03 mars 2015

Français : incultes ou décérébrés ?

Si nous nous en tenons aux médias occidentaux et français, la Russie c’est un drôle de pays où vivent des Peuples qui se complaisent dans une terrible dictature. Selon cette rhétorique, la Russie est un pays arriéré, les magasins sont vides, les femmes sont faciles comme nulle part, les alcooliques sont effondrés à chaque coin de rue, une mafia armée jusqu’aux dents fait régner la terreur au service d’un gouvernement cynique. Si vous continuez cette description de rêve, dans les bouches du métro vivent des hordes d’affamés, de clochards tuberculeux. Dans ce pays glacial, pour se réchauffer vous n’aurez le choix qu’entre quelques litres de vodka, des femmes plantureuses à la vertu chancelante ou encore la chasse aux homosexuels.

Et si tout cela ne vous suffit pas, les Russes sont paraît-il des gens assoiffés de sang, ils ont attaqué l’Ukraine, un pays paradisiaque en mal de Démocratie et qui subit une agression caractérisé. La Crimée n’aurait jamais été russe, là-bas des gens éplorés vivent sous le joug des Russes. De gentils organisateurs de manifestations et des milliers de journalistes tous opposants au régime terrifiant de Vladimir vivent dans la peur de l’assassinat. La profession de tueur à gages promet un grand avenir et des enfants de 8 ans conduisent des bolides à 200 km/h sur des routes défoncées. Quelques millions d’opposants geignant et contraint de vivre dans un tel marasme doivent lutter également contre les éléments et la cruauté infinie d’une classe politique asservie. Leur argent ne vaut plus rien, le chômage et la chute de la natalité réduisent ce pays à la misère démographique, il est également en train de disparaître. Le président est un fameux tireur, du haut des tours du Kremlin, il descend les figures emblématiques de l’opposition comme s’il se trouvait au tir au pigeon dans une quelconque fête foraine.

Les Russes sont aussi des tricheurs lorsqu’ils font du sport, ils se dopent et accessoirement lorsqu’ils organisent une manifestation internationale, ils ne savent ni construire des toilettes ni organiser quoi que ce soit sans détruire la nature environnante. Le Russe par ailleurs passe son temps à détruire son pays. Tout en haut de la pyramide sociétale, domine une oligarchie chamarrée servie par des armées privées, tandis que les malheureux gueusards « du populo » se traînent dans les rues la cervelle de toute façon anesthésiée par les nombreux litres de vodka ingurgités. L’armée gigantesque de la Russie est innombrable, les soldats ne réfléchissent pas, ils sont envoyés partout où cela est possible pour martyriser des peuplades aux noms rigolos dont la plupart des Européens ne sauraient pas trouver la localisation de leurs pays sur une carte. En Ukraine, ce sont des milliers d’hommes, divisions entières et chars innombrables qui sévissent. Leur valeur au combat est faible, le Russe c’est bien connu depuis Adolf Hitler est un « sous-homme ». Il ne parle aucune langue que la sienne, même sous la torture. Sortis de Saint-Pétersbourg ou de Moscou, vous ferez face à une mare de boue, un pays cloaque et sombre. Le Russe ferait par ailleurs en plus d’un bon tueur, un bon hackeur informatique.

Vous rigolerez peut-être à lire toutes ses stupidités et stéréotypes. Mais c’est avec colère que je constate que le Français lambda, décérébré par des années de russophobie ambiante dans tous les médias, voit ainsi la Russie. Il ne se passait pas un jour sans que quelques « trolls » viennent sur mon Twitter pour me lancer à la figure les sempiternelles invectives. Il y a quelques jours un brave Serge des Pyrénées me lançait un « Alors ça paye bien de faire la pute des Russes ? », hier ce fut encore pire. Dans les ondes de France Info une journaliste qui ne parlait pas russe était au milieu de la fameuse manifestation. Deux opposants larmoyants nous servaient la soupe russophobe du jour en langue… anglaise. Un jeune homme assenait que selon ses calculs, « 200 000 manifestants sont venus, je suis fier d’être ici avec eux ». Ce matin, les médias un peu ennuyés du nombre d’opposants ; pour ceux qui réalisent que Moscou c’est 15 millions d’habitants ; annonçaient toutefois 70 000 manifestants selon l’opposition, 21 000 selon la Police… les uns et les autres étant toujours à minorer ou exagérer les chiffres, nous avions donc environ 35 000 manifestants dans la rue… 2 500 à Saint-Pétersbourg et c’est tout… « Mais c’est la preuve que c’est une dictature, les gens ont peur de descendre dans la rue ! ».

