25 novembre 2014

Emeutes à Ferguson : la police cible de 150 coups de feu, des immeubles incendiés




De violentes échauffourées ont éclaté lundi soir dans les rues de la petite ville américaine de Ferguson (Missouri) et la police a été victime de nombreux tirs, après la décision d'un grand jury populaire de ne pas poursuivre un policier blanc qui a tué cet été un jeune Noir sans arme.


«Pas de justice, pas de paix», ont scandé les manifestants dans cette banlieue de St Louis, déjà le théâtre de graves émeutes raciales en août après la mort de Michael Brown, 18 ans, abattu en plein jour de six balles par un policier. De nombreux bâtiments ont été incendiés dans la nuit de lundi à mardi. Au moins 29 manifestants ont été interpellés, selon la police. Retour sur cette nuit d'émeutes.

Le grand jury populaire décide de ne pas poursuivre le policier. Après trois mois de délibérations, le procureur du comté de St Louis a annoncé que le policier Darren Wilson ne serait pas inculpé dans la mort de Michael Brown, le jury ayant considéré qu'il avait agi en état de légitime défense après une «altercation». «Il n'y a pas de doute que l'agent Wilson a causé la mort» de Michael Brown, a déclaré à la presse le procureur Robert McCulloch, parlant de «décès tragique». Mais les douze jurés, neuf Blancs et trois Noirs, qui ont mené une instruction «complète et approfondie», «ont déterminé qu'il n'y a pas de raison suffisante pour intenter des poursuites contre l'officier Wilson».

VIDEO. Ferguson: la victime atteinte d'au moins 6 balles

Explosion de violence à Ferguson. La police a dû faire face à une explosion de violence dès l'annonce du verdict. Les policiers ont essuyé de nombreux tirs, ont été bombardés de pierres et autres objets, et à 2 h 30 mardi (9 h 30 en France), douze immeubles étaient en flammes, a annoncé le chef de la police du comté de Saint Louis, Jon Belmar, lors d'une conférence de presse. Selon son propre décompte, 150 coups de feu avaient été tirés.

Les policiers, qui avaient reçu des renforts de la Garde nationale et du FBI, ont riposté à coups de gaz lacrymogènes, matraques, et grenades aveuglantes pendant que dans certaines rues se déroulaient de véritables batailles rangées au coeur de cette banlieue de Saint-Louis, sillonnée par des véhicules blindés. Vingt-neuf manifestants ont par ailleurs été arrêtés, a-t-il ajouté, mais aucun mort n'a été signalé dans les violences.

VIDEO. Ferguson : violences et pillages après la décision du grand jury

L'appel au calme lancé par Barack Obama. Peu après l'annonce de la décision d'un grand jury populaire exonérant le policier Darren Wilson, le président Barack Obama et la famille de Michael Brown ont exhorté la foule à manifester dans le calme et à la police de faire preuve de «retenue». La famille du jeune Noir s'est dite «profondément déçue que le tueur de notre enfant ne soit pas confronté aux conséquences de ses actions».

Le gouverneur du Missouri Jay Nixon avait décrété l'état d'urgence, déployé la garde nationale et renforcé les effectifs de police en prévision de possibles échauffourées. Peu avant l'annonce, il avait prévenu que les forces de l'ordre auraient recours à tous les moyens disponibles «si les gens sont violents ou menacent la propriété privée».

VIDEO. Barack Obama lance un appel au calme

Des manifestations ailleurs dans le pays. Ailleurs, aux Etats-Unis, notamment à Times Square à New York mais aussi dans la capitale fédérale, des centaines de manifestants ont protesté contre ce qu'ils considèrent comme un déni de justice. Deux manifestants ont été arrêtés à New York. Le premier a été arrêté à Times square après avoir lancé de la peinture rouge sur le chef de la police Bill Bratton et ses gardes du corps lundi soir. La deuxième arrestation a eu lieu sur une rampe d'accès du Triborough bridge (NDLR. ensemble de trois ponts qui relient des arrondissements de Manhattan, du Queens et du Bronx), où s'étaient rassemblés certains manifestants après minuit. Un homme de 30 ans, non identifié, a lancé une canette vide contre un policier, le blessant légèrement à la tête. L'homme arrêté a également été légèrement blessé. Aucune charge n'avait encore été prononcée contre lui mardi matin, selon la police.

Réaction de Taubi :

La mort de Michael Brown s'est fait ressentir jusqu'en France, où la ministre de la Justice Christiane Taubira s'est emportée dans un tweet en anglais en réaction à la décision aux États-Unis de ne pas poursuivre un policier blanc qui a tué un jeune Noir.

«Quel âge avait #Mickael Brown? 18 ans. #Trayvon Martin? 17. #Tamir Rice? 12. Quel âge le prochain? 12 mois? +Tuez-les avant qu'ils ne grandissent+ Bob Marley» écrit la Garde des Sceaux, égrenant les noms de jeunes Noirs tués par la police aux Etats-Unis et reprenant des paroles de «I shot the sheriff», un des tubes phare du roi du reggae. Sur France Info mardi matin, la ministre a assuré qu'il s'agissait pour elle de «dire (sa) solidarité dans une situation qui est extrêmement douloureuse» sans porter de «jugement de valeur sur les institutions des Etats-Unis».

Ce tweet a suscité des critiques de la part de députés UMP mais aussi du président PS de la commission des Lois, Jean-Jacques Urvoas. Le député UMP Christian Estrosi a dénoncé sur i>Télé un «énorme dérapage» et d'une volonté d'«ingérence» de la part de la garde des Sceaux. Jean-Jacques Urvoas a jugé sur France 3 qu'il était plus prudent «de s'occuper de son pays, donc moi je me garde de critiquer les institutions des autres nations, surtout quand elle est le produit d'un jury.»

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