25 octobre 2014

Clowns maléfiques...

 
On connaissait le clown drôle et le clown triste, on découvre le clown maléfique. © Photo

Déguisés en clowns sanguinaires, des adolescents s'amusent à effrayer les passants en s'inspirant de vidéos vues sur internet. Analyse d'un phénomène pris très au sérieux par la police.


Son nom est inscrit au Guinness Book. John Wayne Gacy détient un impressionnant record, celui du plus grand nombre de condamnations : 21 peines de prison à perpétuité, 12 condamnations à mort. C'est en 1994 qu'il a reçu l'injection létale ayant mis fin à ses jours de tueur en série. Son surnom ? "Le Clown tueur". Dans les années 70, John Wayne Gacy se déguisait pour divertir les enfants dans les hôpitaux, et amadouer ses 33 futures victimes. Qui aurait pu penser que derrière le nez rouge se cachait un psychopathe ?
 
John Wayne Gacy, dit Pogo "le Clown tueur"

On connaissait le clown drôle et le clown triste, le monde découvre le clown maléfique. Littérature et cinéma vont exploiter à fond le filon. Et des petits malins vont s'amuser à (se) faire peur.

Depuis deux semaines, un peu partout en France, des clowns font parler d'eux dans la rubrique des faits divers. Entre plaisanteries douteuses, gags navrants et vraies-fausses rumeurs, une invraisemblable psychose s'est installée ça et là, alimentée par les réseaux sociaux.

Décryptage d'un phénomène de mode. 
De Périgueux à Mulhouse, via le Nord Pas-de-Calais

Dans la soirée du 10 octobre, la police de Périgueux reçoit plusieurs appels concordants : un clown terrifiant sème la panique en brandissant ce qui ressemble à un poignard. L'étrange personnage est rapidement interpellé. Il s'agit d'un garçon de 17 ans.

Dans la semaine qui a suivi, c'est la petite ville de Douvrin, dans le Pas-de-Calais, qui a vécu dans la peur du clown pendant plusieurs jours, jusqu'à ce que, alertés par des adolescents effrayés, le gérant d'une friterie se mette à poursuivre le plaisantin. Celui-ci essayait de se réfugier chez lui, où la police n'a plus eu qu'à l'interpeller. Âgé de 19 ans, le faux clown et vrai semeur de zizanie a été présenté et condamné en comparution immédiate à six mois de prison avec sursis par le tribunal de Béthune.

La rumeur de la présence d'un clown menaçant s'était entre-temps répandue sur l'ensemble de la région et le "17" avait croulé sous les appels téléphoniques plus ou moins crédibles. Quelque part, quelqu'un a vu l'homme qui a vu l'homme qui a vu le clown.

Le 18 octobre, c'est la commune de Péronne, dans la Somme qui avait été touchée. Selon le Courrier Picard, des clowns guettaient les enfants devant leurs écoles. "Il m'a poursuivi dans la rue en courant derrière moi, sans crier, il ne semblait pas blaguer. Je me suis réfugiée chez une amie et nos parents ont appelé la gendarmerie", a raconté une élève, terrifiée. Deux adolescents ont finalement été arrêtés.

Le clown est aperçu partout. Le 24 octobre, c'est à Flers (Orne) qu'il aurait sévi. Après enquête de Ouest-France.fr, il s'agissait d'un simple gag destiné à annoncer une soirée Halloween.

La peur du clown est telle que des "patrouilles" s'organisent dans diverses villes de France. Le 23 octobre, selon L'Alsace.fr, cinq personnes affirmant être des "chasseurs de clowns" ont été interpellées à Mulhouse. Certains d'entre eux étaient munis d'une batte de baseball et d'une matraque. 
 
Une mode propagée par les réseaux sociaux

#SiJeCroiseUnClownJe Voilà le hashtag qui a fait fureur sur Twitter cette semaine. Bonne question, que feriez-vous, en effet, si vous étiez menacé par un clown dans votre ville ?

