30 mars 2015

Israël : le musée de la Tolérance construit sur un cimetière musulman

Déterrer des tombes musulmanes pour ériger un Musée de la Tolérance à Jérusalem, voici la polémique que dépeint Nir Hasson le 9 juin 2011 dans Haaretz, grand quotidien de gauche, autour du concours remporté en 2008 par F. Gehry. D’autant qu’en 2010, à l’issue d’un nouveau concours gagné par Chyutin Architects, le projet s’en trouve totalement transformé.

JERUSALEM APPROUVE LES PLANS REVISES POUR LE SITE CONTESTE DU MUSEE DE LA TOLERANCE

JERUSALEM - Le projet controversé du Centre Simon Wiesenthal* est localisé sur un cimetière médiéval musulman, ce que les opposants au projet estiment comme allant à l’encontre de l’objectif de tolérance que devrait incarner ce musée.

Après un délai de deux ans, le comité de planification municipale de Jérusalem a approuvé lundi dernier [6 juin 2011] le projet de construction du Musée de la Tolérance dans le centre-ville.

Le projet controversé du Centre Simon Wiesenthal, dont l’idée est basée sur un musée similaire construit à Los Angeles, se situe sur un cimetière médiéval musulman. Pendant le chantier, comme la rédaction de Haaretz l’avait rapporté, des centaines de squelettes anciens ont du être évacués du site.

Les changements substantiels apportés au plan initial ont ravivé les objections au projet, les opposants exigeant que ces nouveaux plans soient soumis à réévaluation.

En effet, le projet initial, dessiné par l’architecte de renom Frank Gehry, avait été interrompu par le Centre Simon Wiesenthal en raison de la crise économique de 2008.

Le Centre a ensuite lancé un nouveau concours, remporté par l'agence Chyutin Architects basée à Tel Aviv, laquelle a proposé un design très différent de celui de Gehry et, surtout, avec un budget beaucoup moins élevé.

Afin d’éviter des retards supplémentaires, le Centre Wiesenthal n’a pas soumis ces nouveaux plans pour approbation mais s’est simplement contenté de demander à la ville les permis de construire.

 
Le nouveau bâtiment comprendra trois étages ainsi que deux niveaux supplémentaires en sous-sol, contrairement aux cinq étages au-dessus du sol que proposait Gehry. Un jardin archéologique comportant un aqueduc romain, découvert lors des premiers coups de pioches du chantier, sera intégré au centre du musée.

Le musée est supposé transformer tout le quartier. «La place centrale a été conçue autour d’un jardin archéologique tandis qu’un amphithéâtre, en soubassement, doit servir de lien entre la rue et la structure du musée», ont écrit les maîtres d’ouvrage dans leur requête pour un permis de construire.

 
«Le musée est construit comme une masse linéaire, dont une partie est immergée dans le sol et fait face au jardin archéologique et une autre partie qui flotte au dessus du niveau de la rue», écrivent-ils.

Les opposants estiment que ces nouveaux plans - et le musée en général - doivent être débattus. Yosef Alalu, du parti Meretz et leader de l’opposition municipale, explique que le bâtiment initial avait été approuvé car il était conçu par Gehry et qu’on ne pouvait s’appuyer sur cette première approbation pour construire un tout autre bâtiment sur un site aussi sensible.

«Le musée de la tolérance aurait dû être un modèle de compréhension et de coexistence à travers les religions. Il aurait dû envoyer un message de tolérance et de patience pour toutes les populations. Mais le construire sur un cimetière musulman contredit cet objectif», asserte Yosef Alalu.

 
Par ailleurs, affirme-t-il encore, à ce jour, le contenu du musée n’est toujours pas clair puisque Yad Vashem - l’autorité régissant la mémoire des Martyrs et Héros de l’Holocauste - a insisté pour que le musée s’abstienne de parler de l’Holocauste.

«Vraisemblablement, les pressions politiques et religieuses vont aussi empêcher le musée de traiter des droits des homosexuels ou les relations Arabo-Juives», confie Yosef Alalu.

Le Conseil Musulman, une organisation qui gère les cimetières et les sites sacrés, conteste aussi les plans du nouveau musée. Le Conseil a indiqué dans un courrier adressé à la ville que ce nouveau projet «diverge considérablement» du musée initial et ne devrait donc pas être approuvé.

Le Centre Wiesenthal a répondu, dans un communiqué, que «le projet approuvé est de construire un musée de la tolérance sur un certain site avec certaines fonctions. Aucun changement n’a été fait à cet égard et il n’y a donc nul besoin et nul intérêt de présenter ces nouveaux plans. Les changements de design ne sont pas prétexte à une nouvelle délibération d’urbanisme et ne nécessitent qu’une procédure de permis de construire ; ils seront donc gérés conformément aux décisions des institutions autorisées - les comités [de planification] locaux et régionaux de Jérusalem -».

Nir Hasson | Haaretz | Israël
09-06-2011
Adapté par : Christel Laylé


* Tel que décrit sur son site, le Centre Simon Wiesenthal est 'une organisation mondiale juive qui confronte l’antisémitisme, la haine, le terrorisme et promeut les droits et la dignité de l’homme, soutient Israël, défend la sécurité des Juifs à travers le monde et enseigne les leçons du Holocauste aux générations futures'.

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