées, mais les obligations sont sûres»), elles offrent un rendement un peu meilleur que celui de la dette publique, faible mais ultra-sécurisé (bons du Trésor américain) . Ce faisant, ces travailleurs offrent des récompenses somptueuses à des dirigeants comploteurs qui les utilisent pour s’arroser, eux-mêmes et leurs actionnaires coupe-gorge, avec des bénéfices exceptionnels qui ne seront jamais remboursés. Lorsque les analystes parlent de problèmes de liquidité sur le marché obligataire, ce qu’ils signifient vraiment est qu’ils ont déjà partagé la galette entre eux et que vous aurez de la chance si vous voyez jamais un sou en retour. Ça vous semble familier?

Bien sûr, que ça nous semble familier. La même chose est arrivée avant le crash de 2008. Maintenant, nous arrivons à la fin du cycle de crédit qui pourrait produire le même résultat. Selon un analyste :

«Il y a eu une inquiétante détérioration de l’image globale de la demande mondiale avec la poursuite des assauts sur les marchés émergents et le marché des devises, une détérioration aussi des paramètres du crédit avec l’augmentation de l’endettement aux États-Unis et les sorties des fonds de crédit en liaison avec l’élargissement significatif des spreads de crédit. […] La période bénie des contes de fées, avec une faible volatilité, un environnement stable des arbitrages de ces dernières années est probablement terminée.» (Credit : Magical Thinking, Macronomics)

En d’autres mots, les bons moments sont derrière nous, alors que les temps difficiles sont juste devant. Bien que la fin d’un cycle de crédit ne signifie pas toujours un krach, l’accumulation massive de l’effet de levier dans les actifs financiers non productifs comme les rachats d’actions suggère que ces dernières sont exposées à une coqueluche grave. Voici plus de Bloomberg :

«Les marchands de crédits ont un talent surnaturel pour tirer la sonnette d’alarme bien avant que l’on ne réalise que les actions ont un problème. Cette fois-ci, c’est pareil. Les investisseurs ont arraché d’un coup sec $1,1 milliard d’investissements en fonds obligataires US notés la semaine dernière, le plus grand retrait depuis 2013, selon les données compilées par Wells Fargo & Co. […]

Le crédit est le signal d’avertissement que tout le monde cherchait, a déclaré Jim Bianco, fondateur de Bianco Research LLC à Chicago. C’est quelque chose qui a été un très bon indicateur avancé pour les quinze dernières années.»


Les acheteurs d’obligations sont moins intéressés à empiler des valeurs qui rendent un niveau historiquement bas de 3,4% à un moment où les entreprises utilisent de plus en plus le procédé pour les acquisitions, les rachats d’actions et le versement de dividendes. En outre, la Réserve fédérale se prépare à relever ses taux d’intérêt pour la première fois depuis 2006, peut-être dès le mois prochain, mettant fin à une ère de politique d’argent facile sans précédent qui a rendu l’emprunt gratuit…

«Contrairement au marché du crédit, le marché des actions en 2008 a été très complaisants à propos de la crise des subprimes qui a conduit à une crise financière complète, » ont écrit les analystes … ..

« Donc, si vous êtes très excité au sujet de l’achat d’actions à l’heure actuelle, méfiez-vous des quelques signes d’avertissement assez grands envoyés à la cantonade par les marchands de crédit.» (U.S. Credit Traders Send Warning Signal to Rest of World Markets, Bloomberg)

Il est intéressant de noter que l’article ci-dessus a été écrit le 14 août, une semaine avant que le marché boursier n’explose. Mais le crédit était rouge clignotant bien avant que les opérateurs en bourse ne le remarquent.

Mais tout ceci est à côté de la question. Que les ennuis aient commencés avec la Chine ou avec les marchés de crédit, n’a probablement pas d’importance. Ce qui importe est que le système sur le point d’être mis à l’épreuve une fois de plus parce que les garanties appropriées n’ont pas été mises en place, parce que les bulles se dégonflent, et parce que les décideurs politiques qui étaient censés surveiller et réglementer le système on décidé qu’ils étaient plus intéressés à l’enrichissement de leurs collègues voraces de Wall Street qu’à la construction d’une base solide pour une économie saine. Voilà pourquoi une simple correction pourrait se transformer en quelque chose de bien pire.

Note : Au moment de poster, dimanche soir, l’indice Nikkei est en baisse de 710 points, Shanghai de 296, et HSI de 1031. Les options sur les actions américaines sont profondément dans le rouge

Mike Withney

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