De nombreuses personnes semblent persuadées qu'une telle rencontre est possible à tout moment au coin de la rue.

Pour prévenir ce genre de face à face, une flopée de pages Facebook se sont créées, qui répertorient tous les témoignages et recensent les articles de presse relatifs au phénomène.

Les clowns de Bordeaux donnent rendez-vous le 25 octobre
 
La communauté des "Clowns du Nord" compte plus de 58 000 mentions "J'aime". Chaque post est abondamment commenté de manière fantaisiste ou le plus sérieusement du monde. Difficile de démêler le fantasme de la réalité.

Rares seraient désormais les villes où aucun signalement de clown, même fictif, n'est à déplorer. La légende urbaine est en marche.

À Bordeaux, une page intitulée "Les Clowns de Bordeaux" a recueilli plus de 4 400 "likes" en deux jours, soit depuis sa création le 22 octobre. Et l'administrateur de donner rendez-vous le 25 octobre, qui est aussi le jour de la Zombie walk.

D'autres pages girondines existent, sur le même thème. Sur l'une d'entre elles, créée il y a deux jours, son auteur avoue être dépassé par le phénomène de rejet qu'il suscite.

Quand la police rappelle la loi

Sur le qui-vive et désireuse d'endiguer la contagion, la police nationale multiplie les messages de prévention. Désormais bien dans son époque, elle utilise elle aussi les réseaux sociaux.

Les policiers précisent que "la détention d'une arme sur la voie publique est un délit passible d'une peine d'emprisonnement. Toute personne, clowns agressifs ou chasseurs de clowns, découverte en possession d'une arme (marteau, couteau...) sur la voie publique, sera interpellée et pourra faire l'objet d'une garde à vue par les services de police." Ils incitent par ailleurs à signaler la présence d'un individu agressif déguisé en clown en composant, le 17 ou le 112.
DM Pranks, le clown maléfique star de YouTube

Si, dans la fiction, les clowns terrifiants sont légion, le Joker ennemi de Batman étant sans doute le plus célèbre, les jeunes gens qui se maquillent s'inspirent essentiellement de DM Pranks, qui lui même est l'héritier du fameux "Ça", d'après le roman éponyme de Stephen King.

DM Pranks est à la caméra cachée d'horreur ce que Marcel Béliveau était à celle des premières parties de soirée des années 90 (Souvenez-vous, Surprise sur prise !) : une référence. Ce clown qui n'a rien de sympathique est devenu un personnage incontournable sur YouTube. Ses vidéos se déroulent toujours de nuit ou dans la pénombre, dans des endroits isolés. Les passants qui croisent sa route prennent invariablement leurs jambes à leur cou.

Voici un petit florilège des méfaits de DM Pranks. Âmes sensibles, passez votre chemin.

En Angleterre ou aux Etats-Unis, les disciples de DM Pranks se comptent par centaines. En Californie, les agissements des clowns sont suivis par plus de 56 000 followers sur Instagram.

Souffrez-vous de coulrophobie ?

Voilà une question parfaite pour briller en soirée. Qu'est-ce que la coulrophobie ? Il s'agit de la peur des clowns. Une phobie qui touche de nombreuses personnes, petites ou grandes.

Dans Le plus de l'Obs, Antoine Pelissolo, professeur en psychiatrie explique en partie l'origine de cette épouvante irraisonnée par "la peur des masques, du maquillage, des déguisements ou même de certains animaux". Celle-ci peut perdurer dans le temps et être renforcée notamment par les films mettant en scène des "bad clowns" ou par "des expériences vécues personnellement comme traumatisantes", citant l'exemple d'un oncle, déguisé en clown, qui fait une bonne blague en criant très fort par surprise.

Reste juste à garder la tête froide, sans quoi les clowns qui font rire dans les cirques pourraient bien devoir pointer au chômage. Et quelques innocents (?) risquent de mauvais coups...

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