Si vous parliez russe, vous sauriez qu’il n’y a qu’en France et en Occident que la politique passionne à un tel point. Les Russes, pudiques sont peu prolixes de discours politiques. Ils n’ont pas la Révolution française et une tradition de 225 années de débats, de révolutions et de changements de régime comme nous avons en France. Boris Nemtsov ne représente en Russie, qu’un des derniers oligarques au service d’Eltsine qui se gavèrent en leur temps. S’il n’était pas mort, il aurait conduit cette manifestation entouré de 5 ou 6 000 « démocrates ». Mort, il était plus utile aux USA et aux Ukrainiens… sous-entendre dans tous les médias français que Vladimir est derrière l’arme qui a tué Nemtsov est une cocasserie ubuesque. Mais Goebbels, ne disait-il pas lui-même que plus le mensonge est gros, plus il est grossier, plus il est susceptible de passer dans l’opinion populaire ? Si vous vous attendez en Russie à des réactions aussi violentes que celles que j’ai lu partout en France, attisées par une désinformation éhontée pour qui connaît les deux mondes, France et Russie, vous n’auriez comme commentaires de la part de nombreux Russes : « mais qu’est-ce qui arrive aux Européens ? Aux Français ? D’où vient cette haine, pourquoi cette désinformation ? Prions pour eux, c’est terrible ce qui se passe là-bas, sont-ils vraiment pris par cette propagande de caniveau ? ». Qu’est-ce que je peux bien leur répondre ? Que oui, ils le sont ?



Comment répondre à cette chape de plomb médiatique, lorsque des journalistes bien payés assènent comme hier « Poutine mène une guerre en Ukraine ! ». Savent-ils donc que la Novorossia cela n’est pas la Russie ? Qu’il y a des gens qui ont décidé de leur indépendance, qu’ils se trouvent souvent en opposition avec la Russie et que l’OTAN a conclus à la non présence de troupes régulières russes dans le Donbass ? Alors, à quoi cela sert de parler de la « guerre de Poutine » ? A qui profitait le plus le crime de Nemtsov comme je l’écrivais, à qui profite donc cette propagande digne du IIIe Reich qui salit un pays, transforme son image, lui fait des procès d’intention, la montre du doigt, lui impose des leçons de morale, tous les jours qui passent et sans fin cherche ou invente tout ce qui pourrait être négatif et utilisable comme arme médiatique contre la Russie et plus largement contre les russophones. Un internaute écrivait « ils veulent la guerre, ils vont l’avoir »… Mais quelle guerre ? Etes-vous donc allés en Russie pour connaître le sentiment des Russes par rapport à cette volonté imaginaire ? Avez-vous mieux à faire vous autres les journalistes que d’interviewer les massacreurs d’Odessa, des bataillons Azov, Dniepr et Aydar et de vous plaindre que toujours vous ayez de véritables néo-nazis à la table de votre banquet ? S’il faut que la Russie soit maudite, alors je réclame l’honneur d’être ensevelit avec mes frères russes. Ce sont encore des Humains et mes compatriotes depuis samedi, me font peur, très peur. La haine, l’intolérance et la méconnaissance, d’un peuple nombriliste comme celui des Français font qu’en ce jour et peut-être pour la première fois, j’ai honte, non pas d’être Français, mais honte de ce consternant spectacle franco-européen et de mes concitoyens. Me tuera-t-on pour mon ruban de Saint-Georges à un détour de rue ? Que ferez-vous de nous les russophones et du Peuple russe ? Nous réserve-t-on le sort des martyrs du Donbass ?

Laurent Brayard pour Novorossia Vision
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