25 avril 2015

Des perturbations de grande ampleur sont imminentes


La triste conséquence du refus de laisser libre cours au processus de destruction créative sur le secteur bancaire et au sein des grosses entreprises est que les forces historiques qui se cachent derrière chercheront à s’exprimer d’autres manières sur la sphère politique et de gouvernance. Les tentatives désespérées des banques de faire face à un échec financier ne pourront que provoquer un soulèvement politique, peut-être même une guerre.

C’est un phénomène international dont l’un des résultats sera le délabrement des relations économiques – que beaucoup pensent permanent – que nous appelons le « globalisme ». Les Etats-Unis ont lourdement souffert du globalisme, au travers duquel l’afflux de produits peu chers fabriqués par des esclaves dans des usines d’Asie a masqué la dégénérescence de la vitalité économique locale, de la vie de famille, des normes de comportement et de la cohésion sociale. Cet effondrement est déjà visible au travers des guerres des monnaies, et je suis prêt à parier qu’il mènera bientôt à la mort des 15.000 kilomètres de réseaux de distribution qui relient la Chine à Wal-Mart – et éventuellement à la mort de Wal-Mart, et de tout ce qui y ressemble. Une autre conséquence en sera l’interruption des lignes de distribution de pétrole.

Les Etats-Unis tels qu’ils fonctionnent aujourd’hui (absence d’économies locales, développement des banlieues, centres commerciaux, agrobusiness despotique) ne survivront pas ces interruptions, et nous pourrions aussi nous demander si nos institutions politiques pourront y faire face. Les aspirants au poste de président pour 2016 ne font preuve d’aucune compréhension de ces forces, et des perturbations de grande ampleur sont imminentes. La perspective d’un nouveau face à face Clinton-Bush aux prochaines élections est l’arrière-plan parfait contre lequel pourrait venir se dresser l’effondrement des deux partis qui les soutiennent, qui laisserait derrière lui une immense tourmente politique. Que vous ne la perceviez pas encore ne signifie pas que cette situation est proche.

Aux Etats-Unis, les classes de penseurs sont perdues dans les ravissements de la technologie. Tous peuvent s’imaginer regarder Fast and Furious 7 sur l’écran de leur téléphone dans leur voiture sans chauffeur, mais ne peuvent pas s’imaginer reconstruire les économies locales où les citoyens jouent un rôle économique et social au sein de leur communauté. Ils peuvent recréer l’ingénierie bionique de la viande de hamburger, mais sont incapables de comprendre l’agriculture de petite échelle qui pourrait offrir un emploi à tant d’entre nous.

Le véritable génie d’Hillary, c’est qu’elle parvient à incarner chacun des échecs de notre vie politique actuelle : la micromanipulation obsessive de l’image, l’obscène cupidité, le copinage fatigué, le droit déguisé en égalité des sexes… Mais avant tout, elle n’a aucune idée de l’endroit où nous mène l’Histoire, au cas où vous vous demanderiez ce que signifient les platitudes qu’elle nous offre en guise de représentation de sa pensée. Non pas que je le défende particulièrement, mais je serais intéressé de voir Martin O’Malley entrer en jeu et lever le voile sur son baratin, chose qu’il fera, parce qu’il n’a absolument plus rien à perdre. Les eunuques du New York Times ne le feront sûrement pas.

Ce qui se passe sur la scène financière déterminera les actions qui se dérouleront jusqu’aux élections. Les tensions et les fragilités ne demandent qu’à être libérées. Le moment décisif pourrait être le refus de la Grèce de continuer de rembourser sa dette, la mort de l’industrie de schiste, la décision d’un ennemi des Saoudiens, ou une chaîne d’évènements sur le système bancaire parallèle. Pour les Etats-Unis, la cerise sur le gâteau sera d’apprendre que leur mode de vie actuel n’a aucun avenir. C’est la seule chose qui pourra forcer la formation d’un nouveau consensus autour d’une quelconque alternative et l’émergence d’une génération capable de se battre pour un avenir plausible, même si cela requiert la destruction créative de ce qui de toute façon nous achève aujourd’hui.